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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon

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par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège - DEA Interuniversitaire en Développement, Environnement et Sociétés 2006
  

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4 Compatibilité des éléments de l'agriculture de type Ikigai aux yeux des acteurs

En tenant compte de l'héritage de la modernisation agricole productiviste, les trois éléments constitutifs de l'agriculture de type Ikigai que nous avons établi dans le schéma représentationnel de celle-ci (Qualité de vie ; Lien social et territorial ; Production matérielle), pourront-elles être compatibles non seulement aux yeux des agents gestionnaires et partenaires du Projet, mais également à l'épreuve des divers intérêts des stagiaires de la formation Nô-Life ?

Question de rééquilibrage global et d'identité du bien commun

D'abord, cette question de compatibilité des éléments représentationnels de l'agriculture de type Ikigai nous amène directement à reprendre la direction proposée par Boltanski pour surmonter la fragilité du compromis : il s'agit justement de la nécessité d'envisager la compatibilité des « êtres et objets » hétérogènes relevant de mondes différents afin de consolider le compromis. A cet effet, il faut doter le compromis d' « une identité propre » tout en mettant au service du bien commun ces élements hétérogènes a priori incompatibles. Et ceci de sorte que la forme de ces éléments hétérogènes ne soit pas reconnaissables, sous une nouvelle identité.

Concernant le contexte du Projet Nô-Life, il s'agit de doter l'agriculture (bien commun) d'une nouvelle identité, à savoir Ikigai, afin de renforcer l'agriculture comme un bien commun. Et afin de consolider ce bien commun face à la fragilité du compromis basé sur celui-ci, nous devrons envisager un rééquilibrage (ou ajustement) global de la relation déséquilibrée de représentation, de pratique et de pouvoir qui constitue la source de cette fragilité. Et ceci au travers d'une revalorisation des éléments dévalués dans cette situation.

Pour des propositions concrètes...

Mais comment s'y prendre ? Revenons ici à notre dernier constat de la réalité pour repérer les éléments en question : du côté des agents gestionnaires et partenaires, c'est l'orientation productiviste du Projet Nô-Life qui reflétait leur rapport de forces déséquilibré dans le dispositif de la mise en oeuvre du Projet, à savoir l'emprise de l'ensemble des agents du monde agricole professionnel. Et derrière cette orientation, nous avons constaté une certaine divergence de points de vue entre les agents appartenant au secteur agricole (CAT, ECV), l'agent gestionnaire principal (BPA) ayant une double appartenance au monde agricole professionnel et à celui des services publics locaux, et les agents appartenant au monde plus public (ou civil), l'un au monde des services publics locaux du vieillissement (SCI) et l'autre au monde syndical et salarial (CFLS).

Du côté des stagiaires, non seulement cette orientation s'avérait techniquement et économiquement inadaptée à la capacité productive des stagiaires, mais surtout elle ne tenait pas compte de leurs divers besoins complexes aux niveaux socio-culturel et économique représentés dans leurs motivation et engagement. D'où l'effet de marginalisation de cette orientation à l'égard des stagiaires sur les plans représentationnel (idées qui n'ont pas pris sens), pratique (activités de la formation inadaptées) et relationnel (perte éventuelle de confiance dans les gestionnaires).

En suivant la direction de Boltanski sur le bien commun, il serait intéressant d'envisager ici quelques propositions concrètes destinées aux acteurs du Projet Nô-Life vers une redéfinition de l'agriculture de type Ikigai qui serait possible et pertinente aux yeux de ces acteurs. Et ces propositions visent à modifier l'orientation du Projet Nô-Life qui sera susceptible de régler la situation de marginalisation, et ainsi de rendre réellement compatible les éléments représentationnels de l'agriculture de type Ikigai.

Rappel d'apports théoriques

Transaction sociale : pour une création de nouveaux dispositifs alternatifs...

Avant de formuler ces propositions, il serait utile de tenir compte des apports de l'approche de la transaction sociale proposée par M. Mormont, et celle du transcodage de P. Lascoumes.

Dans l'optique de la transaction sociale, M. Mormont insiste sur la nécessité de créer de nouveaux dispositifs alternatifs permettant aux agents d'anticiper et de s'engager pour mettre en oeuvre une politique publique tout en maintenant leurs perspectives identitaires respectives. Et ceci s'accompagnant d'une complète reconsidération de « l'appareil de règles » du monde professionnel portés par un ensemble d'agents dominants, comme porteur de cadre stabilisateur des anticipations de tous les agents concernés.

La création de tels nouveaux dispositifs apparaît nécessaire, d'autant plus que cette proposition de M. Mormont se base sur le contexte d'une politique agricole européenne en matière d'environnement, qui risque toujours de mettre en cause l'identité de la profession agricole basée sur le productivisme historiquement constitué depuis les années 50, dont la définition légitime est portée par le monde agricole professionnel.

Concernant le cas du Projet Nô-Life, bien que le contexte soit fort différent de la politique européenne, nous pouvons rejointre la direction de M. Mormont dans la mesure où la définition de la profession agricole et de l'agriculture est mise en question, tout en tenant compte également de la présence de « l'appreil de règles » porté par les agents principaux du monde agricole professionnel.

Il faudrait donc envisager, dans nos propositions, de nouveaux dispositifs alternatifs dans lesquels les agents gestionnaires et partenaires du Projet Nô-Life mettent en place un cadre stabilisateur des anticipations de tous les acteurs concernés pour que les stagiaires marginalisés et les agents institutionnels faiblement représentés puissent s'y engager pleinement.

Redéfinition de l'agriculture par rapport à sa définition historiquement légitimée

Puis, concernant la redéfinition de la profession agricole et de l'agriculture, pour en trouver une alternative, il faudrait d'abord dépasser la définition officielle de l'agriculture de type Ikigai, telle qu'elle est présentée par la Municipalité de Toyota et le Projet Nô-Life, qui est basée sur la dichotomie entre l'agriculture de type industriel et celle de type Ikigai (nous l'avons examiné dans le chapitre 2 avec le Plan de 96).

En effet, comme nous l'avons vu, dans le Projet Nô-Life, l'agriculture de type Ikigai est officiellement promue par un ancien slogan (un million de yens de revenu agricole annuel) repris de l'histoire de la modernisation agricole japonaise datant de l'époque de la Haute croissance économique des années 60-70 au cours de laquelle le problème de la disparité économique entre les couches agricole et salariale était important, et où le rattrapage du retard économique constituait un thème global de la politique agricole au Japon (Comme M. Kamihata, un stagiaire et ex-agriculteur de Kagoshima, se le remémorait lors de notre entretien ). On a alors réduit le critère de la définition de l'agriculture au seul critère économique. Ce qui risque d'ignorer les autres types d'éléments représentationnels de l'agriculture : la qualité de vie et le lien social et territorial. Ceux dans lesquels l'aspect environnemental peut également être pris en considération tant au niveau de la production qu'au niveau de la consommation et du style de vie.

Pourquoi cette reproduction de la définition dominante et historique de la profession agricole dans la définition de l'agriculture de type Ikigai est-elle promue par le Projet Nô-Life ? Cela est non seulement dû à l'emprise de l'ensemble des agents institutionnels du monde agricole professionnel, mais également à l'absence de critère alternatif pour définir l'agriculture d'un nouveau type qui porterait une identité propre. Dans le sens de Boltanski, cette identité devrait se référer aux représentations présentes au sein des acteurs concernés, et être justifiable dans le cadre de la politique du Projet Nô-Life.

D'ailleurs, le Centre Nô-Life est déjà doté de nouveaux dispositifs pour pouvoir développer les agriculteurs et l'agriculture d'un nouveau type. Les quatres activités principales du Projet déjà établies (formation, entremise de terrains, entremise d'emplois agricoles, recherche de nouveaux produits) seront peut-être à réarticuler avec des idées alternatives pour régler la situation déséquilibrée. A cet effet, il peut toujours s'appuyer sur les dispositifs de l'administration agricole, ainsi que ceux du secteur agricole qui est en coopération avec lui. Mais ceci tout en cherchant à les valoriser autrement que dans l'orientation actuelle...

Transcodage à opérer

Et pour pouvoir maintenir une nouvelle identité agricole, la technique du transcodage pourrait être pertinente : il s'agit de « rendre gouvernable » l'agriculture de type Ikigai émergeante au travers d'incessants efforts de concertations et de traductions réciproques des représentations et pratiques des acteurs concernés, afin de les « rééquilibrer ».

Cette approche nous semble importante d'autant plus que, depuis l'inauguration du Centre Nô-Life en 2004, les activités du Centre Nô-Life sont exclusivement gérées par celui-ci sans concertation, ni des autres agents partenaires et extérieurs, ni des stagiaires. Monsieur S, directeur des activités agricoles de la CAT, nous a confirmé que ceci est encore actuellement le cas avec la CAT qui est co-gestionnaire du Projet Nô-Life. Ceci alors que, comme nous l'avons vu, la communication et la coopération intersectorielle étaient très riches dans le

processus de la construction du Projet Nô-Life avant 2004.

Cette situation est liée au fait que le Projet est encore dans un stade de tatônnement, et qu'il est débordé par ses tâches quotidiennes ou la gestion de ses activités à court terme. Mais nous avons constaté lors de notre entretien que, Monsieur K, président du Centre Nô-Life, était déjà conscient de ce problème de manque de communication. Il regrettait d'ailleurs un peu l'engagement faible de la part de la CAT. Voici sur ce point un décalage d'engagement entre les cogestionnaires.

En plus, au fur et à mesure que le nombre des stagiaires et ex-stagiaires augmente, il manquera de plus en plus d'employés, soit venant de la Municipalité de Toyota, soit venant de la CAT, pour gérer les activités du Centre Nô-Life.

Pour régler cette situation, pour les gestionnaires, il faudrait avoir plus d'éléments justificateurs du Projet dans les prochaines années à venir, surtout auprès de la Municipalité et de la CAT en tant qu'une politique légitime pour ces deux organismes. Mais, nous l'avons vu avec le propos de Monsieur S, directeur des activités agricoles de la CAT, il est difficile pour la CAT de s'investir plus dans le Projet Nô-Life en raison de sa faible importance économique pour la structure interne de la CAT, de l'ambiguïté de la finalité du Projet et de l'effet symbolique (mérite) du Projet résidant plutôt du côté de la Municipalité (maire).

Nous devrons donc envisager dans nos propositions, de « traduire » ces préoccupations internes de la CAT en sorte qu'elles soient « transcodables » pour celle-ci et compatibles avec les autres éléments susceptibles de constituer un nouveau compromis consolidé du Projet Nô-Life...

En tenant compte de ces apports théoriques et réflexions préalables, nous essaierons de formuler quatre propositions destinées non seulement aux agents gestionnaires, mais à tous les acteurs concernés en vue d'améliorer la situation du Projet Nô-Life sur le court terme, et de consolider le compromis entre tous les acteurs du Projet Nô-Life, et ainsi de rendre plus durable, gouvernable et rejustifiable la politique de l'agriculture de type Ikigai dans la Ville de Toyota sur le long terme.

Quatre propositions pour une restructuration des activités Nô-Life : vers une redéfinition de l'agriculture de type Ikigai

Nos quatre propositions portent sur : 1 Etablissement de nouveaux cadres de concertation sur la gestion des activités du Centre Nô-Life ; 2 Modification de l'orientation globale du Projet Nô-Life ; 3 Ajustement du programme de la formation Nô-Life ; 4 Etablissement d'une association de stagiaires Nô-Life

1 Etablissement de nouveaux cadres de concertation sur la gestion des activités du Centre Nô -Life

Premièrement, nous proposerons de créer de nouveaux cadres de concertation sur la gestion des activités du Centre Nô-Life. Sur ce point, le Centre Nô-Life organise déjà des occasions de concertation des avis des stagiaires pour améliorer les activités du Centre Nô-Life dont notamment le programme de la formation, via des réunions irrégulières (deux ou trois fois par an) intitulées « réunion d'échange d'avis (Iken kôkan kai) » ou des enquêtes par questionnaire etc. Nous pouvons rejoindre cette pratique déjà mise en place avec notre première proposition. Cependant, ce cadre de concertation tel qu'il est actuellement mis en place par le Centre Nô-Life, reste seulement consultatif au service des gestionnaires du Centre Nô-Life, avec pour objectif de prendre en compte les avis des stagiaires pour améliorer leurs activités. Mais dans ce cadre, on ne remet pas en question les cadres principaux de ces activités, et les avis énoncés par les stagiaires risquent d'être dispercés et limités à ceux, plutôt rares, qui osent exprimer clairement leurs opinions.

Donc, nous proposerons de continuer cette réunion d'échange d'avis mais de façon à la développer de manière plus réflexive et interactive. Cette proposition entend mettre en place des cadres de discussion que la simple consultation des stagiaires, en mettant en question (pas forcément « en cause ») les cadres principaux du Projet qui ne semblent pas bien fonctionner ou ceux qui semblent inadaptés aux conditions réelles des stagiaires

etc. Autrement dit, il s'agit de discuter ensemble d'un problème quelconque tant du côté des gestionnaires que du côté des stagiaires.

Puis, nous proposerons, en ajoutant à ce cadre de concertation « interne » du Centre Nô-Life, un autre cadre externe sur la gestion du Projet qui prendra la forme d'un « comité (iinkai) » intersectoriel. Cette proposition se référe aux expériences du CPCI (Comité pour la Promotion de la Création d'Ikigai) organisé par le SCI (Section pour la Création d'Ikigai : Acteur 2) depuis 2000, dans lequel des membres citoyens volontaires ont joué un rôle important pour élaborer un rapport de propositions remis au maire concernant les nouveaux services et activités dans le domaine d'Ikigai des personnes âgées au sein de la Municipalité de Toyota. Monsieur K, président du Centre Nô-Life, y a lui-même participé dans la première période (2000-2002) pour élaborer le projet de la « Ferme-école des personnes âgées » (voir la partie de l'Acteur 2 du chapitre 2).

Nous envisageons ce comité intersectoriel, en faisant appel à tous les agents locaux partenaires et intéressés (appartenant à différents « mondes ») afin de discuter librement de possibilités de développer les activités nouvelles ou déjà existantes au sein du Centre Nô-Life. Une participation volontaire de stagiaires de la formation Nô-Life y sera également bienvenue. Nous prévoyons le lien entre ce comité et l'association de stagiaires Nô-Life dont nous proposons l'établissement dans la proposition 4.

Cette première proposition de la création de cadres de concertation vise à renforcer mutuellement la compréhension et la réflexion entre les acteurs concernés afin de rééquilibrer leurs représentations, pratiques et positions.

2 Modification de l'orientation globale du Projet Nô -Life

Deuxièmement, nous proposerons une modification de l'orientation globale du Projet Nô-Life via une baisse du montant du revenu agricole annuel visé dans l'objectif de la formation Nô-Life. Ce montant sera précisément baissé d'un million de yens à trois cent milles yens (environ deux milles euros).

En effet, nous avons choisi ce chiffre par référence à un exemple dont nous avons pu vérifier la pertinence lors de notre enquête de terrain. En fait, ce chiffre provient du monde dit « vieillissement actif » dans la Ville de Toyota : nous avons découvert ce chiffre avec Madame S, responsable du SCI lors de notre entretien, pour connaître le montant moyen annuel de rémunération par personne versé aux personnes âgées inscrites dans le Centre des Ressources humaines âgées (Silver Jinzai Center) de la Ville de Toyota : un agence pour l'emploi semi-publique pour les personnes âgées (plus de 60 ans) mise en place dans les collectivités territoriales au Japon depuis les années 70768 . Les personnes âgées peuvent s'inscrire dans ce centre pour répondre aux diverses demandes de la vie quotidienne de la population locale comme par exemple arrachage des mauvaises herbes dans le jardin, surveillance de parkings à vélos conte le vol, réparation de la maison etc.

Nous trouvons ce montant mieux adapté à la réalité ainsi qu'à la motivation des personnes âgées inscrites dans la formation Nô-Life, que le montant actuellement présenté provenant exclusivement de l'histoire du monde agricole (nous l'avons vu). Avec Madame S, nous avons également vérifié que, dans une enquête officielle réalisée auprès des personnes inscrites dans le Centre des ressources humaines âgées de la Ville de Toyota, la majorité de ces personnes âgées s'engagent dans les activités de ce centre pour une raison socio-culturelle (santé, maintien du lien social après la retraite, contribution sociale et territoriale etc) plutôt qu'économique. Cet aspect correspond largement aux représentations au sein des stagiaires de la formation Nô-Life.

Le montant de revenu agricole annuel que nous proposons ici pour les stagiaires de Nô-Life, pourrait même être un repère dit « objectif à atteindre » au niveau quantitatif de la production agricole, qui sera accessible à la grande majorité d'entre eux y compris ceux qui sont jeunes. Pour ceux qui veulent aller plus loin en visant un chiffre plus élevé dans leur production agricole, ce montant leur donnera, dans ce cas, une première étape à

768 Le montant total des rémunérations verséers aux membres est de 7 000 000 000 yens (environ 46 666 666euros) et nous avons divisé ce montant par 2016 (nombre total des membres du Centre des ressources humaines âgées de la Ville de Toyota). Le chiffre ainsi calculé est de 350 000 yens (environ 2333 euros). Nous pouvons en déduire que les membres de ce centre gagnent en moyenne à peu près 30 000 yens par mois (200 euros) en travaillant deux ou trois fois par semaine.

franchir.

Cette deuxième proposition d'une modification du montant de l'objectif économique du Projet Nô-Life, vise d'un côté à constituer un « incitatif » économique plus adapté aux conditions objectives et subjectives des stagiaires, qui est même susceptible de correspondre à l'intérêt productiviste du secteur agricole (car plus faisable pour plus de personnes), de l'autre côté, à rééquilibrer les représentations de l'agriculture de type Ikigai au sein de tous les acteurs du Projet Nô-Life entre les trois pôles : qualité de vie ; lien social et territorial ; production matérielle. Ce rééquilibrage afin de ne pas sacrifier certains éléments représentationnels pour d'autres, mais de les compatibiliser dans un objectif réalisable.

Nous pourrons même escompter un effet de solidarité entre les personnes âgées inscrites dans le Centre Nô-Life et celles dans le Centre des ressources humaines âgées en leur faisant partager un même objectif dans leurs différentes activités d'Ikigai. Ce qui serait idéal pour la politique publique d'Ikigai des personnes âgées de la Ville de Toyota.

3 Ajustement du programme de la formation Nô -Life

Troisièment, suite à la modification de l'orientation globale du Projet Nô-Life proposée précédemment, nous proposerons de réorienter le programme de la formation Nô-Life. Il s'agirait de proposer un mode de production propre à l'agriculture de type Ikigai à promouvoir dans le cadre du Projet Nô-Life.

L'objectif de revenu annuel dont le montant sera baissé à trois cent milles yens permettra aux agriculteurs de type Ikigai de se distinguer plus substantiellement, d'un côté du modèle de l'agriculture de type Industriel destiné au grand marché organisé, de l'autre côté, de celle de type « jardinage » destinée exclusivement à l'autoconsommation ou au loisir.

Pour ce faire, se distinguer des modèles dominants de l'agriculture de manière exclusivement quantitative sera insuffisant - car leur vision est fondamentalement économique - mais il faut introduire d'autres types de repères plus qualititatifs. A cet effet, nous proposerons d'introduire une référence environnementale dans la méthode agricole enseignée dans la formation Nô-Life. Parce qu'actuellement c'est de ce type de référence que le programme de la formation manque dans le Projet, alors que la politique agricole de la Municipalité de Toyota l'abordait fortement en terme de la multifonctionnalité de l'agriculture dans le Plan 96. Et, jusqu'à aujourd'hui, nous ne constatons pas de réalisations remarquables dans les mises en oeuvre de la politique agricole de la Municipalité769. De plus, un bon nombre de stagiaires ont montré leurs intérêts potentiels sur un style de vie ou un mode de production agricole respectueux de l'environnement.

A cet effet, nous avons déjà un exemple de « réussite » des anciens élèves de l' « Ecole de l'agriculture vivante » (lancée en 2000 par la CAT à la demande du BPA) qui se sont constitués en groupement de producteurs de l'agriculture biologique au sein de la CAT. Les membres de ce groupement n'ont pas seulement pour objectif d'exercer la vente commune de leurs produits mais également d'organiser un apprentisage collectif de la méthode de l'agriculture biologique via des réunions régulières. Ce groupement est essentiellement composé de personnes âgées féminines comme masculines originaires de foyers agricoles pluriactifs.

Il serait intéressant pour les stagiaires de la formation Nô-Life, de prendre contact et avoir un rapport d'échange et de coopération avec ce groupement dans le cadre du programme de la formation Nô-Life. Ce qui pourrait davantage inspirer les stagiaires. Et ceci sera même efficace pour rétablir le décalage entre le Centre Nô-Life et la CAT, d'autant plus que c'était Monsieur S, directeur des activités agricoles de la CAT, qui était responsable de l'Ecole de l'agriculture vivante et de sa « réussite » !

Nous savons même qu'il y a quelques agriculteurs biologiques célèbres dans le territoire de la Ville de Toyota qui, nous semble-t-il, pourraient apporter des contributions à la formation Nô-Life. Par exemple, organiser une visite collective de leurs exploitations serait intéressant.

Puis, le recours réduit aux traitements chimiques hautement spécialisés permettrait d'intensifier et d'enrichir

769 Ce point est expliqué dans l'évaluation finale faite en 2006 par les responsables du BPA sur les projets réalisés dans le cadre du Plan 96. L'agriculture de type Ikigai telle qu'elle était prévue dans ce plan prévoyait deux types de production : production destinée au marché local ; production susceptible de contribuer à la préservation de l'environnement.

les activités des stagiaires dans le programme. Car avec moins de traitements chimiques, ils devront effectuer par eux-mêmes plus de soins alternatifs pour les cultures, et ainsi avoir plus de connaissances en la matière. L'intensification des activités dans le programme est l'une des demandes des stagiaires les plus fréquentes que nous avons constaté dans le résultat de l'enquête par entretien. Ceci nous semble important d'autant plus qu'actuellement, ce sont souvent les personnels du Centre Nô-Life, lorsque les stagiaires sont absents, qui effectuent les traitements chimiques préventifs sur les cultures gérées pour les cours pratiques. Mais nous pouvons évoquer qu'il y a déjà quelques stagiaires qui s'engagent pleinement à une pratique culturale de type écologique en employant des produits naturels pour la fertilisation, la prévention des maladies et des insectes nuisibles (comme Mme. Kawamura)

Cette proposition d'ajustement de la formation Nô-Life vise à envisager l'agriculture de type Ikigai dotée d'une identité propre dépassant les catégories dichotomiques de l'amateurisme et du professionnalisme.

4 Etablissement d'une association de stagiaires Nô -Life

Enfin, quatrièmement, nous proposerons l'établissement d'une association constituée par les stagiaires et ex-stagiaires de la formation Nô-Life. Ceci d'abord en nous référant à l'idée de M. Itô et M. Suzuki de monter une association de stagiaires ayant pour objectif d'organiser une aide aux travaux agricoles des exploitaions fruitières en difficulté pour cause de maladies, vieillissement des exploitants, manque de main-d'oeuvre etc. Selon eux, cette association vise également à organiser des entraides entre les stagiaires ainsi que les ex-stagiaires qui auront besoin d'échange d'infos, d'aides aux travaux (ex. installation d'une serre, labour).

Cette proposition implique des intérêts sur plusieurs niveaux. D'abord, sur le plan pratique, l'association permettrait aux stagiaires d'avoir plus de sociabilité entre eux. Ce qui est également l'une des attentes les plus fréquentes des stagiaires constatées dans le résultat de l'enquête par entretien : garder le lien avec les camarades de la formation Nô-Life. Puis, cela va de même pour l'apprentissage collectif, l'entraide et l'organisation éventuelle d'une vente commune comme un groupement de producteurs « Nô-Life ». Puis, sur le plan représentationel, l'association susciterait une prise de conscience des points communs entre les stagiaires, et par là, le renforcement de leur identité collective. Et sur le plan de la politique collective, l'association permettrait aux stagiaires de regrouper leurs avis inviduels sur la gestion des activités du Centre Nô-Life et de les proposer aux gestionnaires. A cet effet, ils pourront participer au Comité que nous avons proposé dans la proposition 1.

Cependant, il reste certaines difficultés à surmonter pour organiser cette association avec succès. Il s'agit de la nécessité de tenir compte de la diversité des trajectoires et des enjeux de chacun des stagiaires. En effet, l'association risque d'être confrontée à une attitude de type « chacun pour soi » de ses membres. Ainsi, nous ne pourrons pas l'envisager de manière traditionnelle comme par exemple de petits groupements de producteurs locaux qui sont souvent basés soit sur le lien de type « communautaire », à savoir celui d'interconnaissance lié au sol (ex. habitants du même village), soit sur une condition sociale partagée (ex. femmes âgées de foyers agricoles pluriactifs)

Les circonstances et les enjeux individuels des membres de l'association devront être hétérogènes et « urbains » à la différence des exemples mentionnés ci-dessus. C'est pouquoi nous proposerons de doter cette association d'un caractère « multifonctionnel » ou « multiforme », et dont les visées possibles seraient les suivantes:

- économique : production (apprentissage de méthodes agricoles alternatives ; aide aux travaux agricoles des exploitations agricoles en difficulté ; entraides ; échange de semances etc.) ; distribution (vente commune à court circuit)

- social : sociabilité (échange d'infos, fêtes etc) ; constitution d'un réseau de stagiaires Nô-Life

- politique collective : communication - coopération avec le Centre Nô-Life, la CAT et les agriculteurs locaux etc.

Par ailleurs, nous avons constaté que l'établissement d'une association de stagiaires de ce type est fortement

attendu par les agents institutionnels : du côté du monde agricole, dans la mesure où une organisation formelle de nouveaux producteurs dans le cadre du Projet Nô-Life aura un bon effet d'incitation pour le secteur, tant au niveau socio-économique, qu'au niveau symbolique ; du côté du monde des services publics locaux (BPA, SCI, CFLS), dans la mesure où l'association renforcera l'autonomie et le lien social et territorial parmi la population locale âgée. Puis, cela va de même pour divers domaines de la politique publique locale comme le développement local, l'aménagement du territoire, car la Municipalité essaie actuellement de promouvoir l'initiative de type associatif (comme NPO : Non profit organisation) dans le contexte de la décentralisation. En tous cas, la réalisation d'une telle association serait une « bonne nouvelle » pour la ville.

Ainsi, cette idée nous semble tout-à-fait envisageable sur le terrain. D'ailleurs, Monsieur K, président du Centre Nô-Life, a déjà informellement donné un avis favorable à M. Itô qui lui a parlé de cette idée lors de la « fête de la récolte », qui a eu lieu en octobre 2006 dans le Centre Nô-Life et qui a réuni une grande partie des acteurs concernés.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci