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Impact géopolitique de l'accord cadre d'Aaddis-Abeba sur la stabilité de la RDC. Analyses et perspectives.


par Faustin UPONJURU MASTOLO
Université de Kinshasa - Licence en sciences politiques et administratives 2018
  

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SECTION 2 : IMPLICATION DE L'ACCORD-CADRE SUR LA STABILITE DE LA
REGION DES GRANDS LACS AFRICAINS

L'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région n'est pas le premier du genre. Il se situe dans le prolongement de nombreux accords antérieurs qui, depuis l'invasion de la RDC par les pays voisins de l'Est (Rwanda, Ouganda et Burundi) avec des rébellions congolaises interposées, visent à restaurer la

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paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région. L'avènement de l'AFDL s'est effectué dans un climat de guerre, de violence, de violations de droits de l'homme, qu'on n'est pas arrivé à arrêter jusqu'à ce jour, en particulier dans l'Est de la RDC. Il a enclenché un processus d'ensauvagement, instaurant une véritable culture de la mort et du crime, avec à la clé la prolifération des groupes armés nationaux et étrangers.

L'Accord-cadre d'Addis-Abeba de 2013 a aussi une implication sur la stabilité des pays de la sous-région des Grands Lacs africains et nous nous sommes attardés sur trois (3) pays à savoir : le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi qui ont agressé la RDC par rébellions interposées de 1996 à 2013 (AFDL, RCD-Goma, MLC, RCD-KML, RCD-N, CNDP, M-23, etc.).

2.1. Rwanda

Avec ces 26.338 km2, le Rwanda s'affiche comme étant le plus petit pays de la région des Grands Lacs, mais pas moins important. Il a comme principales ressources naturelles le Béryl, le wolfram, la cassitérite, le coltan, l'étain et l'or. Et comme principales ressources agricoles le plantain, la patate douce, le manioc, le haricot, le sorgho, le maïs, le café, le pois et le thé. Le Rwanda a 893 km de frontière dont 290 km avec le Burundi, 217 km avec la R.D. Congo, 217 km avec la Tanzanie et 169 km l'Ouganda. La capitale du Rwanda s'appelle Kigali78.

Le 1er juillet 1962, le Rwanda accéda à l'indépendance avec KAYIBANDA comme Président. En décembre 1963, les Tutsis réfugiés au Burundi tentèrent un retour en force en lançant une offensive mais cela sera sans succès et il s'en suivit un massacre de près de 20 000 Tutsi et encore une fois de plus l'exile de près de 300 000 Tutsi, soit la moitié des Tutsi du Rwanda. Et c'est dans cette confusion que le Général Juvénal HABYARIMANA, le 5 juillet 1973, fera un coup d'Etat militaire. Il sera élu et réélu à la Présidence de la République en 1978, 1983 et 1988. Il installa un pouvoir fort, se créa des amitiés dans la région des Grands Lacs

78 Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1856.

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particulièrement avec le Tout-puissant Maréchal du Zaïre MOBUTU et d'autres amitiés en France et en Belgique79.

De 1961 à 1994, les Hutus dirigèrent le Rwanda sans partage avec quelques Tutsi restés au pays. A l'extérieur du pays une opposition armée prenait forma autour du Front Patriotique Rwandais ( FPR ) fort de plus de 10.000 hommes.

Le 4 août 1993, il y aura signature des accords de paix d'Arusha en Tanzanie entre le Gouvernement et le FPR prévoyant un partage des pouvoirs civils et militaires entre Hutu et Tutsi. Mais appuyé par le MRND et le CDR, HABYARIMANA multiplia plutôt les manoeuvres pour ne pas appliquer ces accords. Entre octobre et décembre 1993, il y aura création de la Mission des Nations Unies pour l'Assistance au Rwanda (MINUAR). Elle sera composée de 2500 casques bleus qui s'installèrent dans le pays après le départ des troupes françaises de l'opération Noroît en décembre.

Le 06 avril 1994, attentat meurtrier contre l'avion qui ramène le Président Rwandais Juvénal HABYARIMANA et son homologue Burundais Cyprien NTARYAMIRA d'un sommet régional en Tanzanie après un bref passage au Zaïre, à Gbadolite, où ils sont passés voir le Maréchal. Le lendemain, c'est-à-dire le 07 avril 1994, à Kigali, se déclencha le génocide, par des extrémistes Hutu, de la minorité Tutsi et des opposants Hutu modérés.

Le 4 juillet 1994, le FPR entre dans la capitale et prend le pouvoir avec le Président Pasteur BIZIMUNGU. Paul KAGAME sera élu Président de la République par le parlement le 17 avril 2000 en remplacement du Pasteur BIZIMUNGU, un Président Hutu démissionnaire et accusé de tentative de coup d'Etat80. Il sera confirmé réélu en 2010 et 2017.

Mais Paul KAGAME doit faire face à une opposition extérieure très menaçante, essentiellement réfugiée en R.D. Congo, et composée des ex-FAR (ex-forces armées rwandaises) et des Interahamwe (signifiant ceux qui se tiennent ou attaquent ensemble). Des forces dites négatives qui

79 BRAECKMAN, C., Terre africaine. Burundi, Rwanda, Zaïre : les racines de la violence, Ed. Fayard, Paris, 1996, pp. 203-266.

80 Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1856.

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aujourd'hui affrontent l'armée régulière de la R.D. Congo qui tente de les désarmer pour enfin les rapatrier au Rwanda.

La crise rwandaise est peut-être celle qui s'était la plus déversée sur l'ensemble de la sous-région et dont les conséquences fragilisent encore les rapports de bon voisinage avec les Etats de Grands Lacs, en particulier avec la R.D. Congo. En 1994, ces hommes, femmes et enfants Hutu fuyant l'avancé du FPR et le contre-massacre, vont traverser la frontière congolaise avec armes et munitions. Devenant ainsi source d'insécurité pour la R.D.Congo.

Le conflit Rwandais s'étendra au Congo surtout lors de la guerre de 1996-1997 où des dizaines de milliers d'Hutu seront massacrés par le FPR devenu APR (Armé Patriotique Rwandaise).

Aujourd'hui ces quelques réfugiés encore au Congo font l'objet d'une très vive polémique entre la R.D. Congo, le Rwanda, la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. En effet, Kigali réclame leur désarmement, de préférence par anéantissement, et leur mise hors d'état de nuire. Alors que Kinshasa, conscient du conflit ethnique Rwandais et sachant ce qui risque bien d'arriver à ces réfugiés organisés pour certains d'entre eux en milice, préfère jouer la carte diplomatique et humanitaire en évitant bien entendu de porter le poids de la livraison à la potence dans la conscience.

Les Américains et les Britanniques se culpabilisent de n'avoir rien fait en 1994 et veulent à tout prix éviter aux Tutsi un autre calvaire du même genre. D'où tout ce qui peut contribuer à avancer dans ce sens-là est le bienvenu, et on ferme les yeux sur les restes.

Quant à la France, elle porte d'abord le point du génocide de 1994 car accusée par le pouvoir de Kigali comme étant « coauteur » du génocide. Mais aussi la France se doit de respecter un devoir historique : la protection des Hutus. Les liens liant les deux peuples sont encore intacts et surtout que la France assiste impuissante à l'anéantissement et si pas l'extermination des Hutus. Et les Européens, eux, c'est plus l'aspect humanitaire du problème. Les Interahamwe et autres FDLR posent des problèmes, d'accord, mais il y a aussi des femmes et des enfants qui ont besoin de l'aide humanitaire. Et le Congo doit se reconstruire car en effet, les

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Européens, tout comme les Américains pour le cas du Rwanda, veulent que le Congo redevienne un Etat normal, calme et prospère.

L'Accord-cadre d'Addis-Abeba de 2013 prévoit notamment l'éradication de groupes armés rwandais qui menacent la stabilité de la RDC où ils sont établis et du Rwanda dont ils rêvent de renverser le régime. D'où les rencontres au sommet entre le Président rwandais Paul KAGAME et le nouveau Président de la RDC Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO durant ce premier semestre de 2019 à Addis-Abeba (11 février) en marge du 32ème sommet de l'Union Africaine (UA), à Kigali (du 25 au 27 mars) et à Kinshasa (31 mai).

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery