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La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique

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par Camille Favre
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007
  

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3. Dans la lignée des pin-up.

3.1 Des thématiques communes.

Pour Hugh Hefner l'origine de la création de Playboy et de la playmate est le résultat de deux influences, d'une part les films hollywoodiens des années trente avec ses rêves de luxe, de glamour et de vie réussie ; mais aussi d'autre part, des magazines comme Life, Look, Esquire et True qui proposent dans leurs pages les pin-up de Vargas et de Petty149(*) : « j'ai eu le coup de foudre pour les dessins de Petty que j'ai entrepris de collectionner. Lorsque je me suie mis à les afficher sur les murs de ma chambre, mes parents ont été horrifiés. Ils ne m'ont pas cependant forcé à les retirer150(*) ». Pour son créateur, la playmate s'inscrit dans la tradition américaine de glorification de la beauté de ces citoyennes : « cette idée de Ziegfeld de glorifier la femme américaine fut une source d'inspiration lorsque je lançais, beaucoup plus tard, le concept de la playmate du mois. J'eus l'impression de partager avec Ziegfeld son sens du spectacle et de l'appréciation de la beauté151(*) ». Ziegfeld est l'homme, qui aux Etats-Unis, a mis en place, un des plus célèbres music-hall et théâtre du XXe siècle. La beauté de ses danseuses et la qualité de ses représentations firent de lui le maître du monde du spectacle et du divertissement. En s'inscrivant dans sa lignée, en choisissant un tel maître, Hugh, non seulement, donne une valeur artistique à son travail et son projet, se protégeant ainsi des critiques « d'obscénité, d'immoralité et de luxure » mais aussi il se fait accepter au panthéon des acteurs du glamour, glamour qui a fait la renommée des Etats-Unis.

A l'inverse, Hugh est parfaitement conscient du rôle qu'ont joué les pin-up dans son éducation et dans son éveil à la sexualité notamment lorsqu'il est soldat dans l'armée : « ma vie est longue histoire d'amour avec les pin-up. Adolescent, j'accrochais les girls dessinées par Petty sur les murs de ma chambre. C'était là un véritable acte de rébellion précoce dans une maison très puritaine. Après l'école, mon diplôme en poche, je me suis engagé dans l'armée. Comme n'importe quel garçon faisant son service, j'avais tout le minimum vital dans ma cantine : un uniforme, un casque et une pin-up. On a tendance à minimiser l'importance de ces demoiselles sur papier glacé au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Pas de discrimination : les plus grandes vedettes au même titre que les plus jolies starlettes ont posé pour ces photos. Certaines carrières furent même lancées sur la base d'un seul de ces clichés152(*) ».

Les soldats ont appris à aimer, apprécier un certain modèle féminin érotique, à se délecter d'un idéal corporel et à reconnaître les signes de séduction grâce à la déclinaison des mêmes accessoires, des mêmes attitudes, des mêmes mises en scène. Hugh le sait car lui aussi a été « conditionné ». Et c'est pourquoi Hugh Hefner va reprendre avec les playmates ce qui a fait le succès des pin-up. Tout comme leurs cousines, les playmates sont présentées avec tout l'attirail traditionnel d'accessoires de séduction. La playmate du mois d'avril 1975, Victoria Cunningham, ne porte que d'immenses bas noirs et des chaussures à talons tout comme la playmate d'octobre 1979, Ursula Buch Jellner ou Sylvie Garant, playmate du mois suivant, et plus récemment la playmate du mois de février 2002, Anka Romensky, et enfin Tailor Junes, playmate de juin 2003. Playmate de juillet 1975, Lynn Schiller, porte, quant à elle, la panoplie complète : bas, talon, porte-jarretelles. On remarque que l'utilisation de ces accessoires devient systématique à partir de 1973 pour les photos de playmates. Ces photos prennent alors un ton fétichiste, renforcé parfois par la matière des sous-vêtements : satin, cuir, latex... ou par leurs coupes : culotte fendue, guêpière, corset. Le déshabillé de dentelles connaît aussi un réel succès avec les playmates. Déshabillés que portent par exemple la playmate du mois de novembre 1957 ou du celle du mois d'août 1961, Karen Thompson, dans un décor romantique : sofa moelleux, coupe de fruit, cage à oiseaux.

Mais c'est surtout au niveau de la mise en scène que l'on retrouve les traits caractéristiques des pin-up. Hugh met un point d'honneur à présenter ses playmates dans une mise en scène de la vie quotidienne. Il faut que le poster central raconte une histoire.

Ainsi, la playmate apparaît dans des scénarii dont les thématiques sont communes avec les pin-up. Et certaines mises en scène sont aussi peu crédibles que celles des pin-up : miss avril 1956, Rusty Fisher, bricole, uniquement vêtue de son jean, un marteau dans la poche arrière de celui-ci. Mais à l'inverse de la pin-up, il n'y a aucun détail, aucune instrumentalisation du scénario pour dévoiler une partie de l'anatomie de la girl ou sa lingerie. La playmate se dévoile d'elle-même. Elle est consciente, à l'inverse de la pin-up, de son pouvoir de séduction et de son potentiel sexuel. Elle connaît son pouvoir érotique, elle sait ce qui excite.

La thématique du bain est une des thématiques les plus courante chez les pin-up, car elle offre au spectateur une scène intime et renforce le côté voyeuriste. Cette thématique du bain apparaît aussi souvent dans le monde des playmates : pour celle du mois d'octobre 1955, Barbara Cameson ; du mois d'octobre 1957, Collen Farrington ; la playmate du mois de mai 1958, Lari Laine ; celle du mois de janvier 1963, Judi Monterey ; ou de juin 1972, Debbie Davis. Ce côté voyeuriste peut être renforcé par l'utilisation d'un miroir. Le jeu que l'artiste propose avec le miroir implique aussi le spectateur comme protagoniste. Le miroir autorise et stimule le regard du voyeur : playmate du mois de février 1957, Sally Todd nous dévoile ses fesses, grâce à ce miroir. Margie Harrison, playmate du mois de juin 1954, s'inscrit quant à elle dans la lignée de Petty girl : elle pose en train de téléphoner et porte d'immenses gants noirs. Tout comme les pin-up, les playmates sont aussi présentées en fonction des différentes fêtes de l'année avec la plupart des symboles de ces fêtes : Bettie Page, playmate de janvier 1955 pose nue prés d'un sapin de Noël seulement vêtue du bonnet du Père Noël.

Nous avions vu aussi que les pin-up sont souvent présentées près d'une source de chaleur, symbole de l'ardeur sexuelle. Ce feu « érotique » est visible dans la mise en scène de la playmate juin 1955, Eve Meyer ou dans celle de février 1962, Kari Knudsen. Souvent la séduction, l'appel sexuel, joue sur côté « Lolita » que l'on ne peut nier : parfois à la place des chaussures à talons les pin-up porte des petites chaussures à boucles et des socquettes blanches. Playmate du mois de juillet 1960, Teddù Smith porte une petite jupe plissée, des socquettes blanches et un chemisier à col Claudine qu'elle est en train d'enlever. On retrouve aussi des série de playmates qui s'inscrivent dans des représentations traditionnelles, playmate d'avril 1989, Jennifer Jackson et celle de juin 1990, Bonnie Marino sont « vêtues » comme de parfaites secrétaires : cravate, chemise blanche ouverte, veste de tailleur pour la première et chemisier blanc avec jupe de tailleur relevée pour la seconde. Shauna Sand, playmate de mai 1996, incarne quant à elle, le fantasme de la jeune mariée : elle ne porte que des sous-vêtements blancs tout en dentelles, des chaussures à talon et le traditionnel voile de mariée. La playmate, tout comme les pin-up, est une beauté américaine, une « fille bien de chez nous » ; Susan Miller, playmate de septembre 1972, est une cow-girl, elle porte des santiags, un petit short, un chapeau de cow-boy et tient une bière à la main.

Une des dernières séries commune avec les pin-up est la série des playmates « militaires ». Comme leurs cousines, il arrive que les playmates portent des vêtements qui se rattachent plus ou moins à l'univers militaire, vêtements évidemment beaucoup plus sexy que les uniformes conventionnels. Playmate d'avril 1963, Sandra Setter, porte le calot de l'armée de mer tout comme celle du mois de décembre 2004, Tiffany Fallon, à cheval sur un mât, vêtue d'un costume complet de marin avec des talons rouges. Wendy Kaye, playmate du mois de juillet 1991, est elle aussi vêtue comme un marin : calot, pull à rayures. Ce costume a aussi un petit air patriotique : elle porte avec ses talons rouges, des socquettes blanches ornées des étoiles du drapeau américain. Quant à la playmate de février 1986, Julie McCullough, elle porte uniquement une veste militaire kaki ornée de nombreuses médailles et un chapeau de Marine.

* 149 PETERSON James, «op. cit.», p.7.

* 150 GRETCHEN Edgren, Le livre des playmates, «op. cit.», p.8.

* 151 «Ibid.»

* 152 Idem, p.7.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci