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Stratégies d'insertion des jeunes de la ville de Yaoundé

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par Patrick Félicien MAMBOU
Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée - Ingénieur d'Application de la Statistique 2006
  

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3.2.3 Revenu et sous-emploi des jeunes

D'après les estimations de l'Enquête sur la Dynamique d'Insertion socioprofessionnelle des jeunes de la ville de Yaoundé (EDIJ 2005), 23,6 % des jeunes en activité et salariés auraient un

33 D'après la deuxième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages (ECAMII), Les employés protégés sont des employés salariés qui ont droit aux allocations familiales ; les employés non protégés sont des employés salariés qui ne disposent pas d'allocations familiales.

38

revenu mensuel inférieur à 23 514 francs CFA34. Plus de la moitié des jeunes auraient un revenu mensuel inférieur à 50 000 francs CFA (cf. graphique 11). Les jeunes femmes bien qu'ayant au départ quasiment le même salaire que les jeunes hommes (salaire à l'embauche), seraient sujettes à une discrimination dans les revenus, toutes choses égales. Le revenu moyen chez les jeunes hommes est de 98 570 francs CFA contre 50 060 francs CFA (cf. tableau 20 en annexe 1).

Graphique 11 : Répartition des jeunes insérés selon la tranche de revenu

40,0

35,0

30,0

25,0

20,0

15,0

10,0

5,0

0,0

Proportion des jeunes inseres
(%)

Momns de De 23500

De 50000

De

De

400000

23500 a 49999

a 99999

100000 a

200000 a

et plus

 
 

199999

399999

 

Tranche de revenu (en Fcfa)

23,6

33,7

22,9

15,7

2,4 1,7

Source : EDIJ 2005, ISSEA

Les jeunes actifs occupés du secteur public et parapublic sont les mieux rémunérés, car près de 33 % de ses emplois jeunes seraient rémunérés à plus de 150 000 francs CFA , contre 11,3 % dans le secteur privé formel et 6,6 % dans le secteur informel. Ainsi, il apparaît que les secteurs public et parapublic seraient ceux qui offriraient des salaires à l'embauche les plus élevés et qui rémunéreraient le mieux les jeunes. D'autre part, ils constituent une meilleure garantie en termes de sécurité sociale35. Le secteur informel confirme sa place de secteur le moins rémunérateur, plus de 75 % des jeunes du secteur informel auraient un revenu inférieur à 60 000 francs CFA.

Par rapport à l'évolution des revenus, près de 45 % de jeunes déclarent inchangés leurs revenus au cours de l'année précédent l'enquête (2004-2005), 33,8 % affirment qu'ils ont augmenté, et pour 21,7 %, ils sont en baisse.

En plus, 52,7 % de jeunes se déclarent insatisfaits de leur emploi (principal) ; et avancent comme principale raison la faiblesse des revenus (près de 60 % des cas) et les conditions de travail (10,4 % des cas). En plus, 56,5 % de jeunes jugent leur qualification en déphasage avec leur emploi. Cette situation peut paraître moins surprenante dans la mesure où il apparaît que plus de 54 % des structures seraient informelles puisque ne tenant pas de comptabilité détaillée (55,5%) et n'ayant pas de numéro de contribuable (52 %).

34 Cette valeur représente le SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance) au Cameroun

35 D'après le BIT, la notion de « sécurité sociale » est définie comme la protection que la société accorde à ses membres, grâce à une série de mesures publiques en raison de la survenance d'un risque dit social.

Exemple : les allocations familiales.

39

D'après l'Enquête ECAMII, le taux36 de sous-emploi des jeunes au Cameroun est estimé à 52,8%.Cependant, elle précise que le sous-emploi en milieu urbain est plus faible qu'en milieu rural. Cet état de fait pourrait s'expliquer par le fait que la plupart des jeunes exercent dans le secteur informel où les horaires de travail ne sont pas réglementés37. Des estimations de l'enquête EDIJ 2005, il ressort que le nombre moyen de jours consacrés par semaine par les jeunes actifs occupés à l'emploi principal serait de 5,36 jours ; ces jeunes y consacrent aussi plus d'heures en moyenne par semaine (42,26 heures) qu'ils ne devraient (35 heures)38, 61,4% des jeunes occupés déclarent avoir plus de 35 heures de travail par semaine comme le montre le tableau 5.

Tableau 5 : Répartition des jeunes insérés selon le nombre d'heures de travail par semaine

Nombre d'heures de travail hebdomadaire

Pourcentage
(%)

Momns de 20 heures

25,8

De 20 heures à 24 heures

5,4

De 25 heures à 29 heures

2,5

De 30 heures à 34 heures

5,0

De 35 heures à 39 heures

29,3

Plus de 40 heures

32

Total

100

N= 483

Source : EDIJ 2005, ISSEA

Bien qu'insérés, 21,5 % de ces jeunes cherchent encore un emploi, principalement (dans 78 % cas) pour améliorer leurs conditions de vie, ou pour une nouvelle insertion.

Par ailleurs, le taux de pluri-activité s'élève à 15 %. La pluri-activité est souvent considérée comme une stratégie des individus pour accroître leur revenu et compenser leur chute en période de récession [STATECO N°99 2005 P. 52]. Selon le statut dans l'emploi, 9,1 % de jeunes pluriactifs sont des cadres moyens ou supérieurs, 13 % des patrons ou employeurs, et 18,2 % des personnes travaillant à leur propre compte (cf. tableau 24 en annexe 1). En plus, près de 3 sur 4 jeunes pluri-actifs travaillent dans le secteur informel (72,6 %).

L'étude descriptive de la situation d'activité a permis de relever que les jeunes sortis du système éducatif éprouvent d'énormes difficultés pour s'insérer. Ceux qui réussissent à décrocher un emploi, sont vulnérables et s'insèrent en majorité (72%) dans le secteur informel où leurs volumes horaires de travail dépassent les volumes normaux de travail (35 heures). Malgré la file d'attente relativement longue (environ 3 ans) que font les jeunes pour s'insérer, quelles sont les

36 D'après le manuel de conception et de définition de l'enquête ECAMII, le taux de sous emploi est définie comme le rapport du nombre de personnes travaillant involontairement moins de 35 heures de travail par semaine sur le nombre de personnes actives occupées.

37 La législation n'a pas encore prévu une réglementation pour la plupart des activités du secteur informel.

38 La législation a fixé le nombre d'heures hebdomadaires de travail à 35 heures

40

stratégies adoptées par ces derniers pour faciliter leur insertion ? Usent-ils encore des voies objectives pour s'insérer ? Telles sont les préoccupations qui feront l'objet du chapitre suivant.

41

CHAPITRE 5 : ANALYSE DES STRATEGIES D'INSERTION DES
JEUNES ET LES RECOMMANDATIONS

Le chapitre 4 a permis de faire remarquer que la situation d'activité des jeunes est fortement caractérisée par l'inégale répartition de ces derniers dans les secteurs public, parapublic, privé formel et informel. Le secteur informel serait devenu actuellement l'expression de nouvelles stratégies d'insertion professionnelle des jeunes dans la ville de Yaoundé. Il importe à présent d'appréhender les différents canaux les plus usités par les jeunes pour s'insérer et de mesurer l'effet de l'emploi des différentes voies utilisées dans la quête de l'emploi dans le secteur formel.

SECTION 1 : Stratégies d'insertion adoptées par les jeunes 1.1 Les canaux d'insertion des jeunes

Autrefois, la stratégie d'insertion adoptée par les jeunes était classique. Ces derniers faisaient initialement leur quête par voie de concours officiel ou directement auprès des employeurs39 . Sur le plan national, ce mode d'insertion semble encore d'actualité d'après les résultats de la deuxième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages effectuée en 2001. D'après cette source de données, plus de la moitié (53,5 %) des jeunes chômeurs cherchent du travail directement auprès des employeurs.

a) Les jeunes non insérés

Pour le cas spécifique de la ville de Yaoundé, les procédures officielles seraient contournées par les jeunes non insérés. La mobilisation des réseaux de solidarité familiale semble être l'option privilégiée des jeunes non insérés dans leur recherche d'emploi (cf. Graphique 12), la prospection directe auprès des employeurs concerne seulement moins d'un tiers de la population des jeunes non insérés.

42

39 Source : INS, « ECAM II : Emploi et lutte contre la pauvreté au Cameroun », Yaoundé, 2003

Graphique 12 : Répartition des primo-demandeurs et des jeunes ayant perdu leur emploi précédent suivant le canal de recherche du travail

Directement
aupres des
employeurs

Parents/relations

FNE

Bureau de la main
d'oeuvre

Agence de
placement prive

Concours/selection

Auto-emploi

Recrutement de
l'Etat

A u tre

Perte du précédent Première insertion Ensemble

Proportion(en %)

40,0

60,0

50,0

30,0

20,0

10,0

0,0

Source : EDIJ 2005, ISSEA

L'utilisation massive des relations amicales ou familiales serait la principale conséquence de l'asymétrie de l'information présente sur le marché du travail camerounais car les jeunes jugent que c'est en passant par les parents et les connaissances que l'on est plus sûr d'avoir la bonne information. Cet aléa moral s'expliquerait par la méconnaissance des agences de placement d'une part et d'un manque de confiance envers les agences de promotion de l'emploi d'autre part. On remarque la faible fréquentation des agences de promotion de l'emploi. Seulement 3,4 % des jeunes non insérés interrogés déclarent avoir fait leur quête par le canal du FNE qui est la principale agence publique de promotion de l'emploi. Enfin, on note que la proportion des jeunes non insérés qui fréquentent les agences de promotion de l'emploi est presque la même (3,6 % pour le Bureau de la main d'oeuvre et 3,3 % pour l'agence de placement privée).

b) Les jeunes insérés

Le Graphique 13 illustre en proportion, l'importance des différents canaux d'insertion des jeunes. Pour obtenir leurs emplois, le canal le plus utilisé reste celui des parents et relations : 47,6 % des jeunes insérés l'ont utilisé ; suit ensuite l'auto-emploi (à hauteur de 20,3 %) et le recrutement direct auprès des employeurs (15,7 %). On remarque que les possibilités offertes par

43

les structures formelles sont insuffisantes ; elles sont reparties ainsi qu'il suit : concours (10 %), recrutements d'Etat (2,8 %), bureaux de main d'oeuvre (0,5 %). Cependant, près de 30 % des jeunes seulement connaissent les stratégies nationales d'insertion, parmi lesquels 61 % les trouvent inefficaces.

Graphique 13 : Canaux d'insertion des jeunes insérés

47,6

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

20,3

15,7

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

10,0

 
 
 

0,5

3,1

 
 

2,8

 
 
 
 
 
 

50,0

45,0

40,0

35,0

30,0

25,0

20,0

15,0

10,0

Proportion (en %)

5,0

0,0

Concours/selection

Directement
aupres des
employeurs

Auto-emploi

Parents/relations

Agence de
placement prive

Recrutement de
l'Etat

Bureau de la main
d'oeuvre

Source : EDIJ 2005, ISSEA

Ainsi, avec le gel des recrutements et les conditions sélectives des divers concours, la planche de salut résiderait dans l'auto-emploi. Par ce canal, le secteur informel est alors devenu le secteur d'activité qui emploierait le plus de jeunes (72%). En outre, les voies subjectives d'insertion sont de plus en plus utilisées ; ce qui pourrait favoriser la corruption, le tribalisme et le favoritisme dont la lutte est d'actualité.

Après avoir exploré les voies usitées par les jeunes dans leur quête de l'emploi, il serait intéressant d'examiner les éléments qui pourraient influencer leur décision de participation au marché du travail.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus