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Le déclassement professionnel. Insertion des jeunes diplômés au Cameroun.


par Louise Nina Belinga Nyangono
Université de Dschang Cameroun  - Master 2 2019
  

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II.2 Mesure du déclassement

Aux difficultés pour cerner le concept de déclassement et ses facteurs explicatifs, correspondent des difficultés tout aussi importantes pour quantifier le phénomène. Mesurer le déclassement suppose de définir la population des déclassés ; il est à noter qu'un déclassé est celui la dont le niveau de formation ne correspond pas avec le niveau « normalement » requis pour l'emploi qu'il occupe. Cette mesure suppose en effet de pouvoir définir dans quel cas la formation initiale correspond ou non à la qualification requise pour, l'emploi occupé, c'est-à-dire dans quel cas la relation formation-emploi peut être considérée comme « normale ».

Dans les travaux empiriques internationaux, on classe les différentes mesures envisagées en trois grandes catégories : l'approche « normative », l'approche « statistique » et l'approche « subjective » (Fondeur, 1999 ; Battu et al., 2000).

L'approche « normative » repose sur l'analyse du contenu en formation qui est a priori nécessaire pour occuper une fonction quelconque ou, réciproquement, du type de professions

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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

auxquelles prépare un diplôme précis. Cette analyse détaillée permet d'établir une table de correspondance entre diplômes et professions. Cependant, cette approche simple du déclassement normatif n'est pas satisfaisante. Elle met notamment en évidence des requalifications statistiques des contenus de travail non prises en compte dans la correspondance entre diplômes exigés au niveau des concours et emplois. Ces informations existent inévitablement ; pour autant, leur recensement pour tous les métiers de la fonction publique, afin de mettre à jour les correspondances diplômes-contenu des emplois, reste une entreprise considérable, en particulier dans une démarche quantitative.

La mesure du déclassement s'appuie alors sur la comparaison du niveau de formation détenu avec celui « normalement » requis pour l'emploi occupé. Cette approche est largement utilisée aux États-Unis sur la base du « Dictionnary of Occupationnal Titles ». Elle a été également utilisée en France par Affichard (1981) à partir du « code DPJ ». L'approche « normative », qui peut paraître la plus naturelle et la plus objective, suppose un important travail d'analyse à la base. Les travaux, déjà anciens, fondés sur cette approche ne correspondent plus à la situation actuelle du déclassement.

L'approche « statistique » propose de définir plus simplement les correspondances « normales » à partir de ce qui ressort de l'analyse statistique comme étant les situations les plus fréquentes. Elle est généralement utilisée comme substitut à la première méthode, lorsqu'on ne dispose pas de table de correspondance « normative » suffisamment récente. Aux États-Unis, la méthode statistique la plus courante consiste à estimer, profession par profession, le niveau moyen d'études. Une personne est alors considérée comme déclassée si son niveau d'études dépasse de plus d'un écart-type le niveau moyen de la profession. Pour mesurer statistiquement le déclassement, la démarche utilisée par Forgeot et Gautié (1997), à partir de l'examen empirique des tableaux annuels de contingence croisant diplômes et catégories socioprofessionnelles, peut être systématisée. Une analyse des écarts à l'indépendance au sens du chi-deux permet en effet d'établir simplement chaque année une table de correspondance diplôme-catégorie socioprofessionnelle (CS). Celle-ci décrit la norme statistique du moment et permet de repérer, en fonction de cette norme, les personnes « sur-diplômées » ou « sous-diplômées » par rapport au type d'emploi occupé, c'est-à-dire respectivement en situation de « déclassement » ou de « surclassement ».

L'approche « subjective », renvoie à une norme personnelle, à un ressenti. On se réfère à l'auto appréciation des jeunes vis-à-vis de leur situation, à travers la réponse à la

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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

question : « A propos de cet emploi, diriez-vous que vous étiez utilisé (a) à votre niveau de compétences, (b) en dessous de votre niveau de compétences, (c) au-dessus de votre niveau de compétences ? ». Avoir le sentiment d'être employé en dessous de son niveau de compétences correspond alors à un déclassement subjectif. Les individus, lorsqu'ils s'expriment sur l'usage de leurs compétences, ne se centrent probablement pas sur la correspondance entre formation et emploi. En effet, les compétences renvoient de manière seulement indirecte aux deux dimensions mobilisées pour définir le déclassement statistique ou normatif, à savoir la correspondance entre le niveau de qualification à l'issue de la formation initiale et le niveau de qualification de l'emploi occupé, lu à travers les PCS. En outre, pour l'individu interrogé, d'autres dimensions relatives à la satisfaction professionnelle peuvent contribuer à alimenter ce sentiment de déclassement. Toutefois, « l'approche subjective présente l'intérêt de mieux prendre en compte l'environnement du salarié et de s'affranchir des problèmes de nomenclature d'emploi » (Giret,2005, p. 280).

Source : Forgeot Gérard, Gautié Jérôme (1997)

Utilisant l'approche statistique dans la mesure du déclassement, FORGEOT et GAUTIE ont proposé une table de correspondance reposant sur un critère d'ordre statistique au sens où elle tenait compte aussi bien de l'importance relative des CS à chaque niveau de formation, que, symétriquement, des parts relatives des différents diplômes dans chaque CS. Ils ont donc retenu la table suivante :

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Cette table de correspondance obtenue par approche statistique conduit à une nomenclature des diplômes plus détaillée que celle qu'Affichard (1981) a utilisé. Affichard avait proposé la table de correspondance suivante :

Source : Affichard (1981)

Lecture de la table de correspondance : Les travailleurs se situant dans une profession de niveau supérieur à la norme pour leur diplôme sont considérés comme "sous-diplômés", ils sont dans la situation de sur classement. Par contraire, ceux situés dans une profession de niveau inférieur à la norme par rapport à leur niveau de formation sont considérés comme "sur-diplômés" et sont par conséquent dans la situation de déclassement.

Pour ce qui est de l'analyse des facteurs de déclassement et leur évolution au début des années 90, Forgeot et Gautié ont trouvé que les femmes et les débutants sur le marché du travail sont les plus touchés par le déclassement, ceci dépendant de l'emploi occupé. En effet, le déclassement des femmes est beaucoup plus conséquent: en 1995, plus de 24 % des jeunes femmes étaient sur diplômées, contre moins de 18 % des jeunes hommes. Les débutants étaient logiquement en moyenne davantage sur-diplômés. De ce fait, le déclassement diminuait avec l'ancienneté sur le marché du travail.

Les analyses menées par les deux auteurs ont montré qu'entre 1992 et 1995, les facteurs sociodémographiques ont contribué peu à l'évolution relative du déclassement. Les hommes avaient toujours une propension nettement plus faible que les femmes à être déclassés dans leur emploi. Les jeunes vivants en couple avaient également une probabilité plus faible d'être déclassés. Cette variable restait cependant très corrélée à l'âge de l'individu et à l'expérience professionnelle, qui vont toutes deux dans le sens d'un moindre déclassement. Il était en outre possible que la décision de vivre en couple soit postérieure à la stabilisation professionnelle

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des jeunes. Durant la même période, le statut de l'emploi demeure un facteur important du déclassement, bien que relativement moins discriminant en 1995 qu'en 1992. En effet, les catégories de salariés comme ceux de la FP, bien moins touchées par le déclassement en 1992, le deviennent à l'identique des contrats à durée indéterminée du secteur privé en 1995. De plus, les contrats à durée déterminée, où, on l'a noté, la part des sur-diplômés est plus importante, se sont développés sur la période.

En somme, il était question ici de présenter les différentes théories ayant trait à la notion de déclassement et d'insertion professionnelle. Il apparait donc que même si les formations reçus par les jeunes leur permettent d'accéder au monde de l'emploi, ils sont néanmoins confrontés à des situations de surqualification par rapport à l'emploi occupé. Ce phénomène de déclassement peut être fonction de certaines caractéristiques individuelles telles que le sexe par exemple, l'âge et l'expérience professionnelle. Nous essaierons dans le chapitre qui suit faire une analyse méthodologique sur la mesure de ce phénomène de déclassement.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault