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Impact des réformes dans le secteur financier sur les relations entre banques et institutions financières décentralisées

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par Ousmane Thiané DIOP
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - maà®trise en sciences économique 2002
  

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Introduction Générale

Les pays en voies de développement ont besoin d'amorcer une croissance économique durable sans laquelle le développement économique ne peut être atteint. Pour ce faire, il apparaît nécessaire de mettre l'accent sur le renforcement des capacités de production dans l'économie ; ce qui suppose que le secteur financier devra jouer un rôle moteur prépondérant.

Au Sénégal, une crise financière latente s'est déclarée durant les années 80. Pour sa résorption, une série de mesures visant l'émergence d'un système financier viable avait été initiée par les autorités.

Parmi les objectifs visés par ces mesures, la libéralisation y a occupé une place prestigieuse. Celle ci prône, en théorie, la libre concurrence et s'oppose à l'intervention de l'Etat et à la constitution de monopole privé. A son sens, par le biais du libre jeu des initiatives individuelles dans le marché, on doit parvenir à l'allocation optimale des faibles ressources mobilisables.

Par ailleurs, ces réformes ont nécessité la revitalisation d'une forme de système financier dite décentralisée, dont l'objectif est de complémenter les carences des banques classiques dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

Ainsi coexistent, dans le marché financier, deux types d'institution entretenant des relations ambiguës. Sont-elles complémentaires dans le cadre du financement de l'économie? et/ ou, au contraire, entretiennent elles des relations de concurrence? Quelles orientations devrait-on promouvoir dans leurs relations afin de réunir les conditions d'un développement économique et social adapté à nos spécificités ?

A travers les lignes qui suivent, nous essayerons d'apporter des réponses informées aux questions précédemment formulées. C'est ainsi que nous traiterons ce sujet en trois parties.

La première évoquera l'environnement du système financier d'avant les réformes afin de déceler les causes proches ou lointaines de la crise. La seconde portera sur la nature des réformes. L'objectif visé dans cette partie est d'appréhender l'anatomie des réformes afin de mieux cerner leurs effets sur les relations entre Banques et SFD que la troisième partie aura l'intention de traiter.

Auparavant, nous nous intéresserons à l'évolution du système bancaire depuis ses origines.

HISTORIQUE DU SYSTÈME BANCAIRE

Dans une économie de type domanial ou de Robinson Crusoe, la banque ne serait que du superflu car l'instrument à travers lequel elle intervient dans l'économie, et qui constitue sa matière première, n'a aucune utilité. Les transactions sont facilitées par le style d'organisation qui en assure la fluidité; l'épargne y est mal vue et l'investissement inconnu.

Cependant, en atteignant une certaine complexité due à la masse d'individus devant entrer en échange et à la distance à parcourir, le troc, avec toutes ses contraintes, devient trop fastidieux : l'usage d'un médiateur devient une urgence. Toutes les sociétés, à un certain moment de leur évolution, l'ont engendré, souvent de façon autonome, mais avec des caractéristiques presque identiques. Ainsi, la monnaie est universelle et a toujours suscité convoitise et méfiance de la part des agents économiques. Copernic, physicien Anglais, la comptait parmi les quatre principales sources de l'effondrement d'une puissance, lorsqu'elle se dépréciait très sensiblement.

Dès son apparition, sa garde a été affectée à des agents : les cambistes, qui peuvent être considérés à juste titre comme les ancêtres des banquiers.

Au Sénégal, l'abolition de l'esclavage a été à l'origine de la création de la première banque. Les effets perturbateurs qu'elle a entraînés devaient être corrigés par l'octroi de crédits aux anciens propriétaires pour qu'ils puissent poursuivre leurs activités. Cette Banque du Sénégal, fondée en 1853, avait ses locaux à Saint-louis. Elle était spécialisée dans le crédit à court terme. Cependant, elle n'a jamais pu servir à une réelle politique de mise en valeur de la colonie.

La création de l'Afrique Occidentale Française (AOF) suite à une extension du domaine colonial et au développement de l'économie de traite, dont la matérialité était observable à travers la remarquable augmentation de la production agricole, finirent par démontrer l'urgence de l'extension et du renforcement des possibilités d'intervention du système bancaire. Ce dernier devait se charger d'apporter en qualité et en quantité le lubrifiant nécessaire à la dynamisation de la machine économique.

En 1901, la Banque du Sénégal est mise en liquidation et transfèrera son actif à une nouvelle banque d'émission de nature commerciale: la Banque de l'Afrique de l'Ouest.

Dans les années 1920, la montée de la concurrence internationale, suite aux effets d'entraînement de la révolution industrielle, a fini par faire naître chez les protagonistes des attitudes protectionnistes. Avec ces changements dans les relations internationales, il fallait adapter le système bancaire pour la distribution des crédits aux secteurs jugés prioritaires; ceci en vue d'une plus grande autonomie vis à vis du RDM.

Vu la multiplicité et la densité des interventions du système bancaire, son activité atteignait des proportions non négligeables et son contrôle devenait un enjeu de taille : la nouvelle Banque de l'Afrique Occidentale aura désormais son siège social en France et non plus en Afrique. Ainsi le système bancaire venait d'être rapproché des politiques françaises. Sa création fut une tentative d'adaptation de la distribution du crédit dans une phase d'expansion du capitalisme. Cette banque qui, à l'origine était sous tutelle privée, devenait une société d'économie mixte à partir de 1929 avec une participation minoritaire de l'Etat qui allait se renforcer de façon décisive en 1940.

Ces périodes sont marquées, au Sénégal, par un développement de l'économie arachidiére produite par une agriculture extensive. Le paysan vendait sa production aux commerçants (sous- traitants) Libanais ou Africains qui se chargeaient de l'exporter. En retour, ces derniers lui procuraient des produits importés. Les périodes de soudure entraînaient des endettements massifs qui, après paiement, ne laissaient au paysan que des signes monétaires. Jamais il ne joignait les deux bouts. Il était laissé à la merci d'usuriers impitoyables dans le bourbier de l'endettement.

Dans un tel contexte, l'établissement d'un contact direct avec les ruraux n'était pas du domaine de l'urgence. Cependant, vu la fertilité du milieu dont l'engrais était constitué par l'usure, les banques se sont prolongées dans les grandes compagnies de crédit immobilier qui, de par leur degré d'implantation adaptée aux spécificités du milieu, pouvaient s'assurer du remboursement des crédits octroyés aux ruraux. La plupart de ces grandes compagnies finirent par être des propriétés des banques

Durant la seconde guerre mondiale, l'aide substantielle apportée les pays colonisés à une France malmenée par le voisin Nazi a fini par apporter du sang neuf aux relations Métropole - Colonies. Cela s'est matérialisé par la constitution de la Zone Franc dont la caractéristique principale est l'existence d'une parité fixe entre le Franc Français (FF) et le Franc des Colonies Françaises d'Afrique (FCFA). Elle semble être née des conséquences de la seconde guerre mondiale, du contrôle des changes et de celui du commerce extérieur.

Auparavant, des banques françaises avaient installé des succursales à Dakar. Il s'agit essentiellement de la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie (BNCI en 1939),du Crédit Lyonnais et de la Société Générale en 1941. L'avènement de ces nouvelles banques avaient entraîné une certaine division du travail en ce qui concernait la fourniture des services et la répartition de la clientèle.

Certaines banques livraient des crédits à l'industrie et au commerce tout en essayant de se rapprocher du secteur informel. Il s'agit de la BNCI, du Crédit lyonnais...

La BAO et la Banque Commerciale Africaine s'activaient dans la consolidation de leurs liens privilégiés avec les grandes maisons de traite. Leurs crédits étaient destinés à la commercialisation de l'arachide. En 1956, ils représentaient 56% des crédits consentis.

Cependant, l'influence des banques africaines se réduisait. En 1945 le BAO détenait à elle seule 60% des dépôts. En 1952, la tendance commençait fortement à être inversée. Les grandes banques métropolitaines s'intéressaient désormais à la crème du monde des affaires (grandes sociétés de commerce). Aussi elles se lancèrent dans des travaux d'investissement minier et le financement des travaux correspondant à l'équipement collectif de la colonie.

L'octroi de crédits pour le développement de l'industrie locale s'est effectué au moment de la pénurie de l'après guerre où la France, durant sa reconstruction (1948-1974), n'arrivait plus à fournir certains éléments de base aux colonies. Ainsi a-t elle encouragé une industrialisation de très faible ampleur, non pas par altruisme, mais en vue de préserver sa vache laitière au moment où l'Afrique faisait l'objet d'enchères idéologiques.

Les crédits à l'équipement immobilier et hypothécaire ont été octroyés par la Société Immobilière et Financière de l'Afrique (filiale de la BCA), le Crédit Foncier de l'Afrique de l'Ouest ( CFAO), le Crédit Foncier d'Afrique ( filiale de la Banque d'Indochine). Le Crédit du Sénégal (CDS) octroyait des crédits à court et moyen termes aux entreprises artisanales ainsi qu'aux exploitations et coopératives. Ces prêts étaient destinés à l'acquisition de propriétés immobilières et de biens de consommation semi- durables.

Les indépendances ont joué un rôle décisif dans l'évolution du système bancaire. Elles ont surtout été marquées par un processus d'africanisation des banques dans le capital desquelles, privés et publics cohabitent.

Parallèlement, de nouvelles banques à capitaux uniquement publics (Sénégalais et Français) ont été créées en vue de fournir des crédits aux populations méprisées par le système bancaire classique (artisans, agriculteurs)...

Le processus d'africanisation s'est déroulé en plusieurs étapes.

Un partenariat financier est scellé entre le Sénégal et le Crédit lyonnais. Sa matérialisation se trouve dans l'érection de l'Union sénégalaise des Banques (USB).Son capital fut augmenté avec l'entrée de banques étrangères telles Morgan Guaranty (USA), Deutsche Bank (RFA), Banca Commerciale Italiana (USA- Italie).

L'USB fut régie par le droit local et n'avait aucune obligation de service public. Elle était mue par des objectifs de rentabilité avec pour mission de promouvoir les hommes d'affaire sénégalais.

Le 13 janvier 1960, la Banque Sénégalaise de Développement vit le jour. Elle avait pour rôle de constituer un relais aux lignes de crédits accordées par le Fonds d'Assistance et de Coopération, du Fonds Européen de Développement et autres institutions de coopération financière. Malgré le volume important des dotations financières à son profit, elle n'avait pu jouer le rôle qui lui était assigné.

La complémentarité des missions de la BDS et du Crédit du Sénégal a été institutionnalisée par la création de la Banque Nationale de Développement du Sénégal en 1964. Cette banque héritait des missions de ses ancêtres (BDS et CDS). Elle a pu bénéficier d'importants financements qu'elle pouvait difficilement renouveler à cause des taux d'intérêt internationaux plus compétitifs.

Dans la poursuite du processus d'africanisation, la Société Générale des Banques du Sénégal (SGBS) verra le jour le 03 décembre 1962. Elle a repris les activités de la Société Générale qui en était l'actionnaire majoritaire avec 51% d'un capital ouvert à des étrangers (USA, Suisse, Italie, France, Allemagne).

La Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie au Sénégal fut créée en 1962 pour poursuivre les activités de la BNCI qui en est l'actionnaire majoritaire.

Des indépendances jusqu'au début des années 70, le fonctionnement du système bancaire Sénégalais a fortement été marqué par la présence de l'autorité publique. L'objectif visé était d'accompagner les différents plans nationaux mis en oeuvre pour le développement social et économique du pays.

Cependant, malgré toute cette volonté de contrôle du système qui, entre autres était plus que nécessaire dans une économie embryonnaire et planifiée, il fallait l'existence d'un secteur privé libre, pouvant servir à drainer les capitaux extérieurs privés en quête de sécurité, liquidité et rentabilité. A cet effet, il fallait répondre aux exigences de la concurrence.

Le problème à résoudre, allait être la répartition du marché et la distribution des compétences entre les différentes catégories d'établissement de façon à pouvoir mobiliser les ressources pour le financement des plans sans porter atteinte aux activités du secteur privé, parce qu'il est le seul à pouvoir réaliser de façon satisfaisante les mouvements de capitaux avec l'extérieur.

Le début des années 70 correspondait, sur le plan international, au premier choc pétrolier, à la disparition de l'étalon de change or et à la fin des 30 glorieuses.

Au Sénégal, malgré l'épaisseur du tissu bancaire qui se trouvait être l'un des plus moelleux de l'Union Monétaire Ouest Africain, il fallait favoriser la création d'établissements spécialisés en vue de compléter le travail accompli par les banques commerciales. Une loi allant dans ce sens a été votée par la représentation nationale en 1974 : les organismes spécialisés dans la distribution de crédits à moyen et long termes aux entreprises créatrices de richesse pouvaient bénéficier de faveurs fiscales.

Dans la même année, la Société Financière Sénégalaise pour le Développement de l'Industrie et du Tourisme (SOFISEDIT) et la Banque Sénégalo-Koweitienne, avec une participation de l'Etat dans chacune, venaient de se constituer.

Le SOFISEDIT ( 09 Mars 1974) fut le fruit d'un partenariat entre l'Etat, la totalité du système bancaire nationale et de la Fidelity International Bank (USA). A partir de 1975, son capital fut élargi à d'autres partenaires. Pour son démarrage, la SOFISEDIT a pu bénéficier d'importantes lignes de crédit (République Fédérale d'Allemagne, Banque Mondiale). La participation de l'ensemble du système bancaire nationale témoigne de la volonté du Gouvernement Sénégalais de coordonner les activités des différentes catégories d'établissement et d'en utiliser les compétences diverses pour les projets de développement initiés sous sa responsabilité.

La BSK vit le jour dans la même année que le SOFISEDIT. Ses principaux actionnaires furent le Koweït Foreign Trading Contracting and Investing 50%, l'Etat Sénégalais 25% et un privé Sénégalais 25%.

C'est à la fois, un aspect de la coopération entre le Sénégal et le Koweït et un circuit de recyclage en direction de l'Afrique des surplus accumulés grâce à une inflation sans précédent du prix du baril de pétrole. L'Etat du Koweït fut le principal bailleur. Cependant la nomination du privé Sénégalais comme Président Directeur Général témoigne de la volonté des partenaires à conférer à la banque un statut privé, tout en orientant ses activités en fonction des objectifs de la politique économique nationale. Pour son démarrage la BSK a pu obtenir une ligne de crédit de 2,5 milliards.

L'objectif visé dans la création de ces deux banques était d'encourager l'épargne privée nationale et étrangère à venir s'investir pour des horizons lointains au Sénégal. Les deux institutions ont entretenu des relations de libre concurrence. Mais, compte tenu de l'étroitesse du marché une entente apparut souhaitable. Il fut finalement admis que la BSK évoluera dans le segment de la pêche, de l'immobilier, de l'élevage... tandis que la SOFISEDIT s'occupera du financement des activités industrielles et touristiques. A partir de 1975, peu de changements ont été enregistrés dans le système bancaire.

Il est intéressant de voir que l'évolution constatée au niveau des structures économiques et de l'environnement national et international a entraîné une révision du système Sénégalais en vue de répondre aux besoins de financement des nouvelles unités industrielles et commerciales.

Avant d'aborder le fonctionnement du système bancaire, il convient de le situer dans son contexte socio-économique et socio politique.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand