WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Réflexion sur la majorité sexuelle en RDC. étude comparative au droit français.


par MUNGOMANGOMA BAROANI
Université de Goma Faculté de droit - Graduat en droit privé et judiciaire 2018
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 2. Les mécanismes d'harmonisation de l'âge à la réalité sociale

En réalité, il est indéniable que les jeunes sont confrontés de plus en plus tôt à la sexualité entre autres à travers les médias (internet notamment)85. Les réseaux sociaux sont fréquemment accusés de modeler les représentations sociales et d'accroître le conformisme des jeunes86. Lorsqu'ils sont utilisés de manière quotidienne et intensive, ces canaux d'échange contribuent à diffuser auprès des adolescents une image de la sexualité plus précoce qu'elle n'est effectivement. Ils sont en outre associés à un passage à l'acte plus précoce chez les filles87. Ainsi, l'éducation à la sexualité (§1) et la mise en place d'une nouvelle réforme législative (§2) peuvent être de bonnes pistes de solution pour rendre le législateur plus cohérent en matière de la sexualité entre enfants.

§1. L'éducation à la sexualité

Les droits reproductifs des adolescents, consacrés par un certain nombre d'instruments internationaux, incluent l'accès à une éducation sexuelle, à des services de dépistage des infections transmissibles sexuellement, à des moyens de contraception, à l'avortement et à un suivi de grossesse adéquat88. En France, il tombe sous le sens qu'une adolescente puisse se priver de ces services de peur de dénoncer son conjoint et d'être elle-même prise en charge par la Direction de la protection de la jeunesse, contrairement à la RDC qui n'a aucune institution spécialisée pour la protection de la jeunesse et se contente de la prise en charge apportée par quelques organisations et associations internationales ; en l'occurrence l'Association de Baron Américain (ABA) pour la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants mineurs.

Or, du point de vue de l'accès à des soins de santé, l'âge du partenaire est sans importance ; dans tous les cas, l'adolescente a besoin d'un suivi médical. Supposons maintenant que l'adolescente donne naissance à un enfant dans la foulée d'une relation sexuelle non protégée avec un adulte. Les impacts économiques de la criminalisation se font alors cruellement sentir. Le père de son enfant risque l'incarcération ou la déportation ; dans ces conditions, les chances qu'il subvienne aux besoins de son enfant sont considérablement réduites. Par ailleurs, dans l'éventualité où la relation adolescente/homme adulte n'a pas été dénoncée, l'adolescente peut répugner à demander le paiement d'une pension alimentaire,

85 Frédérique Van Houcke, Op. cit, p.2.

86 Florance Millochan et al, « L'âge « normal » au premier rapport sexuel : perceptions et pratiques des adolescents en 2014 », Agora débats/jeunesses 2016/4 (N° Hors-série), p.52.

87 Ibidem.

88 Cheick Tidiani Cissé, Op. cit, p.44.

33

craignant de provoquer une poursuite criminelle. Notons enfin que les adolescentes qui demandent de l'aide sociale pour elle et leur enfant doivent au préalable exercer leur recours alimentaire contre le père, ce qui place également ce dernier à risque de poursuite criminelle. Bref, la criminalisation des rapports sexuels librement consentis est susceptible de favoriser la pauvreté de la jeune mère et de son enfant89.

L'éducation à la sexualité en France se trouve à un moment clé de son évolution. Elle a vu, depuis le début du siècle, son cadre légal et réglementaire renforcé mais peine encore à s'adapter à un contexte nouveau. Les outils à disposition des acteurs tout comme l'approche retenue en pratique sont le reflet de résistances qui persistent autour de l'éducation à la sexualité. Il s'agit désormais de les dépasser90.

Toujours en France, si les premières informations mise en place concernaient avant tout des données physiques et physiologiques, peu à peu une véritable « éducation à la sexualité » a été instaurée. Animées par des professionnels de santé, ces séances mettent l'accent sur les relations amoureuses, les relations sexuelles et les modes de contraception91. Ces séances sont obligatoires, de selon la loi n°2004-806 qui stipule qu'il doit y avoir au moins « 3 séances annuelles et par groupe d'âge homogène », et ceci dans les « écoles, collèges et lycées ». Néanmoins, cette éducation sexuelle s'avère encore peu fréquente (entre 2 et 3 en moyenne au cours de la scolarité)92.

Pour veiller à la sécurité sexuelle et au bon développement des enfants mineurs, le législateur congolais devrait miser sur l'éducation sexuelle pour éviter les relations sexuelles clandestines, vu la rigueur qu'applique la loi sur la répression de ces actes93. La loi de 2009 sur la protection de l'enfant, par ses dispositions, se contente seulement de la répression des rapports sexuels entretenus avec les mineurs, sans illustrer une ou plusieurs mesures de préventives contre la commission de ces actes.

En effet, comme en France, l'éducation sexuelle en RDC doit être :

? Effective : au vue du principe de la non-discrimination et celui de l'égalité des enfants devant la loi et à la protection94 prônés par la loi de 2009, tout enfant se trouvant sur le territoire national, doit bénéficier de cette éducation ;

89 J. DESROSIERS, A. LÉTOURNEAU, Op. cit, pp.75-76.

90 Rapport de Droits de l'enfant en 2017 : Au miroir de la Convention internationale des droits de l'enfant, In, défenseur des droits, Paris, 30 novembre 2017.

91 Emilie DESACHY, Les échecs de contraception à l'adolescence, Mémoire, Ecole des sages-femmes Albert Fruhinsholz, Université Henri Poincaré, Nancy I, 2012, p.13.

92 Ibidem.

93 Loi portant protection de l'enfant, Op. cit, Art. 170.

94 Idem, art. 4 et 5.

34

? Obligatoire : le pouvoir public doit prendre, sans préjudice des libertés légales de l'enfant, des mesures obligatoires pour chaque enfant de participer aux séances d'éducation à la sexualité ;

? Enseignée dans les milieux appropriés : l'enfant étant un être fragile, il serait compliquer d'initier cette éducation à des milieux où il ne fréquente pas et dont il apprend pour une cause nouvelle à ses capacités. En effet, la chose à envisager est celle de renforcer le programme dans le cours d'éducation à la vie aux écoles, lycées et collèges et mettre en place une équipe des psychologues afin de vérifier la capacité de l'enfant par rapport à la formation qu'il va subir ;

Sortir les séances d'éducation à la sexualité dans des milieux scolaires, en les proposant aux établissements sanitaires en favorisant le dialogue, les échanges et les espaces dédiés à ces séances, en impliquant également les parents, la communauté, les responsables traditionnels et religieux, les leaders d'opinion et les jeunes eux-mêmes.

? L'adolescent écoute plus attentivement ses Pairs : nous pourrions donc proposer des séances d'éducation à la sexualité menées par des étudiants en médecine ou étudiants sages-femmes, formés et encadrés par un professionnel habitué à mener ces interventions, qui seraient dans une tranche d'âge relativement proche de la population. Dans la même idée, et afin d'enlever l'étiquette « professionnel de santé » qui peut gêner certains adolescents, ces séances pourrait être animées par des adolescents, encore lycéens, dans les niveaux d'étude inférieurs. Formés, encadrés et soutenus par un professionnel de santé aguerri aux séances d'informations, des lycéens en classe de première pourraient ainsi discuter, avec ceux de seconde ou des collégiens, de sexualité dans des termes qui leurs sont plus familiers et avec des animateurs auxquels ils pourront s'identifier.

35

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius