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La nouvelle gouvernance financière en zone CEMAC et les droits budgétaire et comptable de la république centrafricaine


par Serge Steeve Thierry TENGUEDET
Université de Yaoundé 2 - Master 2 Recherche en Droit Public 2018
  

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CHAPITRE 1er : LES TECHNIQUES JURIDIQUES ET LES OBLIGATIONS DE LA TRANSPOSITION DES PRINCIPES BUDGETAIRES ET COMPTABLES DES DIRECTIVES DE LA CEMAC EN DROIT INTERNE EN RCA

D'entrée d'étude, la transposition peut être appréhendée comme une mesure nationale de mise en oeuvre de la directive, dans la mesure où cette dernière ne rentre pas dans la législation nationale avec la même force qu'un règlement. Ces principes consacrés par les directives de la CEMAC prises en 2011 relatives aux Lois des Finances et au Règlement général de la comptabilité publique sont à double niveaux. D'une part, sur le plan technique, ils concernent les crédits ouverts par la loi de finances qui sont affectés à des dépenses bien déterminées avec une nomenclature précise des dépenses en termes de présentation budgétaire. Le point d'aboutissement étant un vote par chapitre budgétaire en termes d'autorisation. D'autre part, sur le plan politique, le principe permet au Parlement d'exercer un contrôle efficace sur le Gouvernement. Plus la spécialisation est grande plus le principe est efficace plus le poids politique du Parlement se développera et plus la précision des chapitres augmentera.

L'intervention des organes internes de contrôle aux Etats membres est nécessaire. Ils sont les principaux acteurs du processus de transposition dont la violation peut être sanctionnée au sein de la CEMAC par la voie d'un « recours en manquement d'Etat34». Ce recours est un mécanisme juridictionnel permettant la saisine de la Cour de Justice de la CEMAC (CJC) afin que celle-ci prononce des sanctions contre tout manquement d'un Etat membre à ses obligations découlant du droit communautaire et assorti des sanctions dont le régime est défini par des textes particuliers.

La transposition vise alors à éviter tout contentieux sur la non-conformité du droit interne avec le droit communautaire. Elle implique pour se faire des précisions complémentaires pour la directive dans le droit interne, mais aussi l'adoption de toute disposition jugée complémentaire, tel qu'un amendement ou une abrogation des dispositions nationales incompatibles. Aux termes de l'article 41 du Traité CEMAC révisé, « les directives lient tout Etat membre destinataire quant au résultat à atteindre tout en laissant aux instances nationales leur compétence en ce qui concerne la forme et les moyens ». Cependant, la directive CEMAC en liant tout Etat membre, se distingue

34 Voir l'article 4 du traité révisé de la CEMAC le recours en manquement d'Etat.

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alors de la directive communautaire CEEAC35 qui ne vise que les institutions communautaires. De plus, elle se démarque aussi de la directive en droit interne, qui est une mesure d'ordre intérieur qui vise à régir l'organisation, le fonctionnement, bref, la vie intérieure des services dans un Ministère, et qui joue un rôle d'impulsion ferme sur les fins et plus souple quant au moyens pour y parvenir.

Alors, si l'attachement des directives au but fixé laisse en zone CEMAC une grande marge de manoeuvre aux destinataires dans le choix des textes nationaux de transposition (lois, règlements, (décrets, arrêtés, circulaires...)), il en est aussi de celui des structures administratives de mise en oeuvre des directives. Par contre, les choses évoluent différemment du côté de l'Union Européenne (UE) où les directives sont devenues de plus en plus détaillées, n'offrant désormais aux destinataires qu'une marge très limitée quant aux modalités normatives de leur mise en exécution.

Au demeurant, la directive CEMAC est surtout utilisée pour l'harmonisation des législations nationales, d'où la souplesse et la flexibilité de son régime juridique. La directive n'a pas une portée générale. Toutefois, il arrive qu'elle lie tous les Etats membres impliquant de ce fait une mise en oeuvre simultanée, atténuant ainsi l'affirmation de sa portée limitée. C'est le cas par exemple au sein de l'UE, où les directives font plus souvent l'objet d'une mise en oeuvre simultanée dans l'ensemble de la Communauté, réglant alors indirectement la situation juridique de tous les citoyens de l'Union36.

En outre, la mise en oeuvre de la directive est toutefois subordonnée à la procédure de transposition, ce qui lui ôte ainsi en principe toute possibilité d'applicabilité directe, empêchant alors le moyen de l'invoquer en cas de non transposition ou de mauvaise transposition. C'est une carence qui peut notamment perdurer dans la mesure où les directives ne prévoient généralement pas de délais de transposition. Cependant, les directives CEMAC ont tout de même vocation à l'applicabilité immédiate et s'intègrent dans les ordres juridiques nationaux du simple fait de leur publication au Journal Officiel de la Communauté. De même, si le juge européen a admis la

35 La Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale est créée par le Traité de Libreville du 18 octobre 1983.

36 MONJAL Pierre Yves, «Les normes de droit communautaire», Paris, PUF, 2000. p.34

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possibilité de l'applicabilité directe de la directive, entrainant une tendance à l'effacement de la distinction entre directive et règlement, ce n'est tout de même pas encore envisageable dans la CEMAC. Le manquement de l'Etat en matière de transposition n'obture toutefois en aucun cas, l'existence de la directive, car « un tel acte en état de latence, peut à tout moment être réactivé37».

Enfin, la directive s'est vu admettre l'effet direct par le juge européen, notamment en présence de dispositions claires, précises et inconditionnelles, permettant au justiciable de s'en prévaloir, « à défaut de mesures d'application prises dans les délais à l' encontre de toute disposition nationale non conforme à la directive, ou encore en tant qu'elles sont de nature à définir des droits que les particuliers sont en mesure de faire valoir à l'égard de l'Etat38». L'effet direct ne reste toutefois qu'une qualité accessoire de la directive, qui n'agit que par défaut, à l`encontre de la non transposition ou de la mauvaise transposition du texte de la directive.

La transparence budgétaire et comptable dans les réformes voulue par la CEMAC, présente une complexité dans la mise en oeuvre d'un principe qui transcende toutes les autres normes de gestion classiques, dans un pays qui cherche encore ses marques dans son cheminement vers la modernité et le développement. Elle démontre que, dans un tel contexte, l'existence de l'information sur les finances publiques n'entraîne pas nécessairement sa mise à la disposition du public. En effet, la transparence qui est, au même titre que l'obligation de rendre compte et la responsabilité qui en découle, un déterminant de la bonne gouvernance doit évoluer avec le cadre institutionnel en République Centrafricaine. Sa promotion va de pair avec l'adoption par les autorités nationales, de modes de gestion qui mettent véritablement les citoyens au centre des préoccupations des politiques publiques. C'est seulement dans ces conditions que l'information des parlementaires et du public sur la manière dont les deniers publics sont gérés ne sera plus perçue comme une obligation purement formelle, mais aussi comme une exigence démocratique et de bonne gestion. Aussi, comme la démocratie elle-même, la transparence restera une quête permanente dans les finances publiques en République Centrafricaine.

La transposition de ces directives dans le droit interne de la République Centrafricaine, est donc importante à l'heure actuelle aux fins de se tourner vers cette pratique. Notons que, la mise en

37 KENFACK Jean, « Les actes juridiques des communautés et organisations d'intégration en Afrique Centrale Occidentale », thèse de doctorat nouveau régime, Université de Yaoundé II Soa, janvier 2003. P.246

38 CJCE, Ursula Becker, 19 janvier 1982, aff. 8/81, Rec. p. 53.

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oeuvre des directives communautaires en matière budgétaire et comptable dans l'ordre juridique national est une pratique récente en Afrique Centrale, conséquente à l'avènement de la CEMAC, qui a permis l'édification au sein de la sous-région d'un système juridique communautaire véritable. Toutefois, même si le bloc de droit communautaire est et reste supérieur au bloc de droit interne, les règles communautaires ne rentrent pas toutes en droit interne avec la même force juridique. Certaines règles communautaires sont alors directement applicables, tandis que d'autres nécessitent l'intervention d'organes internes. La directive CEMAC en matière budgétaire et comptable fait notamment partie de ces dernières règles, son faible pouvoir de pénétration dans l'ordre juridique national impose aux Etats membres les principes budgétaires et comptables et leur valeur juridique (Section I), dont le respect passe par le déploiement d'un mécanisme concret (Section II).

SECTION 1 : LES PRINCIPES BUDGETAIRE ET COMPTABLE ET LEUR VALEUR

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote