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Le pluralisme au Cameroun.


par William Aurélien BAKONG NKWANé
Université de Douala - Faculté des sciences juridiques et politiques - Master 2 en Droit public, Option : Droit public interne 2015
  

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DIFFERENCE

Dans la mesure où les Etats multiethniques sont aussi multilingues - tout au moins sur le plan des langues nationales -, la reconnaissance de la diversité ethnique s'accompagne de la reconnaissance de celle linguistique. C'est pourquoi le constituant camerounais s'attèle à faire respecter les identités ethniques (A) et linguistiques (B).

A - LE RESPECT DES IDENTITES ETHNIQUES

« L'Africain n'est jamais seul, il appartient à un lignage, à un village ou à une caste »196 .Les individus ne sauraient dans une société plurale comme celle camerounaise devenir de « pures abstractions juridiques »197, sans attaches ethniques pour arborer l'étiquette de citoyen. Cette vision de la citoyenneté198 a été rejetée par le constituant de 1996, qui même s'il ne donne aucun contenu concret à la notion d'ethnie (1), organise néanmoins leur protection (2).

1 - La notion d'ethnie en droit camerounais

La Constitution camerounaise n'emploi pas directement le terme « ethnie » mais plutôt celui de « race »199, terme pouvant renvoyer à l'ethnie 200.Si l'on admet que la notion

195 Hédi DHIFFALLAH et al, Histoire des idées politiques : le pouvoir, sa représentation et ses dérives, tome 2, Armand Colin, 2004, p. 153.

196 Saidou NOUROU TALL, « La charte africaine des droits de l'homme et des peuples », in : Henri PALLARD / Stamatios TZITZIS (dir.), Minorités, culture et droits fondamentaux, op.cit., pp.15 - 23 (spéc.p. 16).

197 Dominique TURPIN, « La question des minorités en France », Territoires et libertés, Mélanges en l'honneur du doyen Yves MADIOT, Bruxelles, Bruylant, 2000, pp. 477 - 509( spéc.p.489).Voir également James MOUANGUE KOBILA, La protection des minorités et des peuples autochtones au Cameroun, op.cit., p. 148.

198 Elle est notamment critiquée par certains auteurs comme René OTAYEK et Will KYMLICKA dans la mesure où elle ne correspond pas aux sociétés africaines, qui sont par essence multiethniques et multilingues.

199 Voir 3ème considérant du préambule de la loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 2 juin 1972.

200 Jean - Loup AMSELLE/ Elikia MBOKOLO (dir.), Au coeur de l'ethnie, Paris, la découverte, 1985, p. 14. Voir également Guy HERMET et al, Dictionnaire de science politique et des instititutions politiques, op.cit., p. 107.

Le pluralisme au Cameroun

d'ethnie rejoint celle de minorité culturelle201, la formule laudatrice du frontispice de la Constitution du 18 janvier 1996 traduisant la fierté du Cameroun pour sa diversité culturelle202, révèle aisément la place qu'occupe désormais l'ethnie au Cameroun.

Généralement définie comme « une catégorie socio - culturelle caractérisée par une communauté de manière d'être, de faire et de sentir »203, l'ethnie peut, notamment au Cameroun renvoyer à un simple groupe ethnoculturel - mbo, banen, bassa duala, fulani, bakwéri...- ou à un complexe ethnoculturel, comme le grand groupe Sawa, qui regroupe les peuples duala, bassa, mbo,bakoko, bakwéri etc.

Soulignons néanmoins que tel qu'il ressort de la décision de la Chambre administrative de la Cour suprême du 12 juin 2007 relative à l'affaire NGOH AJONG DOBGINA v. State of Cameroon (Minatd)204, le droit camerounais protège l'ethnie, simple groupe et complexe ethnoculturel. Cette protection s'effectue notamment par l'obligation de représentation des ethnies au sein des instances comme la région et le sénat.

2 - Les instances d'expression des identités ethniques : la région et le sénat

L'obligation d'avoir un autochtone à la tête de la région205 signifie clairement que ce dernier doit appartenir à une ethnie autochtone de la région, vu qu'aucune région au Cameroun n'est constituée que d'un seul groupe ethnique. Outre, le Conseil régional doit refléter la composition sociologique de la région. Bien que cette notion de composante

201Ibid.

202 L'on peut en effet lire au début de la loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 2 juin 1972, la formule suivante « Le Peuple camerounais, fier de sa diversité linguistique et culturelle, élément de sa personnalité nationale qu'il contribue à enrichir, mais profondément conscient de la nécessité impérieuse de parfaire son unité, proclame solennellement qu'il constitue une seule et même nation, engagée dans le même destin et affirme sa volonté inébranlable de construire la patrie camerounaise sur la base de l'idéal de fraternité, de justice et de progrès ».

203 Jean - Loup AMSELLE / Elikia MBOKOLO (dir.), Au coeur de l'ethnie, op.cit ., p. 17.

204 Voir Supreme Court of Cameroon. Administrative Bench, judgment n° 026/06 - 07/CE du 12 juin 2007.Par cette décision, le juge disqualifiait la liste du SDF pour l'élection municipale du 22 juillet 2007 dans la circonscription de BALI, au motif que parmi les 35 candidats figurant sur la liste de ce parti, il n' y avait aucun Bamiléké (Bawock).Voir James MOUANGUE KOBILA, « La participation politique des minorités et des peuples autochtones », RFDC, n°75, juillet 2007, pp. 629 - 664 (spéc.pp. 644 - 667).

205 Voir alinéa 3 de l'article 57 du n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 2 juin 1972.

Le pluralisme au Cameroun

sociologique extenso sensu renvoie en plus de l'ethnie à d'autres catégories sociales à savoir les femmes, jeunes, handicapés...206, stricto sensu elle renvoie à l'ethnie.

Concernant le sénat, l'on observe qu'au nom du respect de la diversité sociologique, il a été institué un « bicamérisme sociologique »207, qui viserait à laisser s'exprimer la diversité ethnique. L'institution de cette « chambre des régions, des chefferies traditionnelles et des grandes catégories sociales et culturelles de la nation »208, est le corollaire ou plutôt la garantie de la décentralisation régionale209.Même si à chaque ethnie correspond au moins une langue, la protection de l'expression différentielle sur le plan linguistique s'inscrit dans un tout autre schéma.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery