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Dynamiques socio-économiques dans les sites à  risque de Douala et ses implications sur l'environnement social

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par Valentin NGOUYAMSA
Université de Douala, Cameroun - diplome d'étude approfondie 2006
  

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IV-3-REPRESENTATIONS SOCIALES SUR L'ENVIRONNEMENT IMMEDIATCHAPITRE V: REPRESENTATIONS SOCIALES SUR L'ENVIRONNEMENT IMMEDIAT

Il est question dans le cadre de cette section de présenter les résultats obtenus sur les représentations sociales des risques, les pratiques des habitants des zones étudiées envers les risques, leurs croyances. Comment ils se comportent à leur égard, individuellement et collectivement. Leurs enjeux réels dans ce domaine. Ceci dans une approche essentiellement qualitative.

 La notion de représentation sociale trouve une partie de sa

pertinence dans cette expérience d'approfondissement dans les

liens existants entre les opinions. On peut la comprendre comme

un système de savoirs pratiques (opinions, images, attitudes,

préjugés, stéréotypes, croyances), générés en partie dans les

contextes d'interactions individuelles ou/et inter groupaux.  J.M.

SECA (2001 :11)

Il s'agit ici de définir la perception que les habitants des zones à risque ont de leur environnement immédiat, de leurs actions. La perception elle aussi étant un concept renvoyant à la représentation mentale d'un ou plusieurs phénomènes, déterminante dans l'adoption de comportements spécifiques. L'analyse qualitative de la perception des risques par les populations enquêtées prend en compte trois indicateurs qui sont : la perception de l'acuité des problèmes liés au cadre de vie, la perception sur l'origine des problèmes sanitaires, la perception des causes de l'accumulation des ordures.

IV-3-1-PERCEPTION DE L'ACUITE DES PROBLÈMES LIÉS AU CADRE DE VIE

De manière générale, il apparaît que peu de personnes sont informées au sujet des problèmes que peuvent causer les marécages sur leur santé et leurs activités économiques. La perception de l'acuité des problèmes liés au cadre de vie a été saisie à l'aide de la question suivante : selon vous, quels sont les dangers de votre milieu naturel ?

Tableau 4 : Problèmes perçus comme étant graves au niveau des sites à risque

Problèmes sanitaires

Crise économique

Problèmes environnementaux

Problèmes

Source : Notre enquête sur le terrain

De ce tableau, il ressort que la population enquêtée accorde une faible importance aux problèmes liés à leur cadre de vie. Ce qu'elle considère comme grave, c'est la crise économique. La crise économique qui a pour corollaire la pauvreté, la dévaluation et l'inflation. Cette dernière figure au premier rang des problèmes cités. Les problèmes d'insalubrité sont comme mineurs. Les problèmes sanitaires sont cités en troisième lieu car pour la population, les risques ne font pas l'objet d'un problème préoccupant, le degré de familiarisation avec ces risques est une conséquence de l'expérience ou de l'habitude. L'apparition et la recrudescence de certaines maladies comme problème ne sont pas seulement le propre de leur milieu, mais sont des problèmes à la fois mondiaux et nationaux tel qu'affirme M. ELIAS (commerçant à Maképé Missoké) « Croyez-vous que c'est seulement dans cette zone qu'il y a problèmes de santé ? Allez aussi voir à Bonapriso ou même à Paris, il n'y a pas risque de santé »

. Les problèmes sanitaires ne sont plus considérés ici comme préoccupant car n'étant pas spécifiques à leur milieu.

IV-3-1-1- Perception de l'acuité des problèmes liés au cadre de vie selon le niveau d'instruction

Danger

Pas de danger

Danger grave

Primaire

Secondaire

Universitaire

Tableau 5: acuité des problèmes liés au cadre de vie selon le niveau d'instruction

Source : Note enquête sur le terrain

Les personnes non instruites ne perçoivent pas l'acuité des problèmes d'insalubrité comme danger. Pour eux, en dehors de la crise économique qui est un danger, il y a aussi le Sida qui est partout. Mais pour les personnes instruites, (personnes ayant un niveau secondaire au moins) les problèmes sanitaires apparaissent comme un danger permanent dans leur milieu. Ils mettent en exergue l'émergence régulière des maladies tels que le paludisme, le cholera.

 Nous faisons face tous les jours ici à des véritables problèmes sanitaires. Ce milieu est vraiment un milieu à risque. Nous sommes parfois victimes du cholera à cause du caractère impropre de l'eau que nous consommons. Nous n'avons pas d'eau potable. On se contente parfois des eaux du puits non traité. Aussi nous faisons chaque jour face aux ordures qui attirent des moustiques, des eaux usées qui forment le marécage. La conséquence, c'est parfois le paludisme et certaines crises. (JEAN MICHEL, étudiant, Maképé Maturité)

En effet, l'effet de l'instruction sur la perception de l'acuité des problèmes liés à l'environnement immédiat peut s'expliquer par le fait que l'appréhension d'un de ces quelconques problèmes ou la compréhension de leurs processus exige un minimum d'instruction. Dès qu'on accède au 2nd cycle de l'enseignement secondaire, on acquiert les éléments de connaissance fondamentale en ce qui concerne l'environnement. Cette connaissance leur donne le minimum sur l'hygiène et la salubrité. Ce qui ne constitue pas le cas chez ceux qui n'ont pas été à l'école.

IV-3-1-2- Perception de l'acuité des problèmes lies au cadre de vie selon le sexe

Les diverses personnes interviewées hiérarchisent différemment les risques (BARJONET, CAUZARD 1987) parce qu'ils hiérarchisent différemment les valeurs (GAILLARD 1995) et donc les normes.

Selon le sexe, les hommes reconnaissent les dangers liés à l'habitation des sites marécageux. Ils conçoivent leur environnement comme un danger car souvent victimes des inondations et des destructions en saison pluvieuse.

 Je suis gérant d'une boutique et j'habite là tout prêt. Je sais qu'il y a

un danger dans cette zone. Pendant la saison pluvieuse, les pluies et les courants d'eau remplissent même nos maisons. Il n'y a pas de canalisation des eaux dans mon quartier. En plus, il n y a chaque fois des maladies qui apparaissent. Pour ne pas accroître ces risques, je fais tout pour être à l'aise. J'ai fait creuser le W.C. de manière profonde chez moi. Pour les eaux usées et les ordures, je les jette n'importe où. Je suis obligé, l'africain n'a pas d'hygiène, il est toujours exposé au risque quoi qu'il fasse.  (M. ALBERT, Maképé Maturité)

L'analyse permet de comprendre que les hommes quoi que conscients du danger de leur milieu pensent que ce danger est commun à tous les africains. C'est pourquoi ils continuent dans la fabrique des risques par le rejet des eaux souillées, des ordures « n'importe où ». Chez les femmes, surtout les «  buy and sellam » rencontrées dans les marchés, malgré le fait qu'elles côtoient chaque jour les ordures et les eaux souillées, ne sont pas conscientes du danger qu'elles courent. Si elles s'offusquent de la proximité des marécages, c'est plutôt parce qu'ils gênent les « assos » (clients) et non parce qu'ils sont des sources de maladies ou d'inconfort pour elles.

 Ce qui me préoccupe plus, c'est le fait que ces eaux souillées et ces ordures gênent mes assos. Les dangers, il n y en a pas, je jette mes ordures et les déchets de mes marchandises dans n'importe quel coin noir. C'est la mairie qui ne fait pas son travail. Elle ne doit pas toujours attendre qu'on lui signale qu'il y a un danger ici. Donc, je fais comme je veux. Ce n'est pas ma faute.  (JEANNE, Maképé Maturité).

 Je suis vendeuse de condiment, il n'y a pas de risque ici. Depuis je vends dans cet endroit quoiqu'il est marécageux. Je n'ai jamais été malade. Même si je le suis, ce n'est pas parce que je suis en contact avec les ordures. Tout homme tombe malade. Ce qui me gêne le plus ici, c'est que quand il pleut, je vend moins à cause du fait que ces eaux et ordures empêchent mes clients de circuler. C'est tout.  (COLLETTE, Maképé Maturité)

Les femmes buy and sellam ne reconnaissent pas les dangers de leur milieu que par rapport au manque dont elles sont souvent victimes. Elles ne se préoccupent pas des dangers sanitaires qui pour elles n'existent même pas. Ce résultat peut s'expliquer par une certaine méfiance de ces femmes. Car pour certaines, le but de cette enquête serait de provoquer le contrôle du marché par la mairie. Il apparaît clair que même si ces femmes ont des problèmes de santé, déclarer est difficile de peur de « se vendre moins cher. » tel que déclaré par GISELE (Maképé Missoké)

 Vous voulez qu'on vous dise qu'il y a danger ici pour que vous partez dire à l'Etat de venir nous déguerpir n'est ce pas ? Il n'y a donc pas de danger ici.

(2) Clients. Nom qu'utilisent les femmes by and sellam pour désigner leurs clients

Aussi, la différence de perception de l'acuité des problèmes liés au cadre de vie selon le sexe peut s'expliquer par un accès différentiel à l'information au sujet des problèmes liés à l'environnement immédiat, tributaire de l'accès inégal des hommes et des femmes à l'instruction. La proportion des femmes qui ont un niveau secondaire ou supérieur est faible par rapport à celle des hommes (15% de femmes instruites contre 29,5%des hommes)

Tableau 6 : découpage et restructuration des discours sur l'acuité des problèmes selon le sexe

Zones

Noms

Fonctions

Sexes

Propositions

Maképé

Maturité

JEANNE

Commerçante

F

Notre milieu est sans

danger

MAMADOU

Moto taximan

M

Le risque ici est mineur

DEJOLIE

Commerçant

M

Il y a quand même un

risque à vivre ici

MONIQUE

Vendeuse

de beignets

F

Nous nous sentons bien

Maképé

Missoké

SERGES

Creuseur

de sable

M

Comme dans toutes les

zones marécageuses,

il y a des maladies à tout

moment

CHRISTELLE

Infirmière

F

C'est un milieu

dangereux par moment

BENEDICTE

Commerçante

F

Il n y a rien de mauvais

ici

AMOS

Menuisier

M

Il y a urgence à

aménager cet endroit.

Source : Notre enquête sur le terrain

Les discours recueillis permettent de comprendre que les individus perçoivent différemment leur milieu selon le sexe. Les femmes ne voient à priori pas d'inconvénients dans leur milieu quelque soit la fonction, contrairement aux hommes qui quoique conscients des dangers minimisent ceux-ci. Les représentations des risques sont donc construites différemment selon le sexe et selon les différents niveaux d'influence. Les schémas de pensées orienteraient alors les conduites, ou les justifieraient.

IV-3-1-3-Perception de l'acuité des problèmes lies au cadre de vie selon la durée de résidence dans le quartier.

Les personnes ayant résidé plus de 10 ans dans les zones marécageuses hiérarchisent les risques. Les risques n'ont pas le même poids pour les personnes interviewées. Pour certaines, il n'y a même pas de risque dans leur milieu.

 Il n y a pas de risque ici, je suis dans ce quartier depuis 25 ans, je vends les maniocs et je n'ai jamais eu d'infection, ni de maladie. Mon quartier est bien.  Cette déclaration de M. ALAIN a été renforcée par celle de AÏCHA

 Allez vous adresser à ceux qui pensent qu'il y a des dangers ici. Vous voulez faire détruire le quartier pour rien. Je suis née ici et voici j'ai 30 ans, je ne suis pas morte. Je nage même souvent avec mes enfants dans les cours d'eau que vous voyez. C'est mon quartier. Il n y a rien 

Si certaines personnes interviewées pensent qu'il n y a pas de danger dans leur milieu, d'autres par contre pensent que ces risques quand bien même il « en existerait restent mineurs. » et ne peuvent en aucun cas avoir un effet négatif énorme sur la santé, ni sur les marchandises vendues. Cela se traduit par cette déclaration de COLLETTE

Le fait que vous me voyez encore bien portant prouve qu'il n'y a pas de danger dans ce milieu. Les risques que vous évoquez sont tellement mineurs ici. Il n'y a pas de risque majeur. Avez-vous déjà vu un noir mourir de la saleté ? Même s'il y a un danger, est-ce le propre de ce milieu ? Mes toilettes sont là tout proche de ma cuisine et je vends juste là à coté depuis 20 ans. Rien de grave ne m'est arrivé.

Les personnes ayant donc résidé plus de dix ans dans le quartier perçoivent leur milieu comme « bien ». Cela peut être dû à deux facteurs : de façon générale, plus on réside dans un quartier, plus on se familiarise avec les problèmes spécifiques de ce quartier ; l'autre élément d'explication est le phénomène dit d'appropriation. Plus les individus séjournent dans un milieu, plus ils ont des relations psychoaffectives poussées avec ce milieu. Ce genre de relations les rend plus sensibles aux problèmes de ce milieu qu'ils considèrent comme étant le leur et dans lequel ils se projettent.

Il apparaît clairement que sans être totalement absents, l'acuité des problèmes liés au cadre de vie ne constitue pas encore un sujet de vive préoccupation pour les populations enquêtées. Ce résultat peut traduire l'ignorance et le manque d'information et d'intérêt au sujet des risques liés à l'habitation des sites à risques. Les ménagères ont tendance à avoir plutôt une perception économique de l'environnement immédiat. Ce résultat éclaire un peu plus le débat déjà soulevé dans la revue de la littérature autour de l'intérêt accordé par les populations aux problèmes liés à l'habitation des zones à risque. Est-ce que les populations dynamiques sont au courant des risques ? La construction et la fabrique des risques relèveraient du manque d'information, d'instruction et surtout de la crise économique. La prépondérance des problèmes économiques dans les réponses des personnes interrogées conforte davantage le point de vue de A. YOUMBI (1992) qui pense que les revendications pour un ordre démocratique interne et la lutte pour la survie restent les préoccupations prioritaires des Camerounais.

IV-3-2-PERCEPTION DE L'ORIGINE DES PROBLEMES SANITAIRES ET CAUSES DE L'ACCUMULATION DES ORDURES

Le désir de comprendre la perception de l'origine des problèmes sanitaires a été motivé par le fait qu'une catégorie de la population a soulevé dans la perception de l'acuité des problèmes de leur cadre de vie un danger sanitaire. Nous désirons savoir d'où viennent ces dangers sanitaires. Les populations enquêtées (les hommes et les personnes instruites surtout) évoquent le caractère nuisible des ordures, la stagnation des eaux usées et la pollution atmosphérique.

Tableau 7 : Découpage des discours recueillis sur l'origine des maladies

Source : Notre enquête sur le terrain

Nous notons que de façon générale, dans l'esprit des personnes interrogées, les déchets constituent les éléments les plus nuisibles. Le second problème est celui des eaux usées. Cependant les problèmes tels que la pollution atmosphérique sont peu désignés.

L'importance inégale des problèmes mentionnés tient probablement à 2 choses. Elle tient d'abord à une acuité différentielle des problèmes désignés. Les dangers et les problèmes varient suivant les zones et les manifestations.

Ensuite, ce classement traduit la perceptibilité différentielle des problèmes. Les ordures et les eaux usées sont immédiatement perceptibles, ce qui n'est pas le cas de la pollution atmosphérique qui exige tel qu'énoncé par (J. MARCUS, 1989 :24) « la teneur en plomb de l'air » ou la connaissance de litho météores nocifs en suspension dans l'air. Compte tenu de la généralisation dans les zones de Maképé des déchets au moment de la préparation de cette enquête, nous avons jugé utile de demander aux personnes enquêtées de donner les causes de l'accumulation des ordures et des eaux souillées. Les réponses à cette question sont diverses et leur importance varie aussi.

IV-3-2-1-Découpage et restructuration des discours sur les causes de l'accumulation des ordures et des eaux usées

Tableau 8 : Découpage et restructuration des discours sur les causes de l'accumulation des ordures et des eaux usées.

Locuteur

Zones

Propositions

Noyau référent

ARMAND

Maturité

Le gouvernement doit assurer

le strict minimum à la population

Gouvernement (Etat)

ALBERT

Maturité

La mairie de Douala 5e ne fait bien

son travail

Mairie (Etat)

GISELE

Missoké

AICHA

Missoké

TEZA

Missoké

Nous les Africains, nous manquons

de civisme. Nous sommes ignorants

Nous

(Incivisme)

JOSUE

Missoké

L'Africain est toujours exposé

aux risques. Nous n'avons pas le

choix. C'est notre façon de faire

Nous

(Ignorance)

COLLETE

Maturité

INOUSS

Missoké

PAUL

Maturité

La communauté urbaine de Douala

est seule responsable.

Communautés

Urbaines de

Douala (CUD)

Etat

BENEDICTE

Missoké

MONTE

Maturité

C'est la faute des pouvoirs publics.

Ils ne connaissent pas l'hygiène et la salubrité

Pouvoirs publics

(Etat)

ELAN

Missoké

Source : Notre enquête sur le terrain.

IV-3-2-2-Analyse et interprétation des discours recueillis sur les causes de l'accumulation des ordures.

Du tableau ci-dessus, il ressort que les individus perçoivent les causes de l'accumulation des ordures dans leur zone comme une défaillance de l'Etat. Ensuite dans une moindre mesure comme un manque de civisme de la par des populations et enfin comme une conséquence de la pauvreté.

IV-3-2-2-1-Part de l'état

En effet, les individus que ce soit ceux de Maképé Maturité ou ceux de Maképé Missoké tiennent pour principal responsable de l'accumulation des ordures et des eaux souillées l'Etat qu'ils qualifient « d'irresponsable » pour reprendre un commerçant interviewé à Maképé Missoké, Les pouvoirs publics sont indifférents au sort des populations. La régularité des modèles argumentaires (mairies, gouvernement, pouvoirs publics), ayant une polarité négative atteste ce fait. L'insalubrité du cadre de vie est perçue comme une défaillance des pouvoirs publics vis à vis de leurs devoirs, comme une « défaillance de tout système » pour reprendre les mots d'un commerçant interviewé à Maképé maturité.

Toutefois il apparaît à l'inverse une faible responsabilité des populations dans cette situation. Cette responsabilité est multiforme.

IV-3-2-2-2- Manque de civisme

Certains pensent que les habitants n'ont pas assez de civisme ou qu'ils n'assument pas leur responsabilité dans la gestion de leur cadre de vie. D'autres par contre estiment que l'accumulation des ordures tient à une ignorance des dangers liés à cette pratique. Enfin, d'aucuns estiment que le dégradation du cadre de vie découle d'un état de pauvreté des populations. Bien que peu défendue, cette dernière thèse est celle qui fait aujourd'hui école car certains spécialistes de la sociologie des risques qui estiment qu'il existe une corrélation et une synergie entre pauvreté et fabrique des risques par des populations. (C. GILBERT, op. cit.)

Au terme de ce chapitre, il convient de relever que plusieurs facteurs expliquent les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Douala. Les approches dynamiste et individuelle ont permis de mettre en exergue la croissance démographique et l'expansion urbaine, la croissance de l'exode rural et la difficulté d'intégration des migrants comme causes ou mobiles des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque. La croissance démographique a pour corollaire l`extension urbaine, la diversité des populations et l'apparition des inégalités sociales. Ces inégalités entraînent une occupation irrationnelle du terrain urbain par les couches faibles et pauvres. Les quartiers non urbains illustrent cette occupation spatiale désordonnée (habitat spontané, zones marécageuses et inondables, zone polluée). Les difficultés d'intégration des migrants dans l'espace urbain a pour conséquence de véritables réceptacles ethno claniques. Les populations font de plus en plus recours aux espaces dépourvus de tout contrôle ou elles constituent « une civilisation rurale dans l'enceinte même du périmètre urbain. » (C. R. NGUIMALET, 2007 :4). La pauvreté des enquêtés, leurs faibles revenus et la difficulté de logement sont des facteurs qui les contraignent à lutter pour s'affirmer, dominer. Ils sont à la quête du mieux être et d'une intégration économique. Quelles que soient leurs caractéristiques, les difficultés économiques qu'ils éprouvent, la nécessité matérielle leur confèrent une perception mineure des risques. Même si certains individus (en particulier les instruits) sont conscients du danger, ceux-ci minimisent ce danger. Pour les femmes buy and sellam, les marécages, les ordures et les pollutions sont plutôt des handicaps pour leurs commerces, car gênant leurs « assos ». Cette perception positive du milieu donne à la population de ne pas se soucier de leurs cadres de vie.

Toutefois, dans quelles conditions vivent ces populations et quelles stratégies développent-elles pour la survie quotidienne ?

Individus

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams