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L’héritage industriel dans le renouveau du quartier « Grandclément gare".


par Camille JEAN-BAPTISTE
Université Jean moulin Lyon 3 - Master géographie et aménagement du territoire 2016
  

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2.3 Période post-industrielle

A partir de 1975, les effets de la crise économique des années 70 accélèrent les restructurations des sites de production sidérurgiques régionaux. Ils entraînent des licenciements massifs et des fermetures de site. C'est le cas à Villeurbanne. Cette évolution constitue un processus de désindustrialisation c'est-à-dire le recul de l'industrie dans la part de l'emploi total. La majeure partie des activités industrielles souvent issues de l'industrialisation mise en place depuis la fin du 19ème siècle disparaissent sans être remplacées par des activités équivalentes, notamment en nombre d'emplois. Les conséquences ne sont donc pas limitées au domaine économique. Elles ont une dimension sociale et culturelle voire politique (Pascal Raggi).

Le départ des unités de production a pour effet une désorganisation du tissu urbain, entraînant celle du tissu social. Les rapports entre les salariés et l'entreprise, voire leur direction, étant modifiés, les rapports de la ville et de l'espace productif le sont aussi. On assiste alors à une modification de la géographie urbaine de ces villes industrielles et d'entreprises, de l'espace urbain. La fragmentation du tissu urbain résultant de la désertion des activités industrielles bouleverse durablement le paysage d'une part mais aussi l'urbanité de ces villes entraînant avec ceux les représentations qu'en ont les habitants, leur appropriation, leurs images. (Luxembourg). Ce sont les concentrations industrielles soudain vieillies qui posent alors problème : espaces dévalorisés, friches urbaines, reconversion économique multiples, jusqu'à l'inversion des vocations.

La désindustrialisation intéresse doublement la politique immobilière. Tout d'abord les parcelles industrielles fournissent le support le plus important à la promotion immobilière, mais ensuite la diminution de l'emploi industriel à Villeurbanne détermine un renouvellement

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du contenu résidentiel de la commune. Toutefois la désindustrialisation et son utilisation à des fins de rénovations immobilière dépend de l'emplacement de ces zones industrielles. En effet, les zones les plus éloignées du centre comme l'est le quartier de Grandclément sont touchées par une moindre pression foncière et la meilleure situation économique des entreprises peuvent l'expliquer. La désindustrialisation opère donc de façon sélective, selon le contexte économique, la structure et l'importance des entreprises, l'emplacement des implantations. Cependant ses effets intéressent particulièrement la politique immobilière de la commune ; de même la recherche des terrains contribue à accélérer le processus de départ de l'industrie. Un autre effet important de la désindustrialisation réside dans le renouvellement de la population de Villeurbanne. Dans le cas de suppression d'usines ou de leur transfert, on peut envisager que la dissociation de l'emploi et de la résidence, très souvent associés jusqu'ici dans la ville, conduira à terme au départ de la main d'oeuvre vers l'Est Lyonnais. Certains emplois ont été créés dans des branches en expansion : bâtiment et travaux publics, services, distribution, transport mais il s'agit très souvent de salariés peu qualifiés, ces salariés peuvent donc difficilement prétendre à la résidence au centre de Villeurbanne. Les nouveaux immeubles ne leur sont que rarement accessibles, ce qui a été possible de 1930 à 1954 essentiellement lors des grandes réalisations sociales, ne l'est plus aujourd'hui. La désindustrialisation déterminera « le choix » du contenu social du renouveau immobilier, en modifiant le profil de la clientèle communale. (Bonneville)

2.3.1 Contexte social

Pour Villeurbanne la désindustrialisation a été marquée majoritairement par le transfert dans la proche agglomération (souvent en zone industrielle) et par la fermeture d'une industrie.12 La condition des ouvriers qui continuent de résider à Villeurbanne mais qui font les trajets pour rejoindre leur entreprise délocalisée dans une ville proche se modifie. En effet, on assiste à la fin d'un genre de vie, celui de l'ouvrier habitant à l'ombre de l'usine imposant sa présence hors du temps de travail comme dans le travail. A terme les ouvriers choisiront de partir, même au prix de l'abandon d'un cadre de vie apprécié. La désindustrialisation contribue ainsi au renouvellement inéluctable de la population et renforce les effets de la politique du logement. Pour les années 60-70, on ne dispose pas de renseignements complets sur l'ensemble des résidents qui habitent les nouveaux immeubles à Villeurbanne. Du seul point de vue des occupants on sait que la clientèle des locataires est souvent très semblable à

12 Marc Bonneville, désindustrialisation p105

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celle des propriétaires-occupant. Les seuls renseignements disponibles concernant les caractéristiques des logements et leurs condition de commercialisation sont fournis en particulier par le CECIM13. Ils permettent de connaître les types de programmes en cours, leurs caractéristiques de prix et de financement, le rythme de leur commercialisation. De ce fait, on a une image de la clientèle des acquéreurs et indirectement de celle des résidents. Au final, bien que Villeurbanne proposait des prix avantageux par rapport aux arrondissements lyonnais on constate14 que les logements étaient loin d'être accessibles au plus grand nombre de Villeurbannais. La clientèle solvable pour l'achat ou pour la location était restreinte aux catégories sociales aisées et même les cadres moyens risquaient d'en être écartés. La situation centrale de Villeurbanne comme les sites des collines de l'ouest constitue à l'évidence un facteur de hausse des prix du terrain et des constructions.

En définitive, l'essor immobilier a considérablement augmenté les densités démographiques de la commune et la rénovation urbaine puisqu'elle domine largement le processus immobilier a aussi assuré le renouvellement de la population en place. (Bonneville)

2.3.2 Les formes urbaines

En ce qui concerne notre quartier c'est à partir des années 1950 que son identité industrielle est mise en mal. Le paysage du quartier encore largement industriel va se transformer progressivement. D'après les travaux de Marc Bonneville et de sa carte sur les réalisations immobilières à Villeurbanne entre 1968 et 1974 très peu de projets immobiliers sont entrepris dans notre secteur. On retrouve des opérations sur la route de Genas et à proximité de la rue Léon Blum. Ces principaux points ne sont d'ailleurs pas le fruit du hasard leur proximité avec la ville de Lyon, l'accès facilité aux grands axes de circulation en transports en commun ainsi qu'un bon équipement commercial ont favorisés leurs implantations. Pour la route de Genas ce sont trois constructions notables de 50 à 100 logements qu'on observe principalement. Le paysage, globalement homogène, de l'avenue du Général Leclerc et de la rue Guillotte est affecté par l'installation de barres d'immeubles collectifs des années 50-60.

La désindustrialisation a également marqué son territoire par la création de nombreuses friches industrielles ces « espaces inemployés et non entretenus15. En effet, l'unité

13 Le CECIM (Centre d'études de conjoncture immobilière) qui regroupe les promoteurs constructeurs de l'agglomération lyonnais publie des informations sur les programmes immobiliers de ses adhérents

14 Index : p 116 du livre de bonneville sur les prix de logements

15 Friches urbaines, p 76 lexique de la ville, jean-philippe antoni

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morphologique qui prédomine dans le nord du secteur est sans nul doute celle des sites industriels en cours de reconversion. Les surfaces représentées par ce tissu sont considérables, en particulier quand on sait que la désindustrialisation a déjà amputé le quartier de certaines de ses anciennes industries. Ici on trouve à la fois des « terrains vagues », espaces essentiellement vides délimités par d'anciens murs délabrés mais aussi certains vestiges architecturaux d'anciennes usines qui tombent lentement en ruine. La plus grande zone vide d'une superficie16 plus ou moins égale à 24 556 m2 est située sur l'ancien site de l'usine à gaz17 de la ville dont il ne reste absolument rien. On trouve également des vestiges presque intacts de la période industrielle. En effet cette fois-ci d'avantage dans le sud de la zone on remarque d'anciens sites industriels d'une taille non négligeable. Derniers témoin d'une époque révolue ils marquent le quartier par leur silencieuse présence.

Enfin, la dernière unité morphologique à noter représente un tissu récent. On distingue sur le site plusieurs types de tissus récents. Des immeubles implantés à l'alignement (d'époques diverses) affectent le tissu de façon diffuse et ont un impact sur le paysage que l'on perçoit. On les retrouve particulièrement le long des grands axes, de hauteur généralement importante à R+8, ces immeubles proposent également des grands linéaires de façade. Ce caractère diffus n'empêche pas la mutation complète de certains secteurs.

16 Calcul d'après Géoportail, annexe 11

17 Plan archives

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Ce type de construction s'inscrit inévitablement dans la tendance urbaine du début du 20ème siècle et qui se poursuit encore aujourd'hui, l'intensification du sol urbain. En effet, l'augmentation démographique dans la ville y est pour beaucoup. Devant la demande croissante de logements les agglomérations investissent aussi bien dans des tours que dans des barres résidentielles. Les secteurs de l'habitat et du travail sont désormais largement sectorisés et on le constate aisément dans le quartier.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote