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La pollution des plans d'eau au Bénin

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par Edia Flavien DOVONOU
Université d'Abomey-calavi ( Bénin) - DEA en Environnement, Santé et Développement 2008
  

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C- Sources de pollution du lac Nokoué

1 - Les déchets solides

Plusieurs types de déchets sont recensés dans cette catégorie.

Ils proviennent non seulement des ménages des villages situés sur le lac mais aussi des villages ou quartiers périphériques. Ces ordures ménagères sont déversées directement dans le lac ou sur la berge.

 

Rejet de déchets solides ménagers

Localités

Dans le lac

Sur la berge du lac

Cotonou

43

56

Sèmè-Podji

0

100

Ganvié

100

0

Tableau III: Nombre de ménages (en % des enquêtés) évacuant les ordures ménagères dans le

lac Nokoué ou sur la berge

Les résultats de ce tableau révèlent qu'en général, une forte proportion de population lacustre rejette les ordures dans le lac Nokoué. En effet, 66% des personnes interrogées déversent les déchets dans le lac alors que 35% les jettent sur la berge. A Cotonou, 43% des ménages se débarrassent des déchets solides en les rejetant dans le lac ; les 57% restants les évacuent sur la berge. Par contre à Ganvié, tous les déversent dans le lac.

Des observations directes effectuées sur le terrain ont permis de constater le long du lac d'une part, des dépotoirs d'ordures dans 4% des villages ou quartiers lacustres puis d'autre part dans le lac, des déchets flottants et des ruines d'habitation au niveau de tous les villages visités.

Les rejets anarchiques d'ordures par les ménages sont dus à l'inexistence d'un système de collecte dans le milieu lacustre.

A Cotonou, les nombreux rejets sur la berge expliquent la présence de plusieurs dépotoirs d'ordures. Le plus grand est localisé à Ahouansori (Photo 1).

Quelques structures privées de pré collecte d'ordures dans certains quartiers de Cotonou viennent également déverser les déchets (ménagers et biomédicaux) sur la berge du lac Nokoué à Ahouansori, Agbato, Gankpodo, Ladji et Minontchou.

Au niveau des parties non marécageuses de la berge, certains habitants mettent feu aux dépotoirs lorsque leur taille devient importante.

Au total, tous les grands dépotoirs recensés autour du lac Nokoué se trouvent dans la ville de Cotonou. En période de crue et de pluie abondante, ces décharges sont envahies par les eaux et, une partie importante des déchets est charriée vers le lac. Il faut noter qu'à Sèmè-Podji, bien que toutes les personnes interrogées affirment rejeter les ordures sur la berge, aucun dépotoir n'a été observé. En effet, les ordures produites en faible quantité dans cette commune sont soit éparpillées dans des marécages, soit brûlées.

Les déchets solides jetés dans le lac ou sur la berge sont constitués en partie de matières putrescibles ; ils contribuent surtout à la contamination bactériologique du lac et à la pollution par les matières organiques. Les matières organiques sont définies comme étant des matières oxydables qui nécessitent pour leur décomposition une certaine quantité d'oxygène. Elles sont considérées comme des matières polluantes car elles appauvrissent le milieu en oxygène.

Une partie de ces ordures est composée des éléments tels que : les amas de ferrailles, les piles et batteries usées, les appareils électroménagers hors d'usage, les déchets biomédicaux provenant des cliniques ou cabinets médicaux privés et retrouvés dans les ordures ménagères (pansements, mercure des thermomètres cassés, seringues et aiguilles hypodermiques ). Ces déchets favorisent la présence des polluants chimiques dans le lac. Le Tableau IV récapitule les principaux dépotoirs situés sur la berge du lac Nokoué.

Tableau IV : Principaux dépotoirs d'ordures autour du lac Nokoué

Sites

Hauteur des décharges (m)

Coordonnées géographiques en degré

Longitude E

Latitude N

1

Ladji

0,70

002°26'01,4

06°23'22,9

2

1,19

002°25'48,7

06°23'34,4

3

Ahouansori

0,85

002°25' 15,0

06°23'18,5

4

2,00

002°25'16,7

06°23'18,5

5

0,90

002°25'19,0

06°23'18,5

6

Minontchou

1,20

002°27'05,8

06°23'37,2

7

1,15

002°27'02,7

06°23'38,1

8

Gankpodo

1,05

002°27'0,7

06°23'35,8

9

0,95

002°26'54,8

06°23'39,6

10

0,98

002°26'51,4

06°23'41,8

11

Agbato

1,18

002°26'15,7

06°23'18,4

12

1,55

002°26'15,8

06°23'18,2

13

1,45

002°26'16,0

06°23'11,7

Photo 1 : Dépotoir d'ordure situé sur la berge du lac Nokoué à Ahouansori (haut de 2 m)

2 - Les déchets liquides

a) Les eaux usées

Les eaux usées domestiques sont classées dans la catégorie des déchets liquides. Elles regroupent les eaux de vaisselle, de lessive, de bain et de cuisine.

Dans ce cas également, l'inexistence d'un système de collecte des eaux usées contraint la population lacustre à rejeter ces déchets dans le lac ou sur la berge. Le Tableau V présente la statistique de l'évacuation des eaux usées.

Tableau V : Nombre de ménages (en % des enquêtés) évacuant les eaux usées dans le lac

Nokoué ou sur la berge

Localités

Evacuation des eaux usées

Dans le lac

Sur la berge

Cotonou

53 %

47%

Sème-Podji

0%

100%

Ganvié

100%

0%

Au total, la majorité des ménages interrogés, plus précisément les 69% déversent les eaux usées dans le lac tandis que les 31% restants en jettent sur la berge. Par exemple, à Cotonou et Ganvié les

proportions de ménages qui rejettent les eaux usées dans le lac sont respectivement de 53%, et 100%. A Sèmè-Podji par contre, le rejet se fait sur la berge.

Les eaux usées jetées dans le lac par les ménages contribuent non seulement à la pollution chimique du lac par des apports en phosphates, ammonium, nitrates et nitrites, mais aussi à la pollution organique car ces eaux usées domestiques contiennent aussi des matières organiques biodégradables.

b) Les excréta.

Les excréta constituent aussi un type de déchet liquide, ils sont produits en abondance dans tout lieu de regroupement humain. Ils proviennent des Hommes et des animaux.

c) Les déjections humaines

Dans les milieux lacustres les déjections humaines ont pour destination le lac ou la berge. (Tableau VI).

Tableau VI : Nombre de ménages (en %) rejetant les matières fécales dans le lac Nokoué ou

sur la berge

Localités

Latrines publiques sans fosse

Latrines privées sans fosse

A partir de pirogue

A partir de la case

Cotonou

23

17

43

0

17

Sèmè-Podji

0

0

30

0

70

Ganvié

0

0

57

43

0

Les résultats présentés dans ce tableau révèlent que seulement 9% des personnes interrogées disposent d'une latrine sans fosse installée sur le lac, le reste (91%) rejettent les matières fécales soit sur la berge, dans une latrine publique construite sur le lac, soit à partir d'une pirogue ou de leur case sur pilotis.

Au total, une forte proportion de personnes (87%) rejettent les matières fécales dans le lac contre une faible proportion de personnes (13%) qui les mettent sur la berge. A Ganvié, toutes les personnes

interrogées rejettent les matières fécales dans le lac. Par contre 83% et 30% des interrogés en rejettent dans le lac respectivement à Cotonou et Sème-Podji. Les 17% et 70% restants respectifs en rejettent sur la berge.

En zone urbaine du lac Nokoué, particulièrement à Cotonou, 44 latrines sans fosse dont 25 publiques et 19 privées sont installées sur le lac. La particularité des latrines publiques est que l'accès est subordonné au paiement d'une somme de 25 FCFA. La latrine publique la plus fréquentée se trouve à Agbato (Photo 2). Elle accueille en moyenne 95 personnes par jour ; parmi celles-ci, on compte un grand nombre de conducteurs de taxi moto (65%). A Ahouansori et Agbodjèdo, les latrines les plus fréquentées accueillent respectivement 38 et 25 personnes en moyenne par jour. Le Tableau VII présente la répartition des latrines en zones urbaines et sur le lac Nokoué.

Tableau VII : Latrines installées en zones urbaines du lac Nokoué

Villages ou quartiers

Nature de latrine

Total

Latrines publiques

sans fosse

Latrines privées

sans fosse

Agbato

09

06

15

Agbodjèdo

00

07

07

Ahouansori

03

03

06

Gankpodo

01

02

03

Ladji

02

01

03

Minontchou

02

04

06

Vossa

02

00

02

Yenawa

00

02

02

Total

19

25

44

Agbato possède le plus grand nombre de latrines sans fosse ; viennent ensuite Agbodjèdo avec 7 latrines sans fosse puis enfin, Ahouansori et Minontchou avec chacun 6 latrines sans fosse.

En période de crue, les déjections déposées sur la berge sont envahies par l'eau et ramenées dans le lac.

Photo 2 : Latrines publiques installées sur le lac Nokoué à Agbato et bidons d'essence plongés

dans l'eau .

d) Les déjections animales

Le cheptel animal des quartiers ou villages lacustres est surtout composé de bovins, ovins, caprins, porcins et volaille. Soixante huit pour cent des ménages interrogés élèvent des animaux domestiques. Parmi ces éleveurs, on compte 66% d'éleveurs de porcs, 32% de moutons chèvres, 75% de volaille et 6% de boeufs ; ces pourcentages se justifient par le fait que certains habitants élèvent à la fois plusieurs catégories d'animaux (Tableau VIII ). A certains endroits, les animaux sont dans des enclos, mais dans d'autres, ils errent sur la berge et dans l'eau (Photo 3).Ces enclos sont des lieux de production d'importante quantité de lisier (urines et matières fécales). Le fumier produit est rejeté dans le lac lors du nettoyage des parcs par les propriétaires.

Photo 3 : Porcs en divagation sur la berge du lac à Mènontin

Tableau VIII : Nombre d'éleveurs (en % des enquêtés) rejetant les cadavres d'animaux et les

déjections animales dans le lac ou sur la berge

Localités

Eleveurs de porcs

Eleveurs de volaille

Eleveurs de moutons et chèvres

Eleveurs de boeufs

Cotonou

72

78

44

0

Sèmè-Podji

83

67

1

0

Ganvié

62

72

24

7

Les résultats obtenus sur le comportement sanitaire des éleveurs vis-à-vis des animaux se présentent dans le Tableau IX.

Tableau IX : Nombre d'éleveurs (en % des enquêtés) qui jettent d'animaux domestiques dans

le lac

Localités

Cadavres d'animaux

Déjections animales

Rejet dans le lac

Rejet sur la berge

Enterrés

Rejet dans le lac

Rejet sur la berge

Cotonou

38

33

27

33

66

Sèmè-Podji

0

33

66

0

100

Ganvié

100

0

0

93

6

Les cadavres d'animaux sont rejetés dans le lac, sur la berge ou enterrés.

En effet, 67% des ménages jettent les animaux morts dans le lac, 12% les abandonnent sur la berge alors que 19% les enterrent.

Les déjections animales sont en majeure partie dans le lac. En réalité, 62% des ménages se débarrassent de ces déchets en les déversant dans le lac alors que 37% les abandonnent sur la berge. Trente trois pour cent, et 93% des ménages rejettent ces déjections dans le lac respectivement à Cotonou, et Ganvié.

Les éleveurs producteurs de lisiers (urine et matières fécales) sont des sources majeures de pollution azotée : un porc de 100 kg élimine environ 1 m3 de lisier par an, soit 5,5 kg d'azote. (BEAUX, 1998).

Les matières fécales en général contribuent surtout à la présence dans le lac des polluants inorganiques azotés (ammonium, nitrates et nitrites), phosphorés (phosphates) et des micro-organismes (bactéries par exemple).

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus