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Le modèle de bus rapid transit et l’Afrique subsaharienne.


par Camille JEAN-BAPTISTE
Université Jean moulin Lyon 3 - Master Ingénierie des transports et politiques de déplacements durables 2017
  

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2.1.2 Victime de son succès

Alors que le BRT de Curitiba a longtemps été présenté par les scientifiques, élus et professionnels de l'aménagement comme le modèle du BRT, le système montre depuis peu de nombreux signes d'essoufflements (Urbanité, 2014).

Figure 25 : File d'attente en station en heure de pointe

En effet, le réseau de BRT est saturé en heure de pointe, comme le témoigne le temps d'attente des voyageurs aux arrêts, pouvant atteindre 45 minutes17. En plus d'un temps d'attente important, la vitesse de circulation des BRT n'est plus performante depuis quelques années. A titre d'exemple, elle s'élevait à 17 km/h en 2013 alors qu'elle devrait être théoriquement de 25 km/h (E. Blanco, K. Zheng, 2014). La vitesse de circulation et la régularité des lignes BRT

ont longtemps constitués des atouts en faveur du bus dans sa concurrence avec l'automobile, or ce n'est plus le cas aujourd'hui. Cette tendance a été confirmée par un professeur d'économie

à l'Université fédérale du Paramà, interrogé par le journal Le Monde, estimant que « même les couloirs réservés aux bus sont embouteillés aux heures de pointes » (Le Monde, 2014). Cette congestion sur les voies en site propre résulte de la fréquence soutenue des bus, qui est d'un véhicule toutes les minutes en heure de pointe.

Outre une saturation globale du réseau, le prix des titres de transports est trop élevé aux yeux de la population locale. Il s'élève à 2,70 reais, soit 0,82 centimes d'euros (PL Alouche, 2014). Or compte tenu du niveau de vie de la population locale, dont le revenu moyen mensuel des actifs de la ville s'élevait à 660 euros en 2010 d'après l'IBGE, les tarifs actuels ne sont pas accessibles à toutes les catégories sociales. Ces prix élevés ont entrainé des manifestations de la population pour demander une baisse des tarifs, Curitiba ayant le prix des titres de transports collectifs les plus élevés du pays (Le Monde, 2014).

17 Le Monde en 2014. « Au Brésil, Curitiba, l'ex-ville modèle d'Amérique latine, peine à se réinventer ». Thomas Diego Badia.. Disponible sur : http://mondeacplanete.blog.lemonde.fr/2014/03/27/au-bresil-curitiba-lex-ville-modele-damerique-latine-peine-ase-reinventer/

Bien que de nombreuses actions apparaissent afin d'étendre son système et d'améliorer son efficacité (aménagement de nouvelles priorités des bus aux carrefours à feux, fréquences des bus pouvant aller jusqu'à un bus par minute, matériel roulant doublement articulé pouvant transporter 270 voyageurs), le système semble montrer ses limites. Au regard de l'article publié par le revue Urbanités, le BRT n'apparait plus efficace comme il pouvait l'être auparavant, conduisant de nombreux usagers à utiliser quotidiennement l'automobile. Par conséquent, le nombre de véhicules particuliers ne cesse d'augmenter ces dernières années sur le territoire, entrainant des problèmes de congestions routières. A titre d'exemple, d'après le journal Le Monde, le nombre de voitures par habitant croît chaque année. En 2013, un habitant possédait en moyenne 1,3 automobile, soit la ville du pays possédant le plus de voiture par habitant. Outre un taux de motorisation élevé chez les habitants, les problèmes de congestions routières sont de plus en plus nombreux dans la ville.

Le BRT ne semblant plus pouvoir répondre à la demande de déplacement de la population, la municipalité a par conséquent décidé de se tourner vers la mise en service d'un métro. La première ligne était prévue pour 2015, aujourd'hui le projet n'a toujours pas vu le jour pour cause de financement18 toutefois dans un avenir proche cette nouvelle ligne (Urbanité, 2014), devrait s'implanter en dessous de l'axe Nord-Sud de la principale ligne du BRT sur une longueur de 15 kilomètres. L'objectif de cette ligne étant d'absorber une partie des utilisateurs du BRT, qui transporterait d'après PL Alouche plus de 25 000 voyageurs par heure, contre seulement 18 000 pour le BRT. Pour un même trajet, le métro transporterait donc plus de voyageurs que le BRT. Au regard de la revue Urbanités, aux yeux de la population et de certains élus locaux, l'arrivée du métro revient à reconnaitre l'échec du système de BRT. En plus du développement du métro, près de 300 kilomètres de pistes cyclable seront créés, afin d'offrir au total plus de 400 kilomètre de voies cycles sur l'ensemble de la ville (E. Blanco, K. Zheng, 2014).

Figure 26 : Projet de métro à Curitiba

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La volonté de Curitiba est toujours de limiter l'utilisation de l'automobile, en revanche la stratégie est différente depuis quelques années : elle s'axe désormais autour du développement du métro et des modes de déplacements doux. A terme, il est probable que le réseau du BRT diminue au fil des années, au profit du métro qui semble plus adaptée à la demande actuelle de déplacement du territoire, surtout si la démographie continue à croitre.

Devant l'augmentation de la population et la demande grandissante en déplacement, le système BRT à Curitiba a été en perpétuel évolution durant de nombreuses années afin de s'adapter aux enjeux du territoire. Toutefois, le coût élevé des titres de transports associé à une qualité de service dégradée (temps de parcours élevés, irrégularité des lignes, confort médiocre) causée en partie par la surcharge du réseau entrainent un report modal du BRT vers l'automobile.

Le BRT montre actuellement ses limites et n'apparait plus adapté aux enjeux du territoire en termes de déplacement. La construction d'un métro est par conséquent devenue inévitable.

En conclusion, l'exemple du BRT de Curitiba met en lumières les limites du BRT : lorsque la demande en déplacement est trop grande, le BRT ne peut pas assurer le transport de voyageurs dans de bonnes conditions. Toutefois, Curitiba semble être l'une des rares villes au monde à avoir réussi à démocratiser l'utilisation des bus. L'utilisation des BRT au quotidien pour des déplacements pendulaires est devenue peu à peu un « réflexe » pour la population locale, à tel point que le réseau de bus ne suffise plus à répondre à la demande de déplacement de la population.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry