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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon

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par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège - DEA Interuniversitaire en Développement, Environnement et Sociétés 2006
  

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Diversité et dynamique des représentations

Résultat de l'enquête par entretien

Notre enquête par entretien individuels a été effectuée auprès de 16 stagiaires des années 2005-2007. Chaque entretien fut effectué de manière intensive durant 30minutes à 1heure et demi par personne. Cette enquête a été accomplie pendant tout le mois d'octobre 2006, période où les stagiaires des années 2005-2007 avaient accompli les trois quarts des activités de leur formation.

Les questions ont été posées sur les sept points suivants à travers un an et demi d'expérience de la formation Nô-Life747 : a. changements d'idées qui se sont opérés au travers de la participation au Projet Nô-Life ; b. différences entre leurs activités (mode de vie) antérieures et actuelles, et leurs activités ultérieures ; c. changement de vision sur l'agriculture, le type de production envisagé après la formation et le problème auquel ils sont confrontés concernant leurs activités agricoles ; d. points de vue sur la vision de l'« agriculture de type Ikigai » telle qu'elle est promue par le Centre Nô-Life ; e. points de vue sur le rapport entre le Projet Nô-Life et le développement local (ou la vie de la localité) ; f. bilan des activités de la formation Nô-Life ; g. avis sur l'avenir (ou la continuation) du Projet Nô-Life.

Cette enquête a été effectuée dans le but de rechercher les enjeux des stagiaires à travers leur participation à la formation Nô-Life non seulement au niveau de l'action, mais également de la représentation des éléments relevant de l'idée de l'agriculture de type Ikigai promue dans le Projet Nô-Life.

Pour organiser nos entretiens, nous avons d'abord établi 9 catégories comme ci-dessous pour repérer les différents types de stagiaires selon les catégories objectives de profils (sexe, âge, lieu d'origine et expérience agricole : agriculteur ou non), ceci afin de rendre compte de la diversité des enjeux au sein des stagiaires.

746 Nous mettons de côté maintenant la divergence d'intérêts entre le BPA et la CAT : général (bien-être de tous) et particulier - sectoriel (production agricole avec but lucratif).

747 Liste des questions posées dans les entretiens se trouve dans l'annexe 2.

Les 9 catégories objectives de profils des stagiaires

Suite au constat du résultat de l'enquête par questionnaire sur les catégories objectives de profils des stagiaires, nous avons établi neuf catégories des stagiaires des années 2005-2007 indiquées dans le tableau ci-dessous, selon les quatre critères suivants : sexe (homme, femme) ; âge (jeune : 20 - 40 ans, âge moyen : 40 - 55 ans, âgé 55 - 65 ans) ; lieu d'origine (Ville de Toyota ou non) ; foyer agricole ou non748. Ainsi, nous avons intérrogé les 16 stagiaires dont chacun correspond à une de ces catégories.

Tableau : 9 catégories des stagiaires (années 2005-2007)

 

Sexe
( H/F)

Age

Lieu d'origine

Foyer agricole
ou non

Nbre de pers
intérrogées

1

H

Age moyen

Toyota

non agricole

3

2

H

Agé

Toyota

agricole

5

3

H

Agé

Toyota

non agricole

1

4

H

Agé

Non Toyota

non agricole

2

5

F

Jeune

Toyota

agricole

1

6

F

Age moyen

Toyota

non agricole

1

7

F

Age moyen

Non Toyota

non agricole

1

8

F

Agée

Toyota

agricole

1

9

F

Agée

Non Toyota

non agricole

1

Caractéristiques des données : représentations sociales en jeu

Approche subjectiviste

Le résultat de l'enquête par entretien nous permettra surtout de comprendre les représentations portées par les stagiaires, qui peuvent souvent échapper aux tendances générales. Et ceci non dans le sens du détail des faits, mais dans celui de la diversité des enjeux.

Si l'enquête par questionnaire nous a montré les attentes potentielles et plutôt initiales des stagiaires vis-à-vis du Projet Nô-Life, l'enquête par entretien va nous montrer les changements de ces attentes « en action » à travers leur vécu du Projet, c'est-à-dire leur expérience de la formation Nô-Life. Et ces changements nous permettront d'analyser les représenations en jeu portées par les stagiaires dans le déroulement du Projet Nô-Life.

Relevons ici une série de caractéristiques dont il faut tenir compte dans notre analyse des données recueillies par cette enquête par entretien.

D'abord, la description du passé des stagiaires que nous effectuerons plus bas, peut prendre la forme d'un récit de vie (ou histoire de vie) rendu intelligible par ordre chronologique, mais l'objectif de notre analyse n'est pas d'appréhender la vie des enquêtés comme fin (ou aboutissement, accomplissement) de leur histoire de vie construite de manière uniquement linéaire. Comme P. Bourdieu a établi la notion de « trajectoire », nous pouvons concevoir cette approche comme une « série de positions successivement occupées par un même agent

748 En raison de l'absence ou de la présence faible de stagiaires correspondants, les types suivants ont été exclus de nos catégories : homme jeune ; homme d'âge moyen originaire de la Ville de Toyota venant d'un foyer agricole ; Homme d'âge moyen non originaire de la Ville de Toyota ; femme jeune originaire de la Ville de Toyota venant d'un foyer agricole ; femme jeune non originaire de la Ville de Toyota ; femme d'âge moyen non originaire de la Ville de Toyota venant d'un foyer agricole ; femme âgée

originaire de la Ville de Toyota venant d'un foyer non agricole ; femme âgée non originaire de la Ville de Toyota venant d'un foyer agricole.

(ou un même groupe) dans un espace lui-même en devenir et soumis à d'incessantes transformations749 ».

A partir de ce point de vue-là, notre analyse vise à atteindre l' « ancrage » social des individus, ce qui nous permettra d'appréhender les représentations sociales au sein des stagiaires enquêtés sur leur participation au Projet Nô-Life, le Projet Nô-Life, et l'agriculture et la ruralité.

Puis, en contraste avec l'analyse précédente du résultat de l'enquête par questionaires, l'analyse du résultat de l'enquête par entretien mettra davantage en avant la subjectivité des enquêtés qui peut être à la fois inscrite dans l'interactivité par rapport à la situation locale du Projet Nô-Life, et influencée par la contingence comme des évènements extérieurs ou imprévus pour les enquêtés.

Compte tenu de ces aspects que nous venons de relever comme caractéristiques du résultat de l'enquête par entretien (trajectoire, subjectivité, interactivité, situation locale, contingence), il faudra donc analyser les représentations ni à partir des catégories objectives ni à partir de leurs tendances générales, mais à partir de leurs catégories subjectives et des tendances spécifiques. Et ceci nous demandera ensuite d'appréhender ces représentations sans les dissocier de leurs propres contextes socio-spatio-temporels.

Statut des catégories objectives : non représentatif, mais descriptif

Nous devons alors expliquer pourquoi nous avons ici intégré les neufs catégories objectives des stagiaires dans cet examen du résultat de l'enquête par entretien. Ceci d'abord non pas en les considérant comme facteurs déterminants des représentations des stagiaires, mais pour une raison pratique dans le cadre de la réalisation de cette enquête par entretien : il s'agissait de repérer et d'interroger le plus possible les différents types de stagiaires parmi ceux des années 2005-2007.

Autrement dit, nous avons utilisé ces catégories préétablies à partir de notre constat de la situation en place avec le résultat de l'enquête par questionnaire et l'observation-participante effectuée par l'enquêteur, comme prétexte pour intégrer le plus possible la diversité des traits des stagiaires dans notre description.

Ce qui nous amène à dire que nous ne présupposons pas nos 16 enquêtés comme représentatifs de tous les stagiaires correspondants chacun à leurs catégories objectives. Par exemple, une personne de la catégorie 5 ne représente pas forcément toutes les autres personnes correspondantes à cette catégorie.

En plus, nous devons relever une limite de notre enquête par entretien : les neufs catégories dont nous nous sommes servis pour mener nos entretiens, n'ont pas pu être tout-à-fait exhaustives.

Par exemple, nous savons qu'il y avait un homme de 28ans parmi les stagiaires des années 2005-2007, qui avait pour objectif de devenir agriculteur professionnel après la formation Nô-Life. Ce qui échappe déjà à nos neuf catégories objectives. Même s'il est le seul stagiaire de moins de 30 ans parmi ceux des années 2005-2007, cela nous aurait intéressé de l'interroger. Cependant, nous n'avons malheureusement pas eu la chance de le joindre, en raison de sa disponibilité qui était relativement moins importante que les autres. Pourquoi ? Parce que, dès sa première année dans la formation Nô-Life, par l'intermédiaire du Centre Nô-Life, il a trouvé une exploitation en agriculture biologique dans la Ville de Toyota qui l'a accepté comme employé - stagiaire à temps plein. Du coup, il n'a pas eu besoin d'effectuer son stage individuel dans une parcelle attribuée par le Centre Nô-Life, ce qui fait qu'il fréquentait moins souvent le Centre. De plus, il était habitant de la Ville de Nagoya (30 - 40 km de la Ville de Toyota)750.

Quatre grilles de lecture des entretiens

L'examen des réponses pour les questions a., b., et c. nous permettra de voir les trajectoires et les choix

749 Selon P. Bourdieu, « les évènements biographiques se définissent, comme autant de placements et de déplacements dans l'espace social, c'est-à-dire, plus précisément, dans les différents états successifs de la structure de la distribution des différentes espèces de capital qui sont en jeu dans le champ considéré. Le sens des mouvements conduisant d'une position à une autre (...) se définit, de toute évidence, dans la relation objective entre le sens au moment considéré de ces positions au sein d'un espace orienté ». (Bourdieu, 1994 : 88-89)

750 D'ailleurs, en théorie, les profils des stagiaires peuvent différer d'une année sur l'autre : un jour, peut-être, un jeune étudiant d'une faculté d'agronomie viendra-t-il participer à la formation Nô-Life ? Ou bien, un immigré japono-brésilien travaillant dans une usine de sous-traitance de l'Automobile Toyota ? Ou encore, un médecin, un avocat, un cadre retraité de l'Automobile Toyota ?

d'activités opérés par les stagiaires. Puis, l'examen des réponses pour la question d. nous permettra de voir la prise de position des stagiaires vis-à-vis de la vision de l'agriculture de type Ikigai proposée par le Projet Nô-Life. Enfin, l'examen des réponse les questions e. f. g. va montrer les réflexions des stagiaires sur le devenir du Projet Nô-Life lui-même en terme de : sa place dans le développement local (e); le bilan des activités de la formation Nô-Life (f); l'avenir du Projet Nô-Life751. Nous présenterons ci-dessous en quatre tableaux suivants la synthèse du résultat des entretiens.

Tableaux de la synthèse des entretiens

Tableau de la synthèse 1 : catégorie 1

M. Nichizawa M. Katô M. Itô

Catégories
objectives

1 : homme d'âge moyen, originaire de la Ville de Toyota - foyer non agricole

Trajectoire et
motivation
principale

Traj. : 43 ans ; situation précaire ; exp. agri. : culture légumes en pot, pr ès de 10 ans.

Motiv.: passion ; objectif professionnel

Traj. : 40 ans ; situation précaire ; exp. agri. : un peu de jardin potager ; problème mental

Motiv.: passion (riziculture) ; auto- consommation

Traj. : 43 ans ; carrières diverses (salarié, petit entrepreneur)

Motiv.: s'impliquer dans le monde agricole et rural ; prod. figues ; contribution au dév. rural.

Changement didé
es, activités et mode
de vie

Idées : pas de grand changem. ; motiv. identitaire (toute sa vie) ; choix prod. fraises pour revenu ; contraintes économ. pour invest..

Vie : santé améliorée.

Idées : pas de changem. ; plaisir d'autoconsom. ; chaleur humaine ; liberté ; souhait achat terrains ; souhait culture sans traitement chimique ; contrainte économ. (chert é de terrain)

Vie : pas de changem. ; problème de dépression (été 2006)

Idées : pas de prod. figues ; constat crise agricole (vieillissem., durabilité) ; volonté monter une association de stagiaires Nô-Life ; passion ; intérêt à long terme

Prise de position vis-à-vis de

l'agricult. de type Ikigai

Objectif d'un million de yens :

accord.

Idée Ikigai : accord (passion, intérêt à long terme)

Objectif d'un million de yens : relativiste ("chacun son objectif").

Vieillissem. : Projet est lié à son problème de 10-15 ans après.

Idée Ikigai : accord (motiv. identitaire et sociale, intérêt à long terme)

Réflexions sur le devenir du Projet Nô -Life

Bilan : cela dépend des résultats (devenir professionnel ou pas) ; insuffisance de la format. (quantité de cours).

Rapport au dév. local : souhaitable ; Projet pas assez connu par le public. Avenir du Projet : continuation né

cessaire.

Rapport au dév. local : Projet doit constituer un réseau ; insuffisance format. (connaissance approfondies).

Avenir du Projet : continuation né cessaire ; pour cela, il faut créer un r éseau de coopération.

751 Dans l'annexe 3, nous avons présenté la synthèse des entretiens effectués avec les stagiaires des dix catégories selon quatre grilles de lecture suivantes : 1 Trajectoire et motivation initiale ; 2 Changement d'idées, activités et mode de vie (questions a. ; b. ; c.) ; 3 Prise de position vis-à-vis de l'agriculture de type Ikigai (question d.) ; 4 Réflexions sur le devenir du Projet Nô-Life (question e. ; f ; g.).

Tableau de la synthèse 2 : catégorie 2

M. Shimizu

M. Kobayashi

M. Imai

M. Shioya

M. Isomura

2 : homme âgé - originaire de la Ville de Toyota - foyer agricole

Changement
d'idées, activité
s et mode de
vie

Idées : pas de grand

changem. ; constat difficulté de vente ; plaisir de produire. Vie : pas de grand changem. ; santé améliorée.

Catégories
objectives

Trajectoire et
motivation
principale

Traj. : 66 ans ; fils aîné d'agriculteur ; exp. agri. : très peu dans la jeunesse ; culture Kaki commencée à l'âge de 58ans) ; salariés (18-60ans) ; retraite ; succession obligée Motiv.: recherche de successeurs de ses activ. agricoles ; maintien de biens familiaux.

Traj.: 54 ans ; fils aîné d'agriculteur ; salarié (-53ans) ; exp. agri. : aide des parents ; perte de l'épouse ; incendie (perte des parents) ; pré retraite et succession obligée. Motiv.: maintien et transmission des biens agricoles familiaux.

Idées : pas de changem. de vision ; étre plus sûr de sa compétence ; forme de prod. ne changera pas : autoconsom. sans vendre les produits (sauf du riz) ; problè me : liberté limitée par la politique agricole (ex. réduction de la surface rizicole)

Vie : activ. agricoles devenues principales ; nouveaux loisirs li és aux activ. agricoles (ex. soba)

Traj. : 57 ans ; fils aîné d'agriculteur pluriactif ; exp. agri. : aide des parents ; salari é (poste) ; préretraite obligée (maladie de son père) ; succession obligée (décès de son beau frère)

Motiv.: maintien de biens agricoles familiaux.

Idées : être plus sûr de sa compétence ; encouragé par d'autres stagiaires "de même type" que lui ; pas de grand changem. de vision ; autoconsom. sans vendre les produits (sauf du riz) ; intention réduction - simplification de traitements chimiques.

Vie : activ. agricoles devenues principales.

Traj.: 61ans ; fils cadet d'agriculteur ; héritage partiel de biens agricoles familiaux ; arrêt de prod. depuis une trentaine d'années ; salarié

(1 8-60ans, Automobile Toyota) ; exp. agri. : un peu ; retraite. Motiv.: maintien de biens familiaux ; pour loisir.

Idées : agricult. comme loisir, non prioritaire par rapport à d'autres loisirs ; plaisir de cultiver ; style de vie ; pas de grand changem. de vision ; multifonctionalité de l'espace agricole ; forme de prod. ne changera pas ; contrainte é conom. (pression foncière). Vie : pas de grand changem.. Plaisir de cultiver et autoconsommer avec son é pouse.

Traj.: 56 ans ; originaire d'un village moyenne montagne ; gendre dans un foyer agricole ; salarié (caserne de pompiers) ; exp. agri. : un peu d'aide de son beau père ; préretraite (54ans)

Motiv.: maintien de biens agricoles familiaux.

Idées : étre plus sûr de sa compétence ; intérêt à l'é ducation alimentaire ; constat importance des connaissances scientifiques ; forme de prod. adaptée aux terroirs ; remarque critique sur le système l'entremise de terrains (il faut tenir compte de l'attitude égoïste de proprié taires ruraux qui risque de faire obstacle au système)

Vie : activ. agricoles devenues principales ; distrib. de lé gumes à la vente directe ; un autre rythme de vie que la vie salariale.

Prise de
position vis-à-
vis de
l'agriculture de
type Ikigai

Réflexions sur
le devenir du
Projet Nô-Life

Vieillissem. : problème succession de ses activ. s'imposera.

Objectif un million de yens : impossible et inacceptable Idée Ikigai : accord (qch indé finissable, ni pour loisir ni pour santé)

Rapport au dév. local : bons effets sûrs (identité agricole de la Ville).

Bilan : il a bien appris les techniques ; il était bien

assidu.

Avenir du Projet : continuation nécessaire avec un é largissement du Centre NôLife.

Vieillissem. : problème de succession de ses activ. s'imposera.

Objectif un million de yens : accord (former les porteurs) Idée Ikigai : accord. (pour la transmission des biens

agricoles familiaux, l'agricult. ne constitue pas Ikigai en lui-m ême)

Rapport au dév. local : décisif. Car l'agricult. est basée sur sa localité, bon impact sur l'urbanisation

Bilan : il a bien appris les techniques ; trop de

traitements chimiques coûteux dans la format. ; intérrogation sur la recherche de rentabilité ; douteux que beaucoup de stagiaires deviennent porteurs.

Objectif Nô-Life : il ne correspond pas au type "porteur" de l'agricult. Objectif un million de yens : trop contraignant.

Idée Ikigai : agricult. n'est pas Ikigai, mais plutôt une obligation par rapport aux biens familiaux.

Rapport au dév. local : Autour de lui, très peu de personnes continuent leurs activ. agricoles. Les gens de foyers non agricoles sont plus motivé es que ceux de foyers agricoles. Projet doit se focaliser sur les personnes ayant les marges économ. et temporelle pour développer l'agricult. de type Ikigai.

Avenir du Projet : continuation nécessaire ; il serait bien d'ajouter des enseignements sur l'agricult. biologique.

Objectif Nô-Life : c'est bien pour animer les personnes âg ées ; lui-même ne correspond pas au type de producteurs d'Ikigai ayant pour but de dé gager un revenu agricole

Idée Ikigai : faire ce que l'on aime ; loisirs variés selon les â ges.

Rapport au dév. local : Pas de réputation sérieuse du Projet au sein de la population locale Bilan : manque

d'enseignements sur l'entretien des cultures

Avenir du Projet : il risque d'ê tre éphémère, cela dépend des attentes des citoyens.

Objectif un million de yens : trop contraignant ; difficulté de faire appel aux salariés retraité s, lié à leur tendance d'être dé pendant de l'entreprise et de la vie salariale.

Idée Ikigai : une préoccupation importante pour sa vie. ("pourquoi vivre ?")

Rapport au dév. local : il faudrait créer une zone réserv ée aux paysans.

Bilan : manque d'enseignements sur l'entretien des cultures.

Avenir du Projet : continuation nécessaire. Il faudrait créer un rapport de confiance avec les propriétaires ruraux.

Tableau de la synthèse 3 : catégorie 3 - 4

 

M. Naruse

M. Suzuki M. Kamihata

Catégories
objectives

3 : homme âgé - originaire de la
Ville de Toyota - foyer non
agricole

4 : homme âgé - non originaire de la Ville de Toyota - foyer non
agricole

Trajectoire et
motivation
principale

Traj.: 55 ans ; ingénieur informatique à Yokohama ; préretraite (maladie de ses parents) ; exp. agri. : un peu de jardin potager ; aller à Tôkyô une fois par mois pour un travail temporaire Motiv. : autoconsom. ; plaisir.

Traj.: 63 ans ; fils d'agriculteur à Shizuoka, installation à Toyota pour son travail (18ans - aujourd'hui, Automobile Toyota) ; construction maison individuelle à Toyota (25 ans) ; perte de son épouse (42 ans) ; rêve de la vie paysanne à l'âge de 50 ans (autoprod. - consommat. dans la montagne) ; demi-retraite (60ans) Motiv. : "faire qch" pour faire face à la crise de l'arboricult. de Toyota.

Traj.: 60 ans ; fils aîné d'agriculteur à Kagoshima ; reprise exploitation parentale (18ans) ; divers boulots à l'extérieur ; réussite "agricult. de sept chiffres" les années 60 ; trois ans de maladie suite au surtravail (25ans) ; travailler à Tôkyô dans une épicerie (quelques années) ; ouverture supermarché indépendant à Nagoya (trois ans) ; salarié une chaîne locale de supermarché (pour régime pension d'entreprise) ; demi-retraite (60ans).

Motiv : réalisation objectif "agricult. de sept chiffres" après sa retraite.

Changement d'idé
es, activités et mode
de vie

Idées : hésitation entre vente et autoconsom., liée aux contraintes marché ; souhait d'apprendre mé thode bio ; continuation méthode enseignée par la format. ; plaisir de produire.

Vie : pas de grand changem. d'activ. ; activ. agricoles devenues de plus en plus dominantes ; sa famille favorable à la coopération à ses activ. agricoles ; le fait d'aller à Tôkyô une fois pas mois lui permet de "ne pas trop s'attacher à la campagne"

Idées : envie d'"arrêter" la format., lié e à trop grandes contraintes de l'arboricult. ; discussion avec M.Itô sur l'idée de monter une association de stagiaires de Nô-Life ; hésitation sur ses activ. après la format. ; soucieux de l'avenir de l'agricult. japonaise.

Vie : il trouve une "plénitude" dans sa vie ; d'autres occupations (loisirs, responsabilité pour sa localité)

Idées : objectif réalisation "agricult. de sept chiffres" ; plan entreprise agricole familiale ; il appelle sa tentative agricole "agricult. réflexive (kangaeru nôgyô)" par opposition à l'agricult. de type industriel et élitiste ; après la format., louer plus de 0.1ha en plaine et entrer dans le groupement de producteurs d'aubergines.

Vie : travailler tous les jours ; 0.05ha de terrains déjà loués dans une zone de moyenne montagne ; il a distribué ses légumes (ses familles, amis et connaissances, vente directe à Toyota).

Prise de position vis-à-vis de

l'agricult. de type Ikigai

Objectif Nô-Life : "une bonne chose" pour lui, qui lui permi une activité à long terme

Idée Ikigai : Il la pense en terme de ses activ. agricoles à long terme.

Objectif un million de yens : c'est une idée pour les professionnels, pas pour les retraités ; ne plus croire à l'idée initiale du Projet Nô-Life ; inté rrogation : "comment aller plus loin que le niveau de jardin potager (dans la pratique agricole après la retraite) ?"

Idée Ikigai : important (une vie diffé rente que la vie salariale).

Objectif un million de yens : cela correspond au sien. Mais constat diff érence par rapport à beaucoup d'autres stagiaires intéressés par l'autoconsom..

Idée Ikigai : important (contribution au dév. local via ses activ. agricoles)

Réflexions sur le devenir du Projet Nô -Life

Rapport au dév. local : il dépendra de la motiv. des salariés retraités ; continuité urbain-rural et intérêt de la population à la prod. font caracté ristiques de la Ville de Toyota

Bilan : il a bien obtenu les

techniques et des camalades.

Avenir du Projet : continuation né cessaire ; il faudrait plus de choix de catégories dans la format..

Avenir du Projet : il faut clarifier la vision de fond du Projet, sinon il risque de décliner.

Bilan : très satisfait de la format..

Tableau de la synthèse 4 : catégorie 5 - 9

Mme. Konno Mme. Tsuzuki Mme. Kawamura Mme. Katô Mme. Mizutani

Catégories
objectives

5 : femme jeune - originaire
de la Ville de Toyota - foyer
non agricole

6 : femme d'âge moyen -
originaire de la Ville de
Toyota - foyer agricole

7 : femme d'âge moyen, non
originaire de la Ville de
Toyota, foyer non agricole

8 : femme agée, originaire
de la Ville de Toyota, foyer
agricole

9 : femme agée, non
originaire de la Ville de
Toyota, foyer non agricole

Trajectoire et
motivation
principale

Traj.: 35 ans ; travail (après lycée) ; mariage ; accouchement enfants ; refus de devenir "bonne femme à temps partiel, afin d'"avoir un territoire de soi-même"; réfé rence aux "mères des années 55-65"

Motiv.: volonté de faire l'agricult. son "métier pour toute la vie".

Traj.: 48 ans ; mariage avec un agriculteur pluriactif (27ans) ; femme au foyer ; exp. agri. : un peu d'aide de sa belle mère ; chargé du ménage et de ses trois enfants (dont l'un est parti pour aller à l'univ.)

Motiv .: pas de raison particuliè re ; circonstanciel : "comme il y a des rizières et des champs (chez elle)"

Traj.: 55 ans ; originaire d'une famille grossiste de bois jardinage à Inazawa ; travail chez un fleuriste, installation à Toyota ; mariage avec un salarié de l'Automobile Toyota (28, 9ans) ; ouverture d'un magasin de fleurs indépendant (pendant 25ans) ; divorce et fermeture magasin (il y a

5ans) ; exp. agri. : jardins potagers (depuis une dizaine d'années) ; employée à temps partiel (usine de mayonnaise) ; arrêt de travail (maladie de sa mère) ; chômage ; chargée par sa fille ; "prête à commencer" ses activ. agricoles.

Motiv .: passion (culture maraî chère) ; obtention de revenu supplémentaire ("argent de poche de tous les jours") ; prod. de figues.

Traj.: 60 ans ; fille aînée d'une famille agricole pluriactive ; exp. agri. : un peu d'aide des parents ; salarié (éducation permanente) ; mariage avec un fils d'une famille non agricole à proximité de chez elle ; son mari était fonctionnaire (préfecture) ; retraite (60ans). Son petit frère a hérité les biens agricoles familiaux. prod. confiée à une entreprise agricole.

Motiv .: occupations après la retraite ; soit une grande prod. de fraises en serre avec son fils en chômage, soit une prod. maraîchère avec son mari pour le plaisir.

Traj. : 63 ans ; fille d'une

famille de pêcheur à Mie ; rêve d'une vie rurale et montagnarde ; installation dans la Ville de Toyota après son mariage avec un technicien du secteur automobile ; travail en tant qu'aide familiale ; problème de la relation humaine ; exp. agri. : jardin potager depuis la retraite du mari ; problème du chômage de son fils cadet Motiv. : souhait de retrourner au pays natal pour mener des activ. agricoles avec sa

famille.

Changement
d'idées, activité
s et mode de
vie

Idées : de la prod. de pêches à celle de légumes ; pas sûr de conditions de terrains agricoles à louer.

Vie : grand changem. (vie bas ée sur "cycle de la nature") ; beaucoup plus de temps libre qu'avant (quand elle travaillait) ; son mari et ses enfants peuvent l'aider ; grand changem. de vision : "tout a changé", auparavant, l'agricult. n'avait aucun sens pour elle.

Idées : pas de grand changem. ; motiv. relativement faible pour les activ. agricoles, liée à d'autres occupations ; non intention de s'investir plus dans le domaine agricole, liée au manque de temps ; pas de changem. de vision ; autoconsom. sans vendre les produits (sauf du riz) ; forme de prod. ne changera pas.

Vie : pas de changem..

Idées : intention de cultiver les aubergines au lieu de figues, li ée à la difficulté du traitement maladie de figues ; distinguer la méthode enseignée dans le Centre Nô-Life, et la méthode de type écologique ; condition de la suface minimum de la

location (0.1 ha) est contraignante ; souci sur la main-d'oeuvre.

Vie : pas de grand changem. : activ. agricoles étaient déjà principales quand elle travaillait à l'usine ; apprentisage et tentative de pratiques

agricoles de type écologique.

Idées : utilisation prévue de terrains de sa famille natale, pour la prod. de fraises en serre ; constat difficulté d'obtenir un revenu agricole ; utilisation du prêt agricole dé partemental paraît très risquée : d'où son hésitation (prod. commeciale ou prod. pour autoconsom.).

Vie : sa relation conjugale am éliorée via ses activ. de la format. (activ. communes)

Idées : épargne pour son invest. futur dans l'agricult. ; location de terrains envisagée à Toyota ; changem. de vision : rapport avec le temps qu'il fait ; difficulté de cultiver du riz sans traitement chimique ; forme de prodution : prod. diversifiée (riz et légumes), transformat. variée et vente ; problème de financement ; son fils n'est pas motivé par les activ. agricoles.

Vie : amélioration santé physique (ménopause) et mentale (relation humaine) ; animation de la relation du voisinage.

Prise de position vis-à- vis de l'agricult. de type Ikigai

Objectif Nô-Life : "trop tard" de s'y investir après 60ans, car contraintes économ. et physique ; succession des activités en question ; place privilégiée pour les jeunes mè res.

Idée Ikigai : important (trouver le plaisir et l'occupation à long terme pour les mères)

Objectif Nô-Life : son objectif n'est pas la vente

Idée Ikigai : sa participation à la format. n'est pas pour Ikigai, mais "par hasard".

Objectif d'un million de yens : impossible à réaliser.

Idée Ikigai : Accord (agricult. est un des choix pour cela).

Objectif un milion de yens : impossible à réaliser. Le prêt agricole départemental est une grande contrainte.

Idée Ikigai : accord (occupations après la retraite)

Objectif Nô-Life : vieillissem. (population) et délabrement (agricult.) sont très présents dans sa vie

Objectif un milion de yens : impossible à réaliser.

Réflexions sur le devenir du Projet Nô-Life

Rapport au dév. local : il n'est pas facile à penser : car en ré alité, les femmes au foyer sont pas assez sensibles à ce

sujet (crise agricole, consommation de produits de terroir etc)

Rapport au dév. local : Projet est objectivement "une bonne chose" pour la Ville de Toyota (vieillissem. de la population et délabrement de l'agricult.) ; sa participation au Projet

n'influencera pas les autres foyers agricoles, car l'atitude de la population des ces

foyers est relativiste.

Bilan : elle a bien appris dans la format., et elle veut encore la continuer.

Avenir du Projet : continuation nécessaire ; s'il se dé veloppera petit à petit, c'est bien.

Rapport au dév. local : bon effet. Toyota est un

"magnifique lieu" comme campagne.

Bilan : très satisfait de la format. ; elle lui a permi des "r êves" pour réaliser de

nouvelles choses basées sur la réalité du monde agricole. Avenir du Projet : continuation nécessaire ; il manque dans le Projet le dialogue entre les amateurs et les experts de l'agricult. ; il faut concerter plus les stagiaires.

Rapport au dév. local : amé lioration de la communication entre habitants locaux.

Bilan : sa relation conjugale améliorée ; insuffisante de la format. pour s'investir dans une grande prod. ; d'où l'ambiguïté de la format. entre le professionalisme et le amateurisme

Avenir du Projet ; il faut clarifier la cible du Projet en ré pondant aux diverses demandes des stagiaires ; il faut que les stagiaires donnent plus d'avis au Centre Nô-Life.

Rapport au dév. local : le nbre de personnes intéressées par ce Projet est insuffisante par rapport à la taille de la Ville. Bilan : très satisfaite de la format..

Avenir du Projet : continuation nécessaire ; il faut intensifier plus la format. ; il faut que les salariés retraités se mettent le plus tôt possible à cultiver la terre pour la durabilité. Il faut contribuer à renforcer l'autosuffisance alimentaire au niveau local.

(La liste d'abréviations. activ. : activités. ; agricult. : agriculture ; arboricult. : arboriculture ; autoconsom. : autoconsommation ;
changem. : changement ; dév. : développement ; distrib. : distribution ; économ. : économique ; exp. agri. expériences agricoles ;
format.: formation ; invest. : investissement ; motiv. : motivation ; traj. : trajectoire ; prod. production ; vieillissem. :

vieillissement)

Analyse des entretiens

Dans notre anlalyse du résultat de l'enquête par entretien, nous allons tenter, à partir de la synthèse des entretiens présentée plus haut, de mettre en évidence les ressemblances et les dissemblances entre les réponses obtenues. Et cette analyse se répartira sur les cinq niveaux suivants qui reprennent, en fait, les quatre grilles de lecture utilisées dans la synthèse des entretiens : trajectoire ; motivation initiale ; changement d'idées, d'activités et de mode de vie ; prise de position vis-à-vis de l'agriculture de type Ikigai ; réflexion sur le devenir du Projet Nô-Life.

Ces cinq niveaux impliquent également les moments diachroniques de la vie des stagiaires dans le Projet Nô-Life, à savoir : 1 trajectoire désigne les expériences passées qui précèdent la participation à la formation Nô-Life ; 2 motivation initiale se traduit par l'intention ou l'objectif initial pour la participation ; 3 changement d'idées montre comment les stagiaires ont vécu le Projet Nô-Life ; 4 prise de position de chaque stagiaire est le reflet de leurs points de vue plus ou moins déterminé de l'intérieur sur les principes du Projet ; enfin, 5 réflexion sur le devenir du Projet Nô-Life montre le point de vue distancié et final sur l'ensemble du Projet.

Cinq moments de la vie des stagiaires dans le Projet Nô-Life

Avant la
formation

Avant et pendant
la formation

Pendant la formation

Pendant et Après
la formation

Trajectoire

Motivation initiale

Changement
d'idées

Prise de position

Réflexion

Expériences
passées

Objectif initial

Vécu du Projet

Point de vue
déterminé de
l'intérieur

Point de vue
distancié et final

Quels liens pouvons-nous établir entre les répartitions des éléments des réponses se trouvant sur ces cinq niveaux ? Y a-t-il des groupes porteurs de représentations spécifiques ? Pouvons-nous trouver dans ces représentations une convergence ou une divergence ?

1 Trajectoires : au delà des catégories socio-professionnelles objectives... Complexité derrière une ressemblance générale

Concernant les trajectoires des enquêtés, nous pouvons trouver une ressemblance au niveau socio-professionnel. Sans pouvoir clarifier en détails les couches socio-professionnelles des enquêtés, faute d'avoir les données précises sur certains aspects déterminants (revenus, statuts etc), nous pouvons dire qu'il n'y a pas de grands écarts entre les enquêtés au niveau des couches socio-économiques. D'ailleurs, nous avons constaté cette caractéristique dans l'analyse du résultat de l'enquête par entretien sur les expériences professionnelles de tous les stagiaires de Nô-Life.

En effet, sauf M. Naruse qui était ingénieur informatique dans une grande entreprise électronique (Mitsubishi) à Yokohama, la plupart des personnes ont occupé des professions du niveau moyen comme salariés moyens, fonctionnaires et petits indépendants. Cependant, deux hommes d'âge moyen font exception : M. Nichizawa et M. Katô étaient des ouvriers, et ces dernières années ils sont dans une situation précaire (quatre ans pour M. Nichizawa, un an pour M. Katô). A part ces trois enquêtés, personne n'a occupé de manière permanente des professions, tels que : agriculteur professionnel, ouvrier, cadre, profession intellectuelle supérieure et profession libérale etc.

Toutefois, les aspects ont tendances à être plus complexes en terme de la pluriactivité présente parmi les enquêtés des deux types suivants : (ex-) agriculteurs pluriactifs ; femmes.

Quant aux cinq hommes originaires d'un foyer agricole de la Ville de Toyota, c'est-à-dire ceux qui étaient des « agriculteurs pluriactifs », deux étaient fonctionnaires locaux (M. Shimizu, M. Isomura), deux autres postiers (M. Kobayashi et M. Imai) et l'un salarié de l'Automobile Toyota (M. Shioya). Ces cinq hommes ont mené une vie salariale, sans devoir se consacrer pour la majeure partie de leur vie aux travaux agricoles.

Quant aux cinq femmes, leurs maris étaient (ou sont encore) des salariés du niveau moyen. Parmi elles, une femme au foyer (Mme. Tsuzuki), une salariée retraitée (Mme. Katô), deux qui ont travaillé à temps partiel tout en étant femme au foyer (Mme. Konno, Mme. Mizutani), et l'une a connu le divorce et perdu son métier de fleuriste il y a cinq ans à l'âge de 50 ans, et s'est ensuite retrouvée dans une situation précaire (Mme. Kawamura).

Puis, nous devons également tenir compte de l'impact de la prise de retraite sur la vie des enquêtés retraités (ou en semi-retraite). Bien entendu, le contexte du Projet Nô-Life s'inscrit dans celui du vieillissement actif752 où la retraite ne signifie plus immédiatement la vieillesse ou le retrait de la société ou le « repos », mais, comme le propose récemment M. Legrand, sociologue française du vieillissement, la « question de l'identité individuelle et collective » posée par un « vide » dans un contexte de « dévaluation de l'âge »753. Ce qui nous conduit à accorder une place importante au « mode de recomposition identitaire » qui passe par « un long cheminement fait d'essais et erreurs, de tâtonnements, qui renvoie à la question du sens du vieillir »754. Nous pouvons partager ce point de vue européen pour notre analyse du processus du Projet Nô-Life dans lequel, les « jeunes retraités » sont censés jouer un rôle important, et puis, comme nous l'avons vu dans le Chapitre 2 avec l'acteur 2 : SCI (Section de la Création d'Ikigai), la thématique d'Ikigai fut introduite comme un domaine légitime de la politique du vieillissement dans les collectivités territoriales japonaises avec l'entrée en vigueur de la « Loi sur l'Assurance des Aides aux Personnes âgées dépendantes (Kaigo-Hoken Hô) » en 2000 au niveau national.

En bref, chaque enquêté a ses traits particuliers dans sa trajectoire dont on ne peut nier les liens avec les quatre catégories objectives que nous avons établies (homme/femme ; âge ; lieu d'origine ; foyer agricole ou non). Ce qui nous oblige à prendre en compte la complexité de l'histoire et la circonstance de la vie de chacun.

Pour nous éclaircir sur ce point, nous pouvons ici rappeler l'histoire turbulente de la vie de M. Kamihata dans ces quarante dernières années : vie en tant qu'exploitant agricole pluriactif à Kagoshima (1962-1969) ; réussite de son exploitation familiale ; trois ans de maladie ; installation à Tôkyô pour travailler dans une épicerie (1972-) ; ouverture d'un supermarché indépendant à Nagoya ; fermeture volontaire de son supermarché trois ans après l'ouverture ; employé dans une chaîne locale de supermarché ; semi-retraite (2005-) ; participation à la formation Nô-Life...

Tout d'abord, la trajectoire de M. Kamihata échappe à nos catégories stéréotypées : points de vue, soit misérabilistes sur la paysannerie (misère, émigration, prolétarisation etc.), soit généraux sur la modernisation agricole (entrepreneur agricole) qui sont marqués par de simples visions économiques réductrices à l'idée de la « réussite » ou de l' « échec ».

Pour dépasser ce type de compréhension stéréotypée, il nous faut tenir compte de l'aspect de la construction sociale de la personne. Dans le cas de M. Kamihata, il s'agit de la construction de sa propre famille en milieu urbain. Après son départ à Tôkyô au début des années 70, il s'est marié avec une femme originaire de Shikoku qui n'avait jamais connu le monde agricole. Il a ensuite constitué avec elle sa vie et sa famille. Et sa décision de redevenir salarié dans une chaîne locale de supermarché en fermant son supermarché indépendant, a été prise afin d'établir une vie plus stable, car le régime de la pension d'entreprise lui a paru plus avantageux à long terme ! A Nagoya, il a mené sa vie dans un environnement tout-à-fait urbain avec son épouse et ses enfants sans avoir un jardin potager. Et après leurs études universitaires, ses enfants travaillent tous dans le domaine financier. Puis, en participant au Projet Nô-Life, M. Kamihata se réfère à toutes ses expériences antérieures

752 Voir la note de bas de page 145 dans le Chapitre 2 sur le contexte international du vieillissement actif.

753 LEGRAND, M. (2001), La retraite : une révolution silencieuse, Ramonville, Erès : p.12.

754 Ibid.

(agriculture, distribution alimentaire, réussite, échec etc) et à l'évolution de la société japonaise qu'il a vécue (pauvreté, haute croissance, basse croissance, incertitude après la bulle économique...). Il essaie ainsi de redevenir paysan dans la Ville de Toyota, une ville dans laquelle, il n'a pas encore vécu !

Enfin, l'exemple de M. Kamihata nous permet de constater que, pour saisir l'évolution de la vie d'une personne, nous devons avoir à la fois les deux points de vue : point de vue constructiviste qui prend en considération la stratégie et le jeu d'interaction de circonstance en vue d'intégrer dans l'action des éléments circonstanciels tout-à-fait divers et hybrides. Mais le point de vue de type stracturaliste (reproduction sociale) qui prend en considération l'ancrage d'un acteur dans ses expériences et positions sociales antérieures. Ces deux types d'aspects peuvent bien faire partie intégrante de cette évolution.

Sans pour autant reprendre ici les histoires de vie de tous les enquêtés, nous retenons que leurs trajectoires peuvent avoir une influence sur l'action des enquêtés de participer à la formation et de se mettre chacun à leurs activités ultérieures. Et cette influence va prendre forme, soit de façon à donner aux acteurs un facteur qui les conduit à construire un nouveau type de vie pour eux dans une nouvelle circonstance socio-spatio-temporelle, soit de façon à donner aux acteurs un facteur qui les oriente à reproduire un type de vie qu'ils ont déjà connu dans le passé, mais ceci en renouvelant leurs expériences antérieures dans un nouveau type de circonstance donnée.

A partir de ce constat, nous construisons un modèle pour comprendre cette influence complexe de la trajectoire sur l'action des enquêtés comme dans le schéma ci-dessous, en terme de la « crise » et de la « stabilité » de la vie du passé proche au niveau de différentes espèces de capitaux. Ici, nous prenons deux types de capitaux : capital économique ; capital socio-culturel755.

Modèle des trajectoires

capital économique

stabilité (suffisance) / crise (insuffisance)

capital socio-culturel

stabilité (suffisance) / crise (insuffisance)

A partir de ce schéma, nous pouvons concevoir quatre types suivants de variantes :

Variation du modèle des trajectoires

 

1

2

3

4

cap. éco

sta.

sta.

crise.

crise.

cap. socio-cult.

sta.

crise.

sta.

crise.

Puis, nous pouvons supposer, comme ci-dessous, une sorte spécifique d'influence qu'ont ces quatre types de trajectoire sur l'action :

- Type 1 : capitaux économique et socio-culturel suffisants : reconstruction vers le maintien, ou l'accumulation des deux types de capitaux existants. Ou bien, la création libre ou la contribution sociale basées sur la stabilité de ces deux types de capitaux sont possibles à supposer.

- Type 2 : capital économique suffisant et capital socio-culturel insuffisant : en maintenant ou accumulant le capital économique existant, on essaie de construire un nouveau capital socio-culturel ;

- Type 3 : capital économique insuffisant et capital socio-culturel suffisant : on essaie d'abord de construire un nouveau capital économique, en maintenant ou accumulant le capital socio-culturel existant ;

- Type 4 : capital économique et socio-économique insuffisant : on essaie de construire de nouveaux capitaux économiques et socio-culturels

Essayons ensuite d'analyser la trajectoire de chaque enquêté par ces quatre modèles dans le tableau suivant :

755 Nous entendons par le terme du capital socio-culturel, les éléments susceptibles de couvrir le lien social et territorial et la qualité de vie.

Typologie des trajectoires

 

M.
Nichi

M. Katô

M. Itô

M.
Shimizu

M.
Kobayashi

M. Imai

M.
Shioya

M.
Isomura

Cap.éco

Crise

Stab./crise

Stab. ?

Stab.

Stab.

Stab. ?

Stab.

Stab.

Indic. détermin.

Chôm. et
célib.

Revenu épouse /
chôm.

Revenu

épouse /

préc. ?

Pension

Pension et
revenu immo.

Pension (en
attente)

Pension

Pension

Cap.
socio-cult.

Crise ?

Crise ?

Stab.

Stab.

Crise

Crise ?

Stab.

Stab.

Indic.
détermin.

Célib.

Dépression.

Bonne relat.
fam.

Bonne relat.
fam.

Perte famille
(incendie)

Perte famille
(maladie,
âge)

Richesse
loisirs

Bonne relat.
fam.

Type traj.

4

2 / 4

1

1

2

2

1

1

 

M.
Naruse

M. Suzuki

M.
Kamihata

Mme.
Konno

Mme.
Tsuzuki

Mme.
Kawamura

Mme. Katô

Mme.
Mizutani

Cap.éco

Stab.

Stab.

Stab.

Stab.

Stab.

Crise

Stab.

Stab. ?

Indic.
détermin.

Pension

Pension et trav.
temp.

Pension et trav.
temp.

Revenu
mari

Revenu
mari

Divorce,
chômage

Pension

Pension
mari

Cap.
socio-cult.

Stab. ?

Stab./crise

Stab. / crise

Crise

Stab.

Crise

Crise

Crise

Indic.
détermin.

Maladie
parents

Veuf / loisirs,

richesse relat.
hum.

Bonne relat.
fam. / identité
agricole

Perte
occup.
Indiv.

Bonne
relat. fam.

Divorce,
chômage

Mauvaise
relat. conjug. ;
Chôm. e Fils

Chôm. Fils

Type traj.

1

1 / 2

1 / 2

2

1

4

2

2

(Liste d'abréviation : Cap. éco. : Capital économique ; Indic. détermin : Indicateurs déterminants ; Cap. socio-cult : Capital socio-culturel ; Type traj. : Type des trajectoires ; Stab. : Stabilité. : Préc. : Précarité ; Chôm. : Chômage ; Célib. : Célibataire ; Relat. fam. : Relation familiale ; Immo. : Immobilier ; Trav. temp. : Travail temporaire ; Relat. Hum. : Relation humaine ; Occup. Indiv. : occupation individuelle ; Relat. conjug. : Relation conjugale)

Pour établir ce schéma, il faut d'abord considérer qu'il n'y a pas de coupure totale entre ces critères Stabilité/Crise, et qu'ils sont plutôt relatifs. Puis, nous sommes toujours confrontés à l'ambiguïté et la complexité de la situation de chacun, sans oublier notamment celles des retraités, femmes, (ex-)agriculteurs pluriactifs, que nous avons relevées plus haut. C'est pour cela que nous avons mis dans les parties les éléments des indicateurs déterminants dont nous avons pris en compte pour cette analyse. Nous pourrons prendre en considération le résultat de cette analyse dans les analyses suivantes756.

Reprise du Schéma de l'agriculture de type Ikigai : qualité de vie ; lien social et territorial ; production matérielle

Pour l'analyse des réponses correspondant aux quatre niveaux suivants (motivation initiale ; changement d'idées, d'activités et de mode de vie ; prise de position vis-à-vis de l'agriculture de type Ikigai), certains

756 Nous pouvons nous rappeller ici les trois conditions pour la réalisation d'Ikigai citées par Hamaguchi que nous avons vues dans le Chapitre 2 : première condition « sortie du malheur » surmonter le manque ou l'insatifaction ; deuxième condition « maintien de la stabilité » tentative incessante du développement sans se satisfaire de l'état présent ; troisième condition « réalisation de la possibilité plus grande » comme l'innovation dans les styles de vie et des modes de pensée (Hamaguchi, 1999). Nous pouvons mettre en parallèle le type de trajectoire 1 à la deuxième ou la troisième condition, le type de trajectoire 2, 3, 4 à la première ou deuxième condition.

nombres d'éléments communs composent le schéma des représentations tels que : autoconsommation, plaisir, loisir, style de vie, santé, relation familiale, obligation familiale, contribution sociale, revenu supplémentaire, revenu principal etc.

Là, nous pouvons situer ces éléments dans le schéma des trois éléments d'idées constitutives de l'agriculture de type Ikigai, que nous avons relevé à partir de l'analyse du processus de l'émergence du Projet Nô-Life : qualité de vie (priorité à la satisfaction individuelle, consommation, style de vie etc.) ; lien social et territorial (contribution sociale, sociabilité) ; production matérielle (travail, profits). A partir de cette analyse, nous pouvons mettre en relation les positions de 16 stagiaires enquêtés avec les trois pôles d'idées de l'agriculture d'Ikigai.

Nous considérons ici que ces trois pôles constituent un nouveau monde émergeant dans le processus du Projet Nô-Life. Cette approche va d'ailleurs nous permettre de faire confronter directement les positions de ces enquêtés à celles des agents institutionnels dans le Projet Nô-Life que nous avons analysé à la fin du Chapitre 2, et ainsi de répondre à nos questions finales de ce chapitre.

2 Motivation initiale

Le schéma montre la place de la motivation initiale de chaque enquêté par rapport aux trois éléments du processus de l'agriculture de type Ikigai. Nous avons repéré six groupes qui se situent chacun à une place commune.

Dans le groupe 1, le plus proche du pôle Lien social et territorial, nous avons M. Shimizu, M. Kobayashi, M. Imai, M. Shioya et Mme. Tsuzuki. Ils ont comme motivation commune le maintien de biens agricoles familiaux, dont le degré est varié de l'un à l'autre. Puis, ils attachent peu d'importance en rapport avec leurs activités agricoles à l'exigence individuelle de la qualité de vie, et la production matérielle avec but lucratif. Ils ont un trait commun marquant : être originaire d'un foyer agricole local et salariés retraités (c'est-à-dire la catégorie objective 2, sauf Mme. Tsuzuki qui est femme au foyer).

Et leurs types de trajectoire sont tous 1 (stable au niveau des capitaux économique et socio-culturel) sauf M. Kobayashi qui a perdu son épouse et ses parents dans la même année en 2003 (nous lui avons mis le type 2, stable au niveau du capital économique, mais crise au niveau du capital socio-culturel). Dans ce sens, le maintien de biens agricoles familiaux peut à la fois correspondre à celui des capitaux économique (immobilier) et socio-culturel (familial et ancestral). Chez M. Kobayashi, comme il nous l'a affirmé, sa motivation pour le maintien de biens a plus de sens constructif en raison de sa situation de crise au niveau du capital socio-culturel : le maintien et la transmission des biens familiaux sont son Ikigai.

Schéma : Motivation initiale

Qualité de vie
(individuelle)

G.2

M. Katô : 2 / 4

M. Naruse : 1

G.5

G.3

Mme. Kawamura : 4

Mme. Konno : 2

Mme. Katô : 2

G.1

M. Nichizawa : 4

Mme. Mizutani : 2

G.6

Lien social et
territorial

M. Shimizu : 1 M. Kobayashi : 2

M. Imai : 2 M. Suzuki : 1 / 2

M. Shioya : 1

M. Itô : 1

M.Isomura : 1

M. Kamihata : 1 /2

Production
matérielle
(lucrative)

Mme. Tsuzuki : 1

G.4

Les numéros 1- 4 sont les types des trajectoires.

Dans le groupe 2, le plus proche du pôle Qualité de vie (individuelle), nous avons M. Katô, M. Naruse. Ils ont comme motivation commune l'autoconsommation et le plaisir. Ils attachent peu d'importance en rapport avec leurs activités agricoles à l'exigence sur le lien social et territorial, et la production matérielle avec but lucratif. S'ils ont des traits différents en terme de trajectoire (M. Katô, 40ans, ouvrier - situation précaire ; M. Naruse, 55ans, ingénieur informatique - préretraité), ils sont tous les deux mariés et originaire d'un foyer non agricole de la Ville de Toyota.

Le type de trajectoire de M. Katô peut être 2 ou 4 (crise au niveau du capital économique en raison de sa situation précaire, stabilité ou crise au niveau du capital socio-culturel liée à son problème de dépression). Mais chez lui, il faut relativiser sa situation individuelle, car sa situation économique peut être stable grâce au travail de son épouse et au fait qu'il habite toujours avec ses parents. Puis, il n'a pas l'intention de répondre à son besoin économique par ses activités agricoles (il cherche un travail ailleurs). Le type de trajectoire de M. Naruse peut être 1, et l'autoconsommation et le plaisir peuvent être considérés comme l'accumulation ou la jouissance du bien-être assuré par sa situation stable au niveau des capitaux économique et socio-culturel.

Dans le groupe 3 situé au coeur du triangle du schéma, nous avons Mme. Konno, Mme. Katô et Mme. Mizutani. Elle ont comme motivation commune de combiner, de manière équilibrée, leurs exigences sur la qualité de vie individuelle, le lien familial et la production matérielle avec un but lucratif. Si Mme. Konno est la seule jeune (35ans) parmi ces trois femmes et leurs trajectoires sont différentes, elles ont toutes les trois mis l'accent sur l'importance de leurs rôles familiaux : mère et épouse. Si Mme. Konno insiste sur la compatibilité de ces deux rôles et son propre « territoire » individuel, les deux autres se préoccupent fortement d'un problème commun: les difficultés d'insertion de leurs fils qui ont la trentaine, et n'ont pas d'activités publiques.

Nous avons considéré leurs types de trajectoire comme 2 en raison de leur situation stable au niveau du capital économique mais en crise au niveau du capital socio-culturel (territoire individuel dans la sphère

familiale chez Mme. Konno, précarité des fils de Mme Katô et Mme. Mizutani). C'est pourquoi leurs activités agricoles peuvent avoir un sens constructif au niveau du capital socio-culturel.

Dans le groupe 4 situé entre les deux pôles Lien social et territorial, et Production matérielle (lucrative), nous avons M. Itô, M. Suzuki et M. Isomura. Ils ont comme motivation commune la combinaison des aspects sociaux et économiques. La motivation est commune entre M. Itô et M. Suzuki : contribution sociale au travers d'activités de la production fruitière, au monde agricole notamment celui de l'arboriculture. Et M. Isomura, salarié retraité et gendre d'une famille agricole locale, s'attache, comme les enquêtés du groupe 1, au maintien de biens agricoles familiaux. Il a pour but la vente de ses produits et s'intéresse à divers domaines concernés comme l'éducation alimentaire, la préservation de l'environnement etc. Leurs trajectoires sont toutes différentes : M. Itô : originaire de la Ville voisine de Toyota - salarié Automobile Toyota - petit entrepreneur - chômeur (?) ; M. Suzuki : originaire d'un foyer agricole du département Shizuoka - salarié Automobile Toyota - semi-retraite ; M. Isomura : originaire d'un village moyenne montagne ayant fusionné avec la Ville de Toyota - fonctionnaire de la Ville - préretraite.

Nous avons considéré les types de trajectoire de ces trois hommes comme 1 (sauf celui de M. Suzuki peut-être 1 ou 2 en raison du fait qu'il est veuf et habite seul avec sa belle-mère âgée). Les motivations de M. Suzuki et M. Itô sont orientées vers la contribution sociale basée sur leur situation stable au niveau des capitaux économique et socio-culturel. Mais nous ne pouvons jamais ignorer que le côté constructif peut toujours avoir une importance dans leur action, vu que l'incertitude est présente dans leurs situations (passage de la semi-retraite à la retraite chez M. Suzuki, travail et revenu apparemment instables chez M. Itô)

Dans le groupe 5 situé entre les deux pôles Qualité de vie (individuelle) et Production matérielle (lucrative), nous avons Mme. Kawamura. Elle a comme motivation à la fois la passion pour la culture maraîchère et le but de gagner « de l'argent de poche de tous les jours ». En effet, elle était fleuriste et a un fort attachement pour les plantes. Puis, elle est dans une situation précaire depuis l'âge de 50 ans où elle a dû fermé son propre magasin de fleurs suite à son divorce. Elle a maintenant 55 ans, et est à la charge de sa fille. Les activités agricoles constituent une de ses occupations personnelles importantes, qui peuvent lui permettre de répondre à sa situation de crise au niveau des capitaux économique et socio-culturel (son type de trajectoire : 4).

Dans le groupe 6, le plus proche du pôle de la Production matérielle (lucrative), nous avons M. Kamihata et M. Nichizawa. Ils ont comme motivation commune l'obtention d'un revenu agricole de plus d'un million de yens. Mais leurs situations et trajectoires sont tout-à-fait différentes. M. Kamihata, 60ans, bientôt retraité et pensionné ; M. Nichizawa, 43ans, célibataire et chômeur depuis quatre ans. Si M. Kamihata essaie de réaliser une entreprise agricole familiale avec son épouse et son fils, tout en remobilisant ses expériences professsionnelles passées (agriculteur professionnel à Kagoshima, employé de supermarché), M. Nichizawa veut devenir agriculteur prodessionnel individuel. C'est pourquoi il doit, en fait, dégager un revenu agricole dont le montant est beaucoup plus important qu'un million de yens : au moins deux millions et demi de yens757), ce qui constitue une grande contrainte en terme de l'investissement et du travail.

Le type de trajectoire de M. Kamihata peut-être 1 ou 2, car, alors qu'il a une condition socio-économique qui est stable, il est toujours en quête de son identité agricole et paysanne dans sa trajectoire turbulente. Par contre, nous avons considéré celui de M. Nichizawa comme 4 en raison de sa précarité économique et de sa situation du célibat prolongé (il a 43ans).

3 Changement d'idées, d'activités et de mode de vie

Groupe 1 : M. Shioya ; M. Shimizu ; M. Kobayashi ; M. Imai ; Mme. Tsuzuki

Le schéma (voir la page suivante) montre les mode de changements que les enquêtés ont connu pendant leur formation Nô-Life. Nous avons mis quatre types de flèches pour designer ces changements : changement ; intention ; hésitation ; contrainte, difficulté.

Bien que quatre personnes sur cinq (sauf M. Shioya) situées dans le groupe 1, n'aient pas radicalement

757 Environ 16 666 euros.

Schéma : Changement d'idée, d'activités et de mode de vie

: changement

: intention

: hésitation

: contrainte, difficulté

Les numéros 1- 4 sont les types des trajectoires.

Qualité de vie
(individuelle)

G.2

M. Shioya : 1

M. Katô : 2 / 4

M. Naruse : 1

Mme. Kawamura : 4

G.5

Mme. Konno : 2

M. Itô : 1

G.3

M. Suzuki : 1 / 2

Mme. Katô : 2

M. Nichizawa : 4

Mme. Mizutani : 2

Lien social et
territorial

M. Shimizu : 1

M. Kobayashi : 2 M. Imai : 2

M. Kamihata : 1 / 2

G.6

Production
matérielle
(lucrative)

Gi

M.Isomura : 1

G.4

Mme. Tsuzuki : 1

changé d'idées, nous constatons que chacun a connu des réactions de types différents.

M. Shimizu a toujours l'intention de vendre ses produits (kaki), mais constate fortement la difficulté pour cela en raison de la rentabilité extrèmement faible.

M. Kobayashi hésite d'un côté à développer sa vente face à la contrainte pour mener la production de type lucratif (normes de quantité, qualité, régularité pour la distribution), de l'autre, il trouve sa passion dans un nouveau loisir lié à sa production : soba (nouilles de sarrasin)

M. Imai et Mme. Tsuzuki ne constatent pas de changement dans leur vie depuis le début de la formation. Mais M. Imai, lui aussi, constate une contrainte vis-à-vis du pôle de la production matérielle dans le sens où la formation Nô-Life n'a pas satisfait sa demande de vouloir réduire l'utilisation de produits chimiques dans sa production.

M. Shioya a connu un changement radical d'idées : il a pris conscience que ses activités agricoles ne constituent qu'un de ses loisirs, mais pas plus. En effet, il a beaucoup d'autres loisirs qui ont la priorité sur l'agriculture.Il n'a pas l'intention de développer sa culture maraîchère par manque de temps.

Groupe 2 : M. Katô ; M. Naruse

Si les deux hommes situé dans le groupe 2 ne partagent pas un même type de trajectoire ni un même type de

changement d'idées au cours de la formation Nô-Life, tous les deux constatent des contraintes économiques pour mener une production lucrative.

M. Katô n'a pas connu un grand changement d'idées. S'il découvre davantage de valeur sentimentale dans l'agriculture (chaleur humaine, plaisir d'autoconsommation), ceci est lié au problème de dépression qu'il a connu en été 2006, qui l'a forcé à arrêter son travail dans une usine de mayonnaise.

M. Naruse hésite à décider quoi et comment vendre ses produits. Son souhait initial était de faire du riz avec 0.1 ha de rizière, mais à présent il hésite compte tenu de la faible rentabilité de la production rizicole et de la contrainte en terme de l'investissement notamment pour les machines. Du coup, il s'intéresse à produire et vendre des figues pour sa rentabilité. Mais il n'a pas pour autant l'intention d'entrer dans un groupement de producteurs à cause de la contrainte du marché qui s'impose à la production.

Groupe 3 : Mme. Konno ; Mme Katô ; Mme. Mizutani

Les trois femmes situées du groupe 3, constatent des contraintes pour la production de type lucratif. Mais leur intention de lier la vente à l'aspect social (familial) en tant que mère reste toujours un point commun parmi elles.

Si le souhait initial de Mme. Konno était de faire des pêches ou des figues pour les vendre, elle a décidé de développer d'abord sa culture maraîchère pour l'autoconsommation et ensuite la vente. Car la production de pêches ou de figues demande un investissement plus important. Si elle n'a pas changé d'idées en principe, elle a connu un « grand impact » en terme de son rythme de vie et de sa vie alimentaire basés sur le « cycle de la nature ». Elle garde sa grande motivation pour continuer ses activités agricoles avec sa famille.

Mme. Katô a du mal à décider si elle va suivre son objectif initial de produire des fraises en serre face à la grande contrainte économique en terme d'investissement (prêt agricole départemental, construction de serres, travail etc). Cette hésitation est également liée à son âge (60ans) et sa préoccupation concernant son fils qui est au chômage. En effet, elle n'est pas sûre que son fils voudra la rejoindre pour la production de fraises. Par contre, elle met l'accent sur le fait que ses activités agricoles ont amélioré sa relation avec son mari.

Puis, Mme. Mizutani constate également la contrainte pour la production rizicole en terme de l'utilisation de produits chimiques. Mais elle a l'intention de s'investir tant au niveau du travail, qu'au niveau financier pour développer une production agricole familiale et diversifiée,. Mais tout comme le cas de Mme Katô, son fils qui est au chômage n'a pas l'air d'être intéressé par ses activités agricoles.

Groupe 4 : M. Itô ; M. Suzuki ; M. Isomura

Les trois hommes situés dans le groupe 4 cherchent chacun à sa manière leur implication dans le monde agricole. Notamment M. Itô et M. Suzuki ont radicalement changé d'idées. Si ces deux enquêtés s'inscrivent dans la filière fruitière, chacun a son propre raisonnement.

M. Itô s'intéressait au début à produire des figues, tout en ayant l'intention de chercher des possibilités de s'impliquer dans le monde agricole afin de contribuer à un nouveau type de développement agricole et rural. Puis, dans la formation Nô-Life de la filière fruitière qui s'est déroulée dans la zone de production de la poire et de la pêche de Sanage, il a trouvé qu'il y a de sérieux problèmes dans ce monde, liés au vieillissement de la population agricole, au manque de porteurs etc. Par ailleurs, il trouvait également la difficulté d'apprendre les techniques agricoles dans ce domaine par la seule formation Nô-Life, car la production de la pêche et de la poire nécessite un investissement important et une expérience professionnelle plus longue. C'est ainsi qu'il a eu l'idée de monter une association de stagiaires de Nô-Life dans le but de non seulement organiser une aide pour les travaux agricoles, mais également de s'entraider entre stagiaires de Nô-Life, y compris les stagiaires des autres filières. Ceci en considérant qu'il est bien placé pour jouer le rôle d'organisateur en raison de son âge plus jeune que les autres (43ans).

M. Suzuki voulait au début « faire quelque chose » pour faire face au risque du délabrement de la zone de production de la poire et de la pêche de Sanage. Mais après un an et demi d'expérience de la formation de la

filière fruitière, il est fortement déçu de cette formation. C'est pourquoi il met en cause un manque de perspectives de la part du Centre Nô-Life pour l'organisation de cette filière. En effet, comme nous l'avons vu dans la partie de l'acteur 7 (Monsieur N du GASATA) du Chapitre 2, la plupart des stagiaires (y compris ceux des années 2004-2006) de cette filière ont du mal à se lancer dans la production de la pêche ou de la poire après leur formation, en raison des contraintes économiques très élevées (investissement, travail, technique) par rapport à leur âge. M. Suzuki est ainsi confronté au dilemme de ne pas pouvoir se lancer dans ce domaine, ni en tant que producteur, ni en tant qu'aide aux travaux agricoles. Ceci alors qu'il était l'un des stagiaires qui s'engageait le plus fortement dans les activités de la formation. C'est pourquoi il rejoint M. Itô pour élaborer l'idée de monter une association de stagiaires pour chercher d'autres moyens alternatifs de développer ses activités ultérieures et celles des stagiaires de Nô-Life. Et ceci avec une remise en cause du fondement du Projet Nô-Life qui relève de la combinaison d'Ikigai des personnes âgées et de la prévention des friches agricoles. Il trouve que l'approche actuelle du Centre Nô-Life est insuffisante pour réaliser cet objectif. A cet effet, il a déjà donné son avis au Centre Nô-Life en disant que, si la Ville a vraiment l'intention de préserver les terrains agricoles en s'appuyant sur la main-d'oeuvre de nouveaux salariés retraités, il vaudrait mieux qu'elle loue directement ces terrains agricoles à son initiative, et y embaucher les retraités...

M. Isomura ne change pas radicalement d'idées à l'inverse de ces deux derniers, en s'inscrivant à la filière maraîchère. A la différence des autres stagiaires originaires d'un foyer agricole local, il s'intéresse à la fois à la vente de ses produits, à l'aspect social de la production agricole comme l'éducation alimentaire et au changement de son rythme de vie qui implique un changement radical par rapport à la vie salariale. Et il pense que le système du Projet Nô-Life ne se diffusera pas facilement par l'entremise du Centre Nô-Life, face à l'attitude égoïste de propriétaires fonciers. C'est pourquoi il rejoint en partie l'idée de M. Suzuki que la Ville doit prendre plus d'initiative pour préserver les terrains agricoles.

Groupe 5 : Mme. Kawamura

Quant au groupe 5, Mme. Kawamura voulait, au début, produire des figues pour les vendre, mais elle est en train de changer son idée, face à la contrainte technique pour l'entretien des figues (maladie, traitement). C'est pourquoi elle envisage de cultiver les aubergines pour gagner « de l'argent de poche de tous les jours ». Sinon, étant une des rares pratiquant la méthode de l'agriculture biologique dans le stage individuel de la formation Nô-Life, elle distingue fortement la méthode enseignée dans la formation Nô-Life qui est conventionnelle et la sienne qui est de type écologique.

Groupe 6 : M. Nichizawa ; M. Kamihata

Même si les deux hommes situés dans le groupe 6 ne changent pas leur objectif initial de mener une production lucrative pour un revenu agricole de plus d'un million de yens, ils présentent chacun une approche contrastant avec l'autre, en ayant deux trajectoires totalement différentes.

D'un côté, l'approche de M. Nichizawa (43 ans) est individuelle. Etant originaire d'un foyer non agricole de la Ville de Toyota, célibataire et actuellement au chômage, il a pour but de devenir agriculteur professionnel après la formation Nô-Life. Il envisage une production de fraises en serre en raison de sa haute rentabilité. Cependant, la contrainte économique (investissement avec le prêt agricole départemental, travail) constitue déjà un souci pour lui. Malgré cela, il s'appuie sur sa passion pour l'agriculture et mener les activités agricoles pour toute sa vie.

De l'autre côté, l'approche de M. Kamihata est familiale et entrepreneuriale. Etant ex-agriculteur professionnel de Kagoshima et salarié en semi-retraite, essaie de créer une entreprise agricole familiale après la formation Nô-Life. Il envisage une « agriculture réflexive (kangaeru nôgyô) » (d'après son expression) qui consiste à trouver des créneaux avec des produits qui ne se trouvent pas ailleurs (saisons décalées, mais de bonne qualité), afin de ne pas subir la baisse des prix due à la surproduction. C'est pourquoi il n'envisage pas la monoculture de fraises comme M. Nichizawa, même si elle est fortement recommandée par le Centre Nô-Life et

la CAT (Coopérative agricole de Toyota). Constat commun : contraintes économiques

D'un côté, nous constatons que chacun a sa manière de réagir dans la situation de leur formation Nô-Life en relation avec les trois pôles du processus de l'agriculture de type Ikigai, de l'autre côté, nous trouvons un point commun fort parmi les stagiaires : contrainte fortement ressentie vis-à-vis du pôle de la production matérielle.

Ce point implique diverses formes d'attitudes négatives : hésitation entre le maintien de bien familiaux, l'autoconsommation et la vente ; attitude distanciée ou indifférente ; souci sur la faisabilité ; dilemme entre l'engagement et la déception vis-à-vis de la réalité ; critiques sur le fondement du Projet ; tentative de démarches alternatives avec une initiative associative etc.

D'autant que cette tendance est commune à la plupart des stagiaires, nous pouvons supposer qu'elle n'est pas seulement liée aux trajectoires et motivations initiales de chaque stagiaire qui sont très différentes de l'un à l'autre. Quel facteur constitue cette situation ? Nous pouvons attribuer cette tendance à des facteurs extérieurs à la vie des stagiaires en rapport avec le pôle de la production matérielle. Dans ce cas, nous devrons prendre en considération l'interaction entre les comportements des stagiaires et le principe de la formation Nô-Life elle-même derrière lequel les agents concernés qui s'imposent dans ce pôle, ou d'autres circonstances extérieures.

Nous verrons plus bas que cette tendance s'exprimera plus clairement par les points de vue plus ou moins manifestes de la majorité des stagiaires, qui détermineront leurs prises de position vis-à-vis de la vision officielle de l'agriculture de type Ikigai notamment avec l'objectif d'un million de yens de revenu agricole annuel.

4 Prise de position vis-à-vis de l'agriculture de type Ikigai

Pour ce schéma, nous avons essayé de déterminer la position des enquêtés en rapport avec leurs positions occupées dans les deux derniers schémas, ainsi que les réponses obtenues pour la question d. sur la vision de l'« agriculture de type Ikigai » telle qu'elle est proposée par le Centre Nô-Life : combinaison d'Ikigai des personnes âgées et l'agriculture avec l'objectif d'un million de yens de revenu agricole.

Le résultat, c'est que la plupart des enquêtés (sauf M. Nichizawa et M. Kamihata qui poursuivent cet objectif) ont finalement pris leurs distances avec le pôle de la production matérielle à but lucratif en répondant « impossible » ou « trop contraignant » sur l'objectif d'un million de yens de revenu agricole.

Sinon, sur l'idée de considérer l'agriculture comme Ikigai, la plupart des enquêtés ont donné chacun une réponse positive à leur manière. Puis, nous avons réuni dans le « Groupe distancié » quatre personnes qui ne considèrent pas forcément l'agriculture comme leur Ikigai, ou mettant fortement en doute cette idée. Il s'agit de M. Shioya, M. Suzuki, Mme. Tsuzuki et M. Imai.

Groupe distancié

Pourquoi ces quatre personnes se sont retrouvées en dehors du cercle de l'agriculture de type Ikigai au travers de la formation Nô-Life ? Sont-ils totalement désintéressés par le Projet Nô-Life ? Quels sont finalement les facteurs de ce décalage entre la vision officielle de l'agriculture de type Ikigai et leurs visions personnelles ? Ces facteurs sont-ils extérieurs et généraux liés au Projet Nô-Life ou intérieurs et particuliers aux contextes individuels de ces enquêtés ?

Parmi ces quatre enquêtés, à part M. Suzuki, trois enquêtés sont originaires d'un foyer agricole local qui avaient, au départ, comme motivation le maintien de leurs biens agricoles familiaux. Mais leurs raisonnements sont variés en rapport avec leur trajectoire, leur ancrage social et leur construction de la vie.

Schéma : prises de position visà-vis de l'agriculture de type Ikigai

: Position claire

Les numéros 1- 4 sont les types des trajectoires.

: Indifférent, relativiste, interrogation

Mme. Tsuzuki : 1

Groupe distancié

M. Imai : 2

Lien social et
territorial

M. Suzuki : 1 / 2

M. Shioya : 1

M. Shimizu : 1

M. Itô : 1

M. Kobayashi : 2

M.Isomura : 1

Mme. Katô : 2

Mme. Mizutani : 2

Qualité de vie (individuelle)

M. Katô : 2 / 4

Mme. Konno : 2

M. Kamihata : 1 / 2

M. Naruse : 1

Mme. Kawamura : 4

Groupe neutre

M. Nichizawa : 4

Groupe productiviste

Production
matérielle
(lucrative)

M. Shioya reconnaît « ne pas faire partie des gens de ce type » (agriculteurs de type Ikigai) promu par le Centre Nô-Life, dans le sens où il n'a pas l'intention de mener ses activités agricoles dans le but de dégager un million de yens de revenu agricole. Il considère ses activités agricoles comme un « loisir » tout en mettant l'accent sur le fait qu'il prend plaisir à aller tous les jours aux champs s'occuper de légumes, ce qui constitue son nouveau « rythme de vie » après la retraite. Puis, il met en doute notamment l'idée du Projet Nô-Life de faire s'investir les salariés retraités dans les activités agricoles avec un but lucratif. Pour lui, ce n'est pas une idée raisonnable tant que « cela ne paiera pas ».

D'une part, sa réflexion vis-à-vis de l'investissement économique dans les activités agricoles est liée à sa trajectoire : il a déjà arrêté sa production rizicole il y a 20 ans en raison de la politique de la réduction de la surface agricole ayant donné des subsides pour la mise en jachère des rizières. Il a ainsi mis en jachère ses 0.3ha de rizières. Depuis cela, il n'a plus jamais cultivé du riz. Il souligne que la production rizicole à petite échelle n'est pas rentable par rapport à l'investissement nécessaire pour les plantes, les machines, les engrais etc. Maintenant, il a seulement un tracteur datant de plus de trente ans pour labourer seulement les terrains pour les « gérer ».

D'autre part, son raisonnement se base sur le fait qu'il a construit un style de vie qui est très riche en terme de loisirs : voyage à l'étranger dans des milieux de type « non exploré » (ex. le profond de montagnes en Chine, la Patagonie en Argentine, voir l'aurore etc. ; nombreuses activités d'apprentissage : Shamisen, Minyô (chant populaire japonais), Kîkô et la conversation en anglais etc. Devant ces loisirs, l'agriculture n'a pas la priorité. Et

il « n'[a] pas de temps » de se consacrer à cela. D'ailleurs, ce qui constitue Ikigai pour lui est « faire ce que l'on aime ».

Mme. Tsuzuki montre une attitude indifférente vis-à-vis de l'idée de considérer l'agriculture comme Ikigai. Elle n'est pas venue suivre la formation Nô-Life pour cela, mais c'était parce que « par hasard », « il y avait des rizières et des champs » chez elle.

Pourtant, cela ne veut pas dire qu'elle est indifférente à l'égard du Projet Nô-Life par sa propre volonté. Cette attitude est d'abord liée à son ancrage familial. Chez elle, il y a 0.65ha de rizières, 0.2ha de champs secs. Et c'est sa belle-mère qui s'occupe encore de la plupart des cultures principales. Donc, Mme. Tsuzuki, qui est d'abord femme au foyer dans sa famille, n'a pas encore la responsabilité de s'occuper des cultures. Si bien qu'elle vient aider sa belle-mère avec son mari qui est salarié, uniquement pour les périodes chargées comme la plantation et la récolte du riz. C'est pourquoi elle n'avait jamais cultivé des légumes avant la formation Nô-Life.

Puis, comme elle habite à six avec ses beaux-parents, son mari, ses deux enfants lycéens, elle doit remplir beaucoup de tâches en tant que mère (repas scolaires des enfants) et femme au foyer (repas de la famille, ménage etc). En plus de cela, elle a beaucoup d'autres occupations personnelles et sociales qui dépassent largement le niveau domestique : tennis comme loisir et plusieurs activités bénévoles : membre de l'association des parents des élèves ; membre d'une commission de la santé des parents-enfants au lycée ; chargée de la communication dans une coopérative de consommation etc.

Cependant, elle suggère que, plus sa belle-mère sera âgée, plus elle aura de « choses à faire ». De ce fait, nous pouvons dire que, comme elle n'a que 48ans, il est encore trop tôt pour qu'elle puisse consacrer beaucoup de temps aux activités agricoles familiales. De ce point de vue-là, son acte de participer à la formation Nô-Life peut être considéré plutôt comme positif car c'est une anticipation de sa future occupation familiale.

Pour M. Imai, l'agriculture n'est pas Ikigai, mais une obligation familiale à l'égard de biens agricoles familiaux.

Ceci est lié à la circonstance défavorable de son foyer agricole. D'abord, il a été obligé de reprendre les travaux agricoles de sa famille suite à la perte de son père (il y a cinq ans) et son beau-frère (il y a un an). Et ceci alors qu'il a pris sa préretraite à la poste il y a trois ans (à l'âge de 54ans). En plus, l'échelle des terrains agricoles de sa famille est petite depuis la génération de son père qui était pour cela déjà pluriactif dans sa jeunesse. Maintenant, il cultive du riz sur 0.2ha de terrains et des légumes seulement sur 0.03-0.04ha. M. Imai n'arrive pas encore à cultiver tous ses terrains et laisse 0.05ha en jachère, ou en friches qui sont « pleines de mauvaises herbes (kusa bôbô) ».

C'était dans une telle circonstance qu'au début, il avait trouvé une sympathie pour le slogan de « former les porteurs de l'agriculture » du Projet Nô-Life. Mais, au cours de la formation Nô-Life, il s'est vite rendu compte qu'il n'était pas le type d'agriculteurs que le Projet voulait former. Pourquoi finalement est-il arrivé à cette réflexion ?

En effet, il n'a pas vraiment l'intention de vendre ses produits (sauf du riz), parce que cela nécessite plus de temps et de techniques. Pour lui, dégager plus d'un million de yens de revenu agricole imposera trop de contraintes.

Pourtant, cela ne veut pas dire qu'il n'a pas de motivation pour produire : la preuve est que cela fait plus de dix ans qu'il est abonné à une revue agricole intitulée l' « agriculture contemporaine (gendai nôgyô)758 », et qu'il les « lisai[t] toutes » auparavant, lorsqu'il ne consacrait pas beaucoup de temps à s'occuper des terrains de la famille comme ces dernières années. Ceci était afin de connaître les moyens les plus économes d'entretenir ses cultures à petite échelle.

Mais la méthode que la formation Nô-Life lui a enseignée est celle de l'agriculture conventionnelle qui demande une utilisation standardisée de produits chimiques. Et c'est à ce niveau-là que M. Imai ressent un décalage avec le Projet Nô-Life.

Autrement, s'il n'arrive pas à développer plus ses activités agricoles, c'est parce qu'il travaille tout seul en ce moment, alors que sa femme continue à travailler de son côté. Ce qui peut physiquement et psychologiquement constituer un poids pour M. Imai. C'est pourquoi il suggère que, quand elle prendra sa retraite, ils pourront

758 Revue mensuelle japonaise publiée par Nôbunkyô depuis les années 1940 (après la fin de la deuxième guerre mondiale).

peut-être travailler la terre ensemble et s'y investir plus... D'ailleurs, il a souligné qu'il était encouragé par le fait que le même type de personnes que lui se réunissent dans le Projet Nô-Life. Cela montre qu'il a une motivation potentiellement importante pour développer ses activités agricoles plus tard.

M. Suzuki est, comme nous l'avons vu dans le schéma du changement d'idées, fortement déçu par la formation Nô-Life dans la filière de l'arboriculture. Il n'arrive plus à « croire à l'idée du maire » qui a lancé le Projet Nô-Life. Il est confronté au dilemme entre la contrainte économique trop grande pour s'investir dans l'arboriculture et son engagement fort pour le monde agricole. Ce dilemme est pour lui douloureux, d'autant plus qu'il était un des stagiaires les plus engagés dans les activités de la filière de l'arboriculture, alors que beaucoup de stagiaires de cette filière se sont désintéressés de leur stage dans les vergers, en s'intéressant à d'autres cultures comme les figues ou cultiver des légumes. (cas de Mme. Konno et Mme Kawamura)

Sinon, il considère Ikigai dans le sens de la construction d'un autre type de vie que la vie salariale. D'ailleurs, il rêvait de mener une vie basée sur l'autoproduction et l'autoconsommation dans la montagne depuis l'âge de 50ans (il est originaire d'un foyer agricole de Shizuoka).

Sa volonté de monter une association de stagiaires avec M. Itô est révélatrice de son engagement pour le monde agricole. Et cet acte montre également qu'il trouve des problèmes dans le Projet Nô-Life et essaie de chercher des solutions à sa propre initiative.

Pour M. Shioya, M. Imai et M. Suzuki, leur éloignement du monde de l'agriculture de type Ikigai semble être lié à l'orientation de la formation Nô-Life formulée par l'objectif d'un million de yens de revenu agricole. Certes, chacun perçoit toujours les choses à sa manière dans son ancrage particulier. Mais la contradiction, semble moins se trouver dans l'histoire ou la convenance personnelles de chacun, que dans le fait même que ces trois hommes correspondants le plus au type de personnes visé par le Projet Nô-Life (jeunes salariés retraités), n'ont pas été convaincus par l'orientation de la formation Nô-Life.

Ceci nous semble vrai d'autant plus qu'ils continuent chacun à leur manière à s'intéresser aux activités agricoles. Et M. Imai et Mme. Tsuzuki, eux aussi, pourront être plus dynamiques en terme des activités agricoles en fonction de changements ultérieurs de leur situation familiale (retraite de l'épouse pour M. Imai, vieillissement de la belle-mère pour Mme. Tsuzuki).

Groupe neutre

Ensuite, parmi les enquêtés situés dans le cercle de l'agriculture de type Ikigai, nous avons encerclé dans le « Groupe neutre » dix personnes considérant l'agriculture comme Ikigai, mais conservant une distance avec l'orientation productiviste du Projet Nô-Life traduite par l'objectif d'un million de yens de revenu agricole.

Un bon nombre parmi eux ont exprimé un doute manifeste sur l'objectif d'un million de yens de revenu agricole (M. Shimizu, M. Isomura, Mme. Katô, Mme. Konno, Mme Mizutani, Mme Kawamura) ou sur la méthode enseignée par la formation qui est trop productiviste et pas très économe (M. Itô, M. Kobayashi, M. Naruse et M. Katô). Parmi eux, Mme Kawamura, M. Naruse et M. Katô ont surtout l'intention de mener une production de type plus écologique.

Ce qui caractérise ce groupe est qu'ils ont l'intention de garder un rapport économique dans leur prise de position (sauf M. Itô qui n'a plus l'intention de mener une production quelconque et M. Katô qui reconnaît devoir chercher un travail en dehors de ses activités agricoles pour vivre)

Parmi ces enquêtés nous pouvons remarquer que les personnes du type de trajectoire 2 (ou 2/4 ou 4) impliquant une situation de crise (insuffisance) au niveau du capital socio-culturel, ont tendance à prendre position plus proche du pôle de la production matérielle (Mme. Kawamura, Mme Katô, Mme Konno, Mme Mizutani, M. Kobayashi). C'est qu'ils ont l'intention d'établir le lien entre leur construction de capitaux socio-culturels et un certain niveau d'activités économiques. Nous allons voir les raisonnements de chacun au cas par cas.

Mme Kawamura, suite à son divorce et sa situation précaire depuis cinq ans, a besoin de construire à la fois de nouveaux capitaux économiques et socio-culturels. Mais son exigence économique n'est pas pour autant de gagner sa vie, mais de maintenir son autonomie relative à sa situation familiale (être chargée par sa fille). C'est

ainsi qu'elle a l'intention de gagner « de l'argent de poche de tous les jours ».

Puis, Mme. Katô qui a un capital économique suffisant pour elle-même, essaie de construire un capital économique pour répondre à une situation de crise de sa famille : fils au chômage et mauvaise relation conjugale. Mais elle est confrontée au risque trop élevé qu'implique un investissement économique à faire dans la production de fraises en serre. En fait, le prêt agricole départemental que le Centre Nô-Life propose aux stagiaires, est un système plutôt destiné aux agriculteurs professionnels qu'aux salariés retraités qui n'ont ni assez d'expériences pour cela, ni un objectif purement professionnel ou économique.

Mme. Konno est en quête d'un certain niveau de capital économique pour faire face à la crise au niveau du capital socio-culturel dans le sens où elle risquait de perdre l'équilibre entre les trois aspects personnels en tant qu'individu (« territoire de soi-même »), épouse et mère de trois enfants. C'est pour répondre à cette crise qu'elle a choisi de mener à son initiative une production agricole avec sa famille à long terme, pour s'assurer à la fois une économie domestique plus stable, une meilleure relation familiale (épouse et mère) et une occupation personnelle pour son autonomie individuelle. Et elle trouve qu'elle est bien placée pour mener cette activité en raison de son âge encore jeune (35ans).

Sa prise de position nous apparaît, en fait, bouleversante par rapport à la position officielle du Centre Nô-Life qui vise d'abord les salariés retraités majoritairement à dominante masculine dans son approche de l'agriculture de type Ikigai. En effet, elle s'affirme comme une seule personne placée dans une position idéale par rapport aux trois pôles de l'agriculture de type Ikigai, alorsqu'elle constitue un type de stagiaire de Nô-Life tout-à-fait imprévu par les agents gestionnaires du Projet Nô-Life ! (jeune femme, originaire d'un foyer non agricole, sans aucune expérience agricole)

Mme. Mizutani, confrontée à une situation précaire de son fils comme Mme. Katô, essaie de construire un capital économique avec de nouvelles activités agricoles avec sa famille. Mais elle se retrouve dans sa situation personnelle avec une série de conditions incertaines (motivation incertaine de son fils, financement, difficulté pour réaliser la rentabilité etc)

M. Kobayashi a connu deux pertes successives de membres de sa famille en 2003 (décès de l'épouse suite au cancer du poumon, celui des parents suite à un incendie). C'est pourquoi il a pris sa préretraite à la même année, et a hérité des biens agricoles de sa famille. Dans le but de maintenir et transmettre les biens agricoles familiaux qui étaient auparavant entretenus par ses parents, il participa à la formation Nô-Life depuis 2005. Et il affirme finalement que cet objectif du maintien et de la transmission est son Ikigai.

Il est potentiellement motivé pour développer ses cultures sur 1 .2ha de rizières et de champs secs qu'il a hérité de ses parents, même s'il n'arrive pas encore à tous les cultiver tous en raison de sa compétence encore insuffisante. S'il hésite encore à exercer la vente de ses produits en raison de contraintes du marché qui seront imposées à la production, il a quand même l'intention d'entrer dans un groupement de producteurs dans deux ou trois ans, quand sa compétence sera plus grande.

En même temps, il trouve la méthode enseignée par la formation Nô-Life trop coûteuse en terme de l'utilisation de machines et de produits chimiques, et surtout non adaptée aux besoins réels des stagiaires. Il pense qu'il vaut mieux que le Centre Nô-Life enseigne également des méthodes sans traitement chimique.

Sinon, pour le reste de personnes du Groupe neutre ayant le type de trajectoire 1(sauf M. Katô), chacun a son engagement à sa manière dans la vision de l'agriculture de type Ikigai, même si dans une situation relativement stable au niveau des capitaux économique et socio-culturel.

M. Katô reste relativiste vis-à-vis de l'objectif d'un million de yens de revenu agricole. Cette attitude n'est pas simplement due au fait qu'il s'intéresse uniquement à l'autoconsommation. Mais elle est liée au fait qu'il est dans une situation de crise au niveau des capitaux économique et socio-économique (chômeur, dépression) : Comme il sait qu'il faut maintenant avoir un autre travail en dehors des activités agricoles pour pouvoir vivre économiquement, il n'a pas l'intention de se consacrer davantage à ses activités agricoles. Puis, comme il a encore un fils allant au collège avec lequel il faut passer du temps dans sa famille, il envisage de s'investir davantage dans ses activités agricoles après que son fils aura grandi.

M. Naruse porte un intérêt à long terme concernant ses activités agricoles comme une occupation principale

après sa retraite. Sinon, il hésite entre l'autoconsommation et la vente en raison de contraintes liées au marché.

M. Itô, 43 ans, porte également un intérêt à long terme pour l'agriculture en pensant au problème qu'il rencontrera dans 10-1 5ans : celui d'Ikigai. Il montre une motivation identitaire et sociale pour son implication dans le monde agricole à travers l'idée de monter une association de stagiaires dont il discute avec M. Suzuki. Son acte est comme le cas de M. Suzuki, révélateur de son engagement qui pourrait être porteur de perspectives à l'initiative de stagiaires eux-mêmes, c'est-à-dire non à l'initiative d' « en haut » émanant d'agents institutionnels, pour l'avenir du Projet Nô-Life.

M. Shimizu est très critique vis-à-vis de l'objectif d'un million de yens de revenu agricole. Pour lui, c'est un objectif qu'il ne faut pas annoncer aux stagiaires, car il est absolument impossible à réaliser. Ce sentiment contestataire se base sur ses expériences de la vente de Kaki ainsi que celles du passé liées à son foyer agricole qui n'a pas pu continuer sa production agricole depuis une quarantaine d'années.

Son intérêt pour la participation à la formation Nô-Life porte aussi sur le long terme : il pense à son futur successeur auquel il pourra confier la gestion de ses terrains agricoles. Il considère ses activités agricoles comme quelque chose de différent d'un simple loisir mais indéfinissable.

Pour M. Isomura, la question d'Ikigai est également une préoccupation importante. Il a rapidement opéré un changement radical de son mode de vie : celui de type salarial à celui de type « paysan » qui implique un mode d'utilisation du temps complètement différent. D'après lui, c'est ce que beaucoup de salariés retraités n'arrivent pas à réaliser en général, à cause de leur tendance d'être dépendant de l'entreprise, dite l' « homme de l'entreprise (kaisha ningen) ».

S'il a une position plutôt équilibrée vis-à-vis des trois pôles de l'agriculture de type Ikigai, mais il pense néanmoins que trop de contraintes imposées à la production par le marché risquent d'empêcher beaucoup de stagiaires de Nô-Life de continuer leurs activités agricoles.

Groupe productiviste

Concernant deux hommes de ce groupe, loin de se mettre à la simple recherche de la rentabilité, l'un essaie de construire sa vie économique et sociale dans une situation de crise, l'autre essaie de construire après sa retraite une vie fortement liée à son identité agricole et paysanne du passé, qui n'a jamais été oubliée dans sa trajectoire, tout en mobilisant ses expériences passées et sa relation sociale.

M. Nichizawa poursuit toujours son objectif professionnel dans la formation Nô-Life, tout en s'appuyant sur sa passion, son intérêt à long terme (« jusqu'à la mort »). C'est également une urgence par rapport à ses crises au niveau des capitaux économique et socio-culturel : il est célibataire et chômeur à l'âge de 43 ans.

Pourtant, les contraintes lourdes pour l'investissement dans la production de fraises en serre, constituent un grand souci pour lui.

M. Kamihata poursuit, de manière persistante, son objectif économique (plus d'un million de yens de revenu agricole). Ceci malgré sa situation relativement stable en terme économique et socio-culturel. Sa tentative d'une nouvelle installation agricole avec la formation Nô-Life semble être, en quelque sorte, une quête identitaire liée à ses expériences passées en tant qu'agriculteur.

Au travers de sa nouvelle installation agricole, il a l'intention de contribuer au développement local et rural notamment dans une zone de moyenne montagne. Il veut notamment avoir le lien avec la population locale surtout des rapports de coopération avec les gens de sa génération : baby-boomers qui avaient quitté leur terre pour travailler dans le secteur automobile, et qui vont prendre leur retraite comme M. Kamihata.

Par ailleurs, la mobilisation et la compréhention de sa famille sont indispensables pour lui. Il travaille par ses activités agricoles avec son épouse, son fils et d'autres personnes de sa famille (ex. famille de sa soeur). Avec ses activités agricoles, il a également l'intention d'éviter d'être dépendant de ses enfants lorsqu'il sera âgé. Au contraire, avec sa tentative d'une entreprise agricole familiale, il souhaite pouvoir laisser à ses enfants un « chemin » pour leur avenir. Donc, son engagement s'inscrit également dans le contexte social du vieillissement.

Poids lourd de l'orientation productiviste du Projet Nô-Life

Dans notre analyse des prises de position des stagiaires enquêtés vis-à-vis de la vision de l'agriculture de type Ikigai proposée par le Centre Nô-Life, nous avons constaté une influence lourde de l'orientation productiviste de la formation Nô-Life imposée sur les raisonnements des enquêtés.

En effet, l'objectif d'un million de yens de revenu agricole et la formation Nô-Life orientée par cet objectif constituant les facteurs généraux et extérieurs aux contextes individuels des enquêtés, font obstacle à leur accès au pôle de la production matérielle à but lucratif dans leur prise de position. Car cet objectif paraît trop productiviste, contraignant voire irréaliste pour beaucoup de stagiaires. Ce qui provoqua comme résultat leur éloignement général du pôle de la production matérielle à but lucratif.

En plus, cette situation n'est pas seulement due au fait que le niveau économique de l'objectif du Projet Nô-Life est trop haut, mais plutôt au fait que cette orientation productiviste ne donne pas la place aux autres espèces des capitaux dont les stagiaires ont besoin, liées à leurs propres contextes économique et socio-culturel. Et ces contextes, impliquant soit une situation de crise, soit celle de stabilité à la suite de la trajectoire de chacun, donnent aux stagiaires leurs propres motivations qui font ainsi la diversité de leurs enjeux et représentations.

Dans notre analyse, on constate que l'agriculture de type Ikigai donne souvent un sens aux stagiaires, dans la mesure où elle est mise en relation avec leurs besoins du niveau socio-culturel. Et le pôle de la production matérielle à but lucratif peut également avoir un sens pour les stagiaires, mais à condition qu'il soit mis en relation avec ce type de besoins. Sinon, l'agriculture de type Ikigai risque de perdre sa propre valeur légitime au sein des représentations des stagiaires.

En fait, ce constat-là nous permet de dépasser l'interprétation générale que l'on donne souvent à l'agriculture de type Ikigai d'un seul point de vue économique, comme étant une activité économique qui dépasse le niveau de loisir, mais moins important que le niveau professionnel (ex. « agriculture qui permet de gagner de l'argent de poche »)

Il faut dire que notre constat peut être dans le cas rare chez des deux stagiaires du groupe productiviste. Leurs raisonnements particuliers ancrés dans leurs contextes économique et socio-culturel jouent fortement dans la détermination de leurs actions économiques.

Dans le cas de M. Nichizawa, il paraît logique qu'il poursuive du moins formellement un objectif purement économique, à la différence des autres stagiaires plus âgés, car il essaie de devenir agriculteur professionnel « pour gagner [sa] croûte » dans une situation de crise assez urgente qui nécessite une construction importante tant en terme de capital économique qu'en terme de capital socio-culturel. D'ailleurs, dans son cas, il lui faudrait dégager un revenu beaucoup plus élevé que le niveau donné par l'objectif du Projet Nô-Life pour réaliser son objectif professionnel. Dans ce cas, la formation Nô-Life sera même inadaptée à ce besoin, car sa production devra être celle de type plus industriel orienté vers le marché. C'est pour cela qu'il s'intéresse à la production de fraises en serre recommendé par le Centre Nô-Life et la CAT (Coopérative agricole de Toyota).

Dans le cas de M. Kamihata, il essaie de réaliser l'objectif donné par le Projet Nô-Life, par une approche familiale et quasi professionnelle. En effet, il n'a pas comme motivation dans sa tentative, à la différence des autres stagiaires, l'autoconsommation de ses produits, mais plutôt la reconstruction de son identité après sa retraite en tant qu'un agriculteur professionnel qui a connu à la fois une réussite et un échec dans les années 60 à Kagoshima. Et cette identité se distingue nettement de celle d'un agriculteur pluriactif ordinaire. C'est pour cela que sa prise de position est finalement éloignée des autres stagiaires originaires d'un foyer agricole local de la Ville de Toyota.

Ensuite, nous allons voir les réflexions données par les points de vue des stagiaires sur l'ensemble du Projet Nô-Life. Elles vont constituer une sorte de réponses finales au Projet Nô-Life qu'ils ont vécu.

5 Réflexion sur le devenir du Projet Nô -Life

D'abord, il faut relever une limite imposée pour l'analyse de cette partie. Les données analysées ici sont

beaucoup moins complètes que les données analysées dans les parties précédentes. Ceci est dû au fait qu'avec cette enquête par entretien, la possibilité laissée aux enquêtés de développer leurs réflexions était beaucoup plus limitée que dans l'enquête par questionnaire, notamment en raison du manque de temps et d'un rapport d'interaction enquêteur - enquêté qui s'impose dans les entretiens.

Pour dégager les éléments des réflexions menées par les enquêtés, nous avons repris les trois groupes identifiés dans notre analyse de la prise de position : groupe distancié ; groupe neutre ; groupe productiviste. Nous présenterons notre analyse en groupant les avis positifs et négatifs des enquêtés sur les trois thématiques abordées : Rapport du Projet au développement local ; Bilan des activités de la formation Nô-Life ; Avenir du Projet Nô-Life. Bien que nous ne trouvions pas toujours de relation forte entre ce groupement et les réflexions des enquêtés sur l'ensemble du Projet Nô-Life, la division des enquêtés en ces trois groupes nous permet de repérer certaines tendances de leurs réflexions.

La thématique sur le Rapport du Projet Nô-Life au développement local a recherché les avis des enquêtés sur l'impact extérieur des activités du Projet Nô-Life. Puis, la thématique sur le bilan des activités de la formation Nô-Life a recherché l' appréciation interne des activités du Projet Nô-Life par les enquêtés. Enfin, la thématique sur l'avenir du Projet Nô-Life, en demandant aux enquêtés s'il faut continuer le Projet à l'avenir, a recherché la légitimité et la valeur générale du Projet et les propres avis des enquêtés sur les problèmes qui résident dans l'orientation du Projet pour sa continuation future.

Rapport du Projet au développement local

Tableau : Avis des enquêtés sur le Rapport du Projet Nô-Life au développement local

 

Avis positif

Avis négatifs

Avis pragmatiques

Groupe
distancié

- Motiv. souvent plus forte chez la pop.

non agri. que chez la pop. agri.. Il
faudrait que le Projet se focalise + sur
les salariés retraités aisés (M. Imai)

- Attente faible de la pop.
loc. ou agri. (M. Shioya;
Mme. Tsuzuki; M. Imai)

 

Groupe
neutre

- Positif du pdv de l'identité agri. et rur.
de la Ville de Toyota (Mme. Kawamura,
M.Naruse, M. Shimizu)
- Positif du pdv de la communic. entre
hab. loc. (Mme. Katô)
- Positif du pdv de l'agricult. basée sur
la localité. Influence possib. sur
l'urbanisation (M. Kobayashi)
- Positif, j'espère (M. Katô)

- Sceptique du pdv fem. au
foyer encore insensibles à
ce sujet (Mme. Konno)
- Pourquoi le nbre. de
stagiaires n'est pas très
élevé par rap. taille de la
Ville ?(Mme Mizutani)
- Négatif car motiv. des
salariés retraités restera
incertaine (M. Naruse ; M.
Isomura)

- Cela pourra être positif avec

un réseau Nô-Life (M. Itô)
- Pour que cela puisse être

positif, il faudrait créer un

zonage spécial pour les
activités Nô-Life (M. Isomura)

Groupe
productiviste

- Pas d'avis

- Pas d'avis

 

(Liste d'abréviation. Motiv. : motivation ; pop. : population ; agri. agricole ; loc. : local ; pdv : point de vue ; rur. : rural ; communic. : communication ; hab. : habitant ; agricult. : agriculture ; possib. : possibilité ; fem. : femmes ; nbre. : nombre)

Dans le groupe distancié, les trois enquêtés originaires d'un foyer agricole local (M. Shioya, Mme. Tsuzuki, M. Imai) ont souligné que le Projet Nô-Life a peu de répercutions sur la population agricole, et qu'en réalité, il est plutôt rare de trouver des personnes qui continuent leurs activités agricoles parmi cette population dont la majorité est pluriactive. D'ailleurs, M. Imai trouve qu'aujourd'hui, la population non agricole est souvent plus motivée que la population agricole.

Dans le groupe neutre, les avis positifs et négatifs coexistent avec des points de vue variés.

Concernant les avis positifs, les trois points de vue suivants sont relevés par plusieurs personnes.

- Identité agricole et rurale de la Ville de Toyota (Mme. Kawamura, M. Naruse, M. Shimizu) - Communication entre habitants locaux (Mme. Katô)

- Rapport entre l'agriculture et la localité (M. Kobayashi)

Mme. Kawamura, M. Naruse et M. Shimizu ont parlé, chacun à sa manière, l'identité agricole et rurale de la Ville de Toyota comme caractéristique du Projet Nô-Life et quelque chose que le Projet Nô-Life essaie de mettre en avant. Pour Mme. Kawamura, la Ville de Toyota est un cadre idéal de la campagne où il y a la montagne, la moyenne montagne, la plaine et la Ville. Puis, M. Naruse considère la Ville de Toyota comme une ville rurale qui se distingue fortement des grandes villes comme Tôkyô où il a fait sa carrière professionnelle. Et pour M. Shimizu, les produits agricoles font, à côté des voitures de l'Automobile Toyota, également partie de l'identité de la Ville de Toyota.

Mme. Katô qui a connu une amélioration de sa relation conjugale via ses activités agricoles, souligne que le Projet Nô-Life pourra animer la communication entre habitants locaux de la Ville.

Pour M. Kobayashi, ayant hérité 1 .2ha de terrains agricoles de ses parents, l'agriculture est un moyen par excellence d'établir le lien social et territorial et de contribuer à sa localité.

Concernant les avis négatifs, l'incertitude des attentes vis-à-vis du Projet Nô-Life ainsi que de l'agriculture et de la ruralité, du côté des femmes au foyer et du côté des salariés a été relevée par Mme. Konno, M. Naruse et M. Isomura.

Pour Mme. Konno, envisager le rapport du Projet Nô-Life au développement local est difficile face au grand décalage existant entre le mode de vie réel de la population locale et les discours de plus en plus fréquents au niveaux politique et médiatique sur l'alimentation comme la consommation de produits de terroir ou la vente directe. Elle souligne, en se basant sur ce qu'elle constate au quotidien, les femmes au foyer ne sont pas assez sensibles, en réalité, à ce type de thématiques. Car elles vont plutôt au supermarché acheter des plats préparés pour économiser leur temps et leur travail de ménage. Et surtout dans les foyers où le père travaille comme ouvrier en deux fois huit dans le secteur automobile, il est rare que les pères se mettent à table avec leur familles en raison de leurs emplois du temps décalés. Cela ne permet pas à leurs épouses de préparer des repas de famille de manière élaborée.

M. Isomura, qui était fonctionnaire local dans la Ville de Toyota, souligne, que les salariés retraités n'arrivent pas changer facilement de mode de vie après leur retraite à cause de leur tendance à être dépendants de leur travail à l'entreprise. M. Naruse met en doute également l'attente réelle du côté des salariés retraités.

Puis, M.Itô et M. Isomura pensent chacun à une solution alternative. M. Itô pense qu'il faudrait créer un réseau d'acteurs pour que le Projet puisse se développer à long terme. C'est pourquoi il pense à organiser une association de stagiaires. M. Isomura pense que l'entremise assurée par le Centre Nô-Life ne sera pas suffisante pour réduire les friches agricoles. Il pense qu'il faut que la Ville loue directement les friches agricoles, et les gère en faisant appel au public pour leur participation à cette gestion. Sinon, le Centre Nô-Life sera confronté à des difficultés face à l'attitude égoïste des propriétaires.

Bilan des activités de la formation Nô-Life

Concernant les avis positifs sur le bilan des activités de la formation Nô-Life, la satisfaction sur l'apprentissage technique a été exprimée dans chacun des trois groupes.

Concernant les avis négatifs, les trois points suivants sont relevés par plusieurs enquêtés dans le groupe distancié et le groupe neutre.

- Manque d'enseignement sur l'entretien des cultures (M. Shioya, M. Isomura) - Méthode trop coûteuse (M. Imai, M. Kobayashi)

- Ambiguïté entre l'amateurisme et le professionnalisme (Mme. Katô, M. Nichizawa)

En effet, dans les cours pratiques de la formation Nô-Life, ce sont souvent les employés qui se chargent de l'entretien quotidien des cultures, alors que les stagiaires, au moment des cours se déroulant une fois par semaine, n'assistent que partiellement au déroulement des procédés agricoles (labour, semis, fumage, récolte etc.). C'est pourquoi les stagiaires ne peuvent pas connaître des techniques importantes pour l'entretien quotidien des cultures. Un bon nombre de stagiaires semblent partager cet avis.

Dans la formation Nô-Life, on n'enseigne principalement que les méthodes culturales conventionnelles avec l'utilisation, de manière spécialisée et standardisée, de machines agricoles, d'engrais chimiques, de pesticides et d'herbicides.

Mais cette méthode est adaptée plutôt à la production à grande échelle destinée à la distribution au marché, plutôt qu'à la production à petite échelle que les stagiaires Nô-Life sont censés exercer après la formation. Là, il y a donc un rapport certain à l'objectif d'un million de yens de revenu agricole. Et l'intérêt économique de la part de la Coopérative agricole est également présent sur ce point (vente de matériels agricoles)759.

Tableau : Avis des enquêtés sur le Bilan des activités de la formation Nô-Life

 

Avis positif

Avis négatifs

Autres

Groupe
distancié

- Bon apprent. tech.(Mme
Tsuzuki)

- Manque d'enseig. sur l'entretien

cultures(M. Shioya)

- Méthode trop conventionnelle,

compliquée et coûteuse (M. Imai)

 

Groupe
neutre

- Projet m'a donné des rêves à réaliser (Mme. Kawamura)

- Très satisfait de la format. Bon accueil et enseignement (Mme. Mizutani)

- Bon apprent. tech. (M.

Kobayashi, M. Naruse, M.
Shimizu)

- Camarades (M. Naruse)

- Apprent.connais. gén. (M. Itô)

- Enseignement inadapté à la

prod.profes., d'où l'ambiguïté entre l'amateurisme et le professionnalisme (Mme. Katô)

- Méthode trop coûteuse (M.

Kobayashi)

- Manque d'enseig. sur l'entretien

cultures (M. Isomura)

 

Groupe
productiviste

- Très satisfait de la format., avec bons accueil et personnels, j'en ai très bien profité (M. Kamihata)

- Quantité cours insuffisante (M.

Nichizawa)

Cela dépendra du résultat (si je vais devenir professionnel ou pas) (M. Nichizawa)

(Liste d'abréviation. Apprent. : apprentisage ; tech. : technique ; enseig. : enseignement ; format. : formation : connais. : connaissances : gén. : général ; prod. : production ; profes. : professionnels)

M. Imai, M. Kobayashi le soulignent parce qu'ils savent dans leurs expériences qu'une telle méthode est trop coûteuse et irréaliste pour beaucoup de foyers agricoles pluriactifs.

Mme. Katô se persuade que la formation Nô-Life n'est adaptée ni aux amateurs de l'agriculture, ni aux professionnels de l'agriculture. Elle avait l'intention de mener une production de fraises en serre après la formation, mais elle s'est rendue compte qu'il faudrait pour cela beaucoup plus d'investissements écoomiques qu'elle ne l'imaginait. D'après elle, deux ans de formation Nô-Life ne suffisent pas pour gérer une production à grande échelle.

C'est ainsi que M. Nichizawa trouve, lui aussi, que le nombre de cours de la formation est insuffisant pour devenir agriculteur professionnel.

759 Comme nous l'avons vu dans le Chaitre 3, ce point est même explicité dans le plan politique de la « Zone spéciale de la Création de Nô-Life » en terme des effets économiques de la politique de la Zone spéciale de la Création Nô-Life.

Avenir du Projet Nô-Life

Si la grande majorité des enquêtés justifient la nécessité de la continuation et la valeur générale du Projet, ils forment souvent un certain nombre de demandes pour sa continuation ultérieure. Ce qui montre qu'un grand nombre des stagiaires prennent conscience que le Projet est encore dans un stade de tâtonnement, et qu'ils ne sont pas totalement satisfaits de l'état actuel du Projet.

Tableau : Avis des enquêtés sur l'Avenir du Projet Nô-Life

Avis positif Avis négatifs

- Je justifie le Proj. avec optimisme (Mme Tsuzuki)

- Je justifie le Proj., mais demande d'ajouter un enseig. sur la
méth. de l'agricult. bio (M. Imai)

- Je justifie le Proj., mais demande d'avoir + de concertation entre les amateurs et les professionnels de l'agricult. (Mme. Kawamura)

- Je justifie le Proj., mais demande d'intensifier + la format. avec + de stagiaires. Retraités doivent commencer (activ. agri.) le plus tôt possible, car ils n'auront pas beaucoup de temps (au max 10 ans) (M. Mizutani)

- Je justifie le Proj., mais demande d'avoir + de choix de type de formation (M. Naruse)

- Je justifie le Projet (M. Katô)

- Je justifie le Proj., mais demande d'avoir un réseau de coopération (M. Itô)

- Je justifie le Proj., mais demande d'un élargissement du Centre Nô-Life à d'autres quartiers (M. Shimizu)

- Je justifie le Proj., mais demande de créer un rap. de confiance entre le Proj. Nô-Life et les propriétaires ruraux (M. Isomura)

Groupe
distancié

Groupe neutre

- Pessimiste sur la continuat. Proj. en raison de l'incertitude attentes citoyens(M. Shioya)

- Critique sur la vision du fond du Proj. Si on ne la change pas, il risque de décliner(M. Suzuki)

- Critique sur l'ambiguïté de la vision du Projet. Il faut la clarifier en concertant + les stagiaires (Mme. Katô)

Groupe - Pas d'avis - Pas d'avis

productiviste

(Liste d'abréviation. Proj. : projet ; méth. : méthode ; continuat. : continuation ; rap. : rapport)

Concernant les avis positifs, les demandes sont variées dans le groupe distancié et le groupe neutre.

M. Imai, à la recherche d'une méthode économe pour maintenir ses terrains agricoles familiaux, il demende un enseignement de l'agriculture biologique. Mme. Kawamura, elle aussi, pratiquante d'une méthode de la culture de type écologique, demande à avoir plus de communication entre les amateurs et les professionnels dans la formation Nô-Life, car elle trouve déséquilibrée la situation actuelle de la formation sur ce point. Mme. Mizutani, désireuse d'augmenter sa compétence pour développer à son initiative une production familiale, demande à intensifier plus le contenu de la formation Nô-Life. M. Naruse, également intéressé par la méthode de type écologique, demande à avoir plus de choix dans la formation. M. Shimizu, le plus âgé parmi les stagiaires de Nô-Life, fils d'agriculteur et salarié retraité, souhaite que le Projet Nô-Life se développe davantage en élargissant ses aires géographiques dans la Ville de Toyota. Il veut chercher parmi les stagiaires de Nô-Life le futur successeur à la gestion de ses terains agricoles. M. Isomura, lui-même propriétaire de terrains agricoles et loueur d'une partie de ses terrains à des particuliers comme jardin potager, relève la nécessité de créer un rapport de confiance entre le Projet Nô-Life et les propriétaires ruraux pour que le système de l'entremise de

terrains agricoles puisse fonctionner.

Concernant les avis négatifs, dans le groupe distancié, M. Shioya reste pessimiste sur la continuation du Projet, car l'attente des citoyens vis-à-vis de ce Projet lui paraît incertaine. Et M. Suzuki, comme nous l'avons vu plus haut, met en doute le fondement du Projet Nô-Life : combinaison entre Ikigai des personnes âgées et la préservation des terrains agricoles.

Dans le groupe neutre, Mme. Katô considère l'ambiguïté de la vision du Projet comme un danger : par exemple, pour les jeunes voulant devenir agriculteur professionnel avec la formation Nô-Life. Pour elle, si la vision reste ambiguë entre l'amateurisme et le professionalisme, il ne faut pas accueillir les jeunes gens qui ont encore un avenir à construire sur le long terme. Sinon, il faudrait clarifier la vision du Projet en concertant plus les stagiaires.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams