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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon

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par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège - DEA Interuniversitaire en Développement, Environnement et Sociétés 2006
  

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Zone spéciale de la Création du Nô-Life (Nô-Life Sôsei Tokku)

Comme on l'a déjà évoqué plus haut, c'est à partir de la fin 2002 et au cours de l'année 2003 qu'une série de procédures se sont effectuées au sein de divers acteurs vers la réalisation du Projet Nô-Life, sous le nom provisiore du Centre Nô-Life « Centre pour le soutien aux activités agricoles (Einô Shien Center) ». Et parmi ces procédures, le fait de poser la candidature pour la Politqiue des Zones spéciales au nom de la Municipalité, et d'appliquer ses propositions de déréglementations concernant la Loi agraire (Nô-chi hô), ont constitué une étape finale et déterminante de la concrétisation du Projet Nô-Life.

Procédures des « Zones spéciales »

Dans le cadre de la politique des Zones spéciales, en janvier 2003, la Municipalité de Toyota remit au Gouvernement, à titre consultatif, quatre propositions de déréglementations concernant la Loi agraire lors de la « Deuxième appel à candidature de propositions (dainiji teian boshû) » lancé par le Gouvernement. Ensuite, le Gouvernement a donné ses réponses à la Municipalité de Toyota, sur la faisabilité de chacune de ces propositions. C'est un an après cela que la Municipalité effectua une « demande commune (kyôdô teian) » avec le Département d'Aichi pour faire qualifier la Ville de Toyota par l'Etat comme « Zone spéciale pour la Création du Nô-Life (Nô-Life Sôsei Tokku) » où des déréglementations sont authorisées en deux points suivants :

1 Elargissement du droit d'ouverture de jardins citoyens (shimin nôen no kaisetsusha no hani kakudai)

2 Baisse de la surface minimum d'installation (nôchi shutoku go no nôchi no kagen-menseki yôken kanwa)385

Le premier point consiste à élargir le droit d'ouverture de jardins citoyens aux personnes morales privées louant des terrains agricoles ainsi qu'aux propriétaires de terrains agricoles en friche ou en jachère. En effet, auparavant, ce droit était limité à la collectivité territoriale et à la coopérative agricole. Celles-ci géraient déjà dans le territoire de la Ville de Toyota, en 2002, 24 jardins familiaux et citoyens composés par 985 parcelles, dont 968 sont utilisées. Et il était constaté que la demande de jardins était de plus en plus importante. Cette mesure de déréglementation était ainsi appliquée afin de répondre davantage à cette demande.

Le deuxième point consiste à baisser la « surface minimum d'installation (shûnô kagen menseki) » de 0.4ha à 0. 1ha. En effet, cette surface minimum était fixée par la Loi agraire pour l'obtention du droit d'utilisation ou d'achat de terrains agricoles destinés aux activités agricoles.

L'établissement du Centre Nô-Life est défini dans le cadre du programme de la « Zone spéciale » de la Ville de Toyota comme un « projet qui peut être considéré comme nécessaire pour promouvoir l'application de son

385 Bureau de la Politique Agricole de la Ville de Toyota, 2006 : 2.

pragramme de la Zone spécilale par la collectivité territoriale concernée »386.

Ainsi, dans cette étape de la qualification de la Ville de Toyota, pour la première fois, le mot « Nô-Life » est officiellement apparu387. Et le contenu des acivités principales du Centre Nô-Life est également déterminé.

Les quatre activités principales du Centre Nô-Life ainsi déterminées sont :

1 Formation (Stages de techniques culturales)

2 Entremise de terrains agricoles

3 Entremise de possibilités d'emplois agricoles chez des exploitations agricoles

4 Recherche de nouvelles variétés de produits agricoles, de nouveaux produits transoformés etc388.

Premièrement, les formations Nô-Life sont composées de deux types de formation dont l'un s'appellant « Formation Porteur (Ninaite-zukuri Co-su) », est destineé aux « citoyens ayant pour objetcif d'avoir un revenu via leur agriculture », et l'autre s'appellant « Formation Culture des Légumes de saison (Shun no Yasai-zukuri co-su) » aux « citoyens souhaitant cultiver des légumes dans un jardin citoyen quelconque comme loisir ou pour la santé »389.

Deuxièmement, le service de l'entremise est directement lié aux éléments de déréglementation expliqués plus haut (Elargissement du droit d'ouverture de jardins citoyens, Baisse de la surface minimum d'installation). Le Centre Nô-Life est notamment chargé d'entremettre des terrains agricoles disponibles à chacun/chacune des personnes ayant terminé la « Formation Porteur », qui souhaite en louer dans le territoire de la Ville de Toyota. Puis, le Centre assume également le service d'aides aux propriétaires de terrains agricoles souhaitant ouvrir des jardins citoyens dans leurs terrains.

Troisièmement, le Centre Nô-Life assume un rôle comme s'il était un « agence d'emplois agricoles ». En fait, ce domaine d'activités concerne également un des objets de déréglementation dans le cadre de la Zone spéciale de Nô-Life. Il concerne la Loi de la Stabilité de l'Emploi (Shokugyô antei hô). Cette déréglementation permet au Centre Nô-Life de proposer gratuitement aux particuliers un emploi agricole consistant à aider des travaux agricoles d'une exploitation agricole.

Quatrièmement, dans le cadre de la Formation Porteur, le Centre Nô-Life effectue, avec la CAT, des recherches de nouvelles variétés de produits agricoles ou de nouveaux types de produits transformés. Ce domaine d'activités semble surtout être lié à l'intérêt économique de la CAT.

Ainsi, le Centre Nô-Life prend un caractère multiforme, à la fois en tant qu'une école (formation agricole), un agence immobilier (entremise de terrains agricoles ), un agence d'emplois (entremise de possibilités d'emplois agricoles) et enfin un laboratoire (recherche nouveaux produits agricoles).

386 Ville de Toyota, 2003b : 5.

387 Le mot « Nô-Life » est un terme inventé par la Municipalité. Nous anlyserons sa terminologie plus bas. C'est une combinaison originale du terme « Nô = \u-28750ÒÜ en kanji (caractère chinois) » qui signifie le « rural » ou l' « agricole » , avec le « Life (en anglais) = \u12521«é« \u12501«Õ (laihu) » En employant ainsi un tel nouveau mot dont on peut facilement percevoir le sens comme « une vie de type agricole ou rural », mais qui n'a jamais existé ailleurs au Japon, au lieu d'utiliser simplement des termes japonais courants comme « vie agricole (Nôgyô seikatsu) » ou « vie rurale (Nôson seikatsu) », le nom de « Nô-Life » évoque une sensation nouvelle pour le public. Et ce terme évoque non seulement une sensation nouvelle et moderne voire urbaine avec le terme « Life » en anglais (plutôt que « Seikatsu » en japonais), mais également une connotation d'« activités agricoles » avec le terme « Nô ». Ce qui distingue notamment ce terme de la simple image de « vivre à la campagne » dans la tranquilité et l'aménité...

388 Ville de Toyota, 2003b : 5. Nous présenterons les activités du Centre Nô-Life dans la première partie du chapitre 3.

389 Voici, les explications générales données sur ces deux filières dans ce « Plan pour les Zones spéciales de la Réforme structurelle » : Formation Porteur : La durée de formation est deux ans (les cours sont donnés une fois par semaine). Les quatres matières suivantes sont organisées : « champs sec (hata-ka) : légumes (yasai) »; « rizière - champs sec (tahata-kaà : légumes, riz (yasai, suitô)» ; « rizière (tanbo-ka) : riz, blé, soja (suitô, mugi, daizu) » ; « fruitière (kaju-ka) ». Le nombre de stagiaires est environ 10 par matière. Les personnes ayant terminé cette formation ont le droit de bénéficier du service d'entremise de terrains agricoles et d'emplois agricoles proposé par le Centre Nô-Life (activités 2 et 3).

- Flière Culture des Légumes de saison : La durée de formation est six mois (les cours sont donnés une fois par mois). Les matières sont : celle de Légumes du printemps - été et celle de Légumes de l'automne - hiver. Le nombre de stagiaires est environ 50 par matière.

Un processus stratégique...

Ce processus nous montre, du point de vue de rapports entre représentations que le BPA mobilisent pour le Projet Nô-Life et ses actions de ce projet, non seulement un processus politique et pragmatique vers la réalisation concrète du Projet, mais également un processus complexe de mobilisation de différents types de moyens déterminants des actions du Projet Nô-Life. En effet, ont été mobilisé de différents types de moyens qui impliquent à la fois des éléments culturels (dans le sens de valeurs, par exemple « Ikigai » ; « agriculture comme bien commun » etc), juridiques (opérations juridiques via déréglementation), économiques (financement public) et sociaux (mobilisation de divers acteurs et du public). Et tous ces moyens sont orientés vers la réalisation de l'objectif du Projet.

Ce processus de la Ville de Toyota pour la qualification comme « Zone spéciale », fut amorcé suite au constat d'un problème juridique qui faisait obstacle à la réalisation de l'objectif de la politique agricole du BPA (installation agricole à petite échelle : plus de 0. 1ha mais moins que 0.4ha). Et c'était une action de type spontané de la part du BPA et de la Municipalité, puisque cette déréglementation lui paraîssait logique et évidente par rapport à la démarche historique de sa politique de la dernière décennie (étapes progressives pour la promotion de l'agriculture de type ikigai), plutôt que par rapport à la stratégie de l'Etat dans sa politique des « Zones spéciales de la Réforme structurelle » amorcée depuis 2002. C'était par nécessité et pour saisir l'opportunité offerte par l'Etat que la Municipalité a « réagit » à l'action de l'Etat.

Puis, cette action de la Municipalité était une adaptation par rapport à un nouveau contexte socio-économique qui est le vieillissement de la population non seulement rurale mais également urbaine : arrivée massive de nouveaux retraités du secteur industriel, et notamment ceux de la génération baby-boom nés entre 1947-1952390. Au cours des années 90, cette thématique n'attirait pas autant d'attention qu'au début des années 2000 ni au sein de la municipalité ni parmi la population.

Quels éléments de représentations ont-ils alors été mobilisés dans ces procédures pour la « Zone spéciale » ? Dans une présentation officielle de la « Zone spéciale pour la Création de Nô-Life »391, on voit d'abord deux éléments en situation de crise être mis en avant : l'aggravation de la situation agricole et le vieillissement massif de la population urbaine. Ensuite, l'idée d'Ikigai des personnes âgées est ajoutée aux deux mesures de la politique agricole (prévention des friches et conservation de terrains).

Plan de la Zone spéciale

Ensuite, en se centrant sur ces deux éléments de situation de crise d'un côté rural et de l'autre urbain, le Plan de la Zone spéciale est expliqué en trois points suivants : Spécificité spatio-historique de la Ville ; Valeurs du Plan de la Zone spéciale ; Effets socio-économique du Plan de la Zone spéciale sur la zone concernée. Ces explications nous montrent un travail de contextualisation, effectué du point de la Municipalité de Toyota, des éléments préparatoires du Projet Nô-Life.

Dans la partie sur la spécificité spatio-historique de la Ville de Toyota, en montrant d'abord l'importance de la superficie naturelle et agricole dans le territoire de la Ville de Toyota (forêt-montagne soit 3 6.8%, champs agricoles soit 21.9% sur 29 012ha de la superficie totale de la Ville), le Plan met l'accent sur la richesse de la nature et de l'agriculture, ce qui est en contraste avec la richesse de l'industrie très dévelpppée de la Ville.

390 Le nombre de population de cette génération est 30721 soit 8.6% par rapport à la population totale de la Ville en 2003 (Ville de Toyota, 2003b : 7.).

391 Ville de Toyota, 2003a : 1. « Dans la Ville de Toyota, nous commençons le `Projet du Centre pour le soutien aux activités agricoles (Einô Shien Center Jigyô) ' (nom provisoire) qui a pour but d'effectuer des stages de techniques culturales, l'entremise des terrains que d'emplois agricoles dans des exploitations agricoles aux citoyens de tendance agricole. Ceci en tant qu'un système qui a l'intention de fusionner les `ressources foncières' qui sont les terrains agricoles dont constitue un souci une augmentation de terrains en friche ou en jachère, avec les `ressources humaines' qui sont les citoyens de tendance agricole parmi lesquels le nombre de retraités va rapidement augmenter dans les prochaines années à venir. A cet effet, suite aux deux

applications de déréglementation, à savoir la baisse de la surface minimum d'installation et le droit d'ouverture de jardins citoyens, nous metterons en place des systèmes d'entremise de terrains agricoles adaptés aux compétences physiques de retraités, et également d'entremise d'aidants d'exploitations agricoles. Ceci afin de les contribuer à la prévention des friches, à la conservation de terrains agricoles et aux mesures pour Ikigai des personnes âgées »

Ensuite, le Plan retrace brièvement l'évolution du développement industriel de la Ville de Toyota depuis l'ère de Meiji (1868-1912) : développement de l'industrie textile et du commerce des cocons des vers à soie produits par les foyers ruraux depuis l'ère de Meiji dans le Bourg de Koromo ; déclin de cette industrie à partir de l'ère de Shôwa (1926-1989) suite à une stagnation du marché de cocons des vers à soie ; arrivée de l'industrie automobile des années 30... Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, ce plan fait un rappel historique de la Ville de Toyota : changement du statut du « Bourg (machi) » à celui de la « Ville (shi) » en 1951 ; changement du nom de Koromo à celui de Toyota en 1959, un des plus grands évènements historiques de la Ville de Toyota392. D'où le slogan de la Ville de Toyota qui est permanent jusqu'à aujourd'hui : « Ville de la Voiture (Kuruma no Machi) ». Puis, le Plan de la Zone spéciale explique l'évolution de la Ville de Toyota suite à l'essor de l'industrie automobile entre 1955 et 1975 qui a abouti à une série de fusions avec les collectivités environnantes. La Ville de Toyota est ainsi devenu 7.5 fois plus grande que la superficie initiale du Bourg de Koromo. Le Plan de la Zone spéciale met l'accent sur le fait que la prochaine fusion aura lieu en 2005 avec six communes rurales et montagnardes. Ce qui va, cette fois-ci, agrandir la superficie de la Ville trois fois grande393.

Et le Plan de la Zone spéciale explique également que la population de la Ville de Toyota augmenta non seulement avec la fusion des collectivités rurales mais plutôt avec l'arrivée massive d'émigrants ruraux de partout dans le Japon à partir des années 60394. Puis, à partir des années 90, le rythme de l'augmentation démographique de la Ville de Toyota s'est adouci. Aujourd'hui, elle est ainsi confrontée au vieillissement de la population dû à l'arrivée massive de retraités du secteur industriel dont beaucoup d'entre eux étaient, justement, les émigrants ruraux des années 65-75.

Enfin, le Plan de la Zone spéciale aborde la situation agricole de Toyota, notamment son évolution de la dernière décennie marquée par une série d'aspects de crise qui ont déjà été mis en cause depuis le Plan de 96. En donnant des chiffres de la statistique agricole, le Plan réexplique cette situation de crise en quatre points suivants : diminution progressive de la surface agricole utilisée dû à l'urbanisation, l'industrialisation et l'abondon de terrains agricoles (friches et jachère) ; diminution de la population agricole ; fragilisation de la structure d'exploitations agricoles ; manque de porteurs de l'agriculture.

Concernant la diminution progressive de la surface agricole utilisée, de 1995 à 2000, la surface a diminué de 548ha soit 14.3% de la surface totale de 1995 (3845ha à 3297ha). Et cette tendance est commune à tous les quartiers de la Ville. La surface en friche (kôsaku hôkichi) augmente, de 1995 à 2000, pour 32ha soit 9.9% de la surface totale en friche en 1995 (322ha à 354ha), puis la surface en jachère (husakutsuke chi) augmente davantage, 1995 à 2000, pour 1 03ha soit 43.2% de la surface totale en jachère (238ha à 34 1ha)395.

Puis, la diminution de la population agricole se traduit par la diminution du nombre des foyers agricoles pour 10.2% de 1995 à 2000 (5474 à 4918). Et la population agricole active 9.9% (5822 à 5246).

Cependant, la pluriactivité des foyers agricoles s'accentue de plus en plus : les foyers de la catégorie de la « ferme auto-productive (jikyû teki nôka) » et des foyers agricoles pluriactifs de la deuxième catégorie sont 90.7% du nombre total des foyers agricoles396. En plus, le nombre des foyers qui n'ont moins de 0.3ha de la surface agricole utilisée augmente, 1995 à 2000, pour 96 foyers soit 6% (1611 à 1707). Et la population agricole vieillit : le taux de vieillissement est de 25.1% parmi elle397.

Concernant le manque de porteurs, l'explication du Plan montre l'aspect extrèmement stagnant de la

392 Voir le détail dans le chapitre 1.

393 La superficie totale de la Ville est ainsi 91 847ha aujourd'hui.

394 Voir le détail dans le chapitre 1.

395 Selon les définitions données par la statistique nationale, les Friches (kôsaku hôki-chi) désignent les terrains non cultivé depuis plus d'un an, et dont leurs cultivateurs (husakutsuke-chi) n'ont pas l'intention de les cultiver dans quelques années. Les jachères désignent également les terrains non cultivés depuis plus d'un an, mais dont leurs cultivateurs ont l'intention de les cultiver dans quelques années (Nôrinsuisan-shô, 2005)

396 Selon la statistique nationale, « foyers agricoles auto-productifs (jikyû teki nôka) » désignent les foyers agricoles possédant

moins de 0.3ha de terrains agricoles et dégageant un chiffre d'affaires annuel de moins de 500 000 yens (près de 3333 euros) (Nôrinsuisan-shô, 2005)

397 Ce taux de vieillissement est celui de la population de plus de 65ans sur la population totale concernée. Nous ajoutons que le

taux de vieillissement parmi la population totale de la Ville de Toyota est encore de 11.1% en 2000, ce qui est relativement bas en comparaison avec les chiffres national et départemental : 17.3% et 14.5%

politique de la modernisation agricole : en 2003, le nombre d' « agriculteurs qualifiés (nintei nôgyô sha) »398 est 66, et le nombre d'entreprises agricoles est 18. Cependant, le nombre de ces deux types d'exploitations agricoles n'augmentait guère depuis 2000. D'ailleurs, il n'y a eu que 4 nouveaux agriculteurs en 2002 dont l'un a déjà quitté son exploitation l'année suivante.

Ensuite, dans la partie sur les valeurs du Plan de la Zone spéciale, le Plan reprend des éléments historiques sur d'autres projets liés au Projet Nô-Life pour montrer qu'existent déjà des actions et des pratiques liées à la construction du Projet Nô-Life, à savoir l'Ecole de l'agriculture vivante (Ikiiki nôgyô juku) amorcée en 2000 ; la Ferme école des Personnes âgées (kônen daigaku taiken nôjô) amorcée en 2002.

L'Ecole de l'agriculture vivante étant co-gérée par la Municipalité et la Coopérative agricole, elle a 41 stagiaires en 2004. Il y a déjà 23 personnes sur 112 anciens stagiaires qui se sont organisées comme un groupement de producteurs dans la Ville de Toyota. Puis, il y a 30 élèves dans la Ferme-école des Personnes âgées en 2004.

Puis, le Plan explique quelques éléments du résultat de L' « Enquête de la Conscience sur l'Agriculture de Toyota » montrant des attentes élevées sur des possibilités de location de terrains agricoles, aussi bien au sein des foyers agricoles qu'au sein des travailleurs. La réussite de jardins familiaux et citoyens y est également citée.

Tous ces éléments permettent au Plan de montrer une nécessité de créer un nouveau système pour une mise en valeur des friches et une formation de porteurs de l'agriculture d'un nouveau type en tenant compte du contexte du vieillissement de la population rurale comme urbaine.

Dans la partie sur les « Effets socio-économique du Plan de la Zone spéciale sur la zone concernée », le Plan tente surtout de mettre l'accent sur des aspects quantitatifs et économiques du Projet Nô-Life. Cette partie se divise en deux points suivants : formation de nouveaux agriculteurs ; réalisation de la création d'Ikigai.

D'abord, dans le premier point, le Plan compte, le nombre de nouveaux agriculteur susceptibles d'être formés par le Projet Nô-Life ainsi que la surface agricole susceptible d'être cultivée suite au lancement du Projet Nô-Life, dans les cinq années à venir à partir de l'année 2004 dont l'inauguration du Centre Nô-Life.

Plusieurs types de nouveaux agriculteurs sont attendus : stagiaires du Centre Nô-Life (environ 90 sur 200 stagiaires en cinq ans), anciens stagiaires de l'Ecole de l'agriculture vivante et usagers de jardins citoyens (environ 5 personnes par an). Finalement, l'arrivée d'environ 100 nouveaux agriculteurs est escomptée jusqu'en 2009. Puis, la surface agricole susceptible d'être cultivée par ces nouveaux agriculteurs pour 0. 1ha par personne, soit 1 0ha au total jusqu'en 2009.

Ensuite, il est à noter que, par la suite, un nouvel élément économique du Projet Nô-Life apparaît dans cette partie : il s'agit de l'objectif d'avoir un revenu agricole d'un million de yens399 par an au moyen de la vente de produits agricoles avec 0. 1ha de terrains. A cet effet, le Plan envisage d'introduire de nouveaux produits aptes à dégager ce chiffre-là. Ainsi, est escomptée une augmentation de 225 000 000 yens400 pour le revenu total des nouveaux agriculteurs jusqu'en 2009. En plus, s'y ajoute une prévision de 102 500 000 yens401 de côuts d'investissement (achat de machines agricoles, plantes etc) comme effet économique direct.

Ce dernier élément n'ayant pas été prévu jusqu'alors402, semble être quelque peu opportuniste. D'ailleurs, Monsieur K a dit à l'enquêteur (rédacteur) qu'il était, lors de l'élaboration du projet, contre cette idée d'établir un tel critère économique. En effet, il pensait que l'objectif final du Projet Nô-Life est après tout la satisfaction individuelle de chaque participant via ses propres pratiques agricoles. D'après lui, fixer une telle norme économique aux stagiaires ne correspondrait pas à ce besoin de satifaction individuelle.

398 La politique d' « agriculteurs qualifiés » est la politique nationale pour les « poeteurs ». Dans la partie de l'Acteur 5, l'ex-centre départemental pour la vulgarisation agricole, on verra le travail de cet acteur pour cette politique de la modernisation.

399 Un million de yens soit environ de 6666.6 euros (150 yens fait environ de 150-160 euros aujourd'hui) Le revenu agricole (nôgyô shotoku) est le montant dont on enlève le montant du coût pour la gestion agricole du revenu agricole total.

400 Près de 1 500 000 euros.

401 Près de 683 333 euros

402 En tous cas, il n'est pas explicité dans les documents officiels et disponibles au public.

Cependant, cet élément semble paradoxalement constituer un élément convergent non seulement avec l'intérêt économique du secteur agricole dont la Coopérative agricole fait partie, mais également avec l'objectif de la Politique des Zones spéciales de la Réforme structurelle de l'Etat : relance économique du pays via déréglementation.

Le deuxième point sur la réalisation de la création d'Ikigai ne concerne, en fait, que la promotion d'ouverture de jardins citoyens via déréglementation du droit d'ouverture. Le Plan prévoit 6.5ha de jardins citoyens ouverts par des propriétaires de terrains agricoles jusqu'en 2009. Le nombre d'usagers est également escompté pour 1950 personnes jusqu'en 2009 en créant 30 parcelles par 0. 1ha.

Le plan escompte pour l'utilisation de ces jardins citoyens non seulement des éléments non productifs comme la santé et Ikigai, mais également la possibilité d'avoir de futurs producteurs susceptibles de rejoindre les nouveaux agriculteurs, engendré par le premier point, qui pourront utiliser ainsi plus de 0. 1ha par personne.

Certains effets économiques sont également escomptés comme les frais d'utilisation des jardins versés aux propriétaires constituant 3000yens de revenu par parcelle en un an, cela fait donc 90 000 yens pour 0. 1ha403, et la consommation de matériels agricoles par les usagers des jardins, ce qui profitera également la coopérative agricole qui vend ces matériels.

Autrement, en terme d'Ikigai, est également escompté l'effet de l'ouverture de jardins citoyens suscitant des échanges entre les usagers urbains et les propriétaires ruraux.

Vision du Projet Nô-Life

Enfin, le Plan de la Zone spéciale nous montre une vision définitive du Projet Nô-Life qui a préparé son inauguration en 2004. En parcourant ce plan, on a repéré, comme ci-dessous, la détermination des objectifs et des moyens par cette vision pour la réalisation du Projet Nô-Life :

Objectifs : prévention des crises agricole (vieillissement de la population agricole et manque de porteurs) et urbaine (vieillissement de la population, manque d'Ikigai)

Moyens : juridique (déréglementation) ; économique (nouveau financement public pour le Centre Nô-Life) ; social (mobilisation de divers agents institutionnels et citoyens) ; culturel (valeurs de l'agriculture pour tous les citoyens ; Ikigai des personnes âgées)

Suite à cette détermination du contenu du Projet, une valeur officielle et publique est accordée au Projet : une nécessité répondant aux attentes historiques et grandissantes au sein de l'ensemble des citoyens.

Puis, on a pu entrevoir que ce projet implique non seulement des thématiques croisées de la crise agricole et de celle urbaine, mais également une imbrication de différents types d'intérêts au sein d'agents concernés. C'est-à-dire, les intérêts des secteurs public (Municipalité dont le BPA) et privé (Coopérative agricole). D'autant plus que ce sont la Municipalité et la Coopérative agricole qui gèrent en commun le Projet selon un consensus minimum sur le contenu du Projet Nô-Life, cette imbrication d'intérêts différents constituera un espace flou dans le jeu d'acteurs autour du Projet Nô-Life. Concrètement parlant, cette divergence d'intérêts sera particulièrement visible sur la question d'argent : il se sera avéré que, pour la plupart de participants de la Formation Porteur du Centre Nô-Life, il serait quasiment impossible de dégager un revenu agricole d'un million de yens par an après deux ans de la formation Nô-Life tel qu'il est défini dans la vision officiel du Projet Nô-Life404.

D'ailleurs, dans le Plan de la Zone spéciale, les aspects non productifs de la multifonctionalité sur lesquels le Plan de 96 ainsi que l'Enquête de la Conscience dans le cadre du mode d'aménagement de la Ville de Toyota mettaient le plus d'accent, apparaissent beaucoup moins. Le terme de la Multifonctionalité y est carrément absent alors que le Plan de la Zone spéciale s'incline plutôt sur la recherche de la productivité, marqué

403 3000 yens soit d'environ 20 euros, 90000 yens soit d'environ 600 euros.

404 Ce qui va causer un certain nombre de soucis parmi ces stagiaires. Sur ce point, nous verrons en détail dans le chapitre 3.

notamment par son objectif de « gagner un million de yens après la retraite ».

Mode d'actions

Le mode d'actions du BPA, en tant qu'un agent local des services publics, est marqué par son côté basé sur la situation locale et spécifique (celle de la Ville de Toyota). Puis, on a constaté qu'il pouvait bien être « bricoleur » d'idées à la fois descendantes de la situation globale mais égalament ascendantes de la situation locale405. Quels facteurs déterminent alors cette caractéristique apparement indéfinissable ? Il nous semble que l'on peut attribuer un de ces facteurs à la neutralité qui est spécifique au BPA, celle d'un agent local des services publics. Sa manière d'être est d'abord déterminée par le principe des services publics qui est d'« être au service de tous ». Puis, cette neutralité n'est pas celle qui se présente comme transcendante et universelle comme celle de l'Etat mais plus spécifique et limitée par sa situation locale. Et on peut ajouter que cette neutralité est beaucoup plus fragile et incertaine.

Puis, on a trouvé dans les actes de représentation du BPA comme caractéristique de son mode d'actions, d'un côté une grande flexibilité en tant que coordinateur local de différents agents (réseaux de coopération), mais de l'autre quelque peu incohérente et coincé entre de différents principes d'actions : notamment les deux principes sectoriels suivants : celui du secteur agricole qui est privée et économiquement spécialisé (gestion et technique) et celui du secteur public qui se base sur l'intérêt public et qui est administratif.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard