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Les hydro-ecoregions du bassin de la pendjari au benin : analyse des déterminants socio-économiques et environnementaux de la dynamique des écosystèmes naturels

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par M'Po Edouard IDIETI
Université d'Abomey-Calavi - Doctorat 2012
  

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1-2-5- Fondement climatique du bassin versant de la Pendjari

Situé dans la zone des climats de mousson d'Afrique de l'ouest, le bassin versant béninois de la Pendjari bénéficie des flux de mousson et de ceux de l'alizé du nord. L'alizé est un vent saisonnier soufflant des hautes pressions subtropicales vers des latitudes équatoriales, sans qu'il y ait passage de l'équateur. Les alizés restent dans leur hémisphère d'origine. Ils deviennent moussons dès qu'ils passent l'équateur (drift ou déclivité transéquatoriale), avec changement de direction (Boko, 1988).

Dans le cas du Bassin versant de la Pendjari, l'alizé est l'harmattan qui est un vent froid et sec qui souffle du nord-est vers le sud-ouest pendant la période de novembre à février voire mars, en provenance du Sahara. Tandis que la mousson est le flux d'air maritime humide qui souffle du sud-ouest vers le nord-est pendant la période d'avril à octobre, en provenance des hautes pressions de l'anticyclone de Sainte-Hélène situé dans l'océan Atlantique de l'hémisphère Sud et qui fait tourner l'air dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

Ces deux masses d'air convergent vers une zone de dépression appelée la "Zone de Convergence Intertropicale" (ZIC) encore appelée "Front Inter Tropical" (FIT), au sein de laquelle se forment de gros nuages appelés cumulonimbus. C'est une zone de basse pression marquant la limite entre un flux d'alizé et un flux de mousson (Boko, 1988). Les saisons sont déterminées par le balancement de ce Front Inter Tropical (FIT). Le figure 6 présente la position du FIT à chaque mois de l'année.

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Figure 6 : Mouvement oscillatoire annuel de la ZIG sur l'Afrique

Source : Fontaine cité par Vissin (1998), Houssou (1998) et Tenté (2005).

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Pendant le mois de janvier, la ZIC occupe sa position la plus méridionale sur le littoral (vers 7°N) aux latitudes de Lokossa, Pobè (Houssou, 1998 ; Tenté, 2005). Le Bassin versant de la Pendjari étant situé au nord de cette position, se trouve sous l'influence de l'harmattan. A partir de février ou mars, il remonte lentement vers le nord et occupe en août sa position la plus septentrionale qui correspond généralement au 20ème parallèle.

La saison des pluies dans le Nord-Bénin en général et en particulier dans le bassin versant béninois de la Pendjari est, d'après Boko (1988) « liée au passage de la ZIC, au fur et à mesure que l'anticyclone de Sainte-Hélène s'étend vers l'équateur ».

En effet, les pluies surviennent avec le passage de la ZIC dans le domaine du secteur d'étude. Elle donne des pluies abondantes et continues qui sont le fait de nuages cumuliformes fortement convectifs. D'après Afouda (1990), ce sont les averses des mois de juin, juillet, août, mois au cours desquels le corps de la ZIC, dans les couches moyennes, est légèrement plus au nord du bassin versant de la Pendjari. Moron (1993) explique que ces pluies de mousson s'individualisent par leur occurrence plus élevée la nuit et le matin, lorsque le fléchissement thermique entraîne une augmentation de la condensation. Les orages isolés sont dus à des nuages cumuliformes, ils sont typiques de la zone B de la mousson (Annexe 5), là où la faible épaisseur de la couche humide et la subsidence supérieure interdisent des formes plus évoluées (Moron, 1993 repris par Vissin, 2007).

Outre les pluies de mousson, les précipitations observées dans le bassin versant de la Pendjari sont également liées aux mécanismes atmosphériques à trajectoire zonale largement argumentées par Boko (1988). Il s'agit des ondes d'est ou ondes tropicales, des perturbations zonales, des lignes de grains et des amas nuageux convectifs mobiles.

Les ondes d'est

Selon Boko (1988), c'est un "talweg" ou une circulation cyclonique dans l'alizé d'est. Il explique que sur les images satellitaires, on note l'apparition d'un talweg mobile d'axe oblique reliant le golfe de Guinée au Darfour et au massif éthiopien, contournant l'anticyclone égypto-libyen par le sud et le sud-est. Cette situation qui s'observe surtout en hiver boréal peut durer deux ou trois jours, en se déplaçant vers l'ouest. Ces ondes peuvent affecter tout le Bénin, mais surtout les régions nord. Elles ont cependant une activité variable dans le temps et dans l'espace, de telle sorte que les précipitations peuvent être tantôt importantes, tantôt absentes, remplacées par une "tornade sèche".

Quant aux perturbations zonales, ce sont, d'après Leroux (1980) et Boko (1988) des "lignes de pulsations" qui naissent au sein même de la mousson. Wauthy (1983) explique que ces ondes

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d'accélération de flux de mousson "modifient la répartition de la convergence et de la divergence, pouvant amener la formation de nuages à l'amont de la ligne de basses pressions". Pour Boko (1988), ces phénomènes semblent être à l'origine des précipitations diurnes lorsque l'échauffement a créé les conditions propices à l'instabilité ou lorsqu'il n'existe pas par ailleurs de facteurs inhibiteurs (substratum froid ou refroidi, subsidence des couches supérieures).

Les lignes de grains

Elles se présentent comme des alignements nord-sud de cumulonimbus, associés aux ondes d'est tropicales, ondulations affectant le champ de masse et de mouvement d'altitude que Pagney (1994) appelle perturbations de première grandeur. Ces lignes de grains sont à l'origine des averses orageuses qui surviennent en mai-juin, mais aussi en août et septembre dans le bassin versant de la Pendjari. Pour Omotosho (1984), elles constituent l'apport le plus important de pluies au nord du 10°30' N où elles représentent au moins 60 % des totaux pluviométriques. Boko (1988) confirme qu'elles constituent les facteurs pluviogènes majeurs au Bénin (plus de 70% des précipitations entre mai et octobre). Elles se situent dans la zone C1 de la mousson (Annexe 5) et sont accompagnées de vents violents avec des rafales de plus de 20 noeuds (Agli, 1995). En effet, le front de la Ligne de Grain est constitué de puissantes cellules convectives alignées perpendiculairement à leur direction de propagation. Dans cette partie, la rencontre des masses d'air sec et humide est favorable au développement de la convection profonde qui entraîne des précipitations de forte intensité et de courte durée. Les courants ascendants et descendants résultant du soulèvement d'air instable alimentent cette partie convective à partir de la couche limite des masses d'air sec et humide. La partie stratiforme, quant à elle, donne des pluies moins intenses et de durée plus longue. Pour un observateur terrestre, selon N'Diaye (2009), le passage d'une ligne de grains est caractérisé par de violents coups de vent (10-15m/s) accompagnés d'une chute brusque de température et un saut de la pression (grain blanc), quelques minutes avant l'arrivée de la pluie. L'existence d'un courant froid ou courant de densité au sein de la ligne de grains explique le refroidissement ressenti au sol avant l'arrivée de la pluie.

Les amas nuageux convectifs mobiles (ou clusters en anglais) :

Comparés aux lignes de grains, les amas nuageux ont des formes moins définies et les déplacements plus lents. Boko (1988) explique que sur les images satellitaires, on les voit "naftre" à l'ouest et au nord du massif forestier congolais, sur la dorsale oubanguienne, et au sud du massif éthiopien. Il s'agit certainement d'un effet de convergence des flux de mousson le long des lignes de relief. Selon la vigueur de la mousson, en d'autres termes selon la puissance de l'anticyclone de Sainte - Hélène, la région-source peut être limitée à la dorsale oubanguienne. Dans ce cas, les cellules passent au large des côtes du Bénin, «sautant» des bouches du Niger à

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l'embouchure de la Volta, épargnant ainsi le littoral du golfe de Guinée. Si les pulsations de la mousson sont particulièrement fortes, les cellules passent plus au nord, au nord du 9ème parallèle, avant d'être déviées par les lignes de l'Atakora, tout comme les lignes de grains.

C'est sur la base de ces phénomènes atmosphériques d'échelle régionale et des différentes oscillations de la ZIC, que le bassin versant béninois de la Pendjari est sous l'influence du climat soudanien (climat tropical chaud et humide) ou soudano-guinéen qualifié d'atacorien (Houssou, 1998). Il est caractérisé par une alternance d'une saison sèche et d'une saison pluvieuse. La saison pluvieuse de 5 à 6 mois (mai à octobre) est dominée par les flux de mousson mais aussi ceux liés aux lignes de grains, génératrices de fortes averses sur la région. La pluviosité moyenne (1961-2006) est de 1131,3 mm. Les mois de juillet, août et septembre sont les plus pluvieux avec une moyenne de 227,5 mm par mois.

Par effet de versant au vent et de versant sous le vent, la chaîne de l'Atacora aurait des influences sur les précipitations et la répartition spatiale des champs pluviométriques dans le bassin versant de la Pendjari. En effet, dans les régions occidentales des moyennes latitudes, les versants exposés aux masses d'air humide et aux perturbations venant de l'est (versant au vent) sont plus arrosés que les versants sous le vent. Après avoir franchi le relief, l'air perd une grande partie de son humidité, d'où un temps plus sec dans le versant sous le vent. Un flux d'air forcé à franchir une barrière de relief est à l'origine d'un effet de Foehn de l'autre côté du relief. A sa descente, il se comprime, se réchauffe et s'éloigne du point de saturation (point de rosée), d'où un vent sec et haud, soufflant en rafales très violentes. Dans le le cas de cette étude, on est tenté d'estimer qu'il y a effet de Foehn avec la chaîne de l'Atacora. Mais nous penson qu'il n'y a pas effet de Foehn dans le bassin versant de la Pendjari pour deux raisons : (1) l'isohyète 1050 se distribue dans les deux HER. (2) le relief n'est pas suffisemment important pour générer l'effet de Foehn.

La saison sèche de 6 à 7 mois (octobre à avril) est marquée dans les quatre ou cinq premiers mois (octobre/novembre à février) par des flux de l'alizé du Nord-Est (l'harmattan), secs, frais la nuit et relativement chauds le jour, desséchant et accélérant le dépérissement de la végétation (Tenté, 2005). Elle est marquée par l'absence de précipitations. D'après Boko (1988), la saison sèche commence assez brutalement, pratiquement en octobre sur l'ensemble de la région. Il explique que l'affaissement brutal des totaux mensuels à partir d'octobre précède d'au moins un mois la baisse de la tension de vapeur, donc du volume d'eau précipitable. Cela s'explique par le fait que le "voyage-retour" de la ZIC est plus rapide que le "voyage-aller". Il en est toujours ainsi lorsque l'échange s'effectue entre un anticyclone maritime et un anticyclone continental. Il semble que les mécanismes anticycloniques se rétablissent très rapidement, dès l'automne sur le nord-est du Sahara, et dès novembre le flux d'alizé continental atteint le nord du Bénin. De cette façon, il n'y

a pas d'intersaison entre la saison des pluies et l'harmattan, du moins elle n'est pas évidente. A la fraîcheur nocturne et matinale de l'harmattan succède la forte chaleur de l'intersaison, en mars-avril (Houssou, 1998).

Somme toute, ces conditions climatiques, relativement favorables, et les autres caractéristiques physiques, offrent des conditions assez favorables à l'installation humaine et aux activités économiques.

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