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La pollution des plans d'eau au Bénin

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par Edia Flavien DOVONOU
Université d'Abomey-calavi ( Bénin) - DEA en Environnement, Santé et Développement 2008
  

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3 - Les polluants résultant de certaines activités humaines

a) Les déchets issus des activités de pêche

Ces déchets sont constitués de branchages d'acadja abandonnés dans le lac après leur utilisation et des filets usés.

b) Les branchages utilisés pour réaliser les acadjas

Les acadjas représentent des systèmes traditionnels d'élevage et de capture de poissons. Leur réalisation nécessite l'utilisation d'une quantité importante de branchages.

Tableau X : Evolution du nombre des acadjas et leur superficie dans le lac Nokoué

Année

Nombre d'acadjas

Superficie totale en ha

1959

31.056

235

1970

5.389

148

1981

589

311,8

1988

-

4.000

1996

9078

5.931,1

Source : GBAGUIDI (1997).

Photo 4 : Stock d'acadjas en attente d'être déversé dans le lac à Calavi

Ces branchages sont en partie à la base de la pollution organique de l'eau du lac et les risques écotoxicologiques sont liés aux réactions chimiques produites lors de leur décomposition.

La densité moyenne de branchages utilisés dans le lac Nokoué est de 2468 fagots/ha par an (AGLINGLO, 1998). Le nombre d'acadjas qui est de 589 en 1981 sur une superficie totale de 311,8 ha passe à 9078 en 1996 pour une superficie de 5931,1 ha. Ces chiffres sont actuellement largement au dessus de ces valeurs.

Tableau XI : Nombre de pêcheurs ayant placé des acadjas dans le lac Nokoué

Localités

Nombre en %

Cotonou

56

Sèmè-Podji

67

Ganvié

62

Vêkky

67

Soixante un pour cent des pêcheurs interrogés ont placé des acadjas dans le lac. Tous ceux-ci y abandonnent les branchages ayant servi à construire ces acadjas jusqu'à leur décomposition totale. A Sèmè-Podji, 66% des pêcheurs rencontrés ont placé des acadjas dans le lac alors que 55% et 61% y ont respectivement placé à Cotonou et Ganvié.

Les tarets (Taredos petiti et Bankia badidaensis) d'origine marine contribuent activement à la dégradation des branchages en se fixant sur ces dernières.

La décomposition des branchages d'acadjas permet d'affirmer que ces dernières contribuent surtout à la pollution du lac Nokoué par les matières organiques.

c) Les filets usés

Les filets usés quant à eux, sont jetés dans le lac, sur la berge ou bien conservés. La majeure partie des pêcheurs rejette ces filets dans le lac.

Tableau XII : Nombre de pêcheurs (en % des enquêtés) ayant jeté ou conservé les filets usés

Localités

Rejet dans le lac

Rejet sur la berge

Conservation

Cotonou

33

39

28

Sèmè-Podji

0

67

33

Ganvié

86

0

14

d) Les produits pétroliers

Les produits pétroliers (essence, huile à moteur, et gas-oil) sont déversés dans le lac volontairement ou accidentellement lors des transports, de la commercialisation et au moment des vidanges des moteurs.

Tableaux XIII : Nombre de transporteurs de produits pétroliers

Localités

Nombre de transporteurs en %

Cotonou

33

Sèmè-Podji

33

Ganvié

38

Parmi les conducteurs de barque motorisée rencontrés, environ 37% transportent des produits pétroliers. Lors des transports, des déversements volontaires se font pour équilibrer les barques surchargées afin d'éviter les naufrages ou bien pour diminuer la charge dans le but d'échapper aux poursuites douanières. Quant aux déversements accidentels, ils sont dus aux éclatements de bidons usagers et au chavirement des barques surtout lors des orages ou des forces de courants non maîtrisables par les conducteurs. Cinquante cinq pour cent des transporteurs interrogés ont déjà subi des accidents au cours des trafics.

Les destinations habituelles de ces produits pétroliers sont : Yénawa, Agbato, Ladji, Ahouansori, Abomey-Calavi (Photo 5), Zogbo, Godomey, Sô Tchanhoué, Sô Zounko, Aguégué, Kétonou, Ganvié, Tchonvi et Davatin.

Un total de 28 points de commercialisation de produits pétroliers installés sur le lac Nokoué ont été recensés. Les résultats se présentent comme suit :

Tableau XIV : Nombre de points de vente de produits pétroliers installés sur le lac

Localités

Ladji

Ahouansori

Abomey-

Calavi

Ganvié

Sô Tchanhoué

Sô Zounko

Total

Nombre

03

05

01

09

06

04

28

Ganvié présente le nombre de points de commercialisation le plus élevée (09) ; Sô Tchanhoué le suit avec 6 points. A chacun de ces lieux de vente, des produits se déversent (lors des ventes ou des chutes de bouteilles remplies de produits) dans le lac (Photo 2).

Photo 5: Point de vente de produits pétroliers près le lac Nokoué à Abomey-Calavi.

Les conducteurs de barques motorisées effectuent 1 à 2 fois par mois la vidange de leur moteur. Ainsi, 72% et 28% de ces conducteurs interrogés font respectivement la vidange 1 fois par mois et 2 fois par mois à Cotonou comme l'indique le Tableau XV.

Tableau XV : Fréquence de vidanges des moteurs

Localités

Nombre de personnes en %

1 fois /mois

2 fois /mois

Cotonou

72

33

Sèmè-Podji

28

16

Ganvié

76

24

Une quantité d'au moins 0,25 litre d'huile à moteur est retirée à chaque vidange ; cette huile est jetée dans le lac, sur la berge ou conservée. Une grande partie des conducteurs se débarrassent de l'huile de vidange en la jetant dans le lac.

Tableau XVI : Nombre de personnes (en % des enquêtés) rejetant ou conservant l'huile de

vidange

Localités

Rejet dans le lac

Rejet sur la berge

Conservation

Cotonou

72

16

11

Sèmè-Podji

33

66

0

Ganvié

71

0

28

Au total, 65% de ces conducteurs déversent l'huile de vidange dans le lac ; 15% les rejettent sur la berge alors que 20% en conservent pour un usage personnel.

Tableau XVII : Types de déchets rejetés dans le lac

Déchets solides

Déchets liquides

Autres

Sachets en plastique

Eau de lessive

Huile de vidange

Chaussures

Eau de vaisselle

Essence

Pneus

Eau de bain

Pétrole

Vieux filets

Eau de cuisine

Gaz oil

Boîtes de conserves

Déjections animales

 

Ustensiles métalliques

Déjections humaines

 

Produits d'emballage (papiers, cartons)

 
 

Vêtements usés

 
 

Restes d'aliments

 
 

Détritus des produits de pêche (coquilles de mollusque, carapaces de crustacées, écailles et viscères de poissons)

 
 

Charbon de bois

 
 

Feuilles sèches ou vertes

 
 

Branchages

 
 

Fragment de bois provenant des pirogues ou des ruines d'habitation

 
 

Cadavres d'animaux

 
 

Piles usées

 
 

e) Les rejets des collecteurs d'eau dans le lac Nokoué

Les caniveaux couverts et les collecteurs à ciel ouvert qui rejettent des eaux pluviales et usées directement dans le lac se trouvent en zone urbaine du lac Nokoué et plus précisément à Cotonou.

Le projet d'assainissement des villes de Cotonou et de Porto-Novo avait prévu en 1998 la construction de 70 km de collecteurs d'eau à Cotonou. Ce système devrait drainer une superficie de 2837 ha et un volume annuel des eaux de ruissellement évalué à 14,3 millions de mètres cubes dont 10,5 millions de mètres cubes seront déversés dans le lac Nokoué par l'intermédiaire de 6 exutoires.

Le Tableau XVIII montre qu'actuellement, les eaux urbaines parviennent directement au lac Nokoué par l'intermédiaire de 6 exutoires.

Tableau XVIII : Principaux débouchés des collecteurs d'eau à ciel ouvert et caniveaux

couverts dans le lac

Sites

Coordonnées géographiques en degré

Longitude E

Latitude N

1

Rejets urbains du collecteur d'eau de Yénawa

002°27'44,6

06°23'32,7

2

Rejets urbains du caniveau couvert de Gankpodo

002°26'49,6

06°23'42,6

3

Rejets urbains du caniveau couvert de Gankpodo

002°26'48,9

06°23'42,7

4

Rejets urbains du collecteur d'eau d'Agbato

002°26'15,5

06°23'19,0

5

Rejets urbains du collecteur d'eau d'Ahouansori

002°25'15,6

06°23'18,3

6

Rejets urbains du caniveau couvert de Vossa

002°24'51,4

06°23'14,7

En somme, trois collecteurs d'eau à ciel ouvert et trois caniveaux couverts ont été  localisés à Cotonou.

Photo 6 : Débouché du collecteur d'eaux pluviales de Yénawa à Cotonou.

En se référant d'une part aux prévisions du projet d'assainissement des villes de Cotonou et de Porto-Novo et d'autre part au système actuel de collecte des eaux, système formé par l'ensemble des 6 canaux d'évacuation d'eau, il ne sera pas exagéré d'évaluer à environ 10,5 millions de mètres cubes par an la quantité d'eau de ruissellement rejeté dans le lac Nokoué et contenant d'énorme quantité de polluants.

Dans ces canaux, la population riveraine jette quotidiennement toutes sortes de déchets liquides (eau de cuisine, de lessive, de vaisselle et des matières fécales) et des ordures.

Les eaux pluviales déversées dans le lac par l'intermédiaire des 6 exutoires sont donc contaminées par les déchets ménagers (solides et liquides). Ainsi, les collecteurs à ciel ouvert et les caniveaux couverts contribuent par leurs rejets, à la pollution chimique, organique et micro biologique du lac Nokoué.

f) Les apports d'autres plans d'eau

Les apports mis ici sont ceux du fleuve Ouémé, du chenal de Cotonou et de la mer.

- Les apports du fleuve Ouémé

La rivière Sô et le fleuve Ouémé alimentent le lac Nokoué en eau douce. Le débit de crue moyen de l'Ouémé est de l'ordre de 800 m3/s. Quant au volume d'eau douce de ces deux cours qui alimentent le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo, il est de 6353 millions de mètres cubes par an (SNC-LAVALIN, 1998).

Des résidus de pesticides organochlorés, comme le lindane, le chlordane et le DDT (Dichloro-Diphenyl-Trichloroétane) ont été signalés au niveau du fleuve Ouémé par ROCHE INTERNATIONAL en 2000. Ces pesticides proviendraient des insecticides, des herbicides utilisés dans le bassin versant de ce fleuve. Par ailleurs, les engrais chimiques et les pesticides utilisés dans les départements du nord et du centre surtout pour l'agriculture, seraient aussi lessivés et transportés par le fleuve Ouémé.

Le contact permanent entre le lac Nokoué et le fleuve Ouémé favoriserait donc la présence des pesticides qui sont constatés dans le lac Nokoué et qui sans doute se retrouveraient dans l'organisme des poissons.

- L'influence de l'eau marine sur le lac Nokoué

Le volume d'eau salée qui provient de la mer est de 1570 millions de mètres cubes par an (SNC-LAVALIN, 1998). L'intrusion massive d'eau salée en période d'étiage entraîne une prolifération des tarets (Taredos petit et Bankia bagidaensis) qui contribuent à la destruction rapide des branchages d'acadja. Par ailleurs, pendant cette période d'étiage, les algues et plantes aquatiques (jacinthe d'eau par exemple) qui ont envahi le lac pendant la crue, meurent et se décomposent en consommant de l'oxygène.

Tous ces phénomènes qui se produisent contribuent surtout à la pollution organique du lac Nokoué.

- Les apports du chenal de Cotonou

D'une longueur de 4,5 km et d'une largeur moyenne de 300 m, le chenal de Cotonou est un couloir profond de 5 à 10 m ; il est connecté au lac Nokoué par un entonnoir.

Dans le chenal de Cotonou et le long de celui-ci, sont déversés quotidiennement des déchets solides provenant des ménages et surtout du marché Dantokpa. Les décharges d'ordures qui jonchent la bordure du chenal sont composées de matières putrescibles, de déchets biomédicaux, d'appareils usagers, de batteries, des amas de ferraille, etc. Des rejets de teinturiers artisans de tissus dits sénégalais ou maliens sont à signaler le long de ce chenal. En outre, d'autres rejets urbains et industriels dans le chenal sont observés :

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales d'Akpakpa-centre;

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales du nouveau pont ;

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales de Midombo

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales de Hlacomey ;

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales de Jéricho ;

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales du marché Dantokpa ;

§ rejets urbains du collecteur d'eaux pluviales du Collège d'Enseignement Général de Dantokpa ;

§ rejets d'eaux usées de la maternité Lagune de Cotonou.

Grâce au contact entre le chenal de Cotonou et le lac Nokoué, les nombreux déchets déversés dans ce chenal sont entraînés vers le lac surtout en période d'étiage. Les eaux du chenal, polluées par les déchets solides et liquides contribuent donc à la pollution chimique, organique et microbiologique du lac Nokoué.

Les rejets domestiques (solides et liquides) et les eaux des collecteurs sont fortement chargés de matières organiques qui s'oxydent en consommant de l'oxygène. Les divers rejets associés surtout aux apports du chenal de Cotonou et du fleuve Ouémé contribuent d'une part à la présence dans le lac Nokoué des matières organiques, des contaminants microbiologiques (coliformes fécaux, coliformes totaux, streptocoques, etc.) et d'autre part à la présence des polluants chimiques (phosphates, nitrates, nitrites, ammoniums, métaux lourds etc.) dans cet écosystème.

L'excès de la teneur en phosphates et nitrates induit une croissance exagérée des végétaux aquatiques notamment la jacinthe d'eau. Après leur mort, ces plantes surabondantes sédimentent dans les eaux profondes, les bactéries qui les décomposent consomment l'oxygène, le milieu s'appauvrit ainsi en oxygène et il se forme de l'ammoniac. Ce phénomène qui vient d'être décrit est appelé eutrophisation, il représente donc un indice de pollution du lac. Il est à retenir que 1 kg de phosphore dans un lac permet la production d'une tonne d'algues qui nécessitera 140 tonnes d'oxygène pour se décomposer dans les profondeurs (SERVETTAZ, 2001).

Par ailleurs, les produits pétroliers déversés dans le lac y contribuent à la présence des métaux lourds (plomb). Des pesticides sont également observés grâce aux apports des plans d'eau qui sont en liaison avec le lac Nokoué.

II - DISCUSSION : Risques écotoxicologiques liés à la pollution du lac Nokoué

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo