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Quels sont les enjeux pour la promotion de la toponymie littorale comme patrimoine culturel littoral ?

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par Janig LE BOURVELLEC
Universite Bretagne-Sud - Master Politiques patrimoniales, développement culturel et territoires 2017
  

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II.2 Une mise en tourisme des toponymes : l'exemple breton

II.2.1 Le toponyme objet de tourisme

L'arrivée du chemin de fer a grandement développé le tourisme en Bretagne. Ce n'était pas une évidence en 1890, où les compagnies de chemins de fer privatisées ont joué sur les modes vestimentaires et le patrimoine vernaculaire pour attirer les Français en Bretagne. Cette ouverture vers la France va créer une nouvelle identité bretonne.38

Les toponymes, comme Plougastel-Daoulas ou Perros Guirec, ont été maintes fois usités pour vendre les billets de train, ou « billets de bains de mer », afin de montrer également leur patrimoine vernaculaire et gastronomique. Le tourisme balnéaire39 est né par le train, mettant en valeur les toponymes comme exotisme.

36 SIZAIRE, Pierre, de l'Académie de Marine. Op. cit.

37 SIZAIRE, Pierre, de l'Académie de Marine, Op. cit.

38 MUSEE DEPARTEMENTAL BRETON, Bienvenue en Bretagne, l'âge d'or de l'affiche touristique, Quimper, exposition du 29 juin au 31 décembre 2017

39CLAIRAY, Philippe, VINCENT, Johan, Le développement balnéaire breton : une histoire originale, Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest [En ligne], 115-4 | 2008, mis en ligne le 31 décembre 2010, consulté le 29 juillet 2017, http://abpo.revues.org/230

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Le littoral a le bénéfice du climat et l'attractivité des beaux jours pour attirer de nouvelles populations, qui vont peu à peu donner au Breton son nouveau langage, le français.40 Mais quant est-il de la transmission du breton sur le littoral ?

ppé42.

Le constat visuel est rapidement fait. Si, sur la commune de Ploemeur, le promeneur est curieux, il peut tout à fait suivre un panneau en bois d'aspect rustique qui le conduit au « lavoir » de l'autre côté du hameau de Kerham. Mais il ne pourra pas connaître l'histoire de la commune en observant le littoral. Les panneaux indiquant les carrières et autres activités, comme la pêche, manquent. Pourtant, c'est aussi cette histoire de la pêche et des carrières qui ont façonné les communes littorales. Les paysans-pêcheurs ont pourtant fait l'objet d'études41 et de colloques notamment avec François Cha

II.2.2 Un toponyme peut en cacher un autre

La signalétique des villes a adopté la double signalétique des noms, français et breton. Cela relève d'une revendication bretonne et 65 % des Bretons y restent attachés.43 C'est aussi avec ce type de signalétique que le promeneur peut avoir un aperçu de la langue bretonne, si certains noms paraissent à peine francisés, comme Quéven en français et Kewenn en breton, certaines villes semblent avoir un nom totalement différent comme Morlaix en français et Montroulez en breton44.

Sous la Révolution française, certains toponymes vont marquer l'affront de la population face à la royauté qui tombe. Et quoi de mieux qu'une ville royale pour cela ? Port-Louis devient alors temporairement Port-de-l'Égalité et Port-Liberté45. Tandis qu'une île en contrebas est nommée « l'île aux

40 BROUDIC, Fanch, Economie et langue bretonne : un rôle déterminant, deux fois ?, in THOMAS, Mannaig (dir.), BLANCHARD, Nelly (dir.), avec la collaboration du comité de direction du GRELB (Groupe de recherche sur l'économie linguistique de la Bretagne), Revue La Bretagne Linguistique, 2015, n°19, p.153.

41 CERINO Christophe, GEISTDOERFER Aliette, LE BOUEDEC Gerard, Sociétés littorales et pluriactivités, XVème-XXème siècles, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2004

42François CHAPPE a été maître de conférences à l'Université de Bretagne Sud. Il a écrit une thèse sur la ville de Paimpol qu'il affectionnait particulièrement. Historien et philosophe son ouvrage Histoire, Mémoire et Patrimoine est une référence pour qui veut évoquer ce triptyque.

43 BROUDIC, Fanch, Histoire de la langue bretonne, Éditions Ouest-France, Rennes, 1999

44 BROUDIC, Fanch. Op. cit.

45 Notice communale de Port-Louis, http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche/php?select resultat=27681, dernière consultation le 31 août 2017

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prisonniers» sur une carte de 1705 (Annexe 2 p.49). Le nom reste encore énigmatique46. En 2017, la carte de l'IGN (Institut Géographique National) ne mentionne plus que l'île aux souris, autre nom éngimatique47.

46 Ce nom fait suite au siège de Port-Louis en 1625, par le duc de Soubise. CENTRE D'ANIMATION DU PAYS DE PORT-LOUIS, Chroniques Port-louisiennes, De Blavet au Port-Louÿs », octobre 2002. Toutefois, même si une centaine de personnes ont été faite prisonniers en se rendant, l'île ne semble pas les avoir accueillies, selon Yvette Lanoé, historienne locale, entretien par téléphone le 29 août 2017.

47 La forme peut aussi faire penser à une souris, une maison entre Port-Louis et Riantec fait référence aux souris, logodenn en breton, selon Yvette Lanoé, historienne locale. Toutefois, les recherches sur l'île semblent peu fructueuses puisqu'elle a servie de carrière. Néanmoins un tumulus avait été trouvé. CENTRE D'ANIMATION DU PAYS DE PORT-LOUIS, Chroniques Port-louisiennes, De Blavet au Port-Louÿs », octobre 2002.

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2e partie

Quels sont les enjeux pour la promotion de la toponymie littorale comme un nouveau patrimoine culturel littoral ?

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I Le collectage ou la mémoire des gens du littoral

I .1 Le croisement des recherches bibliographiques

La connaissance linguistique est une prérogative pour ne pas donner des fausses pistes, fausser les recherches des autres collecteurs ou chercheurs.

Pour revenir à l'exemple du toponyme Kerroc'h, entre l'association de terme « Ker -» et de patronyme tels que Roch et Anroch48, voire la présence de roches, ou de tumulus, peut se révéler trompeur aux non-initiés, qui n'ont pas eu connaissance des recherches qui ont été effectuées. Kerroc'h en Quéven amène à ce type de surprise, si l'on ne se fixe qu'à la présence du tumulus. Kerroc'h signifie le « village de la roche »49. C'est un fait. Mais le Kerroc'h de Quéven est vraisemblablement une invention due probablement aux fouilles qui ont mises à jour le tumulus, sous la direction du commandant Le Pontois, vers 1904. Fouilles dont il n'en fait pas éloge, mais il évoque le toponyme de Kerroc'h, « Je ne comprends rien au bruit qu'a faite (sic) la fouille de Kerroc'h en Quéven ; en réalité elle n'a rien d'extraordinaire. »50 Le Comité historique de Quéven révèle que Kerroc'h aurait eu plusieurs toponyme, passant de Quermorzen à Querjguinic dès le XVIIe siècle.51 Quant est-il alors du tumulus qui aurait donné son nom au village à proximité ? Après un travail de recherche, le Comité historique donne aussi le micro-toponyme du tumulus comme étant « le tumulus de Kerroc'h dit d'En Parc Gouc'h (le champ vieux) »52, le tumulus se trouvant sur une parcelle à l'écart des habitations du hameau.

Ces micro-toponymes permettent aussi de donner des éléments essentiels dans d'autres domaines de fouilles. Certains organismes se sont appuyés sur la toponymie nautique pour recueillir des informations. Yann Riou énonce l'exemple de la DRASSM (Département des Recherches

48 HOLLOCOU,Pierre, PLOURIN, Jean-Yves. Op. cit..

49 SERVICE HYDROGRAPHIQUE ET OCÉANOGRAPHIQUE DE LA MARINE, Toponymie nautique des côtes de Basse-Bretagne Index alphabétique général (extrait des Annales hydrographiques), Brud Nevez, 1991.

50 COMITE HISTORIQUE DE QUEVEN, sous la direction de Jean Le Bihan. Op. cit.

51 Selon le travail de recherche du Comité historique de Quéven, au XVIIIe siècle, le village n'est plus le siège d'une seigneurie mais il reste un lieu noble. En 2017, une visite sur le terrain montre en effet qu'il reste un puits et un bâtiment à proximité dont le façonnage des linteaux des portes, notamment, indique une certaine distinction sociale.

52 COMITE HISTORIQUE DE QUEVEN, sous la direction de Jean Le Bihan. Op. cit.

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Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines) et de l'ADRAMAR (l'Association pour le Développement de la Recherche Archéologique Maritime) qui se sont eux-mêmes intéressés aux travaux de l'EOL (Ecole d'Onomastique Léonarde)53. Ainsi, ils ont pu déceler au travers du toponyme Toull ar Glaou, traduit par « le trou du charbon », au large de Kerlouan54, l'épave d'un vapeur.

I.2 A la rencontre du territoire

Les recherches doivent donc se faire sur plusieurs plans. D'abord, une recherche bibliographique et, ensuite, une recherche de terrain, quand cela est possible. C'est aussi dans ce principe que le projet GeoHistoricalData invite les personnes qui le souhaitent à donner des informations de terrain pour compléter ou infirmer les données telles que les révèlent les cartes de l'IGN55. Même s'ils possèdent un important fonds de cartes, comme celles de Cassini56, de données, rien ne vaut les données de terrain.

Les premières enquêtes de terrain sont dues à la curiosité de Cassini, qui dessinera des cartes, surnommées « cartes de clochers », avant de marquer les toponymes sans vraiment de précision de situation, contrairement à la situation des bourgs et de leurs clochers.57 Même s'il est précis dans ses tracés, la hiérarchisation des toponymes permettra de savoir s'il s'agit d'un nom de village ou de hameau58. Cependant, cela ne va pas faciliter la distinction de la distanciation entre ces lieux habités ou non. Sur la carte de Cassini, l'observateur peut être amené à penser que, face à la citadelle de Port-Louis,

53 L'Ecole d'Onomastique Léonarde n'a qu'une existence informelle, initié par Mikaël Made, linguiste et docteur, possédant deux doctorats, spécialisé dans l'onomastique, la toponymie et les surnoms.

54 Kerlouan est une commune du nord Finistère, dans l'arrondissement de Brest.

55 L'Institut Géographique National mène un projet numérique nommé GeoHistoricalData qui met en place un contrôle collectif sur les analyses des données géo-historiques. https://www.geohistoricaldata.org/. Dernière consultation le 17 août 2017.

56 Ici, il s'agit de César-François Cassini de Thury, dit Cassini III. Les Cassini sont géographe de père en fils. Il constitue une part des travaux sur les cartes de France, sous Louis XV, en mettant en place un réseau de 3 000 points de repères géodésiques. Il va alors préciser les cartes effectuées auparavant. Son fils, Jean-Dominique continuera les cartes de son père. http://www.ign.fr/institut/cesar-francois-cassini-thury-dit-cassini-iii, dernière consultation le 5 septembre 2017.

57 La détermination des bourgs et de leur clocher se fera selon un système géométrique de triangulation. MACE, Victor, Les Cassini carte sur table, documentaire réalisé le 12 avril 2016, pour l'émission La Fabrique de l'histoire, présenté par LAURENTIN Emmanuelle, diffusé sur France Culture. Podcast disponible sur https://www.franceculture.fr/emmission/la-fabrique-de-l-histoire/cartes-24-les-cassini-carte-sur-table. Dernière consultation le 6 août 2017.

58 MACE, Victor, Les Cassini carte sur table, documentaire réalisé le 12 avril 2016, pour l'émission La Fabrique de l'histoire, présenté par LAURENTIN Emmanuelle, diffusé sur France Culture. Podcast disponible sur https://www.franceculture.fr/emmission/la-fabrique-de-l-histoire/cartes-24-les-cassini-carte-sur-table. Dernière consultation le 6 août 2017.

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l'îlot Souris et la Potée de beurre59 ne semble former qu'une seule et même île60 (Annexe 3 p. 50). Alors que sur le terrain, les deux îlots sont nettement détachés.

La précision cartographique sera amenée par l'amiral Henri Dyèvre, lorsqu'il va lancer son projet sans pareil quant aux toponymes. En charge de l'Ecole de Pilotage, de 1936 à 1937, il s'intéresse d'assez près aux cartes marines. Malgré leur intérêt, elles sont à revoir. Selon son propre aveu, les toponymes ont été «mal compris par les hydrographes et transcrits phonétiquement avec des fantaisies à peine imaginables, (et) ont été littéralement massacrés»61.En août 1944, il prend la direction du Service Central Hydrographique. Il mène une enquête d'une vaste ampleur s'entourant de linguistes et d'érudits. Ils vont être chargés de rencontrer les personnes locales parlant breton et connaissant les lieux à réétudier.

Pourtant, l'étude des toponymes associée à une recherche cartographique, c'est-à-dire limité en termes de terrain, restreint le champ de recherches. Aussi, pour approfondir les recherches et obtenir des informations plus proches de la réalité de terrain, il faudrait s'intéresser aux pêcheurs et à leurs activités, autrement dit, leurs déplacements. Pour Yann Riou, la recherche doit être plus pragmatique. Il explique que «la démarche qui consiste à inventorier tous les toponymes usités par un groupe maritime donné est plus exigeante et relève réellement de l'ethno-toponymie. Ainsi, un chercheur travaillant sur les pêcheurs de l'île de Sein ne pourrait-il pas se contenter de relever les seuls noms de dangers présents autour de l'île. Il lui faudrait travailler sur toute la mer d'Iroise, comme l'a fait Per Pondaven62 autour de Molène, et également sur les côtes du Portugal puisque les plus hardis Sénans

59 A défaut de savoir d'où vient le nom de Potée de beurre, la traduction en breton peut éventuellement donner une piste de réflexion. Pour Falc'Hun les noms trouvés sur les cartes tel que la potée de beurre ou le pot voire même la pelote vient de pellen en breton. FALC'HUN Fanch, les annales de Bretagne. 60geoportail.gouv.fr. Dernière consultation le 27 mas 2017

61 Extrait cité par Yann Riou, ethnologue, dans l'ouvrage Retour de mer Mémoires maritimes en chantier, sous la direction de Sophie LE COMTE, Editions Locus Solus, Peronnas, 2015.

62 Per Pondaven (1962-2008) écrivain de langue bretonne, biologiste de formation et spécialiste de la toponymie léonarde pour laquelle il a recueilli près de vingt milles noms en langue bretonne. Il a initié, avec Mikael Madeg, une démarche sur le collectage des toponymes avec pour objectif la collecte des noms en breton avec des bretonnants de langue maternelle pour être au plus juste des noms d'origine. Cette démarche est toujours une référence en 2017, puisque l'Office de la Langue bretonne l'utilise.

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s'y sont aventurés pour pêcher la langouste.»63Ainsi, la recherche de terrain prend, certes, une autre ampleur, puisque la réalité du métier s'associe à l'étude et aide les chercheurs à comprendre d'où peuvent provenir les apports culturels ?

Il se peut, en effet, que les marins n'aient pas ramené que des marchandises sur les navires mais aussi des appellations rappelant les Antilles, comme l'étonnant « Pain de sucre » près de la citadelle de Port-Louis. Le terme « Pain de sucre »se retrouve dans les récits des marchands :

«En rangeant l'île de l'Ascension, venant du N.E., nous observâmes dans le S. un pain de sucre remarquable, servant de marque pour le port de Métallanine, où le balinier Le Falcon se perdit en juillet 1836.»64

Le Pain de sucre de Port-Louis n'a rien de remarquable comparé à celui qui est décrit dans ce récit cité ci-dessus, ni dans celui-ci :

«[...] Un gros morne la termine [une île] à chacune de ses extrémités; et un pic, ou plutôt un volcan, à en juger par sa forme, s'élève au milieu [...]»65

Peut-être évoque-t-il juste une marque près du port, qui finit une escarpe rocheuse, tel un monticule au bord du chenal, à l'entrée de la rade de Lorient. Ce n'est pas sans rappeler la situation géographique des autres pains de sucre décrit par les navigateurs. Ce récif n'a pas été l'objet de curiosité, sinon il aurait peut-être subit une bretonnisation de son nom français pour séduire voire renforcer son lien avec le territoire breton66. Dans cette hypothèse, le terme de « kern-» 67 aurait pu être employé pour le désigner. La traduction en français

63 RIOU Yann, Op. cit.

64 Récit du commandant Blake, sur le Larne, bâtiment royal britannique, 1839, p.115, Annales maritimes et

coloniales, imprimerie royale, Paris, 1846, 920 p.
https://books.google.fr/books?id=k QZAAAAYAAJ&pg=PA115&lpg=PA115&dq=pain+de+sucre+r%C3%A 9cifs&source=bl&ots=mj8uo7Rsim&sig=xcPup2ZMK4-RnfqryhKMGkeLlDo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiYh6uX7 bSAhVKDxoKHeY6DdAQ6AEIQTAF#v=onepa ge&q&f=false, dernière consultation le 27 mars

65 LA PEROUSE, Voyage de La Pérouse autour du monde 1785-1788, Éditeur M. Barbou, Limoges, 1881 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6543078d/f264.image.r=Un%20gros%20morne%20la%20termine %20%C3%A0%20chacune%20de%20ses%20extr%C3%A9mit%C3%A9s;%20et%20un%20pic,%20ou%2 0plut%C3%B4t%20un%20volcan,%20%C3%A0%20en%20juger%20par%20sa%20forme,%20s'%C3%A9l %C3%A8ve%20au%20milieula%20perouse?rk=1094426;0. Dernière consultation le 28 mars 2017

66 Les articles de Roselyne Le Squère et de Fanch Broudic révèlent ce type de phénomène dans l'ouvrage de BLANCHARD, Nelly et THOMAS, Mannaig, La Bretagne linguistique, Revue La Bretagne Linguistique, 2015, n°19

67 «[...] ce terme désigne un haut pain de sucre analogues aux «mornes» des Antilles [...] » DYEVRE, Henri, Toponymes nautiques en Basse Bretagne, Annales de Bretagne

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comme colline, montagne voire cime pointue, ou cime remarquable aurait probablement été appropriée.

Pour éviter toute ambiguïté, Hervé Gwegen68, à l'Office de la Langue Bretonne, recommande un entretien avec des bretonnants69 pour bénéficier de la plus stricte continuité avec le langage parlé et avoir la chance d'en tirer la plus proche phonétique. Des mots peuvent s'apprendre sans forcément être écrits comme c'est aussi le cas dans la musique. La pratique du solfège n'étant pas un pré-requis, bon nombre de musiciens savent jouer d'oreille un son, sans en connaître l'emplacement sur une portée de note.

Roselyne Le Squère, alors étudiante à l'Université de Rennes, s'est intéressée aux toponymes de Ploemeur70, et plus particulièrement de l'usage des micro-toponymes, soit le nom des parcelles, en breton. Lors des entretiens qu'elle passe avec des cultivateurs de Kernastellec71, elle leur demande si, avant toute chose, ils parlent le breton, sachant que c'est un pré-requis : si les personnes interrogées ne le parlent plus quotidiennement, ce n'est pas pris en compte. Les personnes interrogées, dans ce cas, parlent breton, même si leur pratique n'est plus quotidienne, ils le comprennent très bien. Sa deuxième question vient sur le nommage et la situation des parcelles. Vient ensuite la pratique de ce nom dans le quotidien : les noms sont peu utilisés, même s'ils sont connus.

La rencontre des informateurs sur la toponymie, pour Yann Riou, est aussi prétexte à une découverte dialectologique et ethnologique72. Les retrouvailles avec ses informateurs, selon son témoignage, lui a permis de collecter des anecdotes et des informations sur tout autre domaine. Un sentiment de sécurité s'est aussi installé entre le meneur de l'entretien et la personne entretenue entre temps. La personne venue la dernière fois pour avoir des informations n'est plus un étranger eu égard aux hôtes.

68 Hervé Gwegen est le chef du service patrimoine linguistique à l'Office de la Langue bretonne (contacté le 14 mars 2017 par téléphone)

69 Surtout des bretons ayant le breton pour langue maternelle pour ne pas fausser la continuité de la langue bretonne.

70 Le Squere, Roselyne, sous la direction de Philippe Blanchet, La toponymie de Ploemeur, Mémoire de maîtrise de Lettres Modernes, Université de Rennes II, 1999-2000.

71 Hameau de Ploemeur, dans le Morbihan.

72 RIOU, Yann. Op. Cit.

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II La complémentarité des patrimoines matériel et immatériel II.1 Des pratiques linguistiques presque ignoré

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius