WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Dynamiques socio-économiques dans les sites à  risque de Douala et ses implications sur l'environnement social

( Télécharger le fichier original )
par Valentin NGOUYAMSA
Université de Douala, Cameroun - diplome d'étude approfondie 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre II 

CHAMPS THEORIQUES DE L'ETUDE

La saisie de tout phénomène social passe par la construction préalable du dit phénomène. M. GRAWITZ (2001 :62) en exprime la nécessite lorsqu'elle affirme que « la nécessité de l'expérience est saisie par la théorie avant d'être découverte par l'observation ». Compte tenu de cette nécessité, l'étude engagée sur les dynamiques socio-économiques en zone à risque et ses implications prend appui sur la théorie sociologique des risques et la théorie de l'action sociale. Cependant la théorie dynamique et critique est utilisée comme théorie complémentaire.

II-1-LA THEORIE SOCIOLOGIQUE DES RISQUES

Les dynamiques socio-économiques dans les zones à risque entrent dans ce que JODELET (1989) appelle « conduites à risque », c'est-à-dire comme le signifie M. CHOQUET (2000) une mise en danger du corps, une menace de l'intégrité physique. L'engouement pour les pratiques à risque a suscité dans divers champs de la psychologie et de la sociologie des débats pour tenter de décrire et de comprendre ce phénomène, éminemment complexe étant donné la diversité de ses manifestations et la pluralité des significations qui lui sont attachées. La théorie sociologique des risques prend effet à partir des changements profonds des conditions de vies liées à l'urbanisation et à l'industrialisation. Le métier reliant les conceptions de la forme protestante au capitalisme naissant. Se met alors en place une gestion statistique de la société. Cette conjonction va déterminer les zones sociales à risque où la réforme va pouvoir déployer ses actions. L'Angleterre dès les 18è et 19è siècles s'oriente dès lors vers une gestion des conflits P. GAY (1997) en y greffant les travaux scientifiques de la biologie D. LECOURT (1998). La culture du duel chez les jeunes gens, les conduites marginales de la jeunesse de Faubourgs, les réseaux de prostitutions, les épidémies et les maladies liées à l'insalubrité urbaine, la cruauté gratuite de certains rites de passage sont quelques une de poche de gestation de mal. Plusieurs secteurs de la société vont être investis fortement au 19è siècle dans cette optique gestionnaire: l'éducation, les conditions de vie des ouvriers, le gouvernement des hommes dans les colonies, les cures de santé. L'émergence de la statistique et le déploiement des grandes enquêtes sociales vont constituer des outils des mesures du risque dans la société. En bref, la sociologie des risques est née à partir des grandes peurs contemporaines, elle s'est développée à partir des interrogations provoquées par les catastrophes industrielles , les problèmes environnementaux , de grandes questions de santé publique , la sécurité des personnes ou les comportements à risque.

Dans son ouvrage intitulé le goût du risque, J. SUSSE pense que les risques font partir de l'existence quotidienne. Si dans la vie, on supprime les peines, il n'y a plus de joie car l'existence est faite de contraste. IL écrit:

 sans joie ni peine, il y a uniformité donc ennui et la vie ne vaut plus la peine d'être vécue. Le risque est le sel de la vie. Tout le monde n'a pas le goût du risque et c'est heureux, car nous retomberions dans l'uniformité; mais quant vous découvrez chez un jeune le goût du risque, ne cherchez pas à le dégoûter des aventures, au contraire, montrez lui quelles en sont les joies et ne lui en dissimulez pas les dangers , alors il pourra juger en connaissance de cause et ne se lancera que s'il se sent assez fort; Regardez tout autour de vous -tous ceux qui ont le goût du risque vivent intensément; ils ont la meilleur part: déboire, les accidents, les malheurs,les guettent, mais ils sont vite oubliés car les joies de la lutte et du succès sont exaltantes  J. SUSSE(1941:1)

J. SUSSE valorise alors le risque comme un model de construction humaine et social. Cette thèse a été soutenue par A. QUETELET (1984) qui pense que la société est conçue comme un système mécanique, dont le centre de gravité est l'homme moyen. Ainsi, la déviance moyenne peut-elle être définie comme un écart significatif à la moyenne observée sur l'ensemble de la population. Ainsi pour les individus à la recherche de construction identitaire, les conduites à risque offrent l'occasion de marquer leur différence par rapport à une société globale sur laquelle ils ont un regard critique et qui leur inspire, soit de l'indifférence en tant que modèle, soit un certain mépris. Plus tard, la sociologie des risques s'est constituée un cadre d'interrogation qui porte sur la construction du risque. C'est dans cet ordre que (C. GILBERT, 2003) à ce propos pense que la désignation d'un risque comme problème public doit être fait :

Ø Comme les résultats d'arbitrages opérés par les autorités publiques

Ø Le résultat de confrontation entre société civile et autorités publiques

Ø Les résultats de production liée à des jeux d'acteurs multiples

Les conduites à risque comme celles des populations de Maképé Missoké et Maképé Maturité apparaîtraient comme des jeux d'acteurs. Elles apparaissent comme des problèmes cruciaux de la société contemporaine et la compréhension de l'émergence de ce phénomène comme problèmes sociaux ne peut se faire qu'en mettant en tension le duo risque subjectif et risque objectif. Ce qui correspond aux deux approches déjà énoncées par le même auteur:

L'une considérant que les risques existent en soi ou, ce qui

revient au même, que leur existence est mise à jour par des efforts

de connaissances, notamment scientifiques ; l'autre considérant

que les risques sont habituellement l'objet de perceptions

déformant leur réalité (C. GILBERT, 1999 :10)

Le risque objectif renverrait aux menaces, aux dommages corporels, à tous les dangers répertoriables concrètement par des discours, des chiffres ou des statistiques. Il est l'objet des recherches de type descriptif telle que l'épidémiologie qui se rattache à présenter les taux ou des fréquences d'accident, de dommages, de mortalités récentes, et qui cherche les facteurs objectifs (le mode de vie, le milieu ambiant ou social etc.) pouvant contribuer à l'émergence du risque. Le risque subjectif renverrait quant à lui à l'imaginaire, aux phobies, aux craintes, de l'individu, et font du concept risque une notion non pas figée, mais construite : Il est alors objet de représentation, qui est « l'acte de pensée par lequel l'individu se rapporte à un objet (et qui) comporte une part de re-construction, d'interprétation de l'objet » D. JODELET (1989 :37)

Reflet de la subjectivité de l'individu, la représentation du risque devient alors un concept central pour aborder les conduites à risque comme celles des dynamiques socio-économiques dans les sites marécageux et pollués de Maképé Missoké et Maképé Maturité. Là où la seule prise en compte des facteurs relatifs à un défaut d'information, à la méconnaissance du risque encouru , ou à un défaut de raisonnement ne permet d'attribuer qu'irrationalité et dérèglement aux conduites à risque des individus. JODELET montre que la notion de représentation redonne du sens et de la rationalité aux comportements. Quand un individu se représente un risque, il ne se contente pas de le prévoir, mais l'assimile à son schéma de pensées, à ses croyances, à ses valeurs ou celles de son groupe social afin de donner de la cohérence entre ses pensées et ses actes passés ou à venir. Il ne s'agit plus seulement de faire un état de lieux de différentes prises de risque à l'oeuvre dans nos sociétés post modernes tel que prôné par A. GIDDENS (1994), mais de tenter d'accéder au sens qu'elles revêtent pour les individus. Les pratiques à risque sont inscrites dans les schémas de pensées des individus. Nous partageons cette thèse car les conduites à risque apparaissent comme des problèmes sociaux dont l'homme est lui-même cause. Elles sont inscrites dans son schéma de pensées.

Les dynamiques socio-économiques dans les sites à risque relèveraient de la perte de maîtrise de l'homme. Ce point de vue trouve ses limites en ce sens que le processus de construction des problèmes apparaît souvent désordonné, et avec même des éclipses. C. DOURLENS (2003). Il faut chercher à savoir si les individus qui fabriquent les risques sont informés par rapports à ses dégâts. S'ils s'interrogent sur leurs cadres de vie, s'ils maîtrisent à priori les dangers, les risques, les implications. Or la connaissance à priori des risques, de faits présupposés apparaît comme un objectif impossible à atteindre, tant pour des raisons cognitives qu'économiques. La théorie sociologique des risques permet ainsi d'étudier les conduites à risque.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote