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Prévention des accidents domestiques par ingestion chez le jeune enfant


par Ariane Roudet
IFPS Université Grenoble-Alpes - Infirmière puéricultrice (IPDE) 2021
  

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III. L'accident domestique

1. L'accident

Un accident de la vie courante est défini par l'OMS comme étant « un événement indépendant de la volontéì humaine provoqué par une force extérieure agissant rapidement et qui se manifeste par un dommage corporel et/ou mental ».

Plusieurs catégories se distinguent parmi les accidents de la vie courante (Ac-VC) : les accidents domestiques, ceux survenant à l'extérieur, mais aussi les accidents scolaires, de sport ou de loisirs.

Les accidents, dits domestiques se définissent comme tout accident survenant au domicile ou dans ses abords immédiats. Sont donc exclus les traumatismes intentionnels, causés par autrui ou les actes de violence orientés contre soi-même. (15)

Un accident domestique reste rarement imputable au hasard seul, mais résulte plutôt d'un ensemble de facteurs ; et aurait pu le plus souvent être évité. Ce caractère d'évitabilité est en cours d'analyse. Fin 2016, Santé Publique France, en lien avec d'autres acteurs a construit un outil permettant la mesure de l'évitabilité des Ac-VC mortels chez les enfants. Il devrait ainsi permettre de déterminer les actions préventives ou correctives à établir pour éviter la survenue de l'accident ou en diminuer sa gravité. (16)

Actuellement, en France, les accidents de la vie courante peinent à se faire reconnaître véritablement comme un problème de santé publique. Contrairement aux campagnes chocs de sécurité routière, les accidents domestiques sont peu médiatisés. Les rares fois où ils émergent des espaces médiatiques, ils sont à la une des faits divers et non pas au coeur de l'actualité médicale ou politique.

En 1967, E. Maurice Backett, professeur de médecine sociale écrivait pour l'OMS : « La plupart des accidents, [...] sont trop éparpillés pour éveiller l'intérêt, soit d'un caractère trop franchement atroce pour provoquer autre chose qu'une réaction d'auto-défense : «Une telle chose ne peut m'arriver à moi !» ». (17) Cette réaction d'auto-défense semble encore bien présente et pourrait partiellement expliquer le désintérêt de la société à l'égard des accidents domestiques.

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Pourtant, chaque année des centaines de milliers de personnes en France ont recours aux urgences dans ce contexte. Les accidents domestiques sont la première cause de mortalité chez les enfants de zéro à quatre ans. Sur la courbe ci-dessous, un pic de fréquence est à déplorer à l'âge de deux ans. La tranche d'âge la plus préoccupante reste celle des 0-4 ans.

Figure 1. Répartition des accidents de la vie courante chez les enfants selon l'âge et le sexe

Source : Colson S. et al. Le guide de la puéricultrice : Prendre soin de l'enfant de la naissance à l'adolescence. 4ème édition. Issy-les-Moulineaux : Elsevier-Masson, 2016. (7)

2. Épidémiologie

Les données épidémiologiques, étudient les causes et les conséquences des accidents de la vie courante pour permettre d'orienter au mieux les actions de prévention.

Figure 2. La protection par la prévisibilité et l'anticipation

Source : Colson S. et al. Le guide de la puéricultrice : Prendre soin de l'enfant de la naissance à l'adolescence. 4ème édition. Issy-les-Moulineaux : Elsevier-Masson, 2016. (7)

Dans le guide de la puéricultrice, est proposé le schéma ci-dessus détaillant les éléments majeurs à prendre en compte pour établir une action préventive et protéger l'enfant d'un éventuel accident.

En analysant les facteurs favorisants d'un accident, l'environnement de l'enfant et qui en était responsable à ce moment-là, il serait possible de mieux anticiper un futur incident.

Le caractère évitable de l'accident rejoint la prévisibilité de l'incident, et la prévention associée. Une meilleure anticipation peut être à l'origine d'une meilleure protection des enfants.

Selon les données de l'EPAC, 77% des accidents surviennent au domicile pour les 04 ans. (4)

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Parmi les enfants de moins de cinq ans, victimes d'un accident domestique, 50% ont eu recours aux soins, 10% ont nécessité une hospitalisation et 2% conservent des séquelles. La chute est l'accident dont sont le plus victimes les jeunes enfants. Elle touche 73% des enfants de moins d'un an et 55% des enfants de un an à quatre ans. (7)

Dans 10% des cas, les accidents domestiques sont dus à un corps étranger.

La tranche d'âge des 0-4ans reste aussi la plus exposée aux intoxications accidentelles. Entre 2011 et 2016, dix enfants de zéro à quatre ans sont décédés des suites d'une intoxication accidentelle. (18)

Le faible nombre de décès ne doit pas minimiser pour autant l'intérêt porté aux ingestions accidentelles.

Malgré des statistiques plus alarmantes sur les accidents tels que les chutes ou les brûlures ; nous avons choisi de porter notre attention sur les ingestions accidentelles. L'enfant portant régulièrement des objets à la bouche, ce comportement est banalisé par les adultes. Pourtant, les petits objets, les plantes toxiques, et les produits liquides en tout genre sont souvent plus accessibles aux enfants qu'on ne le pense.

3. Facteurs de risque

a) Conditions de survenue

Il ne faut pas confondre inhalation et ingestion. Dans le premier cas, l'objet ou le produit passe par la trachée avant d'atteindre l'espace bronchique puis les poumons. Dans le second cas, sujet de ce travail, l'objet est ingéré par la cavité buccale, passe dans l'oesophage puis progresse dans le tube digestif.

L'intoxication est quant à elle définit par l'OMS comme « un état consécutif à la prise d'une substance non prévue à cet effet ou psychoactive, et entrainant des perturbations de la conscience, des facultés cognitives, de la perception, du comportement, ou d'autres fonctions et réponses psychophysiologiques. » (17)

Le mot intoxication est privilégié lors de l'absorption de produits liquides, médicamenteux ou chimiques.

Les facteurs favorisant des ingestions accidentelles chez le jeune enfant sont nombreux, et peuvent être classés en trois catégories : les facteurs endogènes, familiaux et environnementaux.

Figure 3. Schéma des facteurs de risque des ingestions accidentelles

Il n'est pas possible d'agir sur tous les facteurs de risques afin de limiter les ingestions accidentelles. Si l'âge et la personnalité de l'enfant ne peuvent être modifiés, il est en revanche possible de proposer des activités adaptées à son développement psychomoteur et d'aménager le domicile de manière sécurisée.

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Repérer des facteurs familiaux et environnementaux comme favorisants d'un accident domestique ne se veut pas incriminant, mais plutôt didactique. Des parents disponibles intellectuellement, physiquement et affectivement seront plus à même de déceler une situation à risque pour leur enfant. Mais, malgré la volonté du parent, la fatigue et les préoccupations, peuvent rapidement venir bouleverser cet équilibre.

Selon les cultures, les modèles éducatifs parentaux, l'emploi des méthodes de prévention diffère.

Dans des familles de faible niveau socio-économique, les conseils de prévention peuvent être plus difficilement appliqués ; soit par une altération de la compréhension (faible niveau de français), soit par une incapacité à les mettre en oeuvre.

Par exemple, « les familles n'ont pas assez d'espaces de rangement pour tenir les poisons hors de la portée des enfants. » (17)

b) Nature des corps étrangers et produits d'intoxication

La nature des corps ingérés a beaucoup évolué ces dernières décennies. Les médicaments, produits caustiques et petits objets sont depuis toujours en cause dans les ingestions accidentelles. Mais avec les effets de mode, apparaissent de nouveaux dangers tels que les huiles essentielles, les liquides de cigarettes électroniques auxquels peuvent être exposés les enfants. La résine de cannabis, les perles d'eau et les piles boutons sont aussi fréquemment cités dans les articles.

L'ensemble de ces éléments peut provoquer des gênes, voire des lésions d'une gravité variable.

Pour un produit liquide, la gravité des lésions dépend de son pH, de l'agent chimique en cause, de sa concentration, de sa consistance, mais aussi de la quantité ingérée.

Pour un élément solide, la gravité des lésions dépend de sa forme, sa qualité, sa toxicité et son nombre. L'hypersialorrhée et l'impossibilité d'ingérer des liquides doivent faire suspecter une obstruction de l'oesophage. Il existe quatre points de rétrécissements physiologiques de l'oesophage ou les corps étrangers peuvent se loger. L'autre risque est celui de l'occlusion intestinale, quand l'objet est de taille trop importante et ne parvient pas à descendre et à être éliminé naturellement.

Une liste, non-exhaustive, des objets et produits fréquemment ingérés ainsi que les symptômes et complications associés, est disponible en annexe (cf. Annexe II).

En cas de doute ou de méconnaissance de la nature du produit ou de l'objet ingéré, il est d'autant plus important d'agir vite. L'adulte doit entrer en relation avec les secours ou les professionnels de santé du service des urgences le plus proche. Ainsi le cas échéant, des examens pourront être effectués afin de déterminer la gravité de l'incident et la conduite à tenir.

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CADRE CONCEPTUEL

Dans un second temps, étudions les concepts clés de ce travail de recherche.

IV. Oralité

Au début du XXème siècle Sigmund Freud, neurologue et père de la psychanalyse, emploie pour la première fois le terme d'oralité. Il détermine le stade oral comme premier stade de l'évolution libidinale de l'enfant.

Le bébé découvre sa sphère buccale comme élément majeur pour son alimentation et sa phonation.

Le suçotement effectué par le nourrisson lui procure un sentiment de plaisir lui rappelant ses tétées au sein ou au biberon. Le sevrage marque alors un début de séparation entre la mère et l'enfant et laisse place aux premières découvertes et expérimentations pour l'enfant. Il porte ainsi régulièrement des objets à sa bouche, appréciant leur consistance, leur forme... Le développement des autres sens tels que l'odorat et le toucher, feront de la sphère buccale une véritable zone érogène. (19)

De nos jours, le terme d'oralité dépasse la théorie freudienne. Il est au centre du développement de l'individu et prend en compte des fonctions vitales comme la respiration et l'alimentation mais aussi des fonctions plus sociales comme la communication. Un seul organe est concerné par toutes ces fonctions : la bouche, qui est le lien entre l'individu et son environnement.

Le concept d'oralité tient compte de l'aspect relationnel, notamment de celui de l'enfant avec sa mère. La satisfaction du besoin alimentaire est vital mais en nourrissant son enfant le parent se sent aussi reconnu dans ses compétences parentales et l'enfant est apaisé.

« Ainsi, l'expérience de l'oralité primaire amène l'enfant, dans sa singularité et dans la rencontre avec ses parents, à organiser ses perceptions, à organiser ses émotions, à organiser l'investissement de son corps, à organiser ses liens et, enfin, à organiser sa pensée. » (20)

L'oralité va permettre à l'enfant de déterminer progressivement la limite entre le dehors et le dedans. « L'oralité est pour le bébé humain, à la fois, une forme de connaissance du monde et une modalité de la construction de sa personne. » (20) Grâce à sa bouche, il va acquérir des notions sur son environnement même si cette découverte peut être faite de déplaisir et parfois même de risques pouvant conduire à l'accident.

V. Accident

1. Approche multidimensionnelle du concept

En philosophie, l'accident est un terme employé pour désigner toute modification non nécessaire et affectant plus ou moins provisoirement un individu.

Selon Aristote, l'accident affecte les « substances constitutives » de ce monde. Autrement dit, l'accident est immatériel et a besoin d'un élément, d'un être pour se produire. (21)

Jean Guyotat, psychanalyste français du XXème siècle, détermine lui l'accident comme « un événement au sens, c'est-à-dire une donnée de l'expérience dans laquelle rentre toujours un élément de surprise qui en fait un événement mental pour un sujet ou un groupe de sujets. » (22)

Dans une approche juridique, l'accident se définit plutôt comme « un événement dommageable, soudain et indépendant de toute volonté. Cela ne signifie pas qu'aucune responsabilité ne puisse être envisagée, car l'absence de volonté n'empêche pas qu'une faute ait été commise. » (23)

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L'association des mots accident et heureux n'est jamais utilisé puisque dans ce cas-là, on parle de chance. Le mot accident est donc plutôt connoté négativement dans nos esprits.

Pourtant l'accident, qu'il soit heureux ou malheureux, est un évènement qui a une portée psychologique. Il affecte la personne voire entraîne des remaniements psychiques.

Dans notre travail, l'accident concerne les enfants de six mois à quatre ans, période au cours de laquelle un enfant est réputé incapable de se prendre en charge. C'est donc aux adultes, principalement aux parents, au sens large, mais aussi au personnel des structures d'accueil d'assurer sa protection.

Dans la société actuelle, la recherche du risque zéro est omniprésente dans tous les domaines. Pour autant la notion de protection des enfants est bien plus ancienne. Depuis le début de la IIIème république, la notion de protection se retrouve dans l'ensemble des mesures propres à l'enfance. (24)

« À chaque période son enfance et à chaque enfance un objectif pour la société : rééduquer, punir, soigner, protéger. » (25)

La loi du 5 mars 2007, relative à la protection de l'enfance, fait de la prévention un axe majeur.

2. Prévention

L'HAS propose une définition claire et concise :

« La prévention consiste à éviter l'apparition, le développement, ou l'aggravation de maladies ou d'incapacités. Sont classiquement distinguées la prévention primaire qui agit en amont de la maladie, la prévention secondaire qui agit à un stade précoce de son évolution, et la prévention tertiaire qui agit sur les complications et les risques de récidive. » (26)

Appliqués aux accidents domestiques, ces types de prévention peuvent se définir ainsi :

- La prévention primaire vise à diminuer l'incidence d'un accident dans une population. Le but étant d'agir entre laxisme et surprotection à l'égard des enfants de sorte à écarter le risque d'accident.

- La prévention secondaire cherche à diminuer la prévalence d'un accident dans une population et vise à faire disparaître les facteurs de risques. Il est donc recommandé d'éliminer les risques et notamment d'éduquer parents et enfants.

- La prévention tertiaire a pour but de diminuer la prévalence des conséquences d'un accident. Cette prévention se fait en partie par l'apprentissage de gestes adaptés à avoir suite à un évènement indésirable. (27)

Les recherches menées sur les recommandations et les normes en vigueur permettent de déterminer deux autres sous-catégories de prévention : l'une dite passive et l'autre dite active.

a) Prévention passive

La prévention passive vise à sécuriser l'environnement de la population, notamment en obligeant une conformité normalisée des produits et du matériel de la vie courante. Les pouvoirs publics, l'Association Française de Normalisation (AFNOR) et la Commission de Sécurité des Consommateurs (CSC) sont à l'origine de ces recommandations et réglementations et veillent au respect de leur application par les fabricants.

Touchant l'ensemble de la population et ne dépendant pas de critères individuels, cette forme de prévention a, à de nombreuses reprises, prouvé son efficacité.

Depuis la création de la CSC, par la loi du 21 juillet 1983, plusieurs stratégies de prévention ont été instaurées :

« La mise en place d'une législation pour la sécurité générale des produits exigeant qu'un produit ne présente aucun risque dans des conditions d'utilisation normales ou raisonnablement prévisibles ;

La mise en place d'une législation spécialement destinée à assurer la protection des enfants, comme la directive sur la sécurité des jouets, et l'interdiction de la fabrication et de la mise en vente des imitations dangereuses ;

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La création de mesures permettant en cas de dommage d'obtenir une indemnisation pour le préjudice subi. » (28)

(1) Les jouets

Le décret du 22 février 2010 définit les jouets comme « les produits conçus pour être utilisés, exclusivement ou non, à des fins de jeu par des enfants de moins de quatorze ans ». Le site du gouvernement sur la direction des entreprises nous renseigne sur les exigences imposées aux fabricants pour les jouets destinés aux enfants de moins de trois ans. Elles concernent principalement l'utilisation de produits chimiques et la taille des pièces détachables.

Sur l'emballage de chaque jouet doivent être mentionnés, la restriction d'âge, et la mention du danger encouru. (29)

(2) Les emballages sécuritaires

Les emballages visant à prévenir les accidents par ingestion existent depuis de nombreuses décennies, mais ne cessent d'évoluer afin de répondre au mieux aux exigences des consommateurs et des pouvoirs publics.

En plus des pictogrammes de danger et des bouchons sécurisés, certains fabricants ajoutent aux produits ménagers, du benzoate de dénatonium, plus connu sous le nom de Bitrex®. Cette substance, la plus amère du monde, incite la personne ayant ingéré du produit à le recracher immédiatement et la protège ainsi contre toute intoxication.

Dans le cadre des piles boutons, pour protéger les enfants de la dangerosité de ces ingestions, la marque Duracell® a développé plusieurs dispositifs de sécurité : une couche amère apposée à l'arrière de la pile pour forcer l'enfant à recracher l'objet ; un double emballage inviolable avec le logo d'avertissement « tenir à l'écart des enfants » ; un avertissement gravé sur la pile, et un autocollant sur la borne négative de la pile agissant comme isolant électronique pour éviter tout court-circuit en cas de contact avec la salive. (30)

Depuis février 2016, la norme NF EN ISO 8317 s'intéresse à la résistance face aux enfants des emballages des produits non pharmaceutiques refermables.

Pour autant, la Commission américaine de sécurité des produits de consommation déclarait à juste titre : « Il n'existe pas d'emballage à l'épreuve des enfants. Vous ne devriez donc pas considérer l'emballage comme votre principale ligne de défense. Vous devriez plutôt penser à l'emballage, même aux enfants comme dernière ligne de défense. » (31)

b) Prévention active

La prévention active, quant à elle, incite les personnes à participer à leur propre sécurité. Les campagnes de sensibilisation, de lutte et de prévention ciblent ainsi les produits, leurs méthodes d'utilisation et l'environnement dans lequel évoluent les populations.

De nombreux acteurs publics sont à l'origine de ces campagnes, dont l'Institut National de Prévention et d'Éducation pour la Santé (INPES) et l'Institut de Veille Sanitaire (InVS) dont nous avons étudié précédemment les données.

Parmi plusieurs actions, certains dispositifs notables destinés aux parents :

Le livret « Protégez votre enfant des accidents domestiques », disponible

gratuitement en version papier et en version téléchargeable sur le net. Il est introduit par les différentes étapes du développement du jeune enfant, puis chaque risque est illustré et des conseils simples sont annotés pour limiter la survenue d'un accident. (32)

Le site internet : « Agir pour bébé - Des clés pour penser son environnement », propose des conseils pour vivre dans un environnement sain, et éviter les accidents domestiques. Des informations sur la création du lien d'attachement parent/bébé, et le développement de l'enfant sont également disponibles. Pour finir, un rappel est fait sur les professionnels de santé ressources à contacter en cas de besoin, de conseils ou simplement de soutien. (33)

Beaucoup de données de prévention sont proposées en ligne, sous différentes formes. La prévention par les médias, la radio, dans le cadre des accidents du quotidien, reste peu développée. Il en est de même pour les affiches ou les livrets d'informations et de prévention. Il convient donc de se demander si l'ensemble de la population a un égal accès aux moyens de prévention proposés. Le guide de la puéricultrice insiste d'ailleurs bien à ce sujet : « La précarité a tendance à fragiliser la possibilité d'accès aux moyens de prévention offerts par le système de santé. » (7)

Mais, le volet préventif doit également tenir compte de la capacité des parents à prendre en compte les éléments de prévention. Depuis la pandémie de coronavirus, les affiches Faciles à Lire et à Comprendre, FALC, se sont démocratisées afin d'expliquer simplement à tous les gestes barrières. Ces affiches initialement destinées aux personnes en situation de handicap mental, ont été aussi employées pour transmettre des recommandations aux personnes ayant un faible niveau de français.

Pour autant, ces outils FALC mériteraient d'être plus largement développés ; il n'en existe à ce jour aucun pour informer des dangers du quotidien, ou expliquer comment sécuriser l'environnement du jeune enfant. (34)

Précédemment nous nous sommes intéressés aux modèles éducatifs parentaux et à leurs répercussions sur la sécurité des enfants. Ayant constaté des biais pour certains schémas éducatifs, la puéricultrice ne devrait-elle pas être en mesure d'adapter ses conseils au profil du parent rencontré ?

Mais pour finir, l'emploi du mot prévention n'est-il pas déraisonné ?

3. Limites de la prévention

La prévention passive qui vise à sécuriser l'environnement matériel est relativement performante puisqu'elle repose essentiellement sur la conformité normalisée des produits. Elle atteint ainsi la majorité de la population sans reposer sur des paramètres individuels.

En revanche, la prévention active visant à faire participer les personnes à leur propre sécurité est plus complexe à mettre en oeuvre. Il convient de respecter les connaissances, les compétences et la capacité de choix des parents, mais il faut surtout une adhésion de leur part au projet.

« La notion de prévention apparaît aussi, dans les réflexions sur l'action, pour exprimer un souhait d'intervenir avant, plus tôt... comme si on pouvait établir avec sûreté que les types d'intervention proposées pouvaient avoir réellement le pouvoir d'éviter les problèmes en question. » Adapté aux accidents du jeune enfant, ce mode de pensée s'avère incriminant pour le parent et le désigne comme responsable. D'autant plus que les accidents surviennent malgré la prévention et la transmission de connaissances.

« Dans les politiques mises en place dans ce domaine, il n'y a d'ailleurs pas de débat majeur entre les tenants d'une politique de prévention et ceux d'une politique réparatrice ou curative. » C'est un aspect qui mériterait d'être plus investigué dans notre pays. (35)

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L'usage démesuré du terme de prévention, peut interférer dans la relation entre la puéricultrice et les personnes concernées puisque chercher à prévenir la survenue d'un incident revient à considérer ces personnes comme potentiels vecteurs de ce danger.

De plus, l'emploi des notions de « prévention du danger » ou de « difficultés éducatives » nous fait tomber dans une généralité extrême du fait de l'imprécision de ces termes.

La puéricultrice doit s'efforcer de faire abstraction de son propre vécu et de sa personnalité afin de ne pas être considérée comme jugeante par les parents.

En tenant compte des besoins exprimés par les parents, la puéricultrice semble plus à même de proposer une prévention et des actions adaptées à leurs modèles éducatifs. Les parents, s'ils se sentent entendus et soutenus, adhèrent plus facilement aux mesures proposées et s'approprient mieux les conseils transmis. Une prévention individualisée semble davantage pertinente même si elle est plus chronophage.

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Mais, un travail reste à faire pour démocratiser les notions de « droit au soutien » et « d'aide ». Des familles se refusent à faire appel à des professionnels pour être soutenues par peur du jugement, par crainte d'avoir failli à leur mission de parent. (36)

Afin de mieux comprendre comment intervenir de manière adaptée auprès des parents, il convient de s'intéresser plus précisément au concept de parentalité.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry