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Rôle des politiques culturelles dans l'émergence de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes.


par Salmane DIALLO
Université Jean Monnet de Saint-Etienne - Master 2 Recherche Formes et Outils de l’Enquête en Sciences Sociales 2019
  

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La « politique culturelle » moderne

Cette appellation ne tient pas compte d'un critère scientifique ou institutionnel. Nous l'utilisons pour décrire la relation entre l'Etat et la culture de 1936 à 1959.

Cette période est caractérisée par des grandes ambitions pour la culture. Si certaines de ces ambitions obtiennent un début de réalisation, il faut souligner tout de même, que la politique culturelle a souffert d'un manque permanent de reconnaissance et de moyens de la part des pouvoirs politiques. Pour illustrer cette période, nous allons mettre l'accent sur : le Front populaire, la Révolution nationale et la Libération.

Avec le Front populaire, « l'Etat s'assigne une nouvelle mission : la « popularisation », qui concerne indifféremment la culture et les loisirs. Les innovations en la matière sont nombreuses et durables (création d'un réseau de bibliothèques publiques, efforts de pédagogie dans les musées...ainsi qu'une formule promise à un bel avenir : le « mardi populaire » du Louvre). L'idée de « démocratisation culturelle », si essentielle pour comprendre les politiques ultérieures, trouve donc ses origines immédiates dans la victoire de la gauche en 1936 »19(*).

Bien que cette période du Front Populaire soit de courte durée, il faut quand même reconnaitre que le Front Populaire a impulsé un changement dans la politique culturelle française. Philippe Poirrier20(*) dégage trois idées qui peuvent être distinguées :

- Premièrement, la croyance que l'intervention financière, administrative et politique de l'Etat en matière culturelle est nécessaire et légitime. Dès lors, la volonté d'organiser passe par la mise en place d'une législation issue d'un actif travail administratif qui croise bien souvent les revendications d'associations et de professions en construction ».

- En deuxième lieu, ce point est essentiel, la volonté de « populariser » (l'après 45 préfèrera « démocratiser ») la culture savante. Cette ligne promise à un long avenir doit beaucoup au tournant stratégique assumé par le Parti Communiste Français (PCF) à partir du second semestre 1934 : la réintégration de l'héritage national- mais aussi des identités locales- par le parti communiste ne peut que renforcer la conviction des socialistes. Cette politique communiste de la « main tendue » vers le patrimoine, la tradition artistique et les arts (jadis) bourgeois caractérise le mieux cette « nouvelle politique culturelle.

- Enfin, le Front Populaire porte une grande attention à la jeunesse dans le cadre d'une Education nationale (le terme est significatif) qui vient de prendre depuis quelques années la succession de l'Instruction publique.

S'agissant de la politique culturelle sous la Révolution nationale, elle est marquée par « une restructuration de l'intervention de l'Etat autour de plusieurs principes. C'est une politique d'abord fondée sur l'esprit de « Révolution nationale » qui conduit au soutien, propre à la plupart des Etats fascistes, aux dimensions les plus folkloriques de la culture nationale. C'est ensuite une politique de collaboration avec l'Allemagne se traduit par la mise en place d'une réelle politique culturelle allemande, fondée sur une propagande active et une censure assumée par une partie de l'Elite littéraire et artistique française. C'est enfin une intervention dans plusieurs secteurs (l'archéologie, les musées, le patrimoine) qui vont demeurer longtemps en vigueur, au-delà des conditions politiques de leur naissance »21(*).

C'est vrai qu'il est moins important (puisque c'est connu de tous) de rappeler que le régime de Vichy est caractérisé par des contradictions et cela en ai ainsi pour sa « politique culturelle ». Cependant plusieurs auteurs ne manquent pas de louer son élan modernisateur dans le domaine de la culture même si son action « s'inscrit pour une bonne part dans la continuité du Front populaire, en visant à rapprocher le peuple de la culture et à développer l'administration culturelle, tout en la rationnalisant. Elle est en parti conduite par les mêmes équipes qui ont été décapitées mais pas démantelées »22(*).

Pendant cette période nous pouvons constater trois orientations qui ont marqué la culture même si elles ont été très modestes.

ü « La décentralisation, en accord avec les principes régionalistes de l'Action Française - et avec plus d'ampleur que sous le Front Populaire. Des troupes de théâtre subventionnées par le gouvernement partent ainsi pour des tournées en province ».

ü « La popularisation, avec la création des tarifs réduits pour les salles de spectacle et soutien aux associations de jeunesse (dans un esprit nettement plus autoritaire toutefois : seuls les scouts catholiques sont autorisées) ».

ü « L'organisation des « industries culturelles », dès 1940 c'est la création du Comité d'Organisation des Industries Cinématographiques ».

Ces initiatives en faveur de la culture ne seront pas totalement rejetées par la Libération. Cependant « la philosophie et les objectifs de l'Etat français diffèrent radicalement de ceux du Front Populaire, dont la politique s'était fondée sur le rejet de l'embrigadement et du détournement des arts à travers les caractéristiques de régimes totalitaires. Si la Troisième république s'était refusée à « gouverner les arts », c'est bien leur « mise au pas » qu'entreprend le régime de Vichy, qui pratique massivement la censure, proscrit les artistes juifs et ne reconnait que les créations conformes aux valeurs de la Révolution nationale »23(*).

Cette période de Révolution nationale est succédée par la libération. Celle-ci correspond avec le souci de démocratiser la culture. Cette envie se manifeste par l'introduction, pour la première fois, de la référence à l'égal accès la culture dans la constitution de 1946. Ce processus est appuyé par les associations d'éducation populaire qui réclament une intervention publique, et par le mouvement de décentralisation théâtrale.

Avec la libération « se créent des organismes dans plusieurs domaines, qui préfigurent ce que sera le ministère en 1959. La Direction des Arts et Lettres (arts plastiques, musées, spectacles et musique, lecture publique, archives et littérature) créée en 1944, de même que la Direction générale de l'Architecture. Le Centre national de la Cinématographie est créé en 1946, au sein du ministère de l'Industrie. La Caisse nationale des Lettres est créée en 1956. Malgré ses innovations, le budget public de la culture reste modeste : 0.13% du budget de l'Etat ; et le cadre de ce financement reste totalement fragmenté en ministères, corps professionnels et finalités d'intervention.A la fin de la IVèmeRépublique, un vaste mouvement revendique une intervention publique plus forte »24(*).

Il serait important de parler de l'« art contemporain » sous la IVèmeRépublique puisqu'en se référant de sa définition chronologique, il date bien de cette période.

Avec l'ouverture véritable des portes du Musée national d'Art moderne de Paris en 1947, cela « facilite l'entrée des artistes de la première moitié du XXème siècle dans les collections de l'Etat. [...] Lors de l'inauguration, Georges Salles, qui est devenu directeur des Musées nationaux proclament « aujourd'hui cesse le divorce entre l'Etat et le génie ». Cette déclaration est surement prématurée, mais donne la voie vers une meilleure prise en compte des créateurs contemporains par les institutions, semble ouverte »25(*).

Le 1% artistique sur lequel nous allons revenir en détail dans les prochaines parties de la rédaction est institué par un arrêté datant du 18 mai 1951 même si cette mesure a été expérimentée avant la deuxième guerre mondiale.

Certes, les acquis en faveur de l'art contemporain sous la IVèmeRépublique restent peu significatifs mais il faut tout de même souligner une forme d'ouverture.

Comme nous l'avons souligné à l'entame de nos propos ce travail historique sur les « politiques culturelles » n'a aucun caractère d'exhaustivité. Il nous permet plutôt de comprendre toutes les étapes qui ont conduit à l'établissement d'un ministère de la Culture dont les actions ont vraisemblablement impacté l'émergence de l'art contemporain.

* 19Alexandre Mirlesse et Arthur Anglade, op. cit., p. 8.

* 20Philippe Poirrier, Histoire des politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon : Université de Bourgogne, 1998), p. 36.

* 21Emmanuel Négrier, « le ministère de la culture et la politique culturelle en France?: exception culturelle ou exception institutionnelle?? » (Janvier 2017), https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01442310, p. 4.

* 22Alexandre Mirlesse et Arthur Anglade, « Quelle politique culturelle pour la France ? », (débat HEC-ENS à l'Ecole Normale Supérieure, 2006), PDF consulté le 01/11/2018, p.9.

* 23Alexandre Mirlesse et Arthur Anglade, « Quelle politique culturelle pour la France ? », (débat HEC-ENS à l'Ecole Normale Supérieure, 2006), PDF consulté le 01/11/2018, p.9.

* 24Emmanuel Négrier, « Le ministère de la culture et la politique culturelle en France?: exception culturelle ou exception institutionnelle?? » (Janvier 2017), https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01442310, p. 4.

* 25Teodoro Gilabert, La géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 102, <halshs-00008949>.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe