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La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique

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par Camille Favre
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007
  

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2.2.2 De la pin-up anonyme au rêve américain : une difficile ascension.

Pourtant la plupart de ces actrices ont commencé, elles aussi, par être de simples pin-up, de simples chorus girl. Jean Harlow (1911-1937) pose en maillot de bain en se tenant à l'échelle et est remarquée dans une courte scène de comédie, sortant d'une Rolls Royce. Sa robe reste coincée dans la portière et elle traverse le hall de son immeuble dans une combinaison noire qui fait ressortir ses cheveux platine. Joan Crawford (1904-1977) quitte son emploi de serveuse de café pour figurer dans des évocations de scènes d'orgie. Lana Turner (1920-1995) pose sur des photos, habillée d'un costume léger de plumes d'autruche, en robe de soirée pour les publicités d'hôtels, et doit ses premiers contrats à un pull qu'elle porte sans soutien-gorge en buvant un milk-shake, assise sur un tabouret. Gloria Swanson (1899-1993) commence comme figurante habillée d'une casquette d'ouvrier et d'une salopette trop grande pour elle, scène tout à fait digne des pin-up dessinées. Jane Russel (1921- ), selon ses propres dires, abandonne son poste de secrétaire et de dentiste pour « baptiser les bateaux, juger des concours du plus beau bébé et multiplier des séances de photos en maillot de bain sur toutes les plages des Etats-Unis123(*) ».

Joan Blondell (1906-1979) marque les foules par le nombre de séquences dans ses premiers films où elle réussit à paraître toujours vêtue d'une courte combinaison de dentelle noire. Ann Sheridan gagne un concours organisé par un studio d'Hollywood de « Search of Beauty » qui longtemps ne lui assure que des contrats de figuration et de modèle. Ava Gardner (1922-1990), après avoir suivi des cours de dactylo, ne parvient pas à obtenir un emploi dans une agence, toutes ses photos étant refusées. Betty Grable joue les ingénues en chaussettes dans des comédies musicales de deuxième ordre, apparaît dans des scènes de harem ou pose avec un coeur géant le jour de la Saint Valentin. Quant à Marilyn Monroe, élue Miss Idaho Potatoe, elle commence par défiler sur les chars fleuris et présenter des maillots de bain. Rita Hayworth fait la tournée des boites de nuit en répétant toujours le même numéro de danseuse espagnole. Et Marlene Dietrich (1901-1992), après avoir tourné son premier film important, apparaît encore chaque soir sur une scène de Berlin, couchée sur le dos et pédalant sur un vélo fixe, dans une culotte de strass, en bas noirs et en talons aiguilles.

Le jour où, s'élevant dans la hiérarchie du « star system », elles deviennent connues et voient leur nom en tête des génériques, couvrant en grandes lettres les graphismes des affiches, cette ascension s'accompagne d'une recherche du perfectionnement visuel qui prend, lui aussi, une autre dimension. C'est leur corps et leur visage qui sont modifiés pour mieux correspondre aux règles draconiennes des compagnies et de leur statut de sex-symbol. Ces compagnies qui, plus que des fabricants d'images, deviennent presque littéralement des « tailleurs d'images », sculptant et refaçonnant traits et formes. On les dotent de prothèses diverses pour supprimer les défauts ou améliorer leur apparence : appareils latex détachables pour les nez trop épatés, tissus sous les lèvres pour les rendre plus proéminentes et sensuelles, ongles postiches, accroche-coeur, bandes chirurgicales pour remonter les seins. Et quant ces mesures sont jugées insuffisantes, on se livre à des opérations de chirurgie esthétique : épilation des sourcils, rectification du nez, retrait à l'électrolyse des cheveux pour agrandir le front, arrachage des molaires pour creuser les joues. La différence qu'il existe entre les premières photos de Marilyn à ces débuts de pin-up et celles en tant que vedette en sont un exemple frappant (Ill. 138, 139).

Mais surtout ces actrices sont tenues de respecter la loi d'airain des studios d'Hollywood qui les contraint à accepter tout rôle qui leur est destiné dans une distribution, les cantonnant alors à jouer et rejouer les mêmes personnages, preuve en est la filmographie de Marilyn Monroe et l'échec de sa tentative d'émancipation.

* 123 Jane Russell, cité par KNIGHT Arthur et ALLPERT Hollis, Playboy, History of sex in the Cinema, New York, Playboy, 1966, p.160.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci