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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon

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par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège - DEA Interuniversitaire en Développement, Environnement et Sociétés 2006
  

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Chapitre 2

Emergence de l'agriculture de type Ikigai

Dans le chapitre 2, nous avons mis en évidence le processus de la construction du Projet Nô-Life entre les acteurs institutionnels ou organisés. Et à travers cela, nous avons analysé pourquoi et comment ont émergé dans ce processus, les éléments représentationnels de l'agriculture de type Ikigai. Ces éléments s'organisent autour des trois pôles suivants : qualité de vie ; lien social et territorial ; production matérielle. Nous avons considéré ces trois pôles représentationnels de l'agriculture et de la ruralité en tant que produit de l'hybridation de la relation urbain-rural dans le territoire de la Ville de Toyota. Cette hybridation résulte à la fois de l'émigration rurale massive pendant la Haute croissance économique (1955-1975) et de la généralisation de la situation de pluriactivité des foyers agricoles locaux. Ces deux phénomènes, historiquement engendrés par l'industrialisation et l'urbanisation, ont radicalement bouleversé la population agricole et rurale depuis ce dernier demi-siècle au Japon.

Puis, le terme « Nô-Life », inventé par la Municipalité de Toyota, a une connotation nouvelle : concernant la partie « Nô » designant « agri- » ou « rural », l'apparition de l'utilisation de cette seule partie est relativement récente (dans les années 90). « Nô » implique diverses manières d'aborder l'agriculture et la ruralité en terme de style de vie tout en tenant compte des aspects non productifs de l'agriculture et de la ruralité, dits multifonctionnels. Puis, la partie « Life », provenant du terme anglais, a notamment la connotation urbaine et post-industrielle du « life style », style de vie comme étant choisi par les individus.

Construction du Projet

Dans ce processus, nous avons d'abord repéré une série d'opérations réalisées comme des « bricolages collectifs » entre des agents locaux appartenant à différents champs sociaux. Il s'agit d'un ensemble d'opérations de transcodage entre les principaux agents du monde agricole (coopérative agricole : CAT ; vulgarisateur : ECV ; groupement de producteurs professionnels : GASATA ; administrateur départemental agricole : BDPA ; administrateur municipal agricole : BPA) et des agents du monde public et civil (agent municipal de la politique du vieillissement : SCI ; représentant local des syndicats ouvriers : CLFS). C'est-à-dire qu'ils se sont réciproquement instrumentalisés tout en échangeant leurs propres objectifs et moyens afin d'élaborer leurs propres actions. Et ces oprérations, par l'intermédiaire du Bureau de la Politique agricole de la Municipalité de Toyota, ont abouti à un compromis qui constitue la clef de voûte du Projet Nô-Life : accord entre la politique agricole locale et celle du vieillissement autour de la question commune d'Ikigai. L'idée de base de ce compromis était de relier les mesures pour l'agriculture de type Ikigai, qui existait déjà dans le monde agricole sous diverses formes, et celles pour les activités et services pour Ikigai des personnes âgées, et ainsi de former de nouveaux agriculteurs et faire face au délabrement de l'agriculture.

Contradiction du Projet

Mais ce compromis impliquait une ambiguïté de principe basée sur une divergence d'intérêts entre les agents

de ces deux secteurs, dont notamment les gestionnaires du Projet : adminisrateur municipal agricole (BPA) et coopérative agricole (CAT). D'un côté, le BPA essaie de valoriser l'agriculture en sorte qu'elle soit vouée à l'intérêt public en s'inscrivant dans l'approche de la multifonctionalité apparue au cours des années 90 dans le contexte de restructuration après les Accords du GATT. De l'autre côté, la CAT essaie d'imposer une norme productiviste pour la réalisation du Projet, qui se reflète dans le slogan de « gagner un million de yens de revenu agricole annuel » donné à la formation agricole organisée par le Centre Nô-Life. Mais en même temps, l'engagement de la part de la CAT dans le Projet s'avère faible par rapport au BPA en raison de l'apport économiquement faible de ce projet : la coopérative agricole japonaise est en réalité un grand organisme financier et commercial, plutôt qu'une organisation agricole et sociale. Ce qui est largement du à la situation de pluriactivité généralisée pendant la Haute croissance.

Selon L. Boltanski, un compromis est un accord impliquant l'approche du bien commun entre plusieurs mondes différents ayant chacun sa nécessité de justification. Si le compromis a pour objectif de résoudre des conflits et de régler des différends en mobilisant des principes et des objets relevant de ces différents mondes, toutefois, le compromis doit sa fragilité à cette divergence d'identités entre les parties en présence, ainsi qu'à l'impossibilité de mettre en cause ces identités.

Sur la base d'un tel compromis, dans le cas du Projet Nô-Life, nous avons constaté un rapport de pouvoir désquilibré dans le dispositif de la mise en oeuvre du Projet, lié à l'emprise des agents du secteur agricole. Et ce rapport de pouvoir désquilibré ancre fortement les éléments de représentation donnés à l'agriculture de type d'Ikigai que le Projet Nô-Life doit promouvoir : priorité donnée à la production matérielle avec la reprise du slogan présenté plus haut. Or ce slogan provient implicitement (que ce soit inconsciemment ou consciemment) de l'histoire de la modernisation agricole des années 60 au Japon, dont le référentiel était le rattrapage de la Haute croissance économique du pays.

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