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Anémie néonatale : étiologie, clinique et prise en charge a l'hôpital Heal Africa


par Choisie UWERA KIYONGA
Université de Goma - Docteur en médecine 2023
  

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CHAPITRE V : DISCUSION DES RESULTATS

V.1. DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES

V.1.1. Fréquence de l'anémie néonatale à l'hôpital Heal Africa

Au cours de cette étude nous avons travaillé sur un échantillon de 30 cas d'anémie néonatale sur un total de 933 enfants hospitalisés pendant 24 mois, soit une fréquence générale de 3,2%. Dans les séries étrangères, sa prévalence est variable selon les modes de recrutement et le contexte épidémiologique. C'est ainsi pour ABDELALI GM [23], elle est de 2,7% ; pour DANIELE C et KEDY K [2] elle est de 8,71% et des prévalences très élevées ont été retrouvées à Yopougon à Abidjan (56,8%) par DICK-AMON et all [24].

Ces chiffres quoi que différents restent tout de même élevés quel que soit l'endroit où l'on se trouve, et devraient permettre de tirer la sonnette d'alarme sur cette pathologie néonatale bien souvent négligée sur le plan épidémiologique. De plus, il est bien établi que le nouveau-né est particulièrement sensible à l'anémie. Cette sensibilité est accentuée par les multiples pathologies néonatales affectant directement (hémolyse, infections. .etc.) ou indirectement (spoliation, hémorragie . .etc.) la lignée des globules rouges [9].

V.2. Les caractéristiques sociodémographiques

Dans notre étude, le sexe masculin a été le plus représenté avec 70%. Le sexe ratio était de 2,3. Cette prédominance masculine est supérieure à celle de YOUSSEF A et coll. [15] qui ont trouvé 33,3% et semblable à ceux de KAMGA [17] en 2016 au Cameroun et l'étude menée en Tunisie par ATI J [16] qui notaient aussi une prédominance des garçons par rapports aux filles, soit respectivement 63,1% et 58,5% des cas. Cette prédominance masculine a également été notée par TOURE A [18] en 2012 au Mali et DANIELLE K et al en 2013 [19] au Cameroun qui ont trouvé respectivement 60,9% et 57,7% des cas. Cependant, nous n'avons pas trouvé d'association entre le sexe et l'anémie néonatale dans cette étude, la valeur de p-value étant strictement supérieure au seuil de significativité (0,3>0,05). Cela signifie que le sexe du nouveau-né n'a pas d'influence significative sur l'évolution de l'anémie néonatale.

La majorité de nos patients ont développé leur anémie pendant leur première semaine de vie, soit 63,3% des cas, ce qui rejoint les résultats trouvés à l'institut de nutrition et de santé de l'enfant à Dakar par CAMARA A et all [21], soit 66,7% des cas. Il ressort de cette étude que, l'âge du nouveau-né a une influence l'évolution de l'anémie néonatale avec un P=0,013 statistiquement significatif.

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Dans notre étude, les prématurés ont représenté 76,7% des cas et l'âge gestationnel compris entre 32-34 SA a été le plus représenté chez les prématurés soit 43,5% des cas. Selon l'OMS, en Afrique Sub-saharienne, l'anémie est une pathologie fréquente et grave surtout chez le prématuré, sa prévalence est de 51,5%. Elle prédomine dans la tranche d'âge 32-34SA (42,1%) [6], ce qui est en accord avec nos résultats (43,5%). Les mêmes observations sont rapportées en 2014 dans l'étude de Dollat C [25] en France avec une proportion de 93,1% de nouveau-nés prématurés anémiques sur une population d'étude comportant 101 nouveau-nés. En Côte d'Ivoire, la prévalence de l'anémie du prématuré a été de 25% au CHU de Yopougon et de 21,5% au CHU de Cocody selon DICK-AMON et all [24]. L'anémie chez le nouveau-né prématuré est fréquente et attendue. Elle est une conséquence quasi obligatoire de la prématurité, se produisant malgré l'absence de toute cause pathologique de nature hémorragique ou hémolytique [14,15]. Il s'agit d'une anémie physiologique qui s'explique par une suppression de la réponse postnatale à l'érythropoïétine (elle-même secondaire au taux élevé de la PaO2 postnatale en rapport avec le taux d'hémoglobine foetal très élevé), une durée de vie courte des globules rouges chez le nouveau-né, une croissance rapide de l'organisme, une augmentation rapide du volume sanguin à mesure qu'il grandit alors que le stock d'hémoglobine est plus faible et une spoliation sanguine importante [23, 25]. Ceci pourrait justifier la proportion élevé de l'anémie chez les nouveau-nés prématurés (76,7%) dans notre étude.

La majorité des femmes (36,7%) de notre étude n'avait pas suivi de CPN et 33,3% avaient fait en nombre insuffisant (1-3 CPN). Cela pourrait s'expliquer par la méconnaissance de l'importance de la consultation prénatale. Ceci est lourd de conséquences étant donné que cette consultation constitue une activité conduisant à la prévention de plusieurs situations déplorables telles que les infections maternelles (d'infections urogénitales : 30%, paludisme : 36,7%...) pouvant conduire aux infections néonatales, la prématurité, l'avortement, les mort-nés, le faible poids de naissance et le paludisme congénital. En analysa la dépendance entre le suivi prénatal et l'âge gestationnel du nouveau-né, nous constatons que le suivi prénatale (CPN) n'est pas en association avec l'âge gestationnel du nouveau-né, P=0,578. Mais le suivi prénatale (nombre de CPN) n'est pas en corrélation avec l'évolution de l'anémie néonatale chez nos patients car P=0,407>0,05.

Notre résultat est comparable à celui de GUINDO S [26] qui décrit 56,80% de femmes n'ayant pas fait de CPN et il n'a pas trouvé de lien entre la fréquence de l'anémie et la consultation prénatale.

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V.2. DONNEES CLINIQUES

1. Signes cliniques

Les principaux signes cliniques étaient la pâleur cutanéomuqueuse (43,3%) et l'ictère (33,3%). La pâleur des téguments est un signe très subjectif qui dépend de l'appréciation de l'observateur. Des études réalisées par l'OMS dans plusieurs pays ont montré une faible sensibilité du degré de pâleur des conjonctives : 62% des anémies ne sont pas détectées par cette méthode. Néanmoins, lorsque l'anémie est sévère (taux d'Hb < 8g/dl) la sensibilité est meilleure [27]. L'anémie est l'une des causes les plus fréquentes de pâleur persistante. Elle correspond à une baisse du taux d'hémoglobine dans le sang. Dans ce cas, la pâleur est généralisée, mais elle se voit surtout au niveau des ongles, du visage et des paupières, des plis des paumes, les lèvres, l'intérieur des yeux, la face interne des joues, etc. Il découle de cette étude que les signes cliniques n'étaient pas en corrélation avec l'évolution de l'anémie néonatale chez nos patients. En effet, le P-value=0,239>0,05 n'était pas statistiquement significatif.

2. Etiologies (pathologies associées)

L'infection néonatale demeure une pathologie préoccupante par sa fréquence et sa gravité. Sa gravité est liée à l'immaturité immunologique du nouveau-né et au risque de mortalité qui est de l'ordre de 10 à 30% selon les séries. Elle s'explique aussi par le retard du diagnostic avec un délai moyen d'hospitalisation par rapport aux premières manifestations cliniques de 9H. Presque tous les agents pathogènes (bactéries, champignons et virus) peuvent être responsables d'infection chez le nouveau-né. Cependant, l'infection à parvovirus B19 anténatale peut engendrer une anémie foetale sévère [28,29]. Dans les syndromes infectieux sévères, les mécanismes de l'anémie sont multiples associant non seulement une érythroblastopénie mais aussi un hyper hémolyse due aux toxines microbiennes [30].

Dans notre étude, l'anémie néonatale était d'origine infectieuse dans 9 cas soit 47,3% de l'ensemble des étiologies. En effet, selon RIGOURD V [31] la CRP est le meilleur indicateur de la phase aiguë de l'inflammation. Sa spécificité est de 90%, sa sensibilité après l'âge de 12h de vie est de 89%.

L'anémie néonatale était associée à la prématurité dans 76,7% des cas. Des proportions similaires ont été trouvées par ABOUSSAD A [32], RIGOURD V [33] et ALT R [34], soit respectivement 79,2% et 77,88% des cas d'anémie due à la prématurité. Cette étude a montré que l'étiologie est en association avec l'évolution de l'anémie néonatale chez nos patients (P=0,040).

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2. Paraclinique

Dans notre étude 20 nouveau-nés ont fait une CRP et 16, 80% avaient une CRP positive. L'anémie néonatale était sévère chez 23,3% des cas, le dosage de la bilirubine a été fait chez 18 nouveau-nés et 14 soit 77,7% avaient un taux de bilirubine libre au-delà de 50 mg/l ; le test de Coombs direct a été fait chez 4 nouveau-nés dont 1 cas avait un Coombs direct positif soit 25%. Cette série montre que l'âge gestationnel influence la sévérité de l'anémie néonatale avec un P=0,015 qui est statistiquement significatif. D'autres auteurs comme : DICK-AMON et all [24] (P=0,0023) et ABDELALI GM [23] (P=0,001) ont trouvé de corrélation entre l'âge gestationnel et la sévérité de l'anémie, plus la prématurité est grande plus l'anémie est sévère. Cela pourrait se justifier la l'immaturité de l'érythropoïèse.

V.3. PRISE EN CHARGE

En dehors de la transfusion, la photothérapie et l'exsanguino-transfusion, d'autres moyens thérapeutiques sont indiqués selon l'étiologie à savoir l'antibiothérapie [35].

La transfusion sanguine est une pratique courante en néonatologie. Les changements de la pratique transfusionnelle en période néonatale ont permis de faire chuter le pourcentage d'enfants transfusés. Les directives transfusionnelles tiennent compte de plusieurs facteurs, notamment les taux d'hémoglobine et d'hématocrite, l'âge gestationnel à la naissance, l'âge postnatal, la rapidité d'installation de l'anémie et sa tolérance [36].

Dans notre étude 14 nouveau-nés ont été transfusé soit 46,6%. Une parfaite connaissance des particularités hématologiques spécifiques aux nouveau-nés permet d'assurer une efficacité optimale et de réduire au maximum les risques inhérents à cette pratique. En revanche, un taux d'Hte ou d'Hb bas sans signe clinique, ou le remplacement des spoliations sanguines par prélèvements itératifs, ne constituent pas une indication à transfuser. La quantité à transfuser habituellement préconisée est de 15ml/kg, administrée en intraveineuse lente(IVL) sur deux à quatre heures, sans corriger au-delà d'un hématocrite à 45% ou d'un taux d'hémoglobine de 15g/dl. Une étude récente a montré que la transfusion d'un volume de 20ml/kg par jour était plus efficace qu'un volume de 10ml/kg par jour chez le prématuré, en termes d'augmentation du taux d'hémoglobine et de réduction du nombre de transfusions [36,37].

Le traitement de l'hyper bilirubinémie vise à éviter des concentrations de bilirubine pouvant susciter l'apparition d'un ictère nucléaire. La photothérapie, demeure une intervention thérapeutique efficace qui réduit les concentrations de bilirubine et qui, par conséquent, prévient l'atteinte des niveaux de bilirubine élevés reliés aux séquelles permanentes.

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Les soins complémentaires à une photothérapie consistent à assurer une bonne hydratation, on préserve un bon débit urinaire, ce qui contribue à l'élimination des dérivés de la photo-oxydation. Le meilleur système pour assurer cet objectif est l'alimentation précoce, qui permet par ailleurs d'interrompre la circulation entéro-hépatique de la bilirubine. L'allaitement maternel est recommandé en toute circonstance, bien que, au cas par cas, on puisse proposer, en accord avec la mère après lui avoir exposé le rapport risques/bénéfices, une substitution temporaire avec un lait adapté [38]. Dans notre étude 4 nouveau-nés ont bénéficié d'une photothérapie soit 13,3%. L'analyse de la dépendance entre le traitement et l'évolution de l'anémie a montré que l'évolution n'est pas en corrélation avec le traitement (P=0,351). Une affirmation similaire a été faite par KAMGA [17] en 2016 au Cameroun (P=0,243).

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