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Communication politique et logique d'actualisation dans le champ électoral. Approche constructiviste de la campagne de l'union pour la nation en république démocratique du Congo

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par Jacques Yves MOLIMA AUTA MISO MAPUMBA DUA
Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication - Licence 2009
  

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III.1.1. ASPECT IDENTITAIRE : Opposition Autochtonie et Allogenie

Dans la logique d'actualisation de la communication politique pendant la campagne électorale, l'Union pour la Nation avec son leader Jean Pierre Bemba ont premièrement basée l'essentiel de leur adresse sur l'aspect identitaire. Cette question a eu des germes depuis l'après premier tour de l'élection présidentielle avec la configuration qui s'est dessinée pendant le vote. Joseph Kabila plébiscité à plus de 80% dans la partie Est, tandis que Jean Pierre Bemba a tenu le flambeau dans la partie Ouest du Pays.

Ainsi, à l'Union pour la Nation, la présence de Jean Pierre Bemba au second tour de l'élection présidentielle n'était pas seulement une occasion pour mettre un terme à ce qu'ils qualifiaient de « pouvoir illégitime de Joseph Kabila », mais aussi une occasion propice pour la population congolaise de remettre sa destinée entre les mains d'un fils du Pays.

Lors d'une rencontre avec les candidats provinciaux de l'Union pour la Nation samedi le 7 octobre 2006 dans la salle Cinépolis à Kinshasa, Joseph Olenga nkoy alors directeur de la campagne de Jean Pierre Bemba dans sa causerie dite de « réarmement moral » soulignait en disant que la présence de Jean Pierre Bemba au second tour était un sursaut d'orgueil national.

Un sursaut d'orgueil national parce que, à l'Union pour la Nation, il fallait à tout prix vendre l'image d'un Jean Pierre Bemba fils du pays, d'autant plus que déjà la question sur l'origine de Joseph Kabila n'était pas tout à fait élucidée dans le milieu politique tant national qu'international. L'Union pour la Nation s'est saisi de la question pour y asseoir de prime abord l'essentiel de sa communication politique.

Nous le disions précédemment avec Windish que le discours polémique attaque généralement l'identité et la crédibilité de l'adversaire et cherche à ternir son image. En effet, l'UN est parti d'un Slogan teinté de l'autochtonie à savoir « Mwana Mboka » traduisez « fils du pays » qu'il a collé à la personne de Jean Pierre Bemba donc à un autochtone de la RDC. Cela pour faire une différence d'avec le candidat Joseph Kabila que l'Union présente comme un non originaire, un nouveau venu, un allogène.

Pour se faire, nous soulignons ici quelques faits qui ont émergés au sein de l'opinion publique et ont permis à l'UN de se baser sur la question de la nationalité de Joseph Kabila et ainsi construire sa stratégie communicationnelle sur le thème de la « Congolité ».

Il y a premièrement la question des Banyamulenge, ces congolais d'expression Rwandaise présent dans le Nord et le Sud Kivu dont la visibilité sur le plan national et international s'est accrue avec l'arrivée au pouvoir de l'AFDL en 1997 avec Laurent Désiré Kabila soutenu par la coalition armée Rwando-Ougandaise. D'aucuns assimilaient carrément les Banyamulenge qui se sont retrouvés dans les rangs de l'AFDL aux militaires de l'APR, l'Armée patriotique Rwandaise. Cette question a été au coeur des débats politiques dans le pays de tel enseigne que certains politiciens présentaient les deux provinces du Kivu comme des provinces infiltrées par des non originaires.

A la foulée, le mythe qui a entouré pendant un long moment les origines de Joseph Kabila a donné libre cours aux spéculations. Lesquelles spéculations ont été enrichies, par moment, par les déclarations des journalistes étrangers à l'instar du Belge Colette Braeckman qui avaient mis en doute ce qu'ils qualifiaient de la « congolité » de Joseph Kabila lors de son arrivée au pouvoir en 2001. En effet, on peut lire dans le journal en ligne lesoftonline.net du 30 janvier 2004 ce qui suit « Le 26 janvier 2001, Joseph Kabila succède à son père. Notre consoeur belge (Collette Braeckman) n'a pas hésité, six jours auparavant, de relayer l'humeur de l'opinion congolaise du moment en écrivant que le nouveau président était mal accepté du fait des origines tutsies de sa mère. Ce qui n'était pas faux. Le fils du président est à moitié tutsi, ce qui n'améliore pas sa popularité à Kinshasa, écrivait-elle dans «Le Soir» daté du 20 janvier 2001. Une semaine après, la journaliste change de version («Le Soir» du 26 janvier 2001) et soutient, sans transition, que la mère de Joseph «est bien Congolaise». Elle s'appelle Safi Mahanya, membre de la tribu bango-bango du Maniema.63(*)». Une déclaration qui jeta le pavé dans la mare d'autant plus que Collette Braeckman bénéficiait, à l'époque, d'un crédit plus élevé dans la société intellectuelle congolaise épris de la survie de la démocratie dans l'ex-zaïre.

Le mystère autour de la personne de Joseph Kabila a été si grand qu'il a fallu attendre la généalogie64(*) tracée par Célestin Kabuya Lumuna Sando pour avoir une idée sur les origines du candidat président Joseph Kabila mais cette généalogie n'a pourtant pas élagué le problème.

Ainsi, à l'Union pour la Nation, l'étiquette trouvée a été celle de « Mwana mboka » traduisez « Fils du pays » pour enterrer définitivement l'adversaire. Il s'agissait au faite pour l'UN d'insister premièrement sur le fait que son candidat est fils du terroir, c'est-à-dire un natif du pays, celui qui a laissé des traces par son parcours et qu'on pourrait les reconstitués sans trop de peine. Deuxièmement, de présenter son candidat comme candidat du pays ou tout simplement défenseur du pays face au candidat des étrangers. Et troisièmement, prouver au public que ce candidat est aussi Kinois, donc qui connaît les us et coutume de la capitale congolaise dans toutes ses formes et reformes.

Donc, l'UN a mis en exergue les traces laissées par Jean Pierre Bemba dans le pays avec une biographie claire et précise, d'une originalité sans faille. Né à Bokada dans l'Equateur, il fit ses études secondaire au Collège Boboto à Kinshasa, donc Kinois avec la mentalité kinoise et s'exprimant aux kinois avec leur langue, le Lingala.

Signalons enfin que le concept « Mwana mboka » est souvent opposé à celui de « Mowuta ». L'UN a usé de presque toutes les voies de communication avec son discours monté sur la question identitaire pour inculquer dans l'opinion publique la non-originalité congolaise de Joseph Kabila. En se servant par exemple des médias de masse pour la vulgarisation de ce thème de campagne basé sur l'identité des candidats. L'UN a même sponsorisé une chanson qui passait en boucle pendant la campagne sur les antennes des radios du MLC à travers le pays. L'essentiel du message dans cette chanson reprenait le thème de Mwana mboka. Par exemple cet extrait : « ...Miba e e Miba, basili bateka, mabele ma Katanga basili bateka, ba oyo baya koya balinga koteka, botikela nsomi ya mboka asimba ekolo akamba aaa... ».

Le MLC avec l'Union pour la Nation ont même mis en place une sorte de « vade mecum » qui devrait dicter le choix des électeurs congolais. On pouvait lire sur ce document en ce qui concerne la question identitaire ce qui suit :

Aux élections présidentielles, Moi Congolais, je choisirai :

- Entre quelqu'un qui a une nationalité douteuse et un vrai Congolais, je voterai mon Compatriote.

- Entre quelqu'un qui présente des parents douteux et celui qui a des parents officiellement déclarés, je voterai le second.

- Entre celui qui ne maîtrise pas l'histoire politique du Congo et celui qui en parle à son aise, je voterai le second.

- Entre celui qui vit en RDC depuis moins de 10 ans et celui qui y est né, qui y a grandi et qui y a toujours vécu, je voterai le second.

- Entre celui qui parle une langue nationale avec un accent étranger et le Congolais qui n'a pas d'accent, je voterai le second65(*).

L'Union pour la Nation étant une plate forme politique ayant regroupé en son sein un nombre important des leaders politiques, elle a également épousé certaines idéologies de ses membres dans sa lutte pour la magistrature suprême. Ainsi, par exemple, le vocable de « grand Nsoso » traduisez « Grosse Poule » opposer au « Ndeke » traduisez « L'oiseau » a trouvé toute sa raison d'être à ce second tour de l'élection présidentielle. Pour l'UN la destinée du pays ne pouvait être confié à celui qu'on considère comme un oiseau.

Toute la philosophie ici réside dans la perception qu'on se fait de « Nsoso » et de « Ndeke » de la construction de sens que l'on fait. Selon Olenga Nkoy directeur de campagne de Jean Pierre Bemba, sa philosophie rimait à ce qu'il qualifié de la « vente du pays entre les mains des ceux qui peuvent se volatiliser dans la nature à tout moment ». L'Union pour la Nation avait ainsi l'insigne honneur de militer pour que soit accordé à Jean Pierre Bemba beaucoup trop de crédit en tant que fils du terroir capable de relever le défi de la protection de l'intégrité territorial et de ce fait s'opposer à ceux qui en veule à l'unité du pays.

Ainsi, dans notre introduction nous faisions allusion aux aspects de communication qui ont prévalu au sein de l'UN lors de la campagne électorale en soulignant premièrement l'aspect idéologique. Ceci revient, comme nous l'évoquions, à déterminer l'idéologie qui a prévalue dans la mise en place de la plate forme politique en soi. En scrutant cette formation politique eu égard au système de communication emprunter pour sa communication politique, comme nous l'étalons dans ce chapitre, nous nous sommes rendu compte de prime abord que toute l'idéologie était basée sur la personne de Jean Pierre Bemba.

A cet effet, Jean Pierre Bemba conscient du poids politique et de la personnalité qu'il incarnait, tentait à tout prix de répondre de par son image à la personnalité lui construite par l'Union pour la Nation. Pourtant interrogé par Philippe Perdrix66(*) de Jeune Afrique sur le fait que certains observateurs relevaient le thème xénophobe de la « Congolité » qui caractérisait l'essentiel de la campagne de l'UN, Jean Pierre Bemba nia catégoriquement en disant : «  C'est faux, nous n'exploitons pas ce thème » cependant après lui avoir fait remarqué que si ce n'est pas directement lui qui le fait c'est certainement son entourage. Jean Pierre Bemba déclina la responsabilité tout en soulignant que «  À la limite, je ne suis pas responsable de ce que disent mes proches » et de contre attaquer « Je déplore beaucoup de choses, la manipulation et les campagnes de diabolisation dont je suis victime. Je déplore les accusations portées contre moi qui sont entretenues par le président Joseph Kabila » Ceci prouve à quelques égards que Jean Pierre Bemba usait ici de l'argumentation manipulée où le message est intentionnellement déformé en vue de parvenir à un objectif. Il fallait à tout prix renvoyé sur l'adversaire ce dont on lui collait pour s'attirer la sympathie des électeurs, d'autant plus que le discours politique sert également pour contre attaquer les avances des adversaires.

* 63 http://www.lesoftonline.net/phil.php?id=457

* 64 Une généalogie qui est disponible dans le site officiel de la présidence de la République.

* 65 Ces informations sont tirées du site Internet du MLC en France http://www.mlc-france.org/article.php3?id_article=235

* 66 Philippe Perdrix est journaliste à Jeune Afrique il a eu ànterviewé Jean Pierre Bemba quelques jours avant le premier tour de l'élection présidentielle. Ces extraits de l'interview sont tirés du site Internet officiel du MLC www.mlc-congo.net

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote