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La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique

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par Camille Favre
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007
  

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II. Histoire des accessoires et des situations de séduction.

Comme nous l'avons vu précédemment les principaux accessoires des pin-up sont des accessoires de séduction usuels. Leur utilisation systématique les banalise en même temps qu'elle les fait accéder au rang de fétiches. Ces accessoires sont devenus des attributs emblématiques de la séduction féminine. Ils symbolisent dans notre société la femme érotique et sont, de ce fait, associés à la sexualité en raison de leur histoire et d'une certaine construction culturelle.

1. Les accessoires de séductions.

1.1 Le rôle des talons hauts.

Les hauts talons étaient portés par les prostituées au XIXe siècle tout comme les collants résilles. La femme perchée sur ces chaussures est à la fois fragile puis que ces mouvements et notamment ses pas sont modifiés, entravés mais elle est aussi autoritaire puisque ces mêmes chaussures peuvent devenir des symboles de domination et de pouvoir.

La chaussure érotique se définit tout d'abord par un talon haut, étroit et contourné. Ainsi le pied paraît plus petit, la cambrure plus prononcée, la jambe plus longue, le mollet plus galbé, les hanches et les fesses ont des mouvements plus balancés. Certains matériaux peuvent accentuer la sensualité : le suggestif vinyl ou encore les peaux d'animaux : chevreau, cuir, serpent. Ces dernières matières renvoient, là aussi, par leur provenance, à une sexualité plus pulsionnelle, plus instinctive. La coupe doit coller à la forme du pied et à son mouvement sinueux. Ces chaussures sexy peuvent être aussi découvertes comme l'escarpin. Dans l'univers de la mode, on parle de chaussures décolletées comme d'une robe décolletée. La forme pointue du bout de la chaussure amincit et sexualise le pied. A l'inverse les chaussures pour fillettes ou jeunes filles ont plus souvent un bout carré.

C'est grâce à la photographie érotique voire pornographique que les chaussures ou les bottes à talons vont véritablement devenir des accessoires sexuels, des fétiches. Les nombreuses photographies réalisées par le couple Yva Richard montre bien ce processus. Nativa, en plus de réaliser des photographies ou de poser, est aussi une créatrice de lingerie, dès 1913. Elle se sert des photographies comme support pour vendre ses produits : bottines vernies, dessous affriolants. Dans une photographie de 1930, Nativa porte déjà des chaussures à talon de 10 cm (Ill. 25). Les photographies réalisées à partir de 1934 par ce couple, proposent des scènes de plus en plus fétichistes. Dans la série, Elle a des bottes, Nativa porte des bottes à talons de 19 cm (Ill. 26). Ces chaussures à talons vertigineux se retrouvent avec les pin-up réalisées par Peter Driben.

Mais le père du fétichisme moderne est évidemment John Willie (1902-1952), créateur de la bande dessinée Sweet Gwendoline et de la revue Bizarre (Ill. 27, 28), revues qui comportent de très nombreuses photographies, dessins fétichistes et même des scènes sadomasochistes. Bizarre, créé en 1946, influence notamment le photographe Eric Kroll, adepte des talons vertigineux et Léonard Burtmann, créateur d'une autre revue fétichiste, Exotique (1951).

Betty Page, née en 1923 dans le Tennesse, considérée comme « the queen of pin-up », marque les années quarante, en posant dans des attitudes burlesques de très nombreuses fois pour Robert Harrison, dès 1950, dans les pages de Beauty Parade. Elle est certes connue pour avoir posée pour le poster central de Playboy en 1955, pour ses photographies de bondage ou celles à caractère sadomasochiste réalisées par Irving Klaw (1911-1970) mais aussi pour sa collection impressionnante de chaussures à talons. En effet elle met un point d'honneur à ne jamais porter deux fois les mêmes chaussures pour les photographies.

Jayne Mansfield (1933-1967), symbole sexuel des années soixante, qui possède elle aussi une collection de plus de deux cents paires de chaussures, n'a qu'une idée en tête lorsqu'elle choisit une nouvelle paire, la valeur de leur sex-appeal : « je choisis mes souliers avec le même soin que mes produits de beauté parce que mes souliers attirent l'attention sur mes pieds. Plus que les Américains, les Européens considèrent que les pieds de la femme font partie de son attrait sexuel. Peut-être parce que les Américains oublient que leurs pieds sont un de leurs charmes les plus puissants27(*) ». Pour elle, les chaussures à talons doivent être sexy mais non provocantes. Comme toute parure, les chaussures, déclare-t-elle, « doivent suggérer la sexualité mais pas la hurler28(*) ».

Rita Lydig, qui occupe une place importante dans la « haute société » du premier quart du XXe siècle et connue pour l'extravagance de ses toilettes, a des centaines de paires de chaussures, presque toutes sexy et dont certains modèles ont été créés pour elle. Collection si extraordinaire qu'en 1970 le New York Metropolitan Museum en présente une exposition. Dans le catalogue de l'exposition, Mme Lydig pose ce principe : « A mon sens, la sexualité commence avec le pied. C'est par là qu'une femme commence à se parer. Une chaussure qui n'a pas de sex-appeal est comme un arbre sans feuille29(*) ».

* 27 ROSSI William, Erotisme du pied et de la chaussure, Paris, Payot, 1976, p.129.

* 28 Idem, p.125.

* 29 Idem, p.126

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