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Dynamiques socio-économiques dans les sites à  risque de Douala et ses implications sur l'environnement social

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par Valentin NGOUYAMSA
Université de Douala, Cameroun - diplome d'étude approfondie 2006
  

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II-2-LA THEORIE DE L'ACTION SOCIALE

La théorie de l'action sociale prend naissance à partir du 19e siècle. On peut y associer les noms d'ALEXIS DE TOCQUEVILLE, de MAX WEBER et GEORGES SIMMEL. Plus que le fait social, ces auteurs placent au centre de leurs analyses l'action sociale. Trois principes se dégagent :

Ø Comprendre les motivations des acteurs individuels

Ø Les situer par rapport aux relations qu'ils entretiennent entre eux dans une situation donnée.

Ø Analyser les stratégies de ces acteurs et leurs résultats.

C'est à la suite de ces auteurs que sont nés plusieurs champs théoriques tels que l'individualisme méthodologique avec R. BOUDON, l'analyse stratégique avec M. CROZIER, etc.

II-2-1- APPROCHE COMPREHENSIVE DE MAX WEBER

Celui-ci est issu d'une famille de la bourgeoisie protestante de Westphalie ; Max Weber est considéré comme le fondateur de la sociologie compréhensive, c'est-à-dire d'une approche sociologique qui fait du sens subjectif des conduites des acteurs le fondement de l' action sociale. « Nous appelons sociologie une science qui se propose de comprendre par interprétation l'action sociale et par là d'expliquer causalement son déroulement et ses effets. » M. WEBER (1995 :28). []Telle est la définition de la sociologie que Weber propose dans les premières pages. Par cette définition, il fait de la sociologie une science de l'action sociale, en opposition à l'approche holiste de Durkheim, pour qui la sociologie est science des faits sociaux.

Max WEBER ne définit pas les faits sociaux comme des choses ou des mécanismes, mais comme des interactions entre des comportements individuels obéissant à des motivations et des intérêts qu'il s'agit de reconstituer. Le sociologue doit s'attacher à comprendre les interactions sociales et leurs résultats. Pour Weber, le monde social est ainsi constitué par l'agrégation des actions produites par l'ensemble des agents qui le compose. L'unité de base de la sociologie est donc l'action sociale d'un agent. Cette approche individualiste se fonde sur la conviction que les sciences sociales (que Weber nomme « sciences de la culture ») diffèrent des sciences de la nature, en ce que l'homme est un être de conscience, qui agit en fonction de sa compréhension du monde, et des intentions qu'il a. Analyser le social, c'est donc partir de ces actions et des intentions qui les constituent. D'où la définition que Weber propose de l'action : « Nous entendrons par « action » un comportement humain quand et pour autant que l'agent lui communique un sens subjectif. » M.WEBER (op.cit:29). Dans l'ensemble des comportements des hommes, la sociologie ne s'intéresse ainsi qu'à ceux qui sont le produit d'un sens subjectif (et qui sont les seuls à être qualifiables d'action). Weber ajoute une nouvelle restriction : parmi ces actions construites par un sens, la sociologie ne prend en compte que les actions proprement sociales, c'est-à-dire les actions dont le sens est orienté vers autrui (vers d'autres acteurs sociaux, quels qu'ils soient).

La sociologie doit donc être compréhensive, en ce qu'elle doit rechercher le sens, les motifs, des comportements humains, puisque ceux-ci sont constitutifs des actions dont il s'agit de rendre compte. La seconde partie de la définition de la sociologie par Weber est souvent mise de côté. Elle est pourtant essentielle, et fait la spécificité de la sociologie compréhensive webernienne. Pour Weber (1992), la sociologie n'est pas qu'une science de la compréhension, elle vise aussi à « expliquer le déroulement et les effets » de l'action. Qu'est-ce que cela signifie ? Premièrement, cela veut dire que pour Weber, il faut vérifier, en faisant ressortir des régularités objectives, que l'interprétation du sens d'une action que l'on propose est la bonne. D'autre part, une fois le sens de l'action expliqué, il faut ensuite mener une analyse causale des conséquences qu'a cette action. Or ces conséquences sont, pour Weber, le plus souvent non voulues, non conformes aux intentions de l'acteur. Ainsi, la croyance religieuse calviniste, qui refuse la jouissance des biens matériels, a conduit à la production massive de biens matériels au sein du système de production capitaliste. (Ce dernier point a inspiré la théorie des effets pervers de Raymond Boudon).

Est donc action, selon la définition de WEBER (ibid.), toute conduite à laquelle associe une signification. Elle devient sociale quand le sens de l'action individuelle est rapporté aux actions d'un ou plusieurs acteurs. L'action sociale motive son action en anticipant celle des autres c'est-à-dire les probabilités d'obtenir tel comportement dans telle situation Ce faisant, le sociologue postule implicitement que dans toute action observée, il peut déceler une certaine rationalité, tout au moins une intelligibilité. Les résultats des actions individuelles ne sont pas nécessairement conformes aux buts initiaux. D'une part, leur agrégation pose de problèmes spécifiques ; d'autre part, le sens des actions peut modifier au cours du temps (nécessité de trouver des compromis, résultats qui transforment les anticipations.

Trois critères sont établis pour déterminer le caractère social de l'action. Tout d'abord, les personnes doivent tenir compte du comportement des autres et également de la présence ou de l'existence des autres : A ce niveau, le caractère social de l'action est très limité ou inexistant, parce que l'un des deux sujets ou les deux agissent sans tenir compte de la présence ou de l'action de l'autre : le deuxième critère attribué par WEBER à l'action sociale est celui de la signification. Cela voudrait dire que l'action sociale du sujet doit avoir sa valeur de signe ou de symbole pour les autres. Le troisième critère indique que la conduite des personnes engagées dans une action doit être influencée par la perception qu'elles ont de la signification de l'action des autres et de leur propre action. Ce troisième critère vient en quelque sorte le complément extérieur de deux critères précédents, ces derniers étant internes aux sujets concernés. C'est en effet par la conduite observable de l'extérieur qu'il est possible de juger les deux conditions subjectives précédentes.

C'est donc dans les sujets, dans leur perception et leur compréhension de la conduite des autres que WEBER situe les caractères essentiels d'une action proprement sociale. Le comportement objectivement observable sert d'indice pour apprécier cette perception et cette compréhension : C'est en ce sens précis qu'il faut entendre le caractère subjectif qu'on attribue à la définition de WEBER. Ainsi la sociologie de l'action met l'accent sur la compréhension des actions individuelles. Ce qui constitue un avantage dans l'analyse des dynamiques socio-économiques dans les sites à risque. Ce phénomène étant un acte social dont il faut comprendre les mobiles dans les sujets individuels. Toutefois, il ne s'agit pas pour autant de faire confiance aux discours des acteurs sur leurs pratiques. Le sens individuel de l'action semble échapper à toute généralisation, à fortiori à toute uniformatisation et se perdre dans l'exposé de l'arbitraire des motivations. Pour échapper à la relativité, il propose des outils d'investigation : les types idéaux. Cette exigence des méthodes différentes des règles énoncées par DURKEIM (1947), lequel tente de définir un phénomène social par ses caractères les plus généraux observables dans tous les types de sociétés. Par contre, il cherche à comprendre ce qui fait la singularité d'une situation, d'un comportement, d'une période. Il le fait en dégageant, dans chaque cas, un système de relation intangibles qui « fait sens » pour l'acteur et pour l'observateur. Ainsi les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque ne peuvent être assimilées seulement à des personnes collectives disposant d'une volonté propre, ni même à des entités sociales, mais à des models, des représentations qui flottent dans la tête dont on peut dégager quelques principaux pour organiser ce qui apparaît au premier regard comme confus et contradictoire. Cette thèse développée par WEBER a été prolongée par d'autres penseurs contemporains donnant naissance à des courants théoriques comme la théorie de l'action individuelle.

II-2-2-L'INDIVIDUALISME METHODOLOGIQUE OU ACTION INDIVIDUELLE

La sociologie de l'action individuelle relève de l'individualisme méthodologique différent de l'action collective qui relève du holisme méthodologique. L'individualisme méthodologique est une expression qui a été prononcée en 1954 par le sociologue autrichien A. SCHUMPETER (1954). Concept polysémique l'individualisme méthodologique, loin d'être une doctrine, est un système de pensées qui reconnaît l'individu comme référence fondamentale de la société, dans sa structuration, son fonctionnement et son changement. L'individualisme méthodologique est une règle de méthode applicable en sciences sociales, selon laquelle les phénomènes collectifs doivent être décrits et expliqués à partir des propriétés et des actions des individus et de leurs interactions mutuelles (approche ascendante). Cette règle s'oppose au holisme selon lequel les propriétés des individus se déduisent des propriétés de l'ensemble auquel ils appartiennent (approche descendante). Au sens large, on peut caractériser l'individualisme méthodologique par trois propositions qui postulent que :

1. seuls les individus ont des buts et des intérêts (principe de Popper- Agassi);

2. le système social, et ses changements, résultent de l'action des individus ;

3. tous les phénomènes socio-économiques sont explicables ultimement dans les termes de théories qui se réfèrent seulement aux individus, à leurs dispositions, croyances, ressources et relations.

La proposition trois est celle qui caractérise l'individualisme méthodologique au sens strict, puisque les propositions un et deux sont d'ordre ontologique. Les individus poursuivent des buts sur les fondements de « bonne raison » mais se heurtent à des contraintes qui résultent soit de leurs interactions soit du contexte social. L'individualisme méthodologique est notamment au centre de l'analyse stratégique en sociologie des organisations, approche développée notamment par Michel Crozier et qui vise à comprendre les stratégies réelles mises en place par les acteurs au sein des organisations, au travers notamment de la formation de relations et de jeux de pouvoirs. Outre BOUDON et CROZIER, M. WEBER et J. COLEMAN ont également développé une théorie sociologique sur la base de l'individualisme méthodologique (quoique sous une forme particulière chez Weber). Les sciences sociales ont alors pour objet de décrire les choix effectués sous contraintes par les individus et leurs effets sociaux, en partant du principe que les comportements individuels ne sont jamais la conséquence exclusive de ces contraintes mais résultent toujours d'un choix entre plusieurs actions possibles. Il faut pour cela reconstruire les motivations des individus concernés par le phénomène en question et d'appréhender ce phénomène comme le résultat de l'agrégation de comportements individuels dictés par ces motivations. Les phénomènes sociaux ne résultent donc pas de déterminismes extérieurs mais sont des résultats non attendus de cette agrégation d'actions individuelles. Refus de « lois générales » des comportements sociaux et préférence pour une modélisation statistique des comportements. Approche qui est liée à une certaine idée de la «  liberté » de l'individu et de sa rationalité. L'individualisme méthodologique ne doit pas être confondu avec l' individualisme en tant que conception morale et politique.

Les travaux en affinité avec les principes de l'individualisme méthodologique peuvent être regroupés en trois principales tendances :

· Ceux qui considèrent les actions de l'individu comme toujours motivées par une rationalité sans faille et réduisent la réalité sociale à des transactions guidées par le seul calcul des avantages et coûts. Les principaux représentants de cette tendance sont C. GEORGE, C. HOMANS, O. MANCUR, l'Ecole du Public Choice.

· Ceux qui assouplissent ces hypothèses en reconnaissant à l'individu une rationalité non plus absolue mais relative et limitée : Les principaux représentants de cette tendance sont : A. HEBER et G.JAMES, O. ALBERT, C. CROZIER.

· Ceux qui proposent comme autre variante de la rupture avec la rationalité parfaite en considérant que la capacité limitée d'information, de décision et de simulation de l'individu est liée à la position qu'il occupe vis à vis des autres individus. On parle alors "d'individualisme méthodologique contextualisé". Les principaux représentants de cette tendance sont F. BOURRICAUD et R. BOUDON. Nous nous attarderons dans le cadre de cette étude de l'approche de R. BOUDON.

II-2-2-1-L'approche de R. Boudon

R. BOUDON est un sociologue français né le 27 janvier 1934 à Paris. En France, il s'affirme comme le chef de file de l' individualisme méthodologique, courant qu'il a introduit dans le paysage sociologique français, et qu'il a ensuite largement promu. Se réclamant de E. DURKHEIM, qu'il relit de manière critique ou de Tocqueville, il est surtout influencé par certains aspects de l'oeuvre de M. WEBER, à partir de laquelle il a construit sa théorie de l'individualisme méthodologique. Identifier des phénomènes macroscopiques à partir de phénomènes microscopiques, "retrouver des structures générales à partir de l'analyse de phénomènes particuliers" (BOUDON, 1979), appréhender les phénomènes sociaux bien circonscrits à partir de la logique des comportements individuels est au coeur de tous ses travaux. Effets pervers et ordre social (1977), La Logique du social(1979), La place du désordre(1984) montrent la fécondité d'une analyse menée d'un point de vue méthodologiquement individualiste dans la lignée de Weber, analyse à laquelle l'inégalité des chances (1973), devenu un classique de sociologie, avait déjà apporté une contribution.

Pour R. BOUDON (1979), l'individu est « l'atome logique de l'analyse » car il constitue, à ses yeux, l'élément premier de tout phénomène social. Comprendre le social, c'est, dans cette perspective, analyser les rationalités des individus, puis saisir leurs « effets de composition », c'est-à-dire la façon dont l'ensemble des actions individuelles s'agrègent pour créer un phénomène social. Boudon a mis ainsi en évidence ce qu'il nomme des « effet pervers », c'est-à-dire des « phénomènes de composition » où l'addition d'actions individuelles rationnelles produit des effets inattendus et contraires aux intentions de chacun. Ainsi, les paniques boursières constituent un exemple typique de tels effets pervers. Quand un grand nombre d'individus, par crainte d'une baisse des cours, vendent leurs actifs, ils provoquent ce qu'ils craignaient : une chute du prix des actions. Parti d'une interprétation assez étroite de l'individualisme méthodologique, proche de la théorie de l'acteur rationnel standard, telle qu'elle existe en économie, BOUDON a depuis les années 1990 élargi son analyse. A la place de cette rationalité instrumentale, où l'acteur maximise son utilité, BOUDON (1991) a ainsi insisté sur l'importance des croyances dans l'action individuelle, développant le concept de rationalité cognitive. Trois postulats fondamentaux se dégagent donc de cette approche :

· L'individu, et non le groupe, est "l'atome logique" de l'analyse sociologique,

· La rationalité de cet individu est généralement de type complexe : on ne peut en rendre compte à l'aide des seuls schémas des actions logiques au sens de Pareto,

· Les individus sont inclus dans des systèmes d'interaction dont la structure fixe certaines des contraintes à leurs actions (d'autres contraintes étant par exemple représentées par leurs ressources cognitives ou économiques)

Cette démarche comporte une conséquence importante. Elle indique que le sociologue se donne le droit de recourir à une psychologie universaliste. L'applicabilité de la méthode introspective suppose en effet que l'observateur puisse légitimement se substituer à l'observé. La particularité du contexte où est placé l'observé ne peut affecter sa psychologie au point que son comportement devienne inintelligible à l'observateur. Si le comportement de l'observé apparaît comme difficilement compréhensible, ce n'est pas dû au fait que leurs psychologies soient différentes mais, par exemple, à ce que certains éléments du système d'interaction auquel appartient l'observé échappent à l'observateur.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon