Section II: L'implication des acteurs non
étatiques.
Le choix entre les avantages économiques et sociaux
d'une action (réglementation et la gestion des DBM) et le coût
dont elle se paie en atteintes à l'environnement et à la
santé exige jugements et connaissance détaillée des
populations locales (paragraphe I) mais aussi surtout l'intervention des autres
acteurs tels que la presse, les ONG (paragraphe II).
Paragraphe I: La participation de la population
La consultation populaire est un gage d'une bonne
réglementation (A) mais faudrait-il que cette consultation soit
appuyée par la participation des associations (B).
A- La consultation populaire: un gage d'une bonne
réglementation
La décentralisation exige que les populations dans les
villes ou à la base soient informées et consultées. Cela
est indissociable de la libre administration des collectivités locales:
un principe essentiel à la démocratie.44
En matière de réglementation et de gestion des
DBM, la participation de la population africaine (Afrique de l'ouest) est
largement en retrait en regard de ce que l'on est en droit d'attendre d'une
société démocratique.45 Cette situation peut
expliquer l'adoption d'un comportement d'indifférence vis-à-vis
des villes, des établissements hospitaliers. D'où la
nécessité d'une démarche consultative. Ni les
gouvernements ni les organismes d'aide ne sont équipés pour
formuler sur la valeur que les populations attribuent par exemple à
l'environnement.
Le second facteur essentiel pour déterminer le
succès ou l'échec de l'implication des acteurs est en rapport
avec la participation des associations.
44. SACKO Ansoumane, Urbanisation et protection de
l'environnement en Guinée: le cas de la ville de Conakry,
Mémoire de DEA, Université de Lomé, 2005, p.48.
45. Il s'agit bien sur de la démocratie participative
chère au Doyen Maurice Kamto qui est loin d'être effective en
Afrique de l'ouest comme partout à ailleurs en Afrique.
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B- La participation des associations
Dans tous les pays ouest africain, il existe des associations
locales de tout genre et défendant l'environnement en
général. Ces activistes environnementaux peuvent être dans
les grandes villes tout comme au niveau local et ont souvent une influence
importante en matière d'assainissement, de formation et
d'information.
Ainsi il convient de préciser qu'il ne s'agit nullement
pour les Etats ouest africains d'élaborer, de programmer une
réglementation et imposer d'en haut par les autorités, mais
plutôt de se fonder quelque fois sur ce qu'il convient d'appeler «
l'expertise locale ». Cette expérience a fait ses preuves en
guinée où les pouvoirs publics sont totalement muets en
matière de réglementation de DBM. Dans de nombreux quartiers de
la capitale Conakry, ce sont des initiatives locales qui organisent les
journées dites « ville propre » avec tout le risque que cela
peut avoir lorsqu'il s'agit des DBM. Ces journées sont destinées
à l'assainissement des quartiers, des établissements
hospitaliers.
A Bamako, Cotonou et Ouagadougou, des expériences
communautaires caractérisées par un partenariat local entre les
ONG et le secteur associatif et privé, ont été
menées pour venir à la rescousse d'un service public
essoufflé et largement déficitaire.46 Cette
démarche peut être officialisée par voie
législative: en adoptant des lois sur la gestion des DBM au niveau
national mais aussi au niveau communautaire. Ainsi les administrations
publiques chargées des DBM peuvent donner aux populations et
associations locales un rôle substantiel dans la surveillance ou
l'exécution des programmes. C'est par cette manière qu'on pourra
renforcer le respect des réglementations nationales et communautaires.
Dans de nombreux pays développés, on engage des
sociétés et des consultants, des associations et d'ONG pour les
évaluations environnementales (DBM par exemple), pour la collecte et
l'analyse des données, pour les activités de surveillance et
d'inspection et pour fournir des conseils spécialisés. Il s'agit
de la réglementation en toute indépendance des questions des DBM,
modèle démocratique que devraient suivre les Etats de la
CEDEAO.
Cependant, force est reconnaître dans la grande
majorité des cas, c'est-à-dire à l'exception des Etats
comme le Ghana, le Burkina Faso et le Nigeria, les Etats de la CEDEAO ont
rarement recours à la population locale, aux associations et aux ONG
pour légiférer. C'est cette passivité des administrations
publiques qui justifie sans doute les nombreux échecs de
réglementation.
Dans tous les cas, il est toujours nécessaire
d'impliquer dans ces travaux de réglementation et même de gestion
des DBM, les autres acteurs.
46. MBENGUE M.-F, op. Cit. p.41
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