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Le modèle de bus rapid transit et l’Afrique subsaharienne.


par Camille JEAN-BAPTISTE
Université Jean moulin Lyon 3 - Master Ingénierie des transports et politiques de déplacements durables 2017
  

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2.Exemples et analyse de modèle de BRT

Dans cette nouvelle partie je propose de mettre en évidence plusieurs modèles de BRT. L'idée principale étant de rendre compte des singularités de ce modèle tout en mettant en évidence les contextes régionaux dans lesquels ils se développent. Pour se faire, il me semblait nécessaire de revenir sur le cas du BRT de Curitiba au Brésil. Celui-ci, en plus d'avoir été le premier système de Bus Rapid Transit à voir le jour est également le modèle qui a su inspirer nombres de pays à travers le monde. L'analyse détaillée du BRT de Curitiba sera l'occasion de souligner les spécificités d'un système de BRT. J'aurais souhaité ensuite poursuivre avec l'exemple du 1er BRT d'Afrique à Lagos au Nigéria néanmoins la documention à son sujet reste très partielle et ne me permet pas de proposer une étude approfondie. Je ferai ainsi état du BRT d'Afrique du Sud dans la ville de Johannesburg. Chacun de ces exemples se voulant l'opportunité, de mieux saisir la philosophie de chaque projet tout en soulevant des questions éminemment politiques.

2.1. Un exemple fondateur, le BRT du Curitiba

2.1.1 Caractéristiques du réseau BRT

Figure 20 : Localisation de Curitiba, au Brésil (Etat du Paranà)

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L'histoire du BRT de Curitiba commence en 1974 avec la construction de 20 premiers kilomètres de réseau de bus. Ces premiers kilomètres de bus illustrent une politique globale de la municipalité qui est de construire une ville « faite pour les gens, pas pour la voiture »12. Alors que les années 1970 sont marquées par une démocratisation mondiale de l'automobile, Curitiba décide de limiter l'usage de l'automobile sur son territoire en développant un réseau de transport collectif axé exclusivement sur le BRT.

Au regard des articles et rapport au sujet du BRT à Curitiba, tous s'accordent sur le fait que le contexte financier délicat de la municipalité en 1970 est le principal moteur de ce développement de réseau de bus. En effet, le BRT est apparu comme la solution pour développer un système de transport collectif dont la performance se rapproche le plus possible de celle du métro ou tramway mais pour des coûts bien moindres (Urbanités, 2014). Le développement d'un tel système de bus est donc abordable économiquement tout en étant innovant, puisqu'il s'agissait à l'époque d'une première mondiale.

En 1974, le réseau de bus était de 20 kilomètres. Aujourd'hui, la municipalité dispose de 1 100 kilomètres de réseau BRT, dont 72 kilomètres en site propre, pour 221 stations en forme de tube13. Le coût total de l'opération s'élève à plus de 265 millions d'euros (CARFREE, 2008). A l'image de la France, le service de bus de Curitiba est géré pas des acteurs publics. De nombreux auteurs identifient le BRT comme un « métro de surface » où « métro-bus ». Il existe plusieurs types de lignes de BRT afin de desservir l'ensemble du territoire :

n lignes express ;

n Lignes principales ;

n Lignes inter-districtis.

D'après l'article publié par la revue Tendances, les 1 100 kilomètres de réseau permettraient de couvrir la quasi-totalité de la ville : « 90% de la superficie de la ville est desservie par le bus, et tous les habitants sont à moins de 500 mètres d'un arrêt »14. Une station BRT est donc présente

12 URBANITES. 2014. « Curitiba, la chute d'un modèle ». Article publié par quatre urbanistes diplômés de l'Institut d'Urbanisme de Paris dans le cadre d'une mission en Amérique du Sud intitulée « La Via del Sur ». Juin 2014. 7p. Disponible sur: http://www.revue-urbanites.fr/chroniques-curitiba-la-chute-dun-modele/

13 CARFREE. 2008. « Curitiba : une ville pour les gens, pas pour les voitures ». 29 sept. Disponible sur http://carfree.fr/index.php/2008/09/29/curitiba-une-ville-pour-les-gens-pas-pour-les-voitures/

14 TENDANCES (Aménagement, Services & Immobilier). 2013. « Des villes à vivre ». févr, p10. Disponible sur : http://www.scet.fr/files/lettres/tendances-n2.pdf

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à une distance maximum de 500 mètres du domicile de la population. En plus d'être confortables et sécurisantes pour les voyageurs, ces stations sont aménagées afin de permettre une montée et descente rapide des voyageurs : quai au niveau du bus, multiples portes coulissantes, accessibilité PMR. Les stations sont par ailleurs le lieu de vente et de validation des titres de transport.

Figure 21 : Arrêts de bus en forme de tube, Curitiba

La quasi-totalité des 72 kilomètres de voie en site propre est répartie sur les trois axes principaux de la ville : Nord-Sud, Est-Ouest et Boqueirão15. Sur ces artères majeures où le développement urbain à proximité est important, le BRT occupe une place centrale dans l'espace public, l'automobile est reléguée sur des voies parallèles de part et d'autre du BRT (PL Alouche, 2014). Trois quarts de l'espace est réservé au BRT (Voie en site propre et station en forme de tube), contre seulement un quart en faveur des déplacements automobiles.

Figure 22 : Séparation des voies de circulation sur les principaux axes de Curitiba

Le reste du réseau n'est pas en site propre, mais des aménagements ont été réalisés afin de donner la priorité aux BRT :

15 Précisions fournies par PL. ALOUCHE dans le cadre d'un rapport réalisé pour le CODATU. Etudes de cas : Curutiba, rapport final. Avr, 61p. Disponible sur : http://www.codatu.org/wp-content/uploads/Etude_CURITIBA.pdf

n

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Couloirs d'approches aux carrefours ;

n Carrefours à feux donnant la priorité au bus ;

n Voies larges facilitant sa circulation.

Globalement, la vitesse moyenne des BRT sur l'ensemble de la ville s'élevait à 25 km/h au début des années 2000 (E. Blanco, K. Zheng, 2014). Cette vitesse de circulation permettait au BRT d'être régulier et plus rapide que la voiture.

Concernant le matériel roulant, différents types de bus apparaissent sur le territoire (PL Alouche, 2014). La capacité minimale est de 30 voyageurs pour les plus petits bus, contre 270 pour les plus grands. Le type de matériel roulant varie selon les différentes lignes du réseau. Par exemple, pour les lignes de bus circulant dans le centre, le bus est de petite taille (capacité de 30 voyageurs). A l'inverse, pour les lignes express, ce sont des bus doublement articulés qui circulent, d'une capacité de 270 voyageurs. Par l'intermédiaire de ces différents types de matériel roulant, Curitiba propose un maillage fin de son territoire grâce à son BRT.

Figure 23 : Types de matériel roulant, Curitiba

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Alors qu'il avait été imaginé au départ pour transporter en moyenne 55 000 voyageurs chaque jour, selon la revue Urbanité, le réseau de bus de Curitiba en transporterait en moyenne plus de 2,4 millions en 2014 (Urbanités, 2014). En 40 ans, la fréquentation du réseau de bus a donc connu une augmentation considérable de sa fréquentation. Ainsi, selon l'IPPUC16, près de la moitié des déplacements de la ville s'effectuaient en transport en commun, contre seulement 22% en véhicule particulier. Il convient également de noter la part importante (25%) des déplacements en modes doux (marche et vélo).

Figure 24 : Répartition modale des déplacements à Curitiba en 2002

Cette augmentation significative de la fréquentation des lignes de BRT est étroitement liée à la croissance démographique accélérée de la ville. Elle témoigne néanmoins du succès du BRT auprès de la population locale. Ce succès a été confirmé par la CARFREE qui a mené une enquête de satisfaction auprès des voyageurs en 2006. Il s'est avéré que près de 90% des voyageurs étaient satisfaits du service. Ce succès s'illustre également par la récompense du « prix de la cité la plus innovante du monde » en 1996 lors du sommet mondial des maires et urbanistes d'Istanbul. Le réseau de BRT aurait contribué à la diminution des embouteillages de Curitiba, de la consommation de carburant tout en améliorant la qualité de vie de la population (TENDANCES, 2013).

16 IPPUC : Instituto de Pesquisa Planejamento Urbano de Curitiba

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo