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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon

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par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège - DEA Interuniversitaire en Développement, Environnement et Sociétés 2006
  

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Place de la question d'Ikigai

Par ailleurs, concernant la question d'Ikigai, autrement dit la mise en question du « sens de la vie » ou du lien entre l'individu et la société, même si elle n'était pas explicite dans notre illustration historique de 1945 à 1975, nous pouvons trouver certains « germes » dans l'histoire de la politique de la Ville de Toyota fortement ancrée dans la réalité de sa population. Il s'agissait toujours du rapport entre l'industrie automobile et la vie de la population ».

Déjà depuis 1950, lors du changement de statut du Bourg de Koromo en Ville de Koromo, le maire, dans son discours officiel, avait mis l'accent sur la « coopération » entre la zone industrielle, la zone commerciale et la zone agricole qui se trouvaient dans le territoire de la Ville de Koromo. Et en 1966, à l'époque où l'essor de l'industrie automobile et l'agransissement de la Ville étaient à leur apogée, la municipalité a choisi comme slogan « ville industrielle et culturelle » axée sur une politique locale de redistribution. Et en 1971, après toutes les fusions avec les collectivités environnantes amorcées depuis les années 50, son nouveau plan d'urbanisme a redéfini la qualité de la Ville de Toyota comme un « lieu de vie social et humain » plutôt qu'un « lieu de production .

Ne rejetons pas ces discours en les considérant comme simple rhétorique de la part des agents de la politique dominante se montrant favorable à leur population en majorité ouvrière - même si ceci est vrai -, l'imporant à notre égard est de trouver dans ces représentations de la Ville un « ancrage » ou une « signification » particulière à la réalité sociale et locale de cette ville.

Par là, nous pouvons évoquer les caractéristiques de la population de la Ville de Toyota qui ont émergé notamment dans les années 65-75 : habitations dispercées de la population nouvelle dans des résidences publiques construites autour des zones industrielles, mais éloignées des zones des anciennes villes et bourgs ; peu de lien territorial parmi cette nouvelle population et entre celle-ci et l'ancienne population ; diversité d'origines géographiques qui implique, dans une certaine mesure, un déracinement identitaire et une instabilité de vie. Nous l'avons vu, le nombre des départs de population était aussi important que celui des installations, notamment en raison de l'arrêt du travail dans le secteur automobile, en partie à cause du travail à la chaîne dévalorisant la qualité individuelle des employés.

Là nous comprenons la tentative incessante de la politique municipale de donner un sens ou une identité entre la vie de la population et la ville elle-même. Et cet acte visait toujours à combler le fossé entre l'intérêt de l'industrie automobile avec laquelle la Municipalité coopérait, et celui de la population. Nous pouvons dire que telle est la spécificité de la politique redistributive de la Ville de Toyota. Et la question d'Ikigai n'en est pas loin même explicitement, car, nous le verrons dans le chapitre suivant, ce terme était largement employé dans la revendication menée par le syndicat ouvrier de Toyota depuis le début des années 70.

La question d'Ikigai a donc une signification particulière entre la réalité et la représentation propres à la Ville de Toyota, qui implique nécessairement une dimension identitaire. Et par là, nous comprenons également que la question d'Ikigai qui est mise en avant aujourd'hui au Japon dans le contexte du vieillissement de la population, sera si aisément réappropriée et appliquée dans la politique municipale de Toyota. Ce qui aboutira, en fait, à la mise en oeuvre du Projet Nô-Life.

Et nous ne pouvons pas exclure de notre réflexion sur la question d'Ikigai, l'évolution du monde agricole et rural dans le territoire de la Ville de Toyota. Nous avons bien constaté que, parmi la population agricole pluriactive et affaiblie par le vieillissement et la féminisation, il y avait une nouvelle dynamique émergeante et constante : dans les années 50, plus d'une cinquantaine de femmes de foyers agricoles pluriactifs, s'organisèrent pour cultiver plusieurs sortes de légumes par rotation, et ensuite les distribuer aux cantines des ouvriers de l'Automobile Toyota, par l'intermédiaire de la Coopérative agricole de Toyota et de la Coopérative de consommation de Toyota. Elles réussirent à réaliser le lien entre leur solidarité menacée par la déprise agricole, le plaisir et une production agricole de type marchand. Nous verrons également dans le chapitre suivant que ce

type de production « dynamique » menée par la couche de population des foyers agricoles pluriactifs, essentiellement vieillie et féminine, sera progressivement prise en compte, dès les années 80, par la politique agricole locale comme « agriculture de type Ikigai » à valoriser dans une certaine mesure. Et dans le processus de la construction du Projet Nô-Life, nous verrons que cette « agriculture de type Ikigai » ainsi pratiquée et représentée, rejoindra la politique municipale d'Ikigai sur le vieillissement de la population. Par là, nous trouvons déjà que ce Projet n'est pas un simple produit de combinaison entre la politique du vieillissement et la politique agricole, mais également ancré dans une signification particulière qui est construite dans l'histoire de la Ville de Toyota après 1945, qui renvoie à l'identité de cette ville elle-même mise en question sans cesse au sein de sa population et sa politique.

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