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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon

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par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège - DEA Interuniversitaire en Développement, Environnement et Sociétés 2006
  

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Chapitre II : Processus de la construction du Projet Nô-Life : émergence de l'agriculture de type Ikigai

Dans ce chapitre, nous allons analyser le processus de la construction du Projet Nô-Life aux niveaux des représentations et actions des acteurs concernés. C'est pourquoi nous posons les quatre questions suivantes.

1 Comment l'ensemble des actions concrètes pour la construction du projet a-t-il été élaboré par différents types d'acteurs locaux ?

2 Y-a-t-il eu, ces dix dernières années, des transformations des représentations de l'agriculture et de la ruralité dans le contexte de la construction du projet, dont notamment le vieillissement de la population urbaine et rurale ?

3 L'origine de l'idée centrale du projet, celle de « `Nô'(l'agriculture ou la ruralité) en tant qu'Ikigai (sens de la vie) » qui relie le problème du vieillissement à celui de l'agriculture et de la ruralité, est-elle plutôt descendante ou ascendante par rapport à la position des acteurs impliqués dans le processus concret de la construction du projet ?

4 Quelle relation fut établie entre acteurs à travers ce processus de la construction du Projet ?

Pour répondre à ces questions, nous allons analyser les comportements des différents types d'acteurs locaux impliqués dans le processus de la construction du Projet.

A cet effet, il faut tenir compte de plusieurs niveaux d'échelle comme l'Etat, le département, la municipalité etc. dans lesquels les différents acteurs peuvent s'influencer et interagir en jouant leur rôle dans ce processus. En se basant sur l'examen des discours et énoncés de ces acteurs recueillis lors de notre enquête de terrain, nous allons étudier leurs représentations, leurs modes d'actions d'implication et leur prise de position par rapport au Projet Nô-Life. La relation sociale entre ces acteurs, construite et mise en jeu à travers ce processus de la construction du Projet Nô-Life, va être mise en évidence à partir de cet examen, celle qui déterminera également la situation préstructurée du jeu d'acteurs à analyser dans le chapitre suivant.

1. Représentations, modes d'actions et prise de position des acteurs

Ici, nous allons retenir les 7 acteurs suivants qui étaient directement impliqués dans le processus de la construction du Projet Nô-Life :

1. Bureau de la Politique Agricole de la Municipalité de la Ville de Toyota (BPA)

2. Section de la Création d'Ikigai dans le Bureau Education permanente de la Municipalité de la Ville de Toyota (SCI)

3. Direction des Activités agricoles de la Coopérative Agricole de Toyota (CAT)

4. Bureau Départemental de la Politique Agricole (BDPA)

5. Section Amélioration - Vulgarisation du Bureau Départemental de l'Agriculture, de la Forêt et de la Pêche de Toyota-Kamo (Ex-Centre pour l'Orientation et la Vulgarisation agricoles de Toyota-Kamo : ECV)

6. Conseil Local de Toyota de la Fédération des Syndicats Ouvriers du Département d'Aichi (CLFS : Rengô Aichi Toyota Chikyô)

7. Groupement d'Arboriculteurs de Sanage pour l'Aide des Travaux Agricoles (GASATA)

Ensuite, pour chacun de ces acteurs, nous allons mettre en évidence le caractère général de l'acteur, celui des données examinées, les représentations de l'agriculture et de la ruralité dans le contexte du vieillissement au travers de leur propre mission, leur mode d'implication (actions) et leur prise de position vis-à-vis du Projet Nô-Life.

Acteur 1 : Bureau de la Politique Agricole de la Municipalité de la Ville de Toyota (BPA)

Caractère général de l'acteur

Le Bureau de la Politique agricole « Nô-Sei ka » en japonais, nous l'appellerons le BPA, attaché à la Direction de l'Industrie (Sangyô bu) au sein de la Municipalité de Toyota, est acteur principal du Projet Nô-Life en tant que co-gestionnaire officiel du Centre Nô-Life avec la Coopérative Agricole de Toyota (CAT). Si la Municipalité est initiatrice et titulaire de ce projet, le BPA est gestionnaire direct de ce projet.

Domaines de compétences

Le BPA est chargé de divers types de services administratifs locaux concernant l'agriculture dans le territoire de la Ville de Toyota.

Au sein la Municipalité de Toyota, il se divise en trois domaines de compétences internes en 2006 : Terrains agricoles (Nô-chi) ; Politique agricole (Nô-Sei) ; Administration agricole (Nô-mu). D'après de brèves explications données par Monsieur N, employé et responsable du Plan fondamental de l'Agriculture (Nô-gyô Kihon Keikaku, on l'abordera plus loin), les tâches concernant ces trois domaines sont comme les suivantes :

- Terrains agricoles : tâches relatives à la « Commission agricole (Nôgyô iinkai)307 »; Plan d'aménagement des « Zones réservées pour le développement agricole (Nôgyô Shinkô Chiiki) » ; Pensions agricoles (nôgyôsha nenkin) etc.

- Politique agricole : « Plan fondamental de l'Agriculture (Nôgyô Kihon Keikaku) » ; « Animaux nuisibles (Yûgai Chôjû) » aux activités agricoles ; « Système des Aides directes pour les Zones de montagnes (Chûsankan chiiki Chokusetsu Shiharai Seido) » ; « Echanges Urbain - Rural (Toshi sanson kôryû) » etc.

- Administration agricole : Soutien d'organisations agricoles ; régulation de la production (Seisan chôsei) etc308.

307 La Comission agricole (nôgyô iinkai) est un organe qui a pour fonction de donner une authorisation pour l'acquisition ou la location des terrains agricoles aux demanders de ces droits. Elle est principalement constituée par des agriculteurs représentants de la Ville et des administrateurs du BPA.

308 Puis, à ces trois domaines de compétences constituant le BPA, s'ajoute un autre bureau s'appellant le « Bureau de l'Aménagement des terrains agricoles (nôchi-seibi ka) » chargé de : chemins et canaux agricoles ; remembrement (men-seibi) ; enquête cadastrale (chiseki chôsa).

Sans entrer dans le détail de toutes ces fonctions, retenons que la caractéristique plus essentielle du BPA est que celui-ci est gestionnaire administratif et public des biens et des services agricoles. Il est notamment chargé de la gestion de tout ce qui concerne l'économie publique dans les domaines agricole et rural du territoire de la Ville (impôts, subsides, aménagements des biens fonciers etc)309.

Le BPA a, notamment en rapport avec les tâches relatives aux subsides, des rapports de collaboration avec une série d'agents administratifs et publics de plusieurs niveaux : Ministère de l'Agriculture, de la Fôrêt et de la Pêche (Nô-rin-Suisan Shô : niveau national) ; Bureau départemental de l'Agriculture, de la Fôrêt et de la Pêche se divisant en deux domaines de compétences : Politique agricole (BDPA : Bureau Départemental de la Politique Agricole) et Soutiens techniques (ECV : Ex-Centre départemental pour la Vulgarisation et l'Amélioration de l'agriculture). Puis, dans le secteur privé, le BPA est en collaboration avec la CAT et les agriculteurs qui constituent de nombreux « Groupements de producteurs (seisan bukai) » au sein de la Coopérative, spécialisés souvent à un produit agricole, et « Syndicats des affaires agricoles (nô-ji kumiai) » au sein des villages310.

Le Centre Nô-Life étant attaché au BPA, il y constitue un nouveau domaine de compétences indépendant depuis son inauguration en 2004. En effet, lors de l'établissement du Centre Nô-Life, le BPA l'a doté d'une nouvelle compétence nidépendante des trois domaines de compétences du BPA expliqués plus haut. Dans le Centre Nô-Life, les trois personnels suivants travaillent comme employés permanents et responsables des activités : Président, Monsieur K, employé du BPA qui était chargé de l'élaboration du Projet Nô-Life depuis le début en 2001 ; Vice-président, Monsieur KH, également employé du BPA sous la direction de Monsieur K ; Vice-président, Monsieur KM, employé de la CAT, sous la direction de Monsieur S, directeur de la Direction des Activités agricoles311.

Bref historique de l'établissement du Centre Nô -Life

Le Centre Nô-Life s'est constitué en plusieurs étapes successives depuis cette dernière décennie. La vision d'origine de son projet remonte au 1996, l'établissement d'un premier plan décennal de la politique agricole municipale de Toyota : « Premier Plan fondamental de l'Agriculture de Toyota (Daiichiji Toyota-shi Nôgyô Kihon Keikaku) » (nous l'appelons ici le `Plan de 96'). Ce plan décennal est susceptible d'être en vigueur jusqu'à l'année 2005-2006312. L'idée qui a fondé la conception du Projet Nô-Life, provient d'une nouvelle catégorie d'agriculture qui a été établie par ce Plan de 96 : celle de l'« Agriculture de type Ikigai (Ikigai-gata Nôgyô) » contrastant avec l'autre catégorie de l'« Agriculture de type industriel (Sangyô-gata Nôgyô) ». L'introduction de cette nouvelle catégorie d'agriculture a fait que la politique agricole de la Municipalité de Toyota se focalise sur une série de types de producteurs considérés, jusqu'alors, comme marginaux et surtout à faible productivité. Il s'agissait surtout des personnes âgées, femmes et salariés des foyers agricoles pluriactifs constituant une grande majorité de la population agricole de la région. Puis, le Plan de 96 propose, comme une mesure pour un développement de ce type d'agriculture, la « Conception de l'Ecole rurale (Nôson-juku Kôsô) »313. Nous examinerons plus loin pourquoi et comment ce Plan a formulé un tel nouveau projet.

309 Ces fonctions ont toutes un caractère historique qui dépasse largement le cadre administratif de l'époque moderne. En effet, il suffit de suggérer qu'au Japon, le système sur l'impôt immobilier sur les terrains agricoles existe depuis le Moyen âge, et surtout, qu'il a été réunifié et réorganisé au niveau national par le premier plan cadastral japonais instauré à la fin du 16ème siècleIl s'agit de la célèbre politique de l'« enquête foncière (kenchi) » de Hideyoshi TOYOTOMI, seigneur qui unifia le territoire japonais à l'époque féodale, appliquée pour que l'Etat réorganise et unifie le système de redevances annuelles basé sur le riz. Ce système s'est élaboré et perfectionné au cours de l'ère du Gouvernement d'Edo (Edo bakuhu) qui a duré de 1603 à 1867. Puis, l'administration « moderne » du Gouvernement de Meiji a rendu monétaire ce système de redevances. Aujourd'hui, ce sont les municipalités qui s'en chargent sous forme d'impôts immobiliers.

310 En milieu rural, un village, souvent appelé comme « Buraku (hameau) », constitue l'unité minimum de l'organisation territoriale. Il organise des mesures à appliquer collectivement aux foyers agricoles d'un même village par exemple celles pour le contrôle de la production rizicole.

311 Il s'agit de l'acteur 3. Nous avons interrogé Monsieur S.

312 Actuellement, le BPA et d'autres acteurs concernés sont en train d'évaluer l'évolution de l'agriculture de la région de la décennie déroulée après ce Plan et la situation d'aujoud'hui par rapport aux perspectives de ce plan, afin d'élaborer le deuxième plan fondamental qui remplacera ce premier plan dès l'année 2007.

313 Direction de l'Agriculture et de la Forêt, 1996 : 17.

Puis, de 1998 à 2003, plusieurs nouvelles mesures ont été réalisées à l'initiative du BPA et d'autres acteurs partenaires dans le cadre de cette politique pour l'agricuture de de type Ikigai. D'abord, en se référant au modèle européan des « jardins familiaux » connu au Japon sous le nom allemand « Klein garten », se sont développées une série de mesures de « Jardins familiaux (Katei saien) » et « Jardins citoyens (Shimin Nôen) » à l'initiative de la Municipalité et de la CAT. En 2003, le nombre total de ces jardins était 24, et celui de parcelles 985 (dont 968 utilisées)314, dans la Ville de Toyota aussi bien dans les zones à urbaniser que dans les zones d'urbanisation contrôlée315. Puis, en 2000, en se basant sur les idées formulées dans la « Conception de l'Ecole rurale (Nôson-juku Kôsô) » formulée dans le Plan de 96, la Municipalité a commencé l'« Ecole de l'agriculture vivante de Toyota (Toyota Iki-iki Nôgyô-juku) » (on l'analysera dans la partie de l'acteur 3) en collaboration avec la CAT. Ce projet de la formation agricole était non seulement destinée aux producteurs agricoles de la nouvelle catégorie formulée par le Plan de 96, mais aussi aux personnes des foyers non agricoles, c'est-à-dire le public en général, dont notamment les retraités salariés du secteur automobile dans la Ville de Toyota.

Parallèlement, depuis 2000, un autre type d'initiative « non agricole » a rejoint ce nouveau mouvement de la politique agricole : l'initiative de mesures relatives aux problèmes dûs au vieillissement de la population. Cela notamment dans le cadre de mesures pour développer les activités d'Ikigai des personnes âgées parmi lesquelles comptent des activités de type agricole comme « Ferme-école pour les personnes agées (Kônensha Taiken Nôjô) » (Nous la verrons dans la partie de l'Acteur 2). Monsieur K, le président du Centre Nô-Life, a également participé dans l'élaboration de ce projet. Cette approche, à caractère urbain et engendrée par la thématique du vieillissement de la population, a poussé le processus de l'élaboration du Projet Nô-Life à partir de 2001316.

En s'appuyant sur ces initiatives antérieures, en 2001, le processus du démarrage du projet a officiellement été amorcé à l'initiative du BPA dans le cadre d'une politique agricole municipale pour la « Recherche et formation de nouveaux porteurs (aratana ninaite hakkutsu-ikusei) »317. Ensuite, à partir de la fin 2002, un plan pour la réalisation concrète du Projet Nô-Life a été ébauché, en concertation avec divers acteurs institutionnels agricoles et non agricoles au sein de la Ville de Toyota, sous un nom provisoire comme ceci : « Centre pour le soutien aux activités agricoles (Einô Shien Center) ».

Par la suite, en 2003, le BPA a effectué une enquête auprès de la population de la Ville sur la « Conscience sur l'agriculture de Toyota », afin de recencer le degré d'attentes au sein de la population de la Ville aussi bien agricoles que non agricoles, vis-à-vis des mesures de la politique agricole municipale. Cette enquête donna un résultat positif, ce qui apporta ainsi un élément de justification au Projet Nô-Life.

Enfin, comme dernière étape importante de démarrage du Projet Nô-Life, la Municipalité de Toyota a lancé plusieurs propositions de déréglementations juridiques au niveau foncier dans le cadre de la politique des « Zones spéciales pour la Réforme structurelle (Kôzô Kaikaku Tokku Seisaku) que nous appellerons ici la `Politique des Zones spéciales', politique nationale de déréglementation commencée depuis 2003 par le Gouvernement de M. Koizumi afin de relancer l'économie japonaise318.

Les propositions de la Municipalité consistaient notamment à la réduction de la « Surface minimum d'installation agricole (Shûnô Kagen Menseki) » de 0.4ha à 0. 1ha, une norme qui était imposée au Japon par la Loi agraire (Nôchi Hô) depuis son entrée en vigueur en 1952319. Cette déréglementation avait pour but de permettre aux personnes non agriculteurs / agricultrices d'utiliser (louant ou en achetant) plus facilement des terrains agricoles à partir de 0. 1ha dont leur surface dépasse largement le niveau de surface ordinaire de jardins familiaux ou citoyens où une parcelle ne compte généralement que 0.00 1ha à 0.01ha (0. 1a à 1a)

314 Ville de Toyota, 2003b.

315 Deux catégories foncières principales dans l'urbanisme japonais depuis les années 70.

316 Dans la partie de l'Acteur 2 de ce chapitre, on analysera comment ont été mises en relation l'idée d'Ikigai et des éléments de l'agriculture et de la ruralité dans l'évolution de la politique du viellissement mise en oeuvre à Toyota.

317 Bureau de la Politique Agricole de la Ville de Toyota, 2006.

318 Une nouvelle politique nationale de déréglementation de l'économie japonaise lancée par le gouvernement japonais depuis 2003. La méthode est originale : ce sont diverses organisations locales (collectivités, associations, entreprises, hôpitaux et même individus) qui peuvent librement proposer à l'Etat leur programme contenant des mesures de déréglementations. Les domaines d'application sont également divers : industries ; commerces ; services ; agriculture ; éducation ; médecine etc. Après avoir approuvé chaque programme, l'Etat effectue des déréglementations possibles selon ceux que propose le programme. Mais l'Etat ne donne pas de subside à l'organisme chargé d'exécuter le programme.

319 Ceci est juste après l'accomplissement de la Réforme agraire.

Caractère général des données

Afin d'étudier les représentations portées par le BPA pour démarrer le Projet Nô-Life, nous allons examiner quatre documents qui ont constitué les étapes préalables du démarrage du Projet Nô-Life320.

Premièrement, nous allons analyser le texte intégral du « Premier Plan fondamental de l'Agriculture de Toyota », le Plan de 96321.

Deuxièmement, on passera à l'analyse du texte intégral de l' « enquête sur la conscience sur l'agriculture de Toyota » que le BPA a réalisé auprès de 2500 propriétaires des foyers agricoles localisés dans la Ville de Toyota ainsi que de 2050 personnes employées dans la Ville de Toyota. C'est un rapport public et complet rédigé par le BPA sur le résultat de cette enquête. Cette enquête fut réalisée en collaboration avec le Conseil Local de Toyota de la Fédération des Syndicats Ouvriers du Département d'Aichi (CLFS), acteur 6 que nous analyserons plus loin, qui s'est chargée de la distribution du questionnaire auprès des 2050 salariés dans la Ville de Toyota.

Troisièmement, nous verrons le texte élaboré par la Municipalité de Toyota pour postuler à la Politique des Zones spéciales. Ce texte a principalement été préparé par le BPA en collaboration avec un agent du niveau départemental : Bureau Départementale de la Politique Agricole (BDPA), acteur 4 que nous analyseront également plus loin.

Par ailleurs, les brochures officielles du Centre Nô-Life distribuées chaque année au public, nous montreront la façon dont le Projet se présente au public322. Puis, nous nous servirons d'appui quelques explications données sur ces documents par Monsieur K, Président du Centre Nô-Life, Monsieur KH, vice-président du Centre-Nô-Life, ainsi que Monsieur N, employé du BPA, avec lesquels nous avons effectué nos entretiens individuels.

Représentations

« 2005 Toyota Agri-bility Plan »

Contextes d'apparition : imbrication de niveaux global et local, et bricolage d'idées et d'actions

D'après Monsieur N, avant l'apparition du Plan de 96, n'existait pas au sein de la Municipalité de Toyota, un tel plan qui présente une vision globale sur l'ensemble des mesures appliquées par la politique agricole municipale de Toyota. Selon l'explication ci-dessous donnée par ce plan, les contextes de son établissement sont marqués par une série de changements politiques nationaux suite aux « Accords relatif à l'agriculture » de l'Uruguay Round du GATT323 d'un côté, et de l'autre par l'aggravation de la situation locale de l'agriculture tels que le vieillissement de la main-d'oeuvre agricole, l'avancement de la situation de pluriactivité, la pression foncière urbaine de plus en plus accrue etc324.

320 Direction de l'Agriculture et de la Forêt (1996) ; Bureau de l'Agriculture et de la Forêt (2003) ; Ville de Toyota (2003a) ; Ville de Toyota (2003b).

321 Ce texte est produit par le BPA dont le nom était à cette époque « Direction de l'Agriculture et de la Forêt (Nô-rin bu) » de la Municipalité de Toyota.

322 Brochures officielles du Centre Nô-Life : Centre pour la Création de Nô-Life de Toyota, 2004 ; 2005 ; 2006a ; 2006b.

323 La négociation du GATT s'est déroulée entre 1986 et 1994.

324 Direction de l'Agriculture et de la Forêt, 1996 : 1. « L'objectif du Plan : Le Plan fondamental de l'Agriculture de Toyota détermine les orientations de base du développement agricole et de la conservation des terrains agricoles de la futur Ville de Toyota, et ainsi systématise ces orientations comme mesures à développer d'ici pendant dix ans. On définit ces orientations comme principe des mesures de notre politique agricole. Ceci en tenant compte des changements interne et externe de l'environnement de l'agriculture comme l'opération de l'accès minimal du riz imposé par l'Uruguay Round du GATT et l'entrée en vigueur de la Nouvelle loi alimentaire, puis des problèmes comme le vieillissement de la population agricole, la situation où les foyers agricoles

Ensuite, le Plan indique deux changements politiques nationaux qui, suite à ces accords internationaux, étaient en cours au Japon à cette époque, en matière d'agriculture et de distribution alimentaire à l'intérieur du Japon. Il s'agit des deux éléments suivants : « Nouvelle direction des Politiques de l'Alimentation, l'Agriculture et de la Ruralité » présentée par le Ministère de l'Agriculture, de la Forêt et de la Pêche en 1992 ; « Lois sur l'Offre et la Demande des Alimentations principales et sur la Stabilité des prix : Nouvelle loi alimentaire » entrée en vigueur en 1994325. Le premier élément est une direction qui marqua un des premiers pas politiques visant la réalisation d'une réforme globale de la politique agricole japonaise qui va aboutir, en 1999, à l'étabilissement d'une nouvelle loi de la politique agricole : « Loi fondamentale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Ruralité (Shokuryô - Nôgyô - Nôson Kihonhô) ». Le deuxième élément est une loi adoptée en 1994 visant la libéralisation progressive du marché du riz à l'intérieur du Japon326.

Cependant, comme Monsieur N nous l'a suggéré comme ci-dessous, malgré les influences apportées par ces politiques, le Plan de 96 avait un caractère « anticipatif » de ce changement de la politique agricole nationale dans le sens où il mettait déjà l'accent sur des aspects se rapportant à la « multifonctionalité » et au « développement rural » qui ne sont pas uniquement préoccupés par le côté productif de l'agriculture. Monsieur N explique ainsi :

« A cette époque, petit à petit, il y avait des jardins citoyens et des jardins familiaux [dans le territoire de la Ville de Toyota]. Puis, émergeait une partie qui ne pouvait pas être déterminée uniquement par le côté productif de l'agriculture. Puis, c'était encore avant l'établissement de la nouvelle loi agricole : l'époque où l'approche du « développement rural » n'existait pas encore. A Toyota, dans un sens, on l'avait anticipé un peu... »

D'ailleurs, d'après Monsieur N, l'établissement d'un tel plan de la politique agricole au sein d'une municipalité n'est pas obligatoire. L'établissement du Plan de 96 nous semble être d'un côté une action encadrée par des cadres politiques supérieurs (international et national), mais d'un autre côté, une réaction spontanée à l'initiative de la Municipalité de Toyota et d'autres agents locaux en colloboration avec elle. Cet aspect d'anticipation nous évoque déjà la présence d'un certain contexte territorial où la Municipalité de Toyota avait besoin d'élaborer sa propre politique agricole à son initiative.

Eléments imposés par les Accords de l'Uruguay Round du GATT

Avant d'entrer dans le contenu du Plan de 96, parcourrons quelques éléments essentiels apportés par les politiques internationales et nationales citées plus haut, qui marquèrent une influence importante à la politique agricole de l'Etat japonais et celle des collectivités territoriales.

Les accords de l'Uruguay Round du GATT ont trois principes sur lesquels les accords entre pays membres portent : Accès aux marchés ; Soutien interne ; Subventions à l'exportation327. Et l'objectif principal consiste à orienter davantage le commerce des produits agricoles vers le marché. C'est ce qui nous semble renforcer davantage, au niveau mondial, la légitimité politique du principe de la recherche de la productivité dans le domaine agricole. Et cette recherche vise toujours à demander à l'agriculture d'être concurrentielle sur le marché.

Les accords sur l'Accès aux marchés ont d'abord imposé au Japon l'« accès minimal » au marché du riz. Ce qui poussa la politique japonaise à avancer la libéralisation (déréglementation) progressive du marché du riz à

sont de plus en plus pluriactifs, et l'augmentation de demandes foncières de type urbain suite au développement de l'urbanisation. Ce Plan tient également compte du Plan supérieur de la Ville de Toyota « Plan de la future Ville de Toyota du 21ème siècle (Toyota-shi 21seiki Mirai Keikaku) » et des autres plans concernés ».

325 Ibid. Il s'agit de « Atarashii Shokuryô - Nôgyô - Nôson Seisaku no Hôkô » et « Shuyô Shokuryô no Jukyû oyobi Kakaku no Antei ni kansuru Hôritsu : Shin Shokuryô Hô ».

326 Par cette libéralisation, les producteurs rizicoles ont eu le droit de distribuer leur riz par eux-même sans devoir les apporter à la coopérative agricole. En même temps, l'Etat est en train d'abolir sa politique du contrôle de la production rizicole ainsi que son soutien du prix de riz. Mais actuellement, au lieu d'inciter la réduction de production rizicole et la conversion de cultures avec des primes, les quotas de production sont imposés aux producteurs par l'Etat et la coopérative agricole.

327 OMC : http://www.wto.org/french/docs_f/legal_f/ursum_f.htm (site officiel)

l'intérieur du pays.

Tout en renforçant le principe de l'orientation du commerce des produits agricoles vers le marché international, les accords sur le Soutien interne ont également engendré certains types de mesures agricoles ayant le moins d'impacts possibles au commerce international dites mesures de la « Catégorie verte ». Cette partie des accords, exclue des objets de la « réduction » des mesures protectrices des Etats membres, laissa une place légitime aux mesures apportées par les « services publics de caractère général » dans les domaines concernant la recherche, la lutte contre les maladies, l'infrastructure et la sécurité alimentaire328.

A la différence des pays occidentaux, concernant le Japon, le domaine des subventions à l'exportation ne semble pas avoir beaucoup d'importance, car le Japon n'exporte guère ses produits agricoles.

Enfin, en prenant en considération le cadre des accords de l'Uruguay Round du GATT, nous pouvons considérer que le Plan de 1996 s'inscrit également dans le contexte de restructuration de « services publics » dans le domaine agricole comme mesures du « soutien interne relatif à l'agriculture ».

Eléments imposés par les réformes de la politique agricole nationale

La nouvelle loi agricole adoptée en 1999 au Japon mit en avant comme piliers les quatre éléments suivants : développement durable de l'agriculture ; développement rural ; distribution stable de l'alimentation ; multifonctionalité de l'agriculture et de la ruralité.

Elle est d'un côté axée sur l'aspect productif de l'agriculture, c'est-à-dire le renforcement de la compétitivité des producteurs japonais face aux internationalisation et libéralisation progressives du marché, d'un autre, axée sur les aspects non productifs de l'agriculture, encadrés par les termes comme « le développement rural » et la « multifonctionalité ».

D'autant plus que le Plan de 1996 a été conçu plus tôt que cette nouvelle loi de l'Etat, ce sont, nous semble-t-il, les reflets de la situation locale et spécifique à la Ville de Toyota sur ce Plan qui ont plus d'importance que les influences directes des contextes globaux. Nous relèverons plus bas les éléments de représentation spécifiques dans le contenu du Plan de 96.

Puis, on abordera notamment la question de l'origine du Projet Nô-Life : comme on l'a déjà évoqué plus haut, il s'agit de l'étabilissement d'une nouvelle catégorie d'agriculture par ce Plan de 96 : celle de l'« Agriculture de type Ikigai (Ikigai-gata Nôgyô) » contrastant avec l'autre catégorie de l'« Agriculture de type industriel (Sangyô-gata Nôgyô) » et celui de la « Conception de l'Ecole rurale (Nôson-juku Kôsô) » qui donnèrent des idées de base au Projet Nô-Life. Quels éléments de représentations de l'agriculture et de la ruralité peut-on trouver dans ces nouvelles catégories d'agriculture ainsi que cette conception d'un nouveau projet pour développer ce type d'agriculture ? Sont-elles liées aux idées relevant de la politique agricole globale (compétitivité ou multifonctionalité), ou à d'autres idées spécifiques à la politique agricole municipale de Toyota ?

Constat de la situation locale de l'agriculture

Le Plan de 96 présente d'abord un constat de la situation locale de l'agriculture de Toyota en terme de ses spécificités et problèmes. Puis, à partir de ce constat, il développe un ensemble de thématiques de l'agriculture de Toyota. Les spécificités de la situation locale sont présentées en quatre points suivants :

1 Développement d'une agriculture extensive basée sur la riziculture

2 Présence de diverses cultures spéciales (légumes, fruits, fleurs)

3 Composition des foyers agricoles dont la grande majorité pluriactive de la deuxième catégorie

4 Présence d'un grand bassin de consommation dans la ville et ses alentours329

328 Il nous restera à demander la position du Japon qui est à la fois un « pays développé » et « importateur net de produits alimentaires » à la différence des pays occidentaux, dans la négociation relative à l'agriculture au sein de l'OMC.

329 Direction de l'Agriculture et de la Forêt, 1996 : 2.

Le premier et deuxième points montrent les types représentatifs de production agricole dans le territoire de la Ville de Toyota. Le premier point designe, en réalité, la riziculture à grande échelle gérée par des entreprises agricoles situées dans le sud de la Ville de Toyota330. Cette production rizicole est citée comme un rare exemple de la production agricole « compétitive » existant dans le territoire de la Ville de Toyota. Le deuxième point concerne également la présence de cultures spéciales qui sont compétitives sur le marché dont notamment la pêche et la poire produites dans une zone du Nord de la Ville de Toyota. Ce sont des produits « phares » de Toyota dont la spécialisation des cultures est très avancée, par rapport aux autres zones où la petite production rizicole reste souvent dominante. Ces productions fruitières ont développé et maintenu leur compétitivité sur le marché régional depuis les années 70331.

Contrairement à ces deux rares et « bons » exemples de l'agriculture modernisée de Toyota, le troisième point designe un aspect négatif mais dominant de la situation locale de l'agriculture de Toyota332. Ici, il faut remarquer que le Plan de 96 essaie d'accorder une valeur positive aux « femmes et personnes âgées » qui composent la plupart de la population de ces foyers agricoles pluriactifs en soulignant qu' « ils jouent un grand rôle en tant que porteurs de notre agriculture »333. Cette affirmation montre déjà une représentation particulière que la Municipalité porte de l'agriculture de son territoire. En effet, comme on le verra dans la partie de l'acteur

5 : ECV qui est un agent technique et agricole du département, les foyers agricoles pluriactifs, dont la majorité des personnes qui les composent sont des femmes et des personnes âgées, n'avaient pas grande importance dans le cadre de la politique agricole de « porteurs » généralement appliquée dans le secteur agricole au Japon. En fait, ils y sont ignorés et presque exclus des catégories cibles de cette politique334.

Puis, dans le quatrième point, le Plan repère la population urbaine de la Ville de Toyota et de ses alentours comme un bassin de consommation « potentiel » et important pour l'agriculture de Toyota. En évoquant la montée d'intérêts de consommateurs sur les produits agricoles et sur l'agriculture, il suggère que la Ville de Toyota a « des possibilités de développer une nouvelle agriculture qui sera directement liée aux consommateurs »335. Ce point montre également une tendance particulière de préoccupations portées par la Municipalité, qui visent, comme de nouveaux débouchés de produits agricoles de Toyota, des marchés à court circuit avec des produits diversifiés, plutôt que des marchés à longue distance avec des produits dont la spécialisation est très avancée comme le cas de la pêche et de la poire dans le nord de la Ville de Toyota. Cela marque également une différence par rapport à la politique agricole des agents de l'Etat ou du département, appliquée de manière sectorielle et généralisée.

Ensuite, les problèmes sont présentés en quatre points suivants :

1 Manque de successeurs et de nouveaux porteurs

2 Dispersion de terrains agricoles mis en location et augmentation de friches

3 Dimunition de la surface agricole due à l'avancement de l'urbanisation

4 Retard de la mobilisation des terrains agricoles, concentration de droits d'usage336

330 Nous avons vu dans le chapitre 1 l'historique de ces deux entreprises agricoles montées à l'aide de la coopérative agricole de Toyota les années 70. Aujourd'hui, elles gèrent au total plus de 200 ha de rizières.

331 Sur la couverture du Plan, on peut ainsi trouver des images de ces produits. Nous aborderons l'implication d'arboriculteurs professionnels de cette zone de production fruitière dans le Projet Nô-Life dans la partie de l'acteur 7.

332 Nous avons vu dans le chapitre 2 la situation généralisée de pluriactivité des foyers agricoles de la Ville de Toyota entre 1955 et 1975.

333 Direction de l'Agriculture et de la Forêt, 1996 : 2.

334 Pourtant, si les femmes et les personnes âgées sont ignorées dans les catégories cibles d'agriculteurs à développer dans le cadre de la politique agricole sectorielle, on accorde de plus en plus d'importance, au cours de cette décennie, à ce type de personnes surtout dans le cadre des activités symboliques mais efficaces comme la vente directe de produits du terroir, animation locale etc. Et plus récemment, comme on le voit dans le Projet Nô-Life, les agents du secteur agricole comme la Coopérative agricole et l'Ex-centre pour la vulgarisation essaient de former les personnes d'origine non agricole comme les jeunes retraités du secteur automobile de la région. Sur cette évolution, voir la partie de l'Acteur 3, 5.

335 Direction de l'Agriculture et de la Forêt, 1996 : 2.

336 Ibid. : 3

Le premier élément constitue un des thèmes majeurs du Projet Nô-Life (formation de nouveaux porteurs). Le Plan de 96 attribue la cause du manque de successeurs au fait que « diverses opportunités de travail existent pour les jeunes des foyers agricoles » et à « l'instabilité des revenus des agriculteurs due à la fluctuation de prix agricoles »337.

Le deuxième élément montre également que le Plan met en cause la dispersion de petits terrains mis en location sous forme de l'ancien fermage et l'augmentation de friches qui « empèchent la rationalisation de la gestion (agricole) », ce qui constitue également l'autre thème majeur du Projet Nô-Life (prévention et mise en valeur des friches agricoles). Il va de soi que ce problème d'abandon de terrains agricoles est lié au premier point : baisse de motivation des agriculteurs pour leur production agricole338.

Puis, dans le troisième point, le Plan met en cause non seulement la diminution de terrains agricoles dû à l'avancement de l'urbanisation, mais aussi le mode d'urbanisation qui est souvent du type « sprawl (en anglais) »339. Nous pouvons également y trouver une spécificité du Plan de 96 ainsi que celle de la politique agricole de la Ville de Toyota : il s'agit de place la politique agricole dans le cadre de la politique globale de la « Ville » - c'est-à-dire son urbanisme au sens large du terme - dont la majorité de la population non agricole. D'où la nouveauté de ce plan, et la spécificité de l'approche de la Municipalité qui réside à être un agent des services publics locaux.

Le quatrième point montre un aspect général de stagnation de la modernisation de l'agriculture qui consiste à tenter toujours de « rationaliser » les terrains agricoles via concentration de terrains par les producteurs à haute productivité340.

En tenant compte du constat précédent des spécificités et des problèmes, le Plan de 96 présente les thématiques en huit points suivants :

1 Soutiens aux porteurs (producteurs) à haute motivation

2 Développement d'une nouvelle agriculture péri-urbaine

3 Un développement agricole répondant aux demandes de consommateurs et exploration de nouveaux débouchés

4 Mesures sur les taxes successorales sur les terrains agricoles et les terrains destinés aux établissements agricoles

5 Avancement de la mobilisation de terrains agricoles et du droit d'usage, et du remembrement

6 Examen des mesures de la conservation de terrains agricoles mettant en avant leur multifonctionalité

7 Régulation efficace entre la conservation de terrains agricoles et l'usage urbain de terrains

8 Examen des mesures de la conservation de terrains agricoles face à la recomposition des foyers agricoles pluriactifs

Nous pouvons remarquer que ces huit points impliquent une série de nouvelles thématiques de la politique agricole de la Municipalité de Toyota :

- une nouvelle agriculture « péri-urbaine » liée aux demandes de consommateurs, et ses nouveaux débouchés (liées aux deuxième et troisième points)

- multifonctionalité (liée au sixième point)

- régulation entre la conservation des terrains agricoles et le mode d'urbanisme (liée au septième point) - mesures alternatives face à la recomposition des foyers agricoles pluriactifs (lié au huitième point)

Chacune de ces thématiques semble chercher d'autres types de solutions que les solutions de type productiviste et technique, face à l'aggravation de la crise agricole341.

337 Ibid. : 2

338 L'objectif principal du Projet Nô-Life est de lutter contre la friche via le contrat de fermage déréglementé. En effet, cela implique une mise en cause indirecte du système agraire japonais d'après la deuxième guerre mondiale : le système imposé par la Loi agraire (Nôchi hô) établie selon l'esprit de « jisaku nô shugi » que l'occupation américaine avait instauré. A expliquer dans le chapitre de l'histoire.

339 Direction de l'Agriculture et de la Forêt, 1996 : 2.

340 Nous pouvons constater, dans la partie de l'acteur 5, cet aspect modernisateur de la politique agricole sectorielle.

341 Nous avons vu dans le chapitre 1 l'esprit productiviste de la modernisation agricole dans la Loi fondamentale de l'Agriculture (nôgyô kihon hô).

Enfin, le Plan de 96 résume en six points suivants les valeurs que l'on peut accorder aux deux thèmes majeurs : « développement agricole (Nôgyô Shinkô) » et à la « conservation des terrains agricoles (Nôchi Hozen) ».

1 Alimentation (Shoku) : lieux de l'offre de l'alimentation de bonne qualité dont la fraîcheur et la sécurité sont assurées pour les citoyens

2 Travail (Gyô) : importance en tant qu'une « industrie » en terme de l'emploi et de l'économie régionale

3 Environnement naturel (Shizen-kankyô) : espaces pour le maintien et la conservation de l'é co-système ; fonction de la conservationn de l'eau pour la prévention des désastres naturels, et pour atténuer le dégât des inondations

4 Environnement urbain (Toshi-kankyô) : lieux de l'offre d'un environnement agréable pour la ville ; espace ouvert(open space) en cas de désastres ; lieux de l'offre alimentaire en cas d'urgence

5 Ikigai - loisir (Ikigai - Yoka) : lieux de l'éducation sociale ; lieux dikigai et de la maintien de la santé des personnes âgées ; offrir des lieux d'activités de loisirs des citoyens pour un développement urbain équilibré

6 Sol (Tochi) : fonction d'un bassin pour une orientation organisée de futures demandes urbaines de biens fonciers

Là, on voit très clairement l'intention de la Municipalité de rejustifier sa politique agricole dans le cadre des services publics tout en essayant de redéfinir les valeurs de sa politique du développement agricole. Ainsi, y sont explicitées une série de nouvelles dimensions de la politique agricole comme indiquent les termes suivants, : « citoyen », « environnement », « urbain », « sociale », « santé et Ikgai des personnes âgées » et « loisir » etc. Et ces nouvelles dimensions s'inscrivent dans l'idée de la multifonctionalité.

« Grande ville rurale, Toyota » : thème fondamental. Une mise en relation entre la multifonctionalité et la ville.

Après le constat de la situation, le Plan présente son thème fondamental comme une nouvelle proclamation. Quelque peu ambitieux et idéaliste, il prononce audacieusement ses nouvelles idées. Citons ci-dessous le texte entier dont le titre est « Une grande ville rurale de Toyota soutenue par les agriculteurs de divers types à haute motivation, ainsi que les citoyens (Iyokuaru Tayô na Nôgyôsha to Shimin ni Sasaerareta Ooinaru Inakamachi-Toyota ) ».

« En se basant sur le point de vue de `Penser globalement, agir localement`, nous avons pour but de développer une agriculture contribuant au maintien et à l'amélioration de l'autosuffisance alimentaire, puis, une agriculture respectant les multifonctions d'intérêt public de l'agriculture et des terrains agricoles, qui s'ajoutent à la fonction de la production et de l'offre alimentaire stables, tels que l'environnement, le paysage, l'éducation, la culture, le bien-être et la santé-repos. A cet effet, nous allons rechercher et former les divers types d'agriculteurs à haute motivation comme les « agriculteurs de type industriel » et les « agriculteurs de type Ikigai » tels que les personnes âgées, les femmes des foyers agricoles, les retraités des salariés originaires des foyers pluriactifs. Puis, via diverses occasions d'échanges avec les citoyens qui sont susceptibles d'être supporteurs de l'agriculture, nous allons créer une perception commune sur le fait que l'agriculture et les terrains agricoles sont des biens communs qui fondent la vie prospère de l'ensemble des citoyens de Toyota y compris les agriculteurs. En s'appuyant sur la compréhension et la coopération mutuelles entre les agriculteurs et les citoyens, nous allons aider à faire développer, le plus possible, les diverses 'ability (compétences potentielles)' de notre agriculture et de nos terrains agricoles. Par ce plan, nous proposons la forme souhaitable de l'agriculture de Toyota pour 2005, c'est-à-dire la vision de notre future agriculture. »342

Relevons ici les trois dimensions suivantes marquant cette proclamation du thème fondamental du Plan de

96 :

342 Direction de l'Agriculture et de la Forêt, 1996 : 4.

- idées provenant des niveaux internationaux et nationaux : autosuffisance alimentaire (sécurité alimentaire) et multifonctionalité

- nouvelles catégories d'agriculteurs / agricultrices : industriel et ikigai

- participation des citoyens aux activités agricoles : approche « bien commun »

Nous pouvons également, dans le « Schéma conceptuel » du Plan de 96 (voir l'annexe 4) présenté avec ce thème fondamental, que le Plan redéfinit sa politique agricole en interprétant les thèmes de la sécurité alimentaire et de la multifonctionalité d'un point de vue qui implique manifestement les dimensions locales des services publics, l'urbanisme et de la participation citoyenne. Et cette interprétation est exercée par une mobilisation d'idées émanantes de la situation locale et spécifique à la Municipalité de Toyota. Nous considérons ainsi ce type de réflexion qui intègre des idées imposées de niveaux supérieurs (globaux) et des idées émanantes de la situation locale et spécifique à l'agent concerné, comme une sorte de « bricolage » d'idées.

D'ailleurs, le fait d'intégrer les multifonctions de l'agriculture et de la ruralité, y compris la fonction de l'offre alimentaire, dans les dimensions de l'intérêt public (services publics), de l'urbanité et de tous les citoyens, semble y constituer une nouvelle identité de la politique agricole menée par la Municipalité de Toyota.

Agriculture de type industriel et celle de type Ikigai

Le Plan définit ainsi les deux catégories d'agriculture à développer comme piliers de sa politique.

- Agriculture de type industriel (sangyô-gata nôgyô) : agriculture de type entrepreneurial visant l'offre alimentaire

- Agriculture de type Ikigai (Ikigai-gata nôgyô) : (1) agriculture de type Ikigai visant l'offre alimentaire ; (2) agriculture de type Ikigai visant la protection de l'environnement plutôt que l'offre alimentaire.

Puis, sur base de la réalisation de ces piliers, il présente en cinq points suivants ses visions concrètes sur le développement agricole et de la conservation de terrains agricoles.

1 Un développement agricole mettant en valeur les fonctions d'intérêt public de l'agriculture et des terrains agricoles

2 Un développement agricole basé sur les diverses localités

3 Un développement agricole soutenu par les porteurs de divers types

4 Un développement agricole mettant en valeur les possibilités apportées par l'urbanisation

5 Aménagement de l'environnement des beaux villages ruraux et revalorisation et diffusion de styles de vie (Life style) enrichis par le « rural (nô) »

Le premier point réaffirme d'abord l'intérêt public que le développement agricole porte en se référant à l'idée de la multifonctionalité. Il s'agit là surtout de conserver les terrains rizicoles qui occupent 80% de la surface agricole totale du territoire de Toyota. Nous y trouvons une image montrant un paysage rizicole à grande échelle où une grande moisonneuse-batteuse effectue la récolte. Et le deuxième point affirme l'intention de développer une agriculture basée sur sa diversité régionale en montrant une image de paysage rizicole mais montagnard, qui fait contraste avec l'image précédente de la riziculture extensive. Le troisième point réaffirme l'idée de « divers types de porteurs (tayô na ninaite) » qui s'impliquent dans les activités agricoles. Il s'agit du principe que « non seulement des exploitations de type entrepreneurial et des foyers agricoles professionnels, tous les types de populations concernées par la production agricole s'impliquent dans l'agriculture avec Ikigai et plaisir »343 . Le quatrième point suggère la nécessité de s'adapter à la future urbanisation visant le développement d'une grande agglomération344. Le cinquième point affirme une intention de développer un aménagement rural mettant en valeur les « charmes et rêves (miryoku ya akogare) » que le public ressent de

343 L'image qui accompagne cette partie est une scène où des jeunes font leur stage chez une éléveuse de vaches laitières.

344 L'image montre un grand nouveau pont qui fut construit autour d'un champs maraicher.

plus en plus vis-à-vis de la ruralité tels que « beaux paysages ruraux, environnement non artificiel, une vie basée sur l'auto-production et l'auto-consommation, un style de vie accompagné par la nature ».

De ces points de vue là, le Plan développe davantage un autre schéma conceptuel du développement agricole dans le cadre de l' « aménagement de la ville (machi-zukuri) » pour une concrétisation de l' « harmonie entre les fonctions d'intérêt public et l'aménagement de la ville »345. Ainsi, un « sous-thème (sub theme) » est formulée comme suit avec le titre « Tranquilité et aménité dans l'aménagement de la Ville !! (Machi-zukuri ni Nodokasa to Kokochiyosa wo !!)

« Pour le futur aménagement de la Ville, est indispensable la création d'un environnement plein de tranquilité et d'aménité avec l'« eau » et le « vert ». Le fait de conserver les terrains agricoles de manière appropriée et de développer une agriculture saine selon ce Plan fondamental, va créer également un environnement valable pour les citadins avec l' « eau » et le « vert ». Il est attendu que cela va largement offrir une quiètude à nos citoyens. Ainsi, du point de vue du « rural (nô) », nous constituons ce sous-thème du Plan afin de contribuer à créer un bon environnement ainsi qu'à l'aménagement de la Ville de Toyota. »

Mesures concrètes de l'agriculture de type Ikigai et de l'« école rurale (nôson juku) »

Jusqu'ici, on a parcouru les idées que le Plan de 96 développe pour organiser les mesures pour le développement agricole. Ensuite, le Plan présente les mesures concrètes sur cinq points suivants qui reprennent les deux nouvelles catégories d'agriculture et les visions sur le développement agricole :

1 Développement de l'« agriculture de type industriel » adaptée à la nouvelle ère

2 Formation de porteurs à haute motivation pour le développement de l' « agriculture de type industriel »

3 Développement de l' « agriculture de type Ikigai » pour l'offre alimentaire

4 Développement de l' « agriculture de type Ikigai » pour la protection de l'environnement

5 Aménagement de l'environnement de la vie rurale

Sans entrer dans le détail de tous ces points, nous allons se centrer sur les mesures pour l' « agriculture de type ikigai », et notamment les mesures qui vont aboutir plus tard à la réalisation du Projet Nô-Life.

En fait, à cette époque-là, l'idée du Projet Nô-Life n'existait pas en tant que tel. Mais des idées ou des intentions se trouvent déjà concrètement dans les deuxième et troisième points. Il s'agit de l'établissement d'un système de formations de nouveaux agriculteurs aussi bien de type industriel que de type Ikigai. C'est là que se situe la « Conception de l'Ecole rurale (Nôson-juku Kôsô) » que le Plan de 96 présente dans la partie suivante. En fait, dans ce plan, l'ensemble du système de formation était envisagé plutôt dans le cadre de la formation de porteurs de l'agriculture de type industriel, avec une série de services pour les nouveaux agriculteurs tel que la consultation, l'information, l'aide aux investissements, l'entremise de terrains, l'apprentisage technique etc. Par contre, dans le cadre de l'agriculture de type Ikigai, on envisageait seulement d'établir un système d'apprentisage agricole destinés aux foyers agricoles pluriactifs y compris les retraités salariés de ces foyers. C'est pourquoi le Plan de 96 envisage d'« aménager les conditions et l'environnement qui permetteront aux agriculteurs âgés et retraités des foyers agricoles pluriactif de se mettre aux activités agricoles en pleine motivation »346. En effet, à cette époque, on ne ciblait pratiquement que la population des foyers agricoles (pluriactifs ) comme porteurs de l'agriculture de type Ikigai mais non les personnes des foyers non agricoles. Parce que, en raison de la réglementation de la surface minimum d'installation agricole, il était encore difficile de considérer comme porteurs de l'agriculture les personnes des foyers non agricoles qui ne possèdent pas de terrains agricoles. C'est pourquoi le Projet Nô-Life envisagera plus tard de mettre en place un nouveau système de formation agricole pour la population non agricole non seulement avec l'apprentisage technique mais également l'entremise de terrains, l'entremise d'emplois agricoles, la consultation etc.

345 Voir l'annexe.5.

346 Direction de l'Agriculture et de la Forêt, 1996 : 12.

Puis, la différence entre l'agriculture de type industriel et l'agriculture de type Ikigai résidait, dans leur définition, aux filières qu'elles visaient. L'agriculture de type industriel désigne les productions spécialisées destinées au grand marché, tels que le riz, la pastèque, le chou chinois, certains fruits (poire et pèche), cetrtaines fleurs, le thé vert, les élevages et le bois. Tandis que l'agriculture de type ikigai vise essentiellement des productions polyculture dont les débouchés sont des marchés locaux, ce qui correspond à la « nouvelle agriculture péri-urbaine » que le Plan de 96 envisageait au début. C'est pourquoi le Plan de 96 envisage également un nouveau système de filière locale adaptée aux divers produits locaux, en collaboration avec diverses organisations locales telles que la coopérative agricole ; organisation de nouveaux groupements de producteurs de type Ikigai ; points de vente directe ; création d'un réseau de coopération avec les commerces de détail ; les consommateurs etc.

Cependant, pour que puisse se réaliser un système de formation de l'agriculture de type Ikigai destiné au public, cela devait prendre encore huit ans, c'est-à-dire jusqu'en 2004 où le Centre Nô-Life fut inauguré. Comme on l'a évoqué plus haut, pour arriver à cette inauguration, il fallait connaître plusieurs expériences tentées en colloboration avec la Coopérative agricole (« jardins citoyens » depuis 1998, « école vivante de l'agriculture » depuis 2000) et avec la Section de la Création d'Ikigai (« Ferme école des Personnes âgées » depuis 2002). Puis, une réforme de la Loi agraire qui réglementait, depuis son entrée en vigueur en 1952, l'usage des terrains agricoles avec la surface minimum d'installation de 0.4 ha347, ce qui constituait, surtout pour la population des foyers non agricoles, un grand obstacle pour envisager une utilisation formelle de terrains agricoles.

Quelques projets concrets

Par ailleurs, le Plan a prévu quatre projets concrèts suivants dont l'Ecole rurale faisait partie.

1. Aménagement d'un Parc rural (Nôson Kôen) par la méthode de Zonage (Zoning hôshiki ni yoru Nôson Kôen no Seibi)

2. Etablissement de l' Ecole rurale (Nôson Juku)

3. Développement d'un système de filière localisée pour la production polyculture (Jiba-ryûtsu-gata Tahinmoku-seisan-nôgyô no Tenkai)

4. Développement d'un système local et complexe de la gestion agricole respectueuse de l'environnement (Kankyô ni Yasashii Junkan-gata-chiiki-hukugô-keiei-nôgyô no Tenkai)348

En s'inscrivant au sous-thème du Plan de 96 consistant à un développement de l'aménité rurale, le premier projet envisageait d'établir un « Parc rural (Nôson Kôen) » censé intégrer les trois éléments suivants : jardins citoyens ; aménagement de l'environnement de la vie rurale ; Aménagement de l'environnement des beaux paysages ruraux349.

Monsieur K, président du Centre Nô-Life, était impliqué dans l'élaboration de ce projet jusqu'en 1999. Cependant, ce projet n'a finalement pas vu le jour pour des raisons que l'on n'a pas pu clairement vérifier au cours de nos enquêtes350. Pourtant, on a obtenu des informations dans nos entretiens, concernant une période creuse qu'ont connu des projets du Plan de 96 pendant quelques années après l'établissement du Plan en 1996.

En effet, d'après Monsieur KH, employé du BPA et vice-président du Centre Nô-Life travaillant avec Monsieur K dans le Centre Nô-Life, le Plan de 96 a dû se modifier, notamment par rapport à son premier slogan « Grande ville rurale, Toyota (Ooinaru Inakamachi-Toyota) » suite à une réclamation provenant du secteur

347 La surface minimu d'installation est fixé à 0.4 ha dans le cas de Toyota. En général, dans le territoire japonais, cette surface est fixée à 0.5ha sauf Hokkaidô où la surface est fixée à 2ha.

348 Direction de l'Agriculture et de la Forêt, 1996 : 16-18.

349 Voir l'annexe 6.

350 Monsieur K et d'autres acteurs qui étaient impliqués dans le projet, n'avaient pas voulu nous expliquer les causes de la suspension de ce projet. Autrement, à cette époque, Monsieur K pensait à réaliser ce projet par une méthode de coopération entre secteurs public et privé appellée « PFI (Private\u-243£Finance \u-243£Initiative) ».

automobile portant sur ce slogan. Des représentants du secteur de l'industrie automobile a réclamé que ce slogan proclamé par le Plan risquait d'aller à l'encontre du slogan permanent de la Ville de Toyota : celui de la « Ville de la voiture (kuruma no machi) ». Nous n'avons pas obtenu plus d'informations pour vérifier si la suspension du projet du Parc rural est liée à ce retrait du slogan du Plan fondamental 96. Sinon, il paraît que le maire de Toyota de cette époque n'était pas, en réalité, forcément favorable à l'égard de nouvelles mesures en matière de l'agriculture et de la ruralité, à la différence du maire actuel de Toyota, élu en 2004. Il s'exprime souvent son intérêt vif à l'égard de l'agriculture et de la ruralité dans ses discours, et encouragea ainsi le BPA à réaliser une série de mesures concernées. Bon nombre de personnes dont les employés du BPA et Monsieur K, ont reconnu que l'initiative de ce nouveau maire était importante pour pouvoir démarrer le Projet Nô-Life.

Puis, c'est après la suspension du Projet Parc rural que Monsieur K a commencé à s'impliquer dans d'autres projets qui seront liés au Projet Nô-Life notamment avec la CAT et la Section de la Création d'Ikigai (SCI).

Cependant, d'après Monsieur K, il prévoyait déjà, dans le cadre du Projet Parc rural, d'éventuelles possibilités de réaliser un système de formation agricole pour les citoyens. L'idée que les citoyens s'intègrent à la ruralité en se mettent réellement à des activités agricoles, était déjà présente chez lui à cette époque-là. Dans le Plan de 96, une grande image du Parc rural est présentée (voir l'annexe 7). Nous pouvons trouver dans cette image dessinée en double page, un ensemble d'éléments représentant l'agriculture et la ruralité de Toyota que la Municipalité de Toyota imaginait dans le cadre du projet du Parc rural. Cette image semble fortement marquée par l'idée de la multifonctionalité où la nature, les cultures diverses, les agriculteurs et le public s'intègrent dans un espace rural351.

Puis, le deuxième projet est l'Etablissement d'une Ecole rurale. En fait, ce projet avait été conçu par Monsieur S, directeur actuel de la Direction des Activités agricoles de la CAT, que l'on a également intérrogé. Il l'avait proposé, au début, sous le nom de « Second Life Academy Plan ». Nous allons aborder le contenu de ce plan dans la partie de l'Acteur 2 (Section de la Création d'Ikigai de la Municipalité) et l'acteur 3 (Direction des Activités agricoles de la Coopérative agricole). Son intention initiale était de créer de petites écoles où les femmes et retraités des foyers agricoles pluriactifs pourraient apprendre des méthodes culturales, afin de faire face au problème de manque de successeurs d'exploitations agricoles du territoire de Toyota. Monsieur S envisageait ce projet de formation uniquement pour les personnes originaires des foyers agricoles, à la différence de la Municipalité qui voulait orienter le Projet vers le « public » en général, c'est-à-dire tous les « citoyens (shimin) » de Toyota, quelque soit son origine (agricole ou non). C'est pourquoi dans le cadre de ce Plan, la Municipalité met l'accent non seulement sur la formation agricole, mais également sur d'autres thématiques susceptibles d'intéresser le public telles que l'échange entre citoyens et agriculteurs, et la sensibilisation aux thématiques de la politique agricole de la Municipalité (développement agricole et conservation des terrains agricoles). Un shéma conceptuel de l'Ecole rurale est ainsi établi par le Plan (voir l'annexe 8)

En se basant sur cette conception, plusieurs initiatives ont collaboré avec le BPA, comme on avait déjà évoqué plus haut : la CAT pour réaliser l'Ecole de l'agriculture vivante en 2000 et la Section de la Création d'Ikigai de la Municipalité pour réaliser la Ferme-école des Personnes âgées en 2002. Et Monsieur K, président du Centre Nô-Life, étaient impliqué dans la réalisation de ces deux projets.

Le troisième point concernant le projet pour le développement d'une filière locale de divers produits du terroir, envisageait de créer un réseau de coopération entre de nouveaux groupements de producteurs de type Ikigai, la coopérative agricole et ses points de vente directe, la Municipalité, les consommateurs et les

351 Nous trouvons dans cette image : riziculture en plaine où travaillent un couple et plusieurs personnes travaillent pour la moisson avec une petite moisonneuse-batteuse (gauche en haut) ; foyer rural et traditionnel où habite une grande famille (centre en haut) ; rizières en étage de moyenne montagne (droite en haut) ; vergers où le public vient en famille pour récolter les fruits (gauche en bas) ; ruisseau à la campagne où des enfants jouent à attraper les poissons (centre en bas) ; champs de thé vert où le public vient en famille aider la récolte (gauche en bas) ; grand panorama d'un paysage rural où sont intégrés tous les éléments des autres images, avec les montagnes, les forêts, les petites rizières, les habitations dispersées etc. (au centre).

commerçants de détail352. Le quatrième point concerne la création d'un système de « filière » de fumier via recyclage, réalisé dans un nouveau Centre de compostage, des déchets ménagers, vannure de riz provenant de la Coopérative agricole et déjections animales provenant des élevages353.

Principe de partenariat

Par ailleurs, le Plan établit comme ci-dessous, en vue de sa réalisation, un principe de partenariat public et privé notamment avec la Coopérative agricole, le Centre pour la Vulgaristaion, les agriculteurs et les citoyens.

Distribution des rôles dans l'application des mesures

Municipalité

: Saisir les contextes larges des niveaux national et international et présentation des visions du développement agricole de Toyota ; Saisir les projets départementaux et nationaux et examin des mesures propres comme compléments de ces projets ; Offre des informations sur les menus des mesures et des projets aux agriculteurs ; Sensibilisation du public à l'agriculture

 
 

CAT

: Jouer le rôle de coodinateur et producteur qui promeuvent les mesures et projets, en collaboration avec les agriculteurs et l'administration ; Soutiens directes aux agriculteurs du côté technique et économique

; Jouer le rôle de leader dans le développement agricole ; Jouer le rôle de coordinateur dans la mobilisation et la concentration de terrains agricoles ; Construction d'un système de distribution de l'alimentation, à la demande des consommateurs, dans lequel sont assurés la sécurité, la traçabilité et le bon prix.

 

ECV

: Saisir les projets départementaux et nationaux ; Divers soutiens concernant les domaines : technique, gestion, formation de porteurs, amélioration des conditions de vie et développement agricole

 
 
 
 

Niveau
territorial

: Agriculteurs (groupes liés par le lien au sol, dont les exploitations - porteurs sont principales). En tenant compte du fait que les acteurs du développement agricole et de la conservation de terrains agricoles sont toujours les agriculteurs, ils s'efforcent, positivement et spontanément, à stabiliser leur gestion agricole et améliorer leur productivité agricole.

Citoyens

: Compréhension de la nécessité de l'agriculture et de ses fonctions d'intérêt public ; Jouer le rôle de supporteurs de l'agriculture de Toyota en tant qu'aidants de travaux agricoles, ou consommateurs ; Jouer le rôle d'acteurs de la gestion de l'environnement territorial, de l'aménagement du territoire et de la ville

(Direction de l'Agriculture et de la Forêt, 1996 : 20)

Il est caractéristique que le schéma accorde la plus grande importance à la Coopérative agricole, en explicitant qu'elle est susceptible de jouer à la fois les rôles de « coordinateur », « producteur » et « leader » dans le développement agricole. Le rôle explicite de la Municipalité reste complémentaire dans ce schéma par rapport à la Coopérative agricole ainsi qu'aux agriculteurs, c'est-à-dire les acteurs du secteur agricole.

De ce fait, on peut remarquer un fort ancrage de la politique agricole de la Municipalité dans le secteur agricole, d'où son caractère à la fois public et sectoriel (économique, spécialisé et privé).

Quelques analyses du Plan de 96

L'établissement du Plan de 96 a joué un rôle primordial dans le processus de la construction du Projet Nô-Life. Il a d'abord établi un bilan de situation locale et historique de l'agriculture de Toyota, et à partir de ce bilan, formulé de nouvelles idées qui permettent au BPA (Municipalité) d'apporter des changements à leur politique agricole de façon à s'adapter, stratégiquement, à des facteurs externes et internes. Notamment, en anticipant même l'initiative de l'Etat, il a réussi à constituer, de façon légitime, deux grands cadres de la

352 Egalement, ce projet est progressivement réalisé par plusieurs initiatives avec un slogan qui est conjoint à la thématique de l'autosuffisance alimentaire. Ce slogan est : « produire et consommer localement (chisan-chishô) ». Depuis ces dernières années, ce terme est à l'air du temps au Japon. Ainsi, depuis lors, une série de projets ont été réalisé à Toyota. (ex. ouverture d'un magasin géré par la Coopérative agricole, qui est spécialisé aux produits du terroir de Toyota ; un nouveau groupement de producteurs d'Ikigai organisé par des anciens stagiaires de « l'Ecole de l'agriculture vivante » ; lancement du thé vert de marque Toyota en cannette etc.).

353 Cependant, la réalisation de ce projet n'a pas été non plus finalisée en tant que tel. (ex. Le centre de compostage n'a pas été construit.) Cependant, la Municipalité a établi une liste d'adresses d'éleveurs localisés dans la Ville de Toyota, qui produisent leur fumier à base de déjections animales de leurs bétails, qui est disponible au public depuis 2002.

politique agricole, qui sont propres à la Municipalité de Toyota :

- Intégration des thématiques globales dans les contextes locaux : autosuffisance alimentaire et multifonctionalité par l'introduction des nouvelles catégories d'agriculture : industriel / ikigai. Ces catégories sont susceptible d'intégrer non seulement toutes les couches de la population agricole, mais également la population non agricole.

- Paticipation citoyenne aux activités agricoles et rurales

Puis, on pouvait trouver, dans les représentations manifestées par le Plan de 96, un principe qui marque sa conhérence, et qui est inhérent au BPA (Municipalité) en tant qu'un agent du secteur public : logique des services publics qui poursuit toujours l'intérêt public (d'où l'autosuffisance alimentaire et la multifonctionalité), et qui est toujours « au service de tous » (d'où le recours à la participation citoyenne).

Ainsi, vers 2001, le BPA a amorcé le processus de démarrage du Projet Nô-Life selon le principe de partenariat, également établi par le Plan de 96, reliant la Municipalité à d'autres agents publics et privés. L'enquête réalisée par le BPA en 2003, auprès de la population de la Ville de Toyota, agricole et non agricole, va ainsi rejustifier ce processus de démarrage en tant qu'une politique publique.

Enquête sur la conscience sur l'agriculture de Toyota (Toyota-shi Nôgyô ni kansuru Ishiki Chôsa)

Contextes de la réalisation de l'Enquête

En 2001, la thématique de la construction d'un système de « Recherche et formation de nouveaux porteurs (aratana ninaite hakkutsu-ikusei) » fut mise en discussion. Et les trois années qui l'ont suivi, constituèrent la plus importante période dans les étapes pour la réalisation du Projet Nô-Life. Dans ce cadre de discussion, fut entamé l'examen des mesures relatives aux friches agricoles (Yûkyû nôchi) et à l'installation des agriculteurs de type Ikigai354. En 2002, plusieurs réunions officielles ont eu lieu sur cette thématique entre le BPA et des agents attachés au Ministère de l'Agriculture, de la Pêche et de la Forêt tant au niveau départemental qu'au niveau national355. Ces discussions portaient notamment sur l'application de la nouvelle politique nationale de déréglementation, la Politique des Zones spéciales, lancée en 2002 par le Gouvernement de M. Koizumi. Pour y procéder, le BPA devait surtout collaborer avec la Préfecture d'Aichi (dont le Bureau départemental de la Politique Agricole) qui est en charge des dossiers pour l'application de ce programme à toutes les collectivités territoriales du département. C'est en janvier 2003 que fut remise au Secrétariat du Gouvernement la première proposition de déréglementation de la Ville de Toyota pour le Projet Nô-Life à titre consultatif. Puis, c'est un an après la remise de cette demande (janvier 2004) que la « Zone spéciale pour la Création de Nô-Life (Nô-Life Sôsei Tokku) » fut approuvé avec les programmes complets du Projet Nô-Life.

Ensuite, en juin 2003 et janvier 2004, la réunion officielle pour l'établissement du Centre Nô-Life356 coordonnée par la Municipalité (BPA) et la CAT, et également avec la participation de divers agents locaux concernés tels que : entreprises locales ; syndicat ouvrier ; agriculteurs ; organisations agricoles ; chambre du commerce et de l'industrie ; associaion des chefs des quartiers ; Agence publique de l'Emploi ; Bureau régional du Ministère de l'Agriculture de Tôkai ; Département ; CAT ; Municipalité etc357.

Puis, l'« Enquête sur la conscience sur l'agriculture de Toyota » a été réalisée par le BPA, en collaboration avec un organisme local représentant des syndicats ouvriers du Département (Conseil local de la région de Toyota attaché à la Fédération des Syndicats ouvriers du Département d'Aichi). Cette enquête a été effectuée de juin à août 2003, en plein lancement du processus concret du démarrage du Projet Nô-Life. De ce fait, on peut d'ailleurs clairement voir, dans les explications de l'objectif de cette enquête, une série d'idées qui sous-tendent

354 Bureau de la Politique Agricole de la Ville de Toyota, 2006 : 2.

355 Ibid.

356 Sous le nom provisoire de ce Centre « Centre pour le soutien aux activités agricoles (Einô Shien Center) ».

357 Bureau de la Politique Agricole de la Ville de Toyota, 2006 : 2.

le Projet Nô-Life.

Objectifs de l'Enquête : idées héritées du Plan de 96. Vers une approche du « bien commun »...

Comme on l'a déjà expliqué plus haut, l'enquête a été effectuée auprès de deux types de population : 2500 chefs de foyers agricoles (Nôka no setai nushi) et 2050 travailleurs résidants dans la Ville de Toyota. Deux questionnaires différents ont été distribués à chacun de ces deux types de population358.

Le contexte et l'objectif sont expliqués de la manière suivante pour ces deux types de population :

« Objectif de l'Enquête : L'agriculture et les terrains agricoles ont un rôle important pour l'offre alimentaire. Et ces dernières années, il est reconnu qu'ils remplissent des fonctions multiples dans l'éducation, la santé, les échanges (communication), le paysage et l'aménagement de la Ville. Cependant, dans notre ville, la population agricole et les friches agricoles augmentent en raison du vieillissement de cette population et du manque de successeurs. Pour freiner l'aggravation d'une telle situation, il est nécessaire d'avoir un mécanisme de formation de nouveaux porteurs, et de mise en valeur des friches agricoles. Cette enquête a pour but d'étudier le mécanisme, les systèmes, les établissements nécessaires pour les personnes non agriculteurs qui se mettent réellement à des activités agricoles. Par ailleurs, sont mentionnés dans les questionnaires les éléments suivants : la forme de distribution des produits agricoles ; la conscience des consommateurs sur la traçabilité et la sécurité alimentaire ; l'idée de `produire et consommer localement' susceptible de augmenter le taux de l'autosuffisance alimentaire. Nous avons pour but de faire du résultat de cette enquête une donnée de base pour examiner le mode de développement agricole d'une nouvelle ère359. »

Puis, pour les chefs des foyers agricoles, l'objectif spécifique du questionnaire est « de saisir ce que pensent et souhaitent les foyers agricoles possédant les terrains agricoles et de se servir de ces données pour élaborer des mesures efficaces à la prévention des friches agricoles360». Et concernant les travailleurs : l'objectif est de « rechercher des possibilités où les salariés d'entreprises n'ayant pas actuellement de rapport avec l'agriculture, deviennent de nouveaux porteurs de l'agriculture après leur retraite361 ».

Là, on voit clairement que cette enquête s'inspire de l'essence des idées qui ont été développées dans le Plan de 96 : lier les thématiques globales de l'agriculture et de la ruralité (autosuffisance et multifonctionalité) aux mesures concrètes de prévention des crises locales de l'agriculture (friche et manque de successeurs - porteurs), par l'introduction de deux nouvelles catégories d'agriculture : industrielle et ikigai. Et cette enquête recherche également les degrés d'attentes vis-à-vis de ces mesures de prévention, des deux côtés des populations agricole et urbaine (dont les foyers agricoles pluriactifs peuvent faire partie de ces deux catégories de population, en même temps).

Enfin, il est intéressant d'ajouter que, dans la couverture utilisée pour le questionnaire destiné aux travailleurs, on explicite l'idée de considérer l'agriculture et les terrains agricoles comme bien commun. Ainsi, après l'explication sur la multifonctionnalité de l'agriculture et l'aggravation de la situation agricole, il est noté comme suit : « ... pour freiner une telle aggravation de la situation, et développer l'agriculture de notre ville pour les générations futures, il est nécessaire d'avoir la coopération et un haut degré d'intérêt de chacun de vous les citoyens, basés sur une perception que l'agriculture et les terrains agricoles constituent un bien précieux pour l'ensemble des citoyens »362.

Analyses du résultat et conclusions faites par le BPA

358 Pour les chefs des foyers agricoles, 1432 réponses ont été récupérées (soit 57.3% de taux de récupération) et pour les

travailleurs 1470 réponses récupérées soit 71.7% de taux de récupération). (Bureau de l'Agriculture et de la Forêt, 2003 : 2 ; 39)

359 Ibid. : 2.

360 Ibid.

361 Ibid. : 39.

362 Ibid. : 70.

Du côté des foyers agricoles, 21 questions ont été posées363. Les analyses du résultat faites dans le rapport portent sur les cinq points suivants : état de gestion d'exploitation agricole ; continuation des activités agricoles ; état des friches ; possibilités de location de terrains ; attentes sur les mesures de soutien.

L'état de gestion des exploitations agricoles est d'abord marqué par l'avancement du vieillissement de la population agricole : les personnes de plus de 65 ans représentent 53.7% du nombre total des enquêtés, et celles de plus de 75 ans soit 20.8%364 . Ensuite, le taux de foyers agricoles pluriactifs est de 59 % du nombre total et les foyers agricoles pluriactifs de la deuxième catégorie de 42.7% 365. Puis, 57.2% des foyers cultivent principalement du riz366. Ceci « est en contraste avec l'image généralement diffusée de l'agriculture de Toyota, qui est marquée par des cultures spéciales comme la pêche, la poire, le thé, les fleurs etc367 »

Les réponses concernant la continuation des activités agricoles reflètent un « résultat très grave » : 44.3% des enquêtés ne sont « pas sûrs de continuer après un certains temps » et 26.6% ne sont « pas dans un état où il est possible de continuer » pour cause de : « surcharges d'investissement dans les machines » (3 8.8%) ; « manque de successeurs - porteurs » (34.5%)368.

Sur l'état des friches agricoles, 25.1% « ont des friches » et 21.6% « ont des champs mis en jachère369 ». Et ceci pour cause de : « productivité insuffisante en raison de mauvaises conditions géographique et topographique » (26.6%) ; « manque de porteurs » (20.2%)370. Le rapport explique qu'il y a là un problème sur le rapport déséquilibré entre efforts humains et retours économiques371.

A côté de ces aspects négatifs de la situation des foyers agricoles, les réponses sur les possibilités de location de terrains agricoles montrent, malgré 3 0.7% qui « ne pensent pas louer aux particuliers », des intentions potentiellement positives : 5.2% « en louent déjà pour des jardins familiaux et citoyens » ; 19.8% « veulent en louer sous conditions » ; 22.8% sont « prêts à en louer s'il n'y a pas de problèmes juridiques » ; 19.6% « peuvent louer les terrains non cultivés » ; 12.4% « peuvent louer si les locataires se mettent à l'agriculture sérieusement et non pour leur loisir ». C'est-à-dire que 79.6% des foyers agricoles sont prêts à louer leurs terrains en fonction de conditions de location (profil de locataires, durée, frais, entremise etc) !.

Concernant les mesures de soutien, 35 % attendent des « soutiens à la prévention des friches ». Le rapport ajoute les risques que les friches peuvent provoquer, à savoir des éléments d'aggravation de l'environnement agricole comme la « prolifération de mauvaises herbes et d'insectes nuisibles » et les « dépôts illégaux de déchets »372. Puis, les travaux d'entretien dont surtout le désherbage constituent des charges lourdes pour les personnes âgées373.

Dans la conclusion sur les foyers agricoles, le rapport constate qu'il y a une aggravation du problème du vieillissement de la population agricole et du manque de porteurs, et que, surtout dans les zones de moyenne montagne, la situation devient de plus en plus critique avec une augmentation nette des friches. Puis, il est également constaté qu'il y a un dilemme pour la continuation des activités agricoles : d'un côté, il est nécessaire de rationaliser la production agricole via mécanisation, remembrement etc, mais de l'autre côté, le coût d'investissement pour les machines agricoles pèse trop lourd pour la plupart des exploitations qui sont

363 Ibid. : 5. Les points abordés par chacune de ces questions sont : 1 Sexe ; 2 Age ; 3 Localisation des foyers (adresse du

domicile) ; 4 Situation de l'exploitation agricole (professionnelle ou pluriactive ;, 5 Types de cultures ; 6 Présence de successeurs ;

7 Continuation des activités agricoles ; 8 Types de problèmes pour la continuation ; 9 Orientation ultérieure de gestion

d'exploitation ; 10 Surface des terrains agricoles possédés ; 11 Modes d'utilisation et de gestion ultérieurs; 12 Présence de friches ;

13 Raisons de ces friches (ne pas cultiver) ; 14 Locations de terrains agricoles aux particuliers (envisagées ou pas) ; 15 Conditions possibles de location ; 16 Types de personnes auxquelles louer des terrains agricoles ; 17 Surface possible de terrains agricoles à

mettre en location ; 18 Frais possible de location ; 19 Durée possible de location ; 20 Types de besoins d'aides agricoles apportées

par les particuliers ; 21 Types de mesures de soutien.

364 Ibid. : 6.

365 Ibid.

366 Ibid.

367 Ibid.

368 Ibid.

369 Ibid.

370 Ibid.

371 Ibid.

372 Ibid.

373 Ibid. Le désherbage constitue un travail important dans l'agriculture japonaise.

pluriactives.

Par ailleurs, la présence d'une attente potentielle à l'égard de la location de terrains agricoles aux particuliers a été constatée chez la grande majorité des foyers agricoles. C'est ce qui pousse le BPA à réaliser des projets qui établissent des conditions nécessaires pour que ces foyers puissent procéder à ces locations. Le Projet Nô-Life a pour but de répondre à cette attente réelle des foyers agricoles.

Du côté des travailleurs, 17 questions ont été posées concernant les points suivants par l'intermédiare du Conseil local de la région de Toyota attaché à la Fédération des Syndicats ouvriers du Département d'Aichi374. Les analyses du résultat faites dans le rapport portent sur les quatre points suivants : profils, motifs et modes de participation dans le domaine agricole ; importances mises sur les produits agricoles ; possibilités de location de terrains ; attentes sur les mesures agricoles ultérieures.

D'abord, 45.9% des enquêtés ayant répondu à cette enquête, dont 89% sont des hommes, avaient moins de 39 ans. Ce sont donc des hommes « dans la force de l'âge (hataraki zakari) »375. Puis, 62.7% des enquêtés ont exprimé une envie de mener des activités agricoles d'une manière quelconque : 3 5.5% veuleut faire « un jardin potager comme un loisir », 24.5% « pour l'auto-consommation » et 2.7% « pour vendre des produits et en tirer un revenu »376. En effet, 41.6% des enquêtés « veuleut manger ou faire manger des produits cultivés par eux-même »377. Le rapport ajoute qu'il y a un effet d' « images et de rêves sur la terre » qui amènent le public à penser comme ceci378.

Ensuite, le rapport trouve remarquable que la grande majorité des enquêtés accordent plus d'importance à la qualité des produits qu'à leur apparence : 61.4% accorde plus d'importance au « goût » ; 56.3% à la « sécurité » plutôt qu'à l'apparence (5.0% seulement)379.

Concernant la location de terrains agricoles, seulement 24% des enquêtés « veuleut louer »380. Le rapport explique que, du fait qu'ils sont pleinement actifs, l'idée de louer un terrain peut être irréaliste pour eux381. Cependant, en tenant compte du fait que 22.7% des enquêtés veuleut mener des activités agricoles « pour bien profiter du temps libre après la retraite », le rapport ajoute que l'attente pour la location est potentiellement grande382. Ainsi, il est confirmé que les retraités peuvent être considérés comme de « nouveaux porteurs de l'agriculture »383.

Concernant les attentes sur les mesures agricoles ultérieures, les enquêtés se sont exprimés sur les domaines suivants : « Offre de l'alimentation dont la sécurité est assurée » (57.1%) ; « Système de production et de distribution directement lié aux consommateurs » (33.5%) ; « Occasions où les enfants peuvent connaître l'agriculture » (3 0.8%) ; « Promotion de l'agriculture biologique ou sans traitement chimique » (24.4%)384.

Enfin, dans la conclusion sur les travailleurs, le rapport remet d'abord l'accent sur le fait que 62.7% des enquêtés veulent mener des activités agricoles d'une manière quelconque. Il est également confirmé que les attentes sur la sécurité alimentaire et un nouveau système de filière alimentaire sont élevées. Concernant des possibilités de considérer le public comme nouveau porteur de l'agriculture, le rapport conclut que, même s'il est impossible d'attendre des personnes actuellement actives ce rôle, il sera possible de les orienter dans le

374 Bureau de l'Agriculture et de la Forêt, 2003 : 42. Les points abordés par chacune de ces questions sont : 1 Sexe ; 2 Age ; 3 Localisation des foyers (adresse du domicile) ; 4 Possession de terrains agricoles ; 5 Expériences agricoles ; 6 Usages de jardin

familial ; 7 Types d'établissements agricoles souhaités dans l'aménagement ; 8 Types de participation souhaités dans le domaine agricole ; 9 Motifs pour cette participation ; 10 Eléments importants dans le domaine agricole ; 11 Formes possibles de

participation ; 12 Location de terrains agricoles ; 13 Conditions possibles de location (surface, frais, durée, localisation) ; 14

Soutiens souhaités pour commencer des activités agricoles ; 15 Raisons de ne pas vouloir faire des activités agricoles ; 16 Types d'échanges souhaités avec les gens des fermes ; 17 Mesures agricoles ultérieures souhaitées

375 Ibid. : 43

376 Ibid.

377 Ibid.

378 Ibid.

379 Ibid.

380 Ibid.

381 Ibid.

382 Ibid.

383 Ibid.

384 Ibid.

domaine agricole après leur retraite, à condition d'établir des conditions nécessaires pour la location de terrains et un système de formation suffisant.

La réalisation de cette enquête a pour conséquence de réaffirmer, de manière neutre, légitime voire publique, l'importance de fonctions que remplissent l'agriculture et de la ruralité dans la société, surtout au niveau local. Les analyses du résultat et les conclusion faites par le BPA vont préciser l'orientation des mesures de la Municipalité dans de nouveaux cadres émergents de la politique agricole (multifonctionalité, participation citoyenne, agriculture de type Ikigai etc). Ce qui permet à la Municipalité de mener sa politique destinée au public dans une convergence d'intérêts entre sa politique et le public, à savoir l'intérêt public.

Puis, cette procédure nous semble avoir été efficace pour atténuer des éléments d'incertitudes qu'un nouveau type de projet comme le Projet Nô-Life implique dans sa dimension locale. C'est-à-dire, les incertitudes au niveau des attentes vis-à-vis du Projet, et des valeurs que le public loal accorde au Projet, malgré la légitimité des idées générales qui sous-tendent le Projet.

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