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Apprentissage implicite de régularités: Mise en évidence d'une différence d'apprentissage entre tâches motrices continues et discrètes

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par Stéphanie Chambaron Ginhac
Université de Bourgogne - Doctorat 2005
  

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Deuxième partie : Réanalyse de la

littérature sur l'apprentissage moteur implicite et réinterprétation expérimentale

Chapitre 3

Commentaires sur les travaux de Shea et al. (2001)

Dans le chapitre précédent, nous avons examiné la littérature sur l'apprentissage implicite, en montrant que malgré une origine hétérogène du phénomène et des définitions et des points de vue divergents, il était tout de même possible d'aboutir à un consensus relatif concernant les résultats issus de ces situations d'apprentissage prototypiques. Nous avons également montré l'intérêt de diversifier cette littérature au delà de ses frontières d'origine. Le

but était de voir si les résultats obtenus dans le domaine de l'apprentissage implicite pouvaient

se généraliser à d'autres situations, et notamment aux situations d'apprentissage implicite d'habiletés motrices. Dans ce cas précis, nous avons vu qu'une telle généralisation semblait difficile. Les conclusions auxquelles aboutissent ces études sont différentes de celles auxquelles on aboutit lorsque l'on analyse des situations plus traditionnelles d'apprentissage implicite. D'où provient cette discordance observée dans les conclusions ?

Ce chapitre a pour but d'illustrer comment la prise en compte de la littérature récente conduit à remettre en cause certaines des conclusions formulées par Wulf et ses collaborateurs

au sujet de l'apprentissage implicite d'habiletés motrices. Nous allons essayer de comprendre

ce qui amène ces auteurs à conclure que, dans leurs expériences, les sujets ne sont pas conscients de l'existence d'un segment répété. Pour se faire, nous allons examiner le plan expérimental de leurs expériences ainsi que les tests post expérimentaux utilisés. Je vais reprendre certains des arguments que nous avons publiés (Perruchet, Chambaron & Ferrel- Chapus, 2003) et qui soulèvent l'existence de divers problèmes méthodologiques dans les travaux de Shea et al. (2001).

3.1 Qu'est ce qui est vraiment appris de manière incidente ?

Les études conventionnelles ont permis de formuler des conclusions robustes au sujet de l'apprentissage implicite. C'est pourquoi, il nous a paru intéressant d'examiner si de telles conclusions pouvaient se généraliser à de nouveaux cadres expérimentaux. Dans cette perspective, les études explorant l'apprentissage moteur implicite dans des tâches de poursuite continue (Pew, 1974; Exp. 1; ; Shea et al., 2001 ; Wulf & Schmidt, 1997) se révèlent d'un grand intérêt. Dans ces différentes recherches, les auteurs ont montré que les sujets étaient capables d'apprendre inconsciemment les régularités présentes dans le déplacement de la cible.

Bien que l'existence de l'apprentissage dans ce genre de situations ne soit pas surprenant compte tenu du parallèle que l'on peut faire entre les tâches de poursuite continue

et les autres situations d'apprentissage implicite, et particulièrement les tâches de TRS (Rosenbaum et al., 2001), il y a tout de même un point intriguant concernant les résultats obtenus dans les situations traditionnelles comparés à ceux obtenus dans les nouvelles situations. En effet, comme nous l'avons expliqué dans le chapitre précédent, dans les situations traditionnelles, la plupart des études font état d'une certaine quantité de connaissance explicite au sujet des régularités présentes dans le matériel, lorsque cette connaissance est mesurée par des tests post-expérimentaux (e.g. Dulany, Carlson & Dewey,

1984; Perruchet et al., 1997a; Shanks & St. John, 1994; Shanks & Perruchet, 2002). Au contraire, les études portant sur la poursuite continue de cible laissent apparaître des résultats différents. En effet, dans leur expérience 1, Shea et ses collaborateurs indiquent que, les sujets

ont sélectivement amélioré la précision de leur poursuite sur le segment répété, bien qu'ils ne soient pas conscients de l'existence de ce segment répété. Aucun participant ne mentionne l'existence d'une séquence répétée lorsqu'il est interrogé dans une interview suite à l'expérience. De plus, même lorsque l'expérimentateur demande aux sujets s'ils n'ont pas eu l'impression que « quelque chose » se répétait, ceux-ci répondent négativement et sont parfaitement incapables de reconnaître ce segment répété parmi d'autres segments aléatoires lors d'un test de reconnaissance à choix forcé. Dans leur deuxième expérience, ces mêmes auteurs ont manipulé l'information donnée aux sujets concernant la structure de la tâche (pour plus de détails, cf. p.34), en répartissant les sujets en deux groupes : un groupe de sujets est

« informé » de la répétition d'un segment dans la séquence et l'autre groupe n'est « pas

informé ». Ainsi, les auteurs prétendent comparer les performances des sujets dans une condition explicite (« groupe informé ») versus dans une condition implicite (« groupe non informé »). Comme nous l'avons mentionné précédemment, les auteurs en arrivent à la conclusion selon laquelle les informations explicites relatives à la structure de la tâche ont un effet néfaste sur la performance. En fait, il faut se demander si l'information qu'ils fournissent aux sujets dans la condition explicite est bien pertinente. En effet, afin de rendre valide la comparaison entre les deux conditions, l'information fournie au « groupe informé » doit concerner les régularités qui sont réellement exploitées dans les conditions d'apprentissage implicite. Si l'information donnée par l'expérimentateur concerne d'autres aspects de la situation, les différences de performance observées entre les deux conditions peuvent être attribuées aux différences dans le contenu de la connaissance plutôt qu'à la nature, implicite versus explicite, de la connaissance acquise. Cependant, Shea & al n'ont jamais considéré la possibilité que la différence qu'ils obtiennent entre « groupe informé » et « groupe non informé » puisse être due au fait que les deux groupes se soient focalisés sur des caractéristiques différentes de la tâche. Au lieu de cela, ils concluent au fait que la connaissance est explicite dans un cas et implicite dans l'autre.

Les commentaires que nous (Perruchet et al., 2003) avons apportés tendent à remettre

en question l'existence d'un apprentissage non conscient dans les tâches de poursuite continue. Les conclusions formulées par Shea et al. (2001) ne semblent pas fondées puisque

ces auteurs échouent à identifier ce que les participants apprennent vraiment de manière incidente.

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