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Déviation du taux de change par rapport aux fondamentaux

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par Adnan CHOCKRI
FSEG Sfax - Mastère Dynamique économique et financière 2006
  

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Section 3- Une brève revue de la littérature empirique

Comme le rappellent Borowski et al. [1998], les estimations du taux de change d'équilibre dépendent bien évidemment des choix méthodologiques effectués. Il existe

deux grandes catégories de méthodes d'estimation : d'une part, les simulations réalisées

à partir d'un modèle macroéconomique multinational complet (approche dynamique)

et, d'autre part, la construction d'une maquette représentative du long terme d'un modèle donné; cette seconde approche étant qualifiée de statique comparative. Cette dernière méthode est la plus fréquemment utilisée et consiste à comparer la situation historique à une situation dite d'équilibre, sans se préoccuper de la transition d'une situation à l'autre. Selon Borowski et al. [1998], l'avantage de la méthode de statique comparative est qu'elle est simple et transparente et qu'elle autorise ainsi un calcul de sensibilités à des hypothèses alternatives.

Nous distinguerons ici les études basées sur l'approche traditionnelle (approche macroéconomique généralement appréhendée au travers de la statique comparative) des études plus positives reposant sur une démarche économétrique.

3.1- Les études basées sur l'approche traditionnelle

Les évaluations empiriques de taux de change réel d'équilibre ont

principalement été effectuées à partir des travaux pionniers de Williamson [1983] :

citons notamment Barrell et Wren- Lewis [1989], Barrell et In't Veld [1991],

Williamson [1991], Church [1992]. Rappelons que Williamson a introduit la notion de taux de change d'équilibre fondamental (Fundamental Equilibrium Exchange Rate, FEER) défini comme le taux de change réel assurant à moyen terme la réalisation simultanée de l'équilibre interne et de l'équilibre externe. Un modèle macro économétrique est alors utilisé pour assurer la cohérence des différentes variables utilisées. Néanmoins, ainsi que le rappelle Coudert [1999], un grand nombre de travaux plus récents n'utilisent pas des modèles macro économétriques complets, mais seulement des équations de commerce extérieur. En inversant ces équations, une relation peut être obtenue entre le taux de change réel, la balance courante et l'output gap.

L'étude de Williamson [1991], fondée sur l'utilisation de plusieurs modèles macro économétriques multinationaux, a quant à elle pour objet la comparaison de diverses estimations du taux de change d'équilibre fondamental dans plusieurs pays

européens. En 1994, l'auteur utilise les simulations de plusieurs modèles afin d'estimer

le taux de change réel d'équilibre des pays industrialisés au début des années 90. Les résultats qu'il obtient mettent en exergue d'importants écarts significatifs entre change effectif et change d'équilibre pour les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne.

Dans leur étude sur les taux de change d'équilibre fondamentaux des dix grands pays industrialisés sur la période 1984-1995, Borowski et al. [1998] retiennent l'approche de statique comparative afin d'estimer ces taux de change d'équilibre. Dans

ce cadre, les auteurs définissent l'équilibre interne à la manière de Williamson [1985,

1991, 1994]. Ils supposent en effet que cet équilibre interne est défini à partir d'une évaluation des rythmes de croissance potentielle effectuée indépendamment de la maquette retenue19. En conséquence, l'équilibre interne est exogène au modèle dans la

19 La méthode de résolution employée par les auteurs repose sur la construction d'une maquette de long terme du commerce

extérieur issue du modèle NIGEM (National Institute Global Econometric Model). La résolution de cette maquette

est effectuée en log-linéarisant les différentes équations du modèle à chaque période au voisinage de l'état réalisé. Elle permet alors d'obtenir, à chaque période, les écarts des taux de change à leur valeur d'équilibre. Ceux-ci apparaissent ainsi comme une combinaison linéaire des output gaps et des écarts aux cibles de balance courante de l'ensemble des pays.

mesure où il est supposé que la croissance potentielle et le taux de change réel sont

indépendants. Enfin, dans la détermination de l'équilibre externe, les auteurs retiennent uniquement les interactions entre les échanges de biens et services et le taux de change réel. Les résultats obtenus par les auteurs montrent que le franc a été proche de sa valeur d'équilibre jusqu'en 1989 et se caractérise ensuite par un mouvement d'appréciation réelle qui atteint un pic en 1991. A partir de 1991, le franc retourne progressivement vers son niveau d'équilibre qu'il atteint à la fin de l'année 1995. Concernant le mark, les résultats mettent en avant l'existence d'une importante sous- évaluation de 1983 à 1993. A partir de 1993, le mark rejoint ensuite rapidement son niveau d'équilibre pour l'atteindre en 1995. Ces résultats confirment ainsi ceux obtenus

par Barrell et In't Veld [1991]. Borowski et al. [1998] cherchent également à évaluer le rôle joué par les outputs gaps et les écarts aux cibles de balance courante dans les surévaluations et les sous-évaluations réelles des monnaies. Concernant la France, les auteurs soulignent que de 1986 à 1988, l'output gap et l'écart à la cible de balance courante contribuent tous deux à la surévaluation du franc. A partir de 1989, ces deux effets se compensent partiellement avant de se renforcer mutuellement de 1992 à 1995.

Du point de vue de l'Allemagne, les résultats montrent que de 1984 à 1990, la sous évaluation du mark s'explique principalement par l'écart à la cible de la balance courante; l'excédent de la balance courante ayant pour effet d'éloigner le taux de change réel du mark de son niveau d'équilibre. A la fin de l'année 1990 la sous- évaluation du mark résulte essentiellement du rôle joué par l'output gap; l'écart à la balance courante n'exerçant plus aucun effet en raison de l'importante détérioration de son solde. Enfin, les facteurs expliquant le retour vers l'équilibre du taux de change réel du mark à partir de 1993 sont difficiles à identifier dans la mesure où l'économie allemande ne semble jouer aucun rôle.

Borowski et al. [1998] se sont également attachés à déterminer les taux de change d'équilibre de dix pays industrialisés (sur la période 1987.4 à 1997.2) dans le cadre des relations de long terme du modèle multinational NIGEM dans deux scénarios : un scénario à cibles de balances courantes nulles dans tous les pays et un scénario à cibles de balances courantes "réalistes". Leurs résultats mettent alors en

avant la grande sensibilité des conclusions au choix des cibles de balances courantes.

Ainsi, dans le scénario de référence d'équilibre de tous les comptes courants, le dollar apparaît nettement surévalué en termes réels sur la période 1988-1997. En revanche, lorsque l'on retient un scénario de cibles de balances courantes réalistes, le dollar apparaît sous évalué à partir de 1996 malgré l'important mouvement d'appréciation qu'il a subi. Borowski et al. [1998] concluent alors qu'en diminuant l'ampleur de l'ajustement à réaliser pour les Etats Unis, l'impact des conjonctures étrangères et la résorption des déséquilibres externes du reste du monde l'emportent sur l'impact du déficit courant américain. Notons que les auteurs mettent également en avant cette sensibilité des résultats au choix des cibles de balance courante dans le cas de la France. Ainsi, dans le cas de cibles nulles, le franc apparaît surévalué jusqu'en 1994.

En retenant une cible plus réaliste (cible de compte courant d'un point de PIB), cette surévaluation s'atténue très sensiblement. Une telle conclusion semble confirmée par Joly et al. [1999].

Joly et al. [1999] ont en effet également cherché à estimer le taux de change réel d'équilibre dans le cas de la France sur la période 1977-1997. En retenant initialement une cible de compte courant soutenable consistant à laisser inchangée la dette externe du pays, les auteurs montrent que le franc (en termes réels) n'est pas

surévalué par rapport à l'ensemble des monnaies des partenaires. En supposant ensuite que la cible de compte courant soutenable consiste à rembourser la dette externe en un nombre donné d'années, les résultats de Joly et al. [1999] font ressortir l'existence d'une certaine sous-évaluation du change en fin de période. Globalement, il ressort de cette étude que le franc n'est pas surévalué à la fin des années quatre-vingt-dix et qu'il aurait plutôt tendance à s'apprécier à moyen terme. Selon les auteurs, ce résultat témoigne du fait que la France ne souffre pas de problème de compétitivité dans ses échanges extérieurs et que le niveau du change effectif réel n'a pas constitué un obstacle à une croissance plus soutenue au cours de la décennie quatre-vingt-dix.

Mentionnons également l'étude de Borowski et Couharde [1999] visant à définir la parité d'équilibre (en termes nominaux, et non pas réels) de l'euro vis à vis du

dollar en retenant les spécifications de long terme des équations du modèle NIGEM.

En supposant une cible de compte courant globalement équilibrée pour l'ensemble des

pays considérés, les auteurs montrent que c'est l'excédent courant de la zone euro, combiné au déficit américain, qui se trouve à l'origine de la sous-évaluation de l'euro

vis à vis du dollar au premier trimestre 1998. Cette sous-évaluation est telle que, au premier trimestre 1998, le taux de change d'équilibre de l'euro s'établit au niveau de

1,20$US. Les auteurs relativisent cependant ce résultat pour deux raisons principales. D'une part, cette parité peut être surestimée du fait des incertitudes pesant sur le chiffrage de l'excédent commercial de la zone euro. D'autre part, l'accentuation du déficit courant américain et celle du surplus courant européen se font en grande partie

sur des zones non prises en compte dans l'étude, ce qui peut à nouveau conduire à surestimer la sous évaluation de l'euro.

On constate que les études précédemment citées portent essentiellement sur les pays industrialisés. A cet égard, les travaux de Coudert [1999] portant sur les pays émergents apparaissent intéressants et permettent de compléter ce bref aperçu de la

littérature empirique. Coudert [1999]

cherche à évaluer les taux de change réels

d'équilibre de 16 pays émergents d'Asie et d'Amérique latine sur la période 1977-1997

par le

biais d'un modèle incorporant deux types d'effets : d'une part, l'effet Balassa

et d'autre part, la soutenabilité de la dette extérieure liée aux paiements des intérêts (la soutenabilité de la dette extérieure est définie par la stabilisation en pourcentage du PIB). L'auteur montre alors que les périodes de surévaluation détectées sont souvent suivies de crises de change. C'est ainsi notamment le cas au Mexique, avant les deux crises de 1981 et 1994, au Brésil depuis 1995 et en Thaïlande en 1996. Dans ce cadre,

on peut également mentionner les travaux de Mongardini [1998]. Cette étude portant

sur la monnaie égyptienne met en avant le fait que le taux de change égyptien était fortement surévalué avant 1993 mais qu'aujourd'hui, cette surévaluation est nettement plus faible; le taux de change se trouvant proche de son niveau d'équilibre.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci