4. Réflexions
297 Ibid. : 600.
298 Ibid.
299 Ibid.
300 Ibid.
301 Ibid. : 601.
302 Ibid.
303 Ibid.
304 Ibid.
305 Ibid.
Essayons de répondre aux questions posées au
début du présent chapitre : Quel est le facteur historique de
temps long de la politique municipale de la Ville de Toyota qui, pour
construire le Projet Nô-Life, a problématisé ensemble le
vieillissement de la population en majorité salariale, le manque de
main-d'oeuvre agricole et le délabrement des terrains agricoles ?
Questions du vieillissement de la population et de la crise
agricole
Concernant le vieillissement, il s'agit de la masse de
population ainsi installée dans la Ville de Toyota pendant la Haute
croissance qui atteint aujourd'hui l'âge de la retraite. Et la population
de cette génération est particulièrement importante dans
cette ville. Le vieillissement étant une thématique
généralement mise en avant au Japon, elle prend un sens encore
plus fort dans la Ville de Toyota. Mais ceci n'est pas sans rapport avec la
question proprement posée à cette ville : celle de
l'identité de la Ville. Nous reprendrons plus bas ce point en abordant
la place de la question d'Ikigai.
Concernant la crise agricole, la préoccupation de la
conservation des terrains agricoles face à la situation de
délabrement, était également présente. Et nous
avons constaté que cette préoccupation imprégnée de
la situation de crise était même présente au coeur de la
mise en oeuvre de la politique de la modernisation agricole après la Loi
fondamentale de l'agriculture de 1961. Il s'agissait notamment des entreprises
agricoles chargées de la gestion de terrains rizicoles confiés
par les foyers agricoles pluriactifs dans la zone du sud de la Ville de Toyota.
Le slogan que les agriculteurs de ces entreprises lancèrent à
cette époque était déjà le « mouvement pour
conserver la terre agricole (nôchi wo mamoru undô) ».
Cette situation est tout-à-fait compréhensible
par rapport à la situation de pluriactivité profondément
généralisée au sein des foyers agricoles dans la Ville de
Toyota, à cette époque. Comme nous l'avons vu, de 1965 à
1975, le nombre des foyers agricoles pluriactifs de la deuxième
catégorie, qui se cantonnaient beaucoup moins aux activités
agricoles qu'à leur travail salarial, a atteint plus de 80% du nombre
total des foyers agricoles. En plus, à cette même époque,
le phénomène du vieillissement et de la féminisation fut
dépassé : les jeunes femmes également commencèrent
à aller travailler en dehors de l'exploitation familiale. D'où,
à partir de cette période, le vieillissement total de la
main-d'oeuvre agricole qui était déjà affaiblie
auparavant. Le manque de porteurs de l'agriculture constitue également
une préoccupation permanente de la politique agricole.
Mais, pour aller plus loin que ce constat de lien entre les
faits, nous devons peut- être nous demander si les solutions
apportées par la politique de la modernisation agricole étaient
appropriées. Il s'agit des conséquences de cette politique
productiviste instaurée depuis les années 60. Nous avons
déjà vu que cette politique a eu pour effet d'aggraver la
situation agricole derrière certains « succès »
apparents comme la tentative des entreprises rizicoles à grand
échelle et la spécialisation - agrandissement de l'arboriculture
dans la zone du nord. Il s'agit de l'accélération de la situation
de pluriactivité au profit de certaines productions agricoles «
adaptées à la Haute croissance » et, d'ailleurs, de la Haute
croissance économique elle-même. Conformément à ce
que la Loi de 1961 dictait : l'adaptation impérative de l'agriculture et
des agriculteurs à la Haute croissance économique japonaise.
En fait, à force de relégitimer son principe
productiviste par référence à la Haute croissance
économique, la politique agricole japonaise après les
années 65-75 a eu pour effet de marginaliser les producteurs agricoles
à faible productivité et rentabilité. Et cette
marginalisation est au niveau « représentatif » au sens
politique et théatral du terme. Autrement dit, la situation agricole a
été représentée par cette politique de façon
dualiste entre les producteurs forts et faibles (ou bons et mauvais) au cours
de sa mise en oeuvre306.
Et cette politique, n'a-t-elle pas dénigré les
fruits et les efforts apportés par la population agricole et locale dans
l'immédiat après-guerre, pour la Réforme agraire et la
politique de défrichement, au profit de la grande force de la Haute
croissance donnnant la priorité aux industries fortes, à la
grande urbanisation ainsi qu'à l'économie de marché ?
Notre tâche n'étant pas d'évaluer l'effet de cette
politique agricole, nous nous garderons
306 D'où, nous le verrons dans le chapitre suivant, le
caractère très élitiste et sélectif de la politique
préconisée par l'Ex-Centre pour la Vulgarisation agricole (acteur
5), tout en restant dans la vision productiviste instaurée par la Loi de
1961.
de répondre à cette question. Mais nous pouvons
tenir compte de l'héritage de cette politique de la modernisation
agricole pour nos analyses ultérieures dans les chapitres suivants.
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