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La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique

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par Camille Favre
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007
  

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Partie III : Nouvelles figures de la pin-up.

I. Un nouveau support pour de nouvelles pin-up : la bande dessinée.

La pin-up va donner naissance à d'autres figures féminines qui peuvent exister parallèlement à celle-ci. Ces figures dont le graphisme les rapproche des pin-up classiques vont néanmoins s'éloigner de l'iconographie de celles-ci mais aussi de leurs utilisations et leurs rôles traditionnels. Ce sont d'abord les comic books, qui avec leurs personnages féminins sexy, amorcent cette « dérive », mêlant leurs héroïnes à des aventures dangereuses ou à des univers réservés aux hommes. Puis la bande dessinée pour adulte prend le relais en proposant des histoires qui vont de plus en plus critiquer le monde des pin-up et mettre en relief le fonctionnement du « système » pin-up pour, souvent, mieux le dénoncer.

1. Un nouveau support : les comic books.

1.1 Le lectorat des comic books.

Après le cinéma et la publicité, c'est la bande dessinée qui fait le plus pour diffuser les pin-up auprès d'un public majoritairement juvénile. Le marché de ces publications est en plein essor, surtout aux Etats-Unis. Le plus grand paradoxe de l'histoire des comic books est que leur période de plus grand succès la décennie 1945-1955, est également celle au cours de laquelle ils deviennent les cibles privilégiés des censeurs.

La lecture des comic books est alors une pratique culturelle quasiment universelle chez les préadolescents et les adolescents américains des deux sexes. Selon une série d'articles parue en 1942 dans le New York World-Telegram, l'âge moyen des lecteurs de comic books est de 10 à 12 ans158(*). Une enquête réalisée en 1944 révèle qu'entre 6 et 11 ans, 95% des garçons et 91% des filles lisent des comic books, à raison d'une douzaine par mois en moyenne (donc 3 par semaine) ; entre 12 et 17 ans, 87% des garçons et 81% des filles lisent 7 à 8 illustrés par mois (soit 2 par semaine) ; les lecteurs de 18 ans et plus représentent encore 41% des hommes et 28% des femmes, qui consomment en moyenne une demi-douzaine de comic books par mois. Cette enquête montre l'ampleur de la lecture des illustrés chez les jeunes Américains mais aussi, dans une moindre mesure, chez les adultes.

Un sondage réalisé en 1948159(*) pour le groupe de presse Hearst met en valeur la progression de la lecture de bandes dessinées de presse chez les adultes : 81,1% des adultes vivants en ville en lisent et sont simultanément de gros consommateurs de radio, de cinéma et de magazines. La lecture de comics est partagée équitablement entre toutes les couches de la société avec de faibles écarts entre les catégories socioprofessionnelles des chefs de famille. Les plus gros lecteurs sont les ouvriers qualifiés et les artisans (85%), suivis par les employés (82,5%), les ouvriers spécialisés (78,9%), les cadres et professions libérales (78%). En somme, quatre adultes sur cinq lisent des bandes dessinées et l'intensité de cette pratique est proportionnelle au niveau d'études et à la consommation de médias de divertissements160(*). Une autre étude menée pour le compte de National Comics (DC) donne une image plus fine du lectorat des comic books à la même période. Les chiffres portant sur les jeunes sont prévisibles : 92,7% des 8-14 ans et 72,1% des 15-20 ans lisent des illustrés. Plus surprenant est le constat que le poids numérique des adultes en fait les plus gros lecteurs : 53,7% des lecteurs de comic books sont âgés de 21 ans et plus ; la tranche 31-45 ans représente à elle seule le quart du total de toutes les générations confondues161(*).

Les comic books sont alors aussi populaires chez les adultes que chez les enfants ou adolescents comme nous le prouve ces différentes enquêtes. L'attrait pour ces revues provient évidemment de leurs thématiques variées : policier, horreur, aventure, animalier, romantisme qui répondent aux différentes attentes du lectorat. Mais de très nombreux comic books, notamment ceux destinés à un public masculin, comportent un nombre important de figures féminines. Par leur graphisme ces femmes se rattachent à l'iconographie de la pin-up mais leurs rôles sont légèrement différents.

* 158 GILBERT Douglas, « No Laughing Matter », série de trois articles publiés dans le New York World-Telegram en 1942, reproduits dans Comic Book Marketplace 36 (Juin 1996), p.22-35 et cité par GABILLIET Jean-Paul, Des Comics et des Hommes, Histoire culturelle des comic books aux Etats-Unis, Nantes, Editions du Temps, 2005, p.263.

* 159 America Reads the Comic. Report number 2 in a series « Adult America's Interrest in Comics », PUCK-The Comic Weekly, 1948 cité par GABILLET Jean-Paul, «op. cit.», p.265.

* 160 GABILLET Jean-Paul, «op. cit.», p.265.

* 161 «Ibid».

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