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Dynamiques socio-économiques dans les sites à  risque de Douala et ses implications sur l'environnement social

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par Valentin NGOUYAMSA
Université de Douala, Cameroun - diplome d'étude approfondie 2006
  

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CONCLUSION GENERALE

La recherche effectuée sur les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque de Maképé Missoké et Maképé Maturité est née d'un constat général. Malgré la sensibilité, l'insalubrité et des interdictions des zones marécageuses, les individus s'y déploient massivement et y exercent des activités diverses. Ce qui a des implications sur l'environnement social. L'objectif de cette recherche a été dès le départ de mettre en exergue le rapport entre les dynamiques socio-économiques, les sites à risque pour analyser ses implications. De manière plus spécifique comprendre et expliquer les mobiles des dynamiques socio- économiques dans les sites à risque, décrire et évaluer les conditions de vie de ces populations, les perceptions qu'elles ont de leur environnement immédiat et enfin analyser les implications liées aux dynamiques socio-économiques dans les sites à risque. La question centrale qui a soutenu l'étude a été : comment comprendre et expliquer les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque et ses incidences sur l'environnement social ? Le désir de répondre à cette question a poussé à la formulation de l'hypothèse suivante : les populations se déploient de plus en plus dans les sites à risque pour des buts de nature socio-économique, ouvrant ainsi des potentialités au déploiement des crises sanitaires.

Cette hypothèse générale a été opérationnalisée en quatre hypothèses secondaires à savoir :

H1- En dépit des crises de logement à Douala, et de la difficulté d'intégration socio-économique des acteurs démunis dans une ville en pleine expansion, ceux-ci font recours aux sites à risque comme lieux d'habitation et d'expression économique.

H2- la perception que les acteurs ont de leur environnement immédiat dépend de leur niveau d'instruction, de leur durée de résidence dans le quartier, de leur sexe. Certains ont une perception positive de leur milieu, d'autres perçoivent négativement leur milieu mais minimisent les risques.

H3, les populations des sites à risque vivent dans des conditions déplorables et survivent grâces aux activités informelles.

H4- les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque produisent des effets négatifs sur la santé des acteurs et sur la satisfaction des besoins des ménages.

Pour vérifier ces hypothèses, l'observation documentaire et les investigations ont été retenues. Dans l'observation documentaire, il s'est agi de faire une connaissance sur le sujet et préparer les enquêtes de terrain. Pour parvenir aux résultats, les techniques d'entretien (guide d'entretien semi directif) et de sondage (questionnaire semi-ouvert) ont été retenues. L'étude s'est appuyée sur les théories des risques,, de l'action sociale et de la dynamique sociale.

Les résultats obtenus après l'analyse montrent la fiabilité et la pertinence des hypothèses car collant à la réalité du terrain. La première hypothèse a été vérifiée à la deuxième partie, plus particulièrement au chapitre quatre. En effet les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque d'une part s'expliquent par la crise de logement à Douala, d'autre part du caractère inégal des populations urbaines dont les plus pauvres et démunies recherchent des sites d'abri correspondant à leurs revenus. La crise de logement est due à une forte croissance de la population de la ville de Douala. Laquelle ne s'accompagne généralement pas d'infrastructures adéquates. La pression démographique est beaucoup plus forte et les capacités d'accueil des couches démunies bien plus faibles. La forte variation des prix fonciers selon la situation des terrains à bâtir par rapport au centre ville, la tendance lourde à une consommation accrue d'espace par habitant provoque des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque. Ici les logements sont favorables aux couches démunies. L'installation de la population migrante dans ces sites est une conséquence de la difficulté qu'elle rencontre quant à leur intégration dans le territoire et l'économie urbains. Si certains sont arrivés sous l'influence d'un proche ou d'un ami, il demeure que le recours aux sites à risque trouve en général son explication dans le caractère pauvre de la population. Les revenus faibles ne leur offrent aucune possibilité de s`installer ailleurs que dans ces zones. Ces derniers sont des lieux de refuge pour des couches sociales démunies, lesquelles vivent en toute insouciance dans ces milieux parce que ne pouvant pas faire autrement dans un environnement où le coût de la vie est de plus en plus élevé. En outre, un environnement où l'accès au minimum vital est devenu un luxe pour la masse laborieuse.

Les caractéristiques montrent que ces populations sont constituées en majorité des jeunes (25-35 ans), venant essentiellement des zones rurales à la recherche d'un mieux être. En outre, ce sont des individus dont le niveau d'éducation est bas (23,5% des illettrés, 48% des personnes ayant fréquenté sans atteindre le niveau secondaire). Ces acteurs sont issus des couches sociales démunies et pauvres et dont le revenu moyen par mois et par ménage s'élève à 20 000 FCFA.

La deuxième hypothèse a été confirmée toujours au chapitre quatre. De manière générale, les populations ont une perception positive de leur milieu. Elles n'assimilent pas leur milieu à un danger. Mais certaines variables ont permis de comprendre de manière spécifique la différence dans la perception sur l'environnement immédiat. L'instruction est le principal déterminant de la perception négative de l'environnement immédiat. Les individus instruits assimilent leur milieu à un danger. Ceci s'explique par le fait qu'une perception des dangers dans un milieu dépend largement de la compréhension de leur processus, laquelle est redevable d'un minimum d'instruction. Les individus qui ont mis long dans les sites ne perçoivent pas à priori les risques comme un danger. Plus les individus expérimentent un cadre de vie insalubre, mieux ils s'y habituent et ignorent les dangers. Sous l'effet de la crise économique, les individus ravalent la prétendue urgence des problèmes liés à l'environnement immédiat au rang de l'accessoire. On assiste à l'émergence des perceptions qui ne s'ajuste que par rapport à l'économique. La désappropriation du cadre de vie par les populations au profit du pouvoir apparaît à la fois comme une transaction mentale et une stratégie en ce temps de crise. L'illustration en a été donnée par les types d'analyses appliqués. En effet, dans l'esprit des personnes interrogées, la protection du cadre de vie incombe au pouvoir public. Cette désappropriation qui se lit à travers la gestion de ce même cadre de vie.

La troisième hypothèse a été vérifiée au chapitre cinq où il apparaît que les populations des sites à risque vivent dans des conditions inadéquates. Elles survivent grâce aux activités informelles basées essentiellement sur les commerces. En effet, l'analyse révèle une forte proportion des individus vivant dans des taudis, des maisons en carabottes construites sans traitement de bois au préalable (près de 65% de la population enquêtée). Les ménages connaissent une forte concentration d'individus. Parfois plus de dix personnes qui partagent une maison d'une chambre un salon. Pour pallier aux difficultés de ravitaillement en eau, les populations consomment l'eau des puits dont la profondeur ne dépasse généralement pas cinq mètres. Ces puits connaissent des infiltrations souterraines (verticale et horizontale). Plus de 31% de la population enquêtée ont pour source de ravitaillement les eaux des puits non traités. Les latrines qu'utilisent les acteurs sont des fosses creusées à ciel ouvert et qui coulent parfois à vue. Ceux des individus n'ayant pas d'espace pour s'offrir un W.C. utilisent des écailles pour se mettre à l'aise. Ensuite ces écailles sont acheminées dans les eaux des rivières. Pour pallier aux besoins quotidiens de survie, les populations des sites à risque développent des activités multiples. Les tontines et associations représentent non seulement un secours matériel, mais aussi et surtout un environnement sécurisant car ces populations ont une aspiration à une reconnaissance sociale. Les fonds épargnés sont utilisés pour des investissements soit dans les sites, soit au village. Les fonds permettent de prévoir un événement. La mise au travail des enfants génère des revenus dans les ménages. Plus de 60% des ménages vivent du travail des enfants. Le transport par moto parce que ne nécessitant pas une éducation préalable, ni un fond important pour la formation est adopté par les hommes pour générer des revenus dans les ménages (15% de la population masculine). La pratique des élevages traditionnelles, les petits commerces et la vente de sables creusés au bas fond de la rivière Ngoné sont aussi adoptés par la population comme activité de survie, le but étant de générer de finances qui leur permettent de satisfaire les besoins pressants des ménages.

La quatrième hypothèse, a été vérifiée au chapitre six. Les pollutions de toutes sortes, l'usage combiné de l'eau de robinet et l'eau de la rivière ou celle des puits pour pallier aux besoins insinuent une problématique de gestion du site et de la qualité de l'eau. Ce qui engendre des risques sanitaires dans ces sites. L'analyse révèle que les populations sont régulièrement victimes des maladies respiratoires et des épidémies. La pollution des eaux de la Ngoné par la GUINESS, par les rejets des résidus alimentaires se manifeste par des pathologies aigues comme des bronchites et l'asthme. Sur 50 cas de maladies qu'enregistre le centre de santé la grâce par semaine, 3 % souffrent des maladies respiratoires dues à la pollution du site. De même les familles sont régulièrement victimes du paludisme et du cholera et les plus vulnérables sont les enfants de moins de 16 ans. Ces maladies constituent un lourd fardeau économique pour la population car prend en compte non seulement le coût de traitement mais aussi la perte résultante de l'invalidité du malade. La sensibilité du site, les constructions anarchiques, l'utilisation des bougies comme moyens d'éclairage accroissent les risques de sinistres. Les inondations et les feux se traduisent par des pertes matérielles et humaines. La satisfaction des besoins des ménages ne connaît pas un succès. Les conditions de vie des populations à risque ont une incidence sur l'alimentation dans les ménages se traduisant par une réduction quali-quantitative du nombre de repas journaliers (une fois par jour). Aussi une baisse ou une sous scolarisation des enfants. Chez les filles, sur un échantillon de 80 filles en âges scolaires, seules 25 sont effectivement scolarisés (31,25%). De même chez les garçons, 100 sont en âges scolaires et 45 seulement sont scolarisés (45%). Sur le plan psychologique, la vie dans les milieux à risque constitue un lourd fardeau psychologique. Les individus font face aux menaces d'expulsion et de déguerpissement tous les jours, ce qui freine des actions dans la gestion de leurs cadres de vie. Dans la gestion des risques, les populations se constituent en associations dont le but est de créer un climat favorable dans le milieu à travers des investissements (création des pistes, canalisation des eaux, destruction des maisons encombrants, initiation des projets),

Les sites à risque présentent des avantages pour les acteurs. Ils sont souvent les premiers points d'arrêt des migrants ruraux et offrent des opportunités de logement et terrains à bas prix. Aussi favorisent le développement des activités informelles. Même s'ils présentent des implications négatives, il n'en demeure pas moins qu'ils peuvent aussi donner naissance à de nouveaux mouvements culturels. En outre, renforcer la solidarité entre les tribus. Les habitants des taudis et leurs activités constituant aussi autant des forces motrices de la vie urbaine.

Les conclusions de cette recherche peuvent être généralisées à l'échelon urbain, national et international. A l'échelon urbain car la ville de Douala est constituée d'une multitude de quartiers à risque où les populations s'activent de manière anarchiques dans des multiples activités socio-économiques, même s'ils ne présentent pas tous une particularité commune. C'est le cas de Mabanda, Bepanda Safari, Cité CICAM, etc. A l'échelon national et international, car les villes camerounaises et africaines présentent des situations similaires où les populations urbaines vivent en majorité dans des taudis.

Les résultats auxquels nous sommes parvenus n'ont été qu'introductifs. Un examen minutieux et particulier de chaque hypothèse ouvrirait de nouvelles pistes de recherche. Rédiger trois chapitres pour vérifier nos hypothèses n'a fait qu'effleurer la question de départ, et ne peut certainement apporter des réponses à de nombreux questionnements, ceci dû au fait que la recherche n'y était pas centrée. Plusieurs pistes de recherche seraient envisageables. Notamment des pistes qui mettent l'accent sur les vulnérabilités humaines et économiques dans les sites à risque et les conditions alimentaires. La construction et la gestion des risques par la population des sites à risque. La responsabilité sociale de l'entreprise dans la construction des risques.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway