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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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2.1.1. La Ville d'Abidjan et la mairie: deux perceptions différentes des woro-woro

Comme nous venons de le rappeler, les transports alternatifs représentent une part importante de l'offre de la ville d'Abidjan et peuvent s'analyser aussi comme des instruments stratégiques de la politique urbaine. Cependant, leur développement s'est intensifié à partir des années 1990 lorsque les anciennes structures d'encadrement ont été concurrencées par d'autres groupes d'acteurs issus des nouvelles réformes de décentralisation et de libéralisation. Commencée en 1993 avec la mairie de Cocody qui s'autorise la délivrance des cartes de stationnement, la pratique de reconnaissance des taxis collectifs par les mairies comme transport urbain est remise en cause par la ville d'Abidjan. Ce constat apparaît clairement dans l'extrait des propos suivants d'un responsable du service assainissement voirie publique du district d'Abidjan:

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«Il est hors de question de laisser le désordre s'installer partout. Vous savez, l'interdiction de laisser les woro-woro circuler partout répond à un souci majeur. Au niveau du district, nous avons une mission claire. Nous avons obligation à préserver une meilleure image de la ville d'Abidjan, la capitale économique. Rien que pour cela, les premières autorités de la Côte d'Ivoire n'ont jamais souhaité que les woro-woro et les gbaka opèrent partout dans la ville d'Abidjan pour éviter les bouchons désagréables à la circulation et donner une mauvaise image aux investisseurs. [...] Malheureusement, nous ne sommes pas les seules autorités de la ville aujourd'hui.» T. C. service assainissement au district d'Abidjan (15-08-2012).

À cet argument technique utilisé par le district d'Abidjan pour justifier la suppression des woro-woro est opposée une réponse d'ordre social par les mairies. Dans un contexte de décentralisation et de compétition urbaine, il semble difficile de réussir un tel changement d'orientation, qui ferait changer l'attitude des mairies. Dans les propos suivants, l'un des responsables du service transport de la mairie de Yopougon semble donner une réplique à l'action du district relative à l'interdiction des woro-woro. Car pour lui, ce compte ce sont avant tout, la rentabilité financière et l'utilité publique de ces transports.

«Notre souhait, ce n'est pas que les woro-woro intercommunaux soient supprimés, parce qu'ils paient des tickets de stationnement à la mairie. On pouvait les immatriculer comme les taxis bleus là. Quelque chose qui donne de l'argent vous voulez qu'on la supprime? Les woro-woro vont d'une commune à une autre et aide beaucoup les gens. Vous-même, voyez comment les gens souffrent pour aller au travail. Ça veut dire que si on continue à jouer les durs, les gens vont toujours s'arranger à aller au travail en woro-woro. À notre avis le gouvernement tout comme le district doivent comprendre [...] Nous sommes allé plusieurs fois à des réunions au Plateau, le district nous a dit qu'ils sont entrain d'étudier comment on peut trouver une solution ensemble pour immatriculer les woro-woro.» (M. T. 21-01- 2009)

Cela fait aujourd'hui presque 30 ans que l'interdiction des woro-woro est régulièrement rappelée, sans effets durables. La répression policière initiée par la ville d'Abidjan leur est opposée sans succès alors qu'au niveau communal une entente se crée autour d'un statut provisoire des woro-woro. Ainsi, une tension apparaît à propos des taxis collectifs. D'un côté la ville d'Abidjan, avec comme

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image défendue, le prestige paysager, l'expression visible d'une politique urbaine associant les référents de la modernité.

«La rue conçue a priori comme espace de circulation fluide aux trottoirs débarrassés de toute activité pouvant renvoyer à « un paysage de la pauvreté» (Lambony 1994).

De l'autre, les mairies plus soucieuses des impératifs sociaux qu'impose une population nombreuse en voie de paupérisation, sont toujours soucieuses de leurs

missions communautaires (Couret 1997; Steck 2006-2007).

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