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Dynamiques socio-économiques dans les sites à  risque de Douala et ses implications sur l'environnement social

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par Valentin NGOUYAMSA
Université de Douala, Cameroun - diplome d'étude approfondie 2006
  

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VI-2- INCIDENCES DES DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE

VI-2-1-IMPLICATIONS SANITAIRES

Les médecins perçoivent bien en quoi l'afflux massif des populations démunies dans les territoires exigus d'un camp accroît les risques de pollution et des épidémies tels que le paludisme et le choléra.

VI-2-1-1- Les effets de la pollution

Les effets de la pollution de l'air sur la santé sont mieux connus grâce aux études menées essentiellement dans les pays développés d'Amérique du Nord et d'Europe. Un certain nombre d'études ont aussi été réalisé dans les grandes métropoles et à Mexico. Par contre, les études scientifiques réalisées dans les villes africaines sont relativement rares et fragmentaires.

Dans les villes américaines, européennes et asiatiques étudiées, les problèmes de santé spécifiquement liés à la pollution de l'air par les rejets des déchets toxiques d'origine naturelle et humaine sont faciles à individualiser. La pollution industrielle interfère sur les résultats des échantillonnages d'air ambiant. Mais ces ratios sont peu applicables aux villes africaines comme Douala où la pollution de l'air par des sources industrielles est très limitée. Quoique la pollution industrielle soit présente, celle provenant des activités domestiques (déchets, ordure, etc.) est dominante. Elle constitue une source de maladie pour la population. L'impact des marécages avec ces nuisances sur la santé des individus se détermine par une augmentation de l'incidence d'un vaste spectre de maladies allant des maladies respiratoires aux maladies de peau en passant par l'aggravation des maladies cardio-vasculaires et les maladies allergiques. Les marécages lâchent des gaz toxiques. C'est le cas du cours d'eau qui traverse le long du quartier Maképé. Les eaux noirâtres coulent péniblement sous le pont. Des odeurs nauséabondes couvrent toute la zone. « Les populations y jettent toutes sortes de particules et c'est aussi ici qu'on y déverse toutes les huiles usagées recueillies dans les moteurs par les mécaniciens. », explique M. BELLA. Il ajoute : « Parfois, il est totalement impossible pour nous qui habitons le coin de rester à l'extérieur de la maison tant l'air est vicié et irrespirable. ». La double pollution atmosphérique et de l'eau asphyxie les populations par temps de pluie comme pendant la saison sèche. Selon l'Organisation Mondiale de la santé (OMS) trois millions de personnes meurent chaque année sous l'effet de la pollution atmosphérique, soit 5% des 55 millions de décès annuels dans le monde.

Dans la zone de Maképé les risques de pollution sont souvent visibles. Nous nous sommes entretenu avec M.CLOVIS infirmier breveté d'Etat. Dans le centre qu'il dirige, il reçoit environ 50 malades par semaine dont 3% souffrent généralement de maladies respiratoires tels que des pathologies aigues qui se manifestent par les bronchites et beaucoup plus de cas d'asthme. On le remarque surtout chez les enfants qui sont les plus sensibles. Pour le Dr ETOUNDI MBALLA, « Il y a des pathologies des manifestations au niveau des yeux, les conjonctivites, les irritations cutanées, des maladies digestives, les diarrhées ». Ce sont des pathologies fréquentes dans les sites polluées et qui apparaissent un, deux ou trois jours après qu'on ait été en contact avec les substances polluantes. Il note aussi le risque des pathologies chroniques comme le cancer de poumon, du sang, digestifs ou de la peau, la toux.

VI-2-1-2- Montée du paludisme et cholera

A Maképé, la proximité ambiante et surtout les ordures ménagères et eaux souillées qui côtoient les habitations expliquent la raison pour laquelle les habitants sont régulièrement victimes du paludisme. Nous avons interviewé Mme MACAIRE, infirmière dans un centre de santé à Maképé Maturité sur l'origine et la fréquence des malades dans la zone. Selon celle-ci

Il arrive des moments où la majorité des malades qui arrivent dans le centre de santé sont victimes du paludisme. Surtout en saison sèche, nous croyons souvent à tort que la défense de notre santé et notre environnement n'est pas de notre ressort. Pourtant, les ordures qui nous entourent sont sources de nombreuses maladies à l'instar du paludisme .

Elle ajoute :

 Vous savez, le moustique n'aime pas le froid. Pendant la saison sèche, au moins cinq des dix lits de notre petit centre sont occupés par jour par les patients paludéens. Ce sont généralement des enfants dont l'âge varie de 6 mois à 17 ans.

Cette affirmation de Mme MACAIRE a été confirmée par notre observation. Les enfants de moins de 05 ans sont plus exposés au paludisme que les adultes à cause des mécanismes de défense qui sont encore immatures et particulièrement fragiles. Le paludisme devient comme un risque permanent qui affecte les familles. Dans un ménage enquêté au hasard et dont le chef de famille est (M. ELAN), même ci celui-ci ignore l'origine du paludisme affirme cependant que régulièrement, ses enfants attrapent des crises de paludisme et ce de façon répétitive. « Par an, j'ai au moins 3 enfants qui tombent malades.  Mais je ne peux pas vous donner l'origine. »

Le risque de paludisme est d'autant plus préoccupant que selon le rapport de l'OMS 2006, un enfant meurt toutes les 30 secondes de cette maladie. La zone de Maképé a été identifiée selon le rapport de recherche sur le cholera à Douala comme zone à risque, zone de développement de la maladie. Les dynamiques économiques en zone insalubre constituent un risque pour la population active et pour les consommateurs. Les risques ne sont pas simplement perceptibles au niveau des acteurs économiques, mais aussi et surtout au niveau des acteurs consommateurs (les clients qui viennent se ravitailler).

Les aliments vendus sont mal lavés et ce dans des eaux souillées, exposés en même le sol. Cette pratique augmente même le risque de contamination. Plusieurs cas de cholera ont été signalé dans la zone de Maképé et les causes sont les manques d'hygiène, la consommation des produits mal ou non lavés. Selon les statistiques fournies par les centres visités, sur 100 cas de choléra dans la ville de Douala, 10% de cas proviennent de la zone de Maképé. Ce taux est d'autant plus élevé lorsqu'on se rend compte que les sites de Maképé Missoké et Maképé Maturité ne sont pas les seules Zones à risque de Douala. La ville renferme de nombreuses zones à risque (Mabanda, New Bell, Cité CICAM etc.) les aliments vendus ne font l'objet d'aucun contrôle. Les acteurs économiques ignorent les conséquences de leurs activités non seulement sur eux-mêmes, mais aussi sur les populations qui consomment leurs produits. Compte tenu de la difficulté à « joindre les deux bouts » les commerçants ne prennent pas en compte le danger qu'ils courent. Une commerçante, (GISELE, Maképé Maturité), déclare :

 Nous n'avons même pas de l'eau potable dans notre zone. C'est Dieu qui protège le nègre. Donc, souffrez que je vende mes produits à même le sol. Lorsque le client achète, il les lave chez lui.

Il apparaît ici non seulement l'ignorance, mais aussi un manque de responsabilité les commerçants jugent normales leurs pratiquent dans un environnement pollué. L'Etat garant de la sécurité alimentaire devrait prendre des dispositions pour un environnement sain. Cette thèse confirme davantage la perception que les individus ont de leur milieu telle que démontrée dans le chapitre précédent. La tendance à décliner la responsabilité du peuple actif a été soutenue par le chef de quartier de Maképé maturité, M. BELLA, lorsqu'il affirme : «  Rien n'est fait par l'Etat pour contrôler la qualité des aliments vendus ici. Nous avons même déjà fait des appels pour les adductions d'eau, mais jusqu'ici les actions sont moindres et nous continuons à subir ». Cependant, il se révèle un paradoxe, si l'Etat qui est le gouvernement selon la population intervient dans le contrôle des marchés et des aliments, il y aura certainement une exigence. Ce que les populations contestent car si elles ont choisi ces zones, c'est pour fuir les exigences du gouvernement tels que les impôts, etc. Serez-vous prêts à accepter une réglementation avec ses exigences de vos activités ? Telle est la question posée à un groupe de femmes buy and sellam. Même si elles répondent par la négativité, elles pensent néanmoins que le pouvoir public doit assurer sa fonction sans toutefois leur nuire (Ne rien leur demander).

 Vous croyez que l'Etat doit toujours investir pour récolter ? Il n'a pas toujours besoin de demander quoi que ce soit à la population. Nous sommes de petits commerçants. Si l'Etat ne peut nous aider et prétendre une contrepartie, nous nous opposons.  (MICHEL, Maképé Maturité)

Sur le plan sanitaire, les zones marécageuses constituent des risques pour les populations. Ces risques sont perceptibles à travers différentes maladies dont sont régulièrement victimes les habitants de Maképé Missoké et de Maképé Maturité. Même si les individus ignorent ces risques, ils reconnaissent néanmoins qu'ils en sont de temps en temps victimes, constituant ainsi un lourd fardeau économique. Dans le cas du paludisme, l'analyse des risques ne prend pas simplement en compte le coût de traitement, mais aussi la perte résultante de l'invalidité du malade. De prime abord, le praticien indique que le traitement dépend des moyens. En principe, soutient-il,

 Le traitement du paludisme coûte cher pour les populations démunies. Son coût dépend des modalités de traitement. Les soins avec hospitalisations s'évaluent à 25 000 francs. Il faut noter que ce taux varie en fonction des structures sanitaires. Sans hospitalisations, le coût de traitement s'évalue entre 5 à 10 000 francs selon les cas. 

Les conséquences du paludisme peuvent générer des coûts économiques beaucoup plus importants que ceux liés aux maladies cardio-vasculaires et les maladies allergiques. La plupart des individus faute de pouvoir se soigner par les moyens modernes se réfèrent à la médecine traditionnelle. Les maladies liées à la pollution ont aussi un coût, qui se décline des soins de santé, en médicaments, en congés de maladies, en baisse de productivité, en invalidité. Ce coût est souvent supérieur au coût de la prévention.

VI-2-1-3- Populations et risque des sinistres

C. COLLIN (1995) dit de la ville qu'elle entraîne depuis toujours un cortège de vulnérabilité. Lesquelles sont liées à la difficulté de trouver une organisation cohérente entre le besoin qu'ont éprouvé les hommes de se rassembler et les risques constitués par l'entassement des populations dans des conditions propices au développement des sinistres et des désordres. L'un des risques dans les sites enquêtés est lié à la construction traditionnelle en bois qui favorise les grands feux dans les zones. Interviewé sur les problèmes quotidiens liés à leurs conditions de vie, (NARCISSE, zone de Maképé Missoké) affirme :

Il est difficile dans notre zone de passer un mois sans sinistre. Notamment les feux des maisons. Au mois de décembre 2006, dans notre petite zone, nous avons enregistré trois cas de feu dans le quartier. 

Les feux tirent leurs origines de l'utilisation des bougies par les populations comme moyen d'éclairage. Plusieurs viennent à oublier allumée les bougies pendant le sommeil. En outre l'utilisation de feu de bois et certains branchements électriques expliquent ces feux. Outre les feux qui se multiplient et prennent de plus en plus de l'ampleur, les pertes en vies humaines sont enregistrées de suite de glissement de terrain et des inondations. Les glissements de terrains sont dus non seulement de la sensibilité de la zone, mais aussi du fait que les populations creusent des pentes pour des constructions. Ce qui provoque l'écoulement de certaines maisons. Les causes des inondations sont diverses : de prime à bord, la ville de Douala est une zones inondable car située en bordure de la mer. Dans le cas spécifique des zones enquêtées, les populations participent à la construction des risques en bouchant les canalisations d'eau par des débris ménagers, etc. Les constructions anarchiques ne favorisent pas la circulation des eaux de toitures. Ces inondations s'accompagnent des grandes pertes matérielle et humaine. « J'ai vu partir mes effets et toutes ma maison en 2005 sur les torrents d'eau » (M. ALBERT, Maképé Maturité). Le tableau ci-dessous présente les pertes humaines enregistrées de 1998 à 2004.

Tableau 15 : évolution des pertes en vie humaines de suite des inondations dans les zones enquêtées

Sites

Années

 

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

total

Maképé

Missoké

4

6

2

0

4

2

2

20

Maképé Maturité

4

9

1

2

0

1

0

17

Total

8

15

3

2

4

3

2

37

Source : Document de travail communauté urbaine de Douala (CUD)

De ce tableau il apparaît que de 1998 à 2004, il a été enregistré dans la zone de Maképé Missoké une vingtaine de décès de suite des inondations. Dans la zone de Maképé Maturité, 17 cas de ces ont été enregistrés. Au total 38 cas de décès de 1998 à 2004. La plupart des victimes sont des enfants. Une remarque est faite à partir de ce tableau. Celle du nombre élevé de décès enregistrés en 1999. Cette année été marquée par de grandes pluies torrentielles. C'est à partir de ces sinistres que le gouvernement a accentué le processus de déguerpissement des populations à risque. Nous n'avons pas eu des statistiques sur les implications des inondations de 2004 à 2006. La vie dans les sites à risque presente ainsi des situations particulières. Les implications observées et évaluées sur le plan sanitaire ont été aussi observées sur la satisfaction des besoins de la famille.

VI-2-2- IMPLICATIONS SUR LA SATISFACTION DES BESOINS DE LA FAMILLE

VI-2-2- 1- Les fonctions de la famille

La famille exerce un certain nombre de fonctions. Elle est le lieu par excellence des solidarités entre producteurs et improductifs. Les anciens sont amenés à trouver auprès des générations suivantes le soutien nécessaire lorsqu'ils deviennent trop âgés pour travailler. Cette solidarité se traduit par l'hébergement des parents âgés, l'affectation des jeunes au ménage d'un ancien ou l'envoi de subsistances. Elle constitue un lieu de refuge non seulement pour les parents, mais aussi pour les enfants. La famille pour les populations des sites à risque est un lieu où l'enfant s'épanouit jusqu'au moment où à l'âge adulte, il fonde lui même un foyer. Même étant mariés, certains enfants préfèrent demeurer chez leurs parents avec leurs épouses et enfants. La famille représente un abri sur où l'on exprime ses sentiments avec la certitude d'être soutenu. La famille participe à la socialisation des enfants, un soutien économique, un agent de protection et d'assistance. La famille est ainsi un lieu incontournable dans la vie de chaque individu. Elle est aussi organisée avec des rôles spécifiques attribués à chaque membre comme la société elle-même. Les familles telles qu'observées dans les sites à risque ont des besoins dont la satisfaction dépend de leurs conditions de vie.

VI-2-2-2- Besoins de la famille

Les besoins sont immenses dans les familles rencontrées dans les sites à risque. Ces besoins vont de la scolarisation des enfants à la satisfaction des besoins alimentaires et communautaires. Pour des personnes interviewées sur leurs besoins dans la famille, certaines ont fait part du besoin de scolarisation des enfants. MICHELLE est une de ces personnes interviewées dans la zone de Maképé Maturité et elle affirme :« Nos enfants ont besoin d'aller à l'école. J'ai toute la volonté d'envoyer les miens à l'école. Pour cela, il faut que je me batte ardemment. »

La scolarisation des enfants est ainsi un besoin et un devoir pour les parents qui doivent se battre pour offrir à leurs progénitures une éducation adéquate. Une éducation qu'ils n'ont pas eue. D'autres personnes rencontrées et interviewées évoquent en plus de besoins de scolariser les enfants, la satisfaction des besoins alimentaire, vestimentaire et communautaire.

« Il faut que les enfants mangent, c'est notre rôle de les nourrir en tant que parents. Il faut que nous parents, nous mangeons aussi. C'est ce que nous avons besoin et nous nous battons tous les ours pour cela. » (JULIEN, Maképé Maturité)

« L'homme ne peut pas vivre sans manger, boire et s'habiller. Nous éprouvons le besoin de nous vêtir même si nous sommes démunis. Ce n'est pas facile, mais nous nous battons et c'est tout. » (PASCAL, Maképé Missoké)

 Que voulez-vous que je vous dise. Pour moi, seules mes cotisations comptent. Si je pouvais avoir les moyens financiers importants, je serai dans presque toutes les tontines. J'ai un souci de regroupement et de participation aux activités communautaires.  (FRANCIS, Maképé Missoké)

De ces trois discours recueillis, il ressort que les besoins des familles des sites à risque varient en fonction des familles et des individus. Pour certains, ce qui compte c'est le besoin alimentaire car ce besoin « est vital ». D'autres mettent plus l'accent sur les vêtements pour ne pas « souvent laisser trop voir leur souffrance. » Comme affirme Michelle, d'autres encore sont animés par le désir de participer aux activités communautaires et la scolarisation de leurs progénitures. Leurs conditions et de vie et leurs activités telles que révélées dans le chapitre deux, leur permettent-elles de satisfaite ces besoins ?

VI-2-2-3- Conditions de vie des populations des sites à risque et implications sur la scolarisation des enfants

L'école ne connaît pas un meilleur sort dans les structures familiales. Faute de pouvoir scolariser correctement leurs progénitures, les populations révisent leur choix d'investissement. Cela se traduit par une baisse de la fréquentation des écoles et particulièrement, une sous scolarisation des filles. L'analyse des implications sur la scolarisation des enfants à été motivée par le fait que les individus ont affirmé que leurs activités leurs permettaient de répondre aux besoins des enfants. Nous désirons comprendre ce degré de scolarisation dans les ménages.

VI-2-2-3-1- Scolarisation des filles

Pour les populations enquêtées, les filles sont reconduites vers le petit commerce au détriment de l'école. Elles doivent déjà comme affirme M. ZEBAZE « apprendre à être responsable puisque l'école ne pourra leur servir à quelque chose. ». Les conditions de vie des populations leur donnent une autre vision de l'école et surtout celle des filles. En effet, l'école pour les filles ne pourra servir à quelque chose d'autant plus que celles-ci sont appelées à se marier plus tard. Alors il faut leur apprendre à se débrouiller et à faire face à certaines difficultés qu'elles pourront rencontrer plus tard dans les ménages, surtout si leurs maris sont invalides. La priorité de l'instruction scolaire est accordée au genre masculin même si celui-ci ne connaît pas aussi un succès. Le tableau ci-dessous présente le taux de scolarisation des filles dans les ménages à Maképé Missoké tel que observé et enquêté.

Tableau 16 : scolarisation des filles selon le site

Zone

Scolarisation

des filles

 

Effectif des filles

Filles en ages es scolaires

Filles scolarisées

Maképé Missoké

45

42

08

Maképé Maturité

55

38

17

Total

100

80

25

Pourcentage

100

80

31,25

Source : Notre enquête sur le terrain

Sur 100 filles recensées dans les ménages des deux sites enquêtés, 80% sont en âges scolaires (entre 7-14 ans), seules 31,25% vont à l'école. Les filles qui vont à l'école ont été recensées plus dans les ménages où les parents ont un niveau d'instruction élevé. L'instruction est donc une caractéristique qui a servi dans la compréhension de cette sous scolarisation des filles dans les sites à risque.

Sur 25 filles scolarisées, 20 sont issues des ménages dont les parents ont au moins un niveau secondaire et 5 filles issues des ménages dont les parents ont un niveau primaire. Nous pouvons donc conclure que la pauvreté n'est pas la seule raison qui justifie la baisse des effectifs des effectifs des filles scolarisées dans les ménages. Cette baisse s'explique aussi par le niveau d'instruction des parents dans les ménages. La plupart des parents enquêtés sont analphabètes et cet analphabétisme leur donne une perception négative de l'école, surtout celle des filles. Les parents qui ont fréquenté scolarisent mieux leurs filles. Mais ceux qui n'ont pas fréquenté pensent que la fille doit être éduquée dans le sens du mariage. C'est le sens de cette affirmation de (M. HENRI Maképé Missoké)

 La fille va où avec l'école. Le mariage l'attend plus tard. Il faut l'initier des maintenant car elle doit apprendre à être responsable. C'est même ici en ville que je vois les jeunes filles aller plus loin avec l'école. Au village, on ne fréquente pas beaucoup. J'ai une fille de 16ans chez moi. Apres son CEP (Certificat d'Etude Primaire), j'ai tenu à ce qu'elle apprenne à faire le commerce comme sa maman. C'est elle qui nourrira son mari et sa progéniture. 

Les filles ici pour les personnes non instruites doivent être conduites dans le sens du mariage. Qu'en est-il de la scolarisation des garçons ?

VI-2-2-3-1- Scolarisation des garçons

Dans les ménages enquêtés, les garçons ont le privilège d'une longue carrière scolaire. Mais les conditions démunies des populations telles que observées ne leur permettent pas de satisfaire ce désir. L'éducation des garçons prend de plus en plus de recul dans les ménages malgré la priorité qu'on leur accorde au détriment des filles. Les populations affirment avoir de sérieux problèmes, des difficultés financières pour pouvoir scolariser effectivement leurs enfants.

Tableau 17 : scolarisation des garçons selon les sites enquêtés

Scolarisation des

garçons

Zone

 

Effectif des garçons

garçons en

âges scolaires

garçons scolarisés

Maképé Missoké

62

46

12

Maképé Maturité

58

54

33

Total

120

100

45

Pourcentage

100

83,3

45

Source : Notre enquête sur le terrain

De ce tableau, il ressort que sur 120 garçons recensés dans les deux sites de recherche, 100 soit (83,3%) ont l'age d'aller à l'école. 45 soit (45%) sont effectivement scolarisés. La plupart des garçons sont dirigés vers les formations pratiques comme la menuiserie, la mécanique automobile. D'autres encore sont dirigés vers le transport par moto malgré parfois leurs adolescences M. ARMAND commerçant dans la zone de Maképé Maturité affirme :

 C'est vrai que les garçons sont les futurs leaders dans les ménages, et c'est même eux qui prendront la relève dans les familles. Nous voulons bien leur donner une meilleure éducation. Mais que voulez-vous qu'on fasse. Nous n'avons pas de revenu suffisant pour leur école. Le peu que nous avons ne nous permet même pas déjà de faire face aux multiples besoins qui sont les nôtres. Nous sommes obligés de les conduire vers les centres de formations pratiques pour que très vite, ils puissent contribuer aux revenus du ménage.

Les conditions de vie des populations ainsi modifient les rôles des enfants dans les ménages. Les enfants sont utilisés en vue de la multiplication des revenus. Ce qui modifie aussi leur vie scolaire. Mais comme chez les filles, plus les parents sont instruits, plus les garçons ont de la chance de faire de longues études. Les conditions de vie des populations ont donc des incidences sur la scolarisation des enfants. Cette incidence est aussi observée dans l'alimentation au sein des ménages.

VI-2-3-CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS DES SITES A RISQUE ET IMPLICATIONS ALIMENTAIRES

S`il est une dimension économique que les conditions de vie des populations des sites à risque modifient, c'est celle de l'alimentation. Outre l'augmentation de la fraction budgétaire qui est consacrée à l'alimentation, on assiste à un repli sur le minimum vital se traduisant par une réduction à la fois qualitative et quantitative du nombre de repas par jour. Lorsqu'il était demandé aux populations combien de repas elles prennent par jour, près de 90% ont répondu une fois par jour. Les ménages ont réduit le nombre de repas. Tous ont ajusté leur part alimentaire. La pluriactivité, la mise au travail quasiment de tout la famille, et le recours à des activités de tâcherons semblent devenus le point commun de toute la population des sites à risque. Pour maximiser ses revenus, elle est contrainte d'avoir plusieurs occupations, ce qui se traduit par une aggravation de leurs conditions de vie et de santé.

Les raisons d'ajustement du nombre de repas journaliers ne relèvent plus alors seulement de la pauvreté. En effet les membres des ménages sortent chaque matin et ne reviennent que le soir. La mise au travail des membres de la structure fait que tout le monde laisse la maison très tôt le matin. Personne ne peut assurer la cuisine. Les enfants se débrouillent tant bien que mal pour se nourrir. Les moyens les plus récurrents pour y parvenir sont comme l'affirme M. BELLA : « les visites inopinées dans d'autres maisons où ils quémandent à manger et à boire. » Le seul repas a lieu le soir après le retour des activités. La réduction du nombre de repas journalier dépend de la taille des ménages. Les modifications qui interviennent sur la qualité et la quantité du repas touchent plus les ménages de grande taille. Certains parents viennent parfois à se priver de nourriture pour nourrir en priorité les enfants. Parfois les enfants fouillent dans les poubelles pour manger.

VI-2-4- IMPLICATIONS DES CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS DES ZONES A RISQUE SUR LEUR INTEGRATION AUX ACTIVITES ASSOCIATIVES

Les implications sur l'intégration des populations aux activités ont été saisies en demandant aux interviewés si leurs conditions de vie leur permettent de participer de manière régulière aux tontines et associations ?

De manière générale et après analyse, les personnes interviewées ne sont pas régulières dans leurs cotisations. Il est difficile affirme Mme MONTE (Responsable d'une association à Maképé Maturité) que tous les individus cotisent chaque fois. Elle ajoute :

 Les membres de nos tontines ont de sérieuses difficultés dans leurs ménages. Raisons pour laquelle ils ne peuvent toujours avoir de l'argent pour cotiser. Certaines personnes sont animées dès le départ pour cotiser, mais avec le temps, ils se rendent comptent qu'ils sont limités. 

Ce manque de régularité dans la cotisation amène certains groupes à se dissoudre. De nombreux conflits naissent, les individus se dispersent, la gestion devient difficile.

« Parfois même, nous commençons une association ou une tontine avec des meilleures idées. Mais il est rare qu'elle s'achève c'est-à-dire qu'elle aille jusqu'au bout. Ceci parce tel ou tel n'a pas pu cotiser. Alors, on arrête. Ce qui créer un conflit d'autant plus que tout le monde n'aurait pas encore ramassé. » (ARMAND, Maképé Maturité)

La participation au contribution et cotisation du groupe n'est pas effective de la part des populations des sites à risque. Cependant leur état dans leur milieu crée en eux une charge psychologique.

VI-2-5- CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS DES SITES À RISQUE ET IMPLICATIONS PSYCHOLOGIQUES

Dans la revue des livres et chroniques, (R. WARAH, 2003) dans son article étudiant sur les populations des bidonvilles pense que ces dernières ne risquent pas seulement d'être victimes des maladies d'origine hydrique. Elle évoque aussi la vie dans les bidonvilles comme un énorme fardeau social et psychologique sur les résidents. Ce fardeau engendre souvent l'éclatement des familles et l'exclusion sociale, des violences intrafamiliales dus à soit l'inactivité de l'homme ou celle de la femme. Laquelle activité doit générer des finances pour la survie des ménages, pour répondre aux besoins social et économique dans les ménages. Bien que l'on pense communément que les bidonvilles sont un terreau de la délinquance, le rapport montre que les habitants des taudis sont plus souvent victimes qu'auteurs d'infractions.

Dans le cas des populations des sites de notre enquête, les individus font face tous les jours aux menaces d'expulsion et de déguerpissement. La plupart des habitants sont victimes de nombreuses escroqueries de la part des personnes qui leurs vendent des terres ne leur appartenant pas. En outre, le pouvoir public par moment est animé par le désir de doter la zone d'infrastructures routières, ce qui ne va pas sans conséquence pour ces populations qui construisent de manière anarchique. Sans plan d'urbanisation, sans permis de bâtir, etc. En 1990, l'Etat avait même déclaré la zone de Maképé Maturité un site pétrolier. Mais en fait l'Etat voulait juste « faire partir la population qui de plus en plus devenait nombreuse dans cette zone jugée zone à risque. » AMOS (dans la zone de Maképé Maturité depuis une trentaine d'année)

Il ajoute :

 Mais les populations ont résisté, certaines sont néanmoins parties. Depuis ce temps jusqu'à présent, il est difficile de voir quelqu'un investir dans cette zone car psychologiquement, personne n'est à l'aise. On a toujours peur qu'un jour, l'Etat viendra et nous demandera de partir comme cela se passe dans d'autres quartiers de Douala ou même de Yaoundé.  (AMOS, Maképé Maturité)

Quoique les sites à risque présentent des avantages pour les habitants, ils demeurent néanmoins un lourd fardeau social, économique et psychologique. Ils présentent des situations particulières. Même si ces environnements insalubres et surpeuplés peuvent donner naissance à de nouveau mouvements culturels et renforcer la solidarité entre les classes pauvres et moyennes, il n'en demeure pas moins qu'ils présentent des risques énormes pour ses habitants. Les activités exercées par les populations quoi que aident à survivre ne leur permettent pas de mieux scolariser leur progéniture. La plupart des dépenses sont orientées vers les réparations, des dommages causés par des inondations et des sinistres de toute nature. Toutefois pour « contrarier » les risques, des actions sont souvent initiées par les populations. Ces actions sont d'ordre individuel et collectif.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo