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La pression de l'aménagement de l'habitat sur l'agriculture urbaine a Kinshasa: cas du lotissement de l'espace maraà®cher Nzeza Nlandu dans la commune de Kisenso

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par Gabriel KASHIMBA KAYEMBE
Université de Kinshasa - Licence en sciences de l'aménagement du territoire 2007
  

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I.1.2. Agriculture périurbaine, intra-urbaine, urbaine

Les agricultures urbaine, intra-urbaine et périurbaine font l'objet de définitions multiples dans la littérature. Il est question ici de réaliser une analyse critique de quelques de ces définitions selon les variables suivantes : les principaux critères de caractérisation ; la mise en évidence de spécificités par rapport à l'agriculture rurale ; le caractère opérationnel ; la distinction entre agriculture urbaine, intra-urbaine et périurbaine.

L'agriculture périurbaine, au strict sens étymologique, est celle qui se trouve à la périphérie de la ville, quelle que soit la nature de ses systèmes de production. Avec la ville, cette agriculture peut soit n'avoir que des rapports de mitoyenneté, soit entretenir des rapports fonctionnels réciproques. Dans ce dernier cas, elle devient urbaine et c'est ensemble qu'espaces cultivés et espaces bâtis participent au processus d'urbanisation et forment le territoire de la ville (Fleury. A et Donadieu, 1997).

L'agriculture périurbaine correspondant à l'agriculture urbaine selon la terminologie anglo-saxonne (Moustier et Mbaye, 1999) est considérée comme l'agriculture localisée dans la ville et à sa périphérie, dont les produits sont destinés à la ville et pour laquelle il existe une alternative entre usage agricole et urbain non agricole des ressources. L'alternative ouvre sur des concurrences, mais également sur des complémentarités entre ces usages : foncier bâti et foncier agricole ; eau destinée aux besoins des villes et eau d'irrigation ; travail non agricole et travail agricole ; déchets ménagers et industriels et intrants agricoles ; coexistence en ville d'une multiplicité de savoir-faire dus à des migrations, cohabitation d'activités agricoles et urbaines génératrices d'externalités négatives (vols, nuisances) et positives « espaces verts » (Moustier et Mbaye, Op.cit).

Les deux définitions définissent l'agriculture urbaine ou périurbaine par rapport aux flux de ressources et de produits entre l'agriculture et la ville. Ces flux créent des concurrences et des complémentarités entre usages agricoles et non agricoles, apparaissent comme les plus pertinentes. Elles font bien ressortir la spécificité de l'agriculture urbaine.

L'agriculture urbaine ou périurbaine définit de manière précise et opérationnelle, par rapport à l'intensification des systèmes de production et à l'utilisation des déchets urbains (Moustier et Mbaye, 1999). Cependant, cette définition est restrictive, car certaines formes de production urbaine sont extensives, et certaines exploitations n'utilisent que des fertilisants chimiques et pas de déchets urbains. Dans certaines définitions, le type d'activités englobées sous le vocable d'agriculture est précisé : activités de production, commerce, transformation; productions végétales et animales, alimentaires et non alimentaires. Les interactions entre la ville et l'agriculture, en termes de flux de ressources et de produits, sont au coeur de l'identité de l'agriculture urbaine (terme que nous employons ici pour désigner à la fois l'agriculture intra et périurbaine). La suite du chapitre se propose de caractériser ces interactions et leurs conséquences en termes d'atouts et de contraintes pour l'agriculture urbaine.

Bien que les questions peuvent être posées sur la notion même de « périurbain ». C'est une expression commode pour circonscrire l'espace d'expansion des villes au détriment des campagnes. On voit qu'en fait les articulations entre rural et urbain sont diverses, elles ne se limitent pas à une vision spatiale localisée d'une zone de contact entre deux mondes étrangers, l'un tendant inexorablement à repousser l'autre ou à l'acculturer (Luc J.A. Mougeot et P. Moustier, 2003). La zone d'approvisionnement la plus proche de la consommation se trouve à l'intérieur même de la ville ou à sa périphérie immédiate. La croissance urbaine, enclenchée après les années de l'indépendance du pays, a donné lieu à l'apparition, non seulement de ceintures maraîchères, mais encore d'un jardinage urbain pratiqué intra-muros sur les terrains que l'expansion de l'urbanisation laissait encore libres pour un temps.

Ce type d'agriculture, suburbaine ou intra urbaine, est très précaire. Il a surgi spontanément comme une mise à profit de terrains proches de la ville ou même intégrés dans celle-ci et sur lesquels il était relativement aisé de pratiquer une irrigation même rudimentaire pour approvisionner les citadins, soit directement, soit en passant par le marché, en légumes verts ou produits maraîchers, c'est-à-dire en produits de valeur unitaire relativement élevée répondant à la demande d'une clientèle urbaine aisée. Il s'agissait en fait d'un essai, souvent réussi, de substitution de produits d'importation, visant à offrir des denrées alimentaires européennes à une clientèle surtout constituée d'expatriés ou de membres de la bourgeoisie urbaine occidentalisée.

Dans l'espace, la ceinture ainsi formée n'est nullement continue, et moins encore s'il s'agit des cultures à l'intérieur de la ville. Ces cultures sont apparues çà et là, en fonction des dynamismes locaux et surtout en fonction de la possibilité d'accéder facilement à l'eau. Il s'agit donc surtout d'une horticulture de bas-fonds, dépendant de systèmes d'irrigation simples et de faible portée.

L'entreprise se heurte, au fil du temps, à deux types de difficultés, les unes locales, les autres d'ordre plus général. A mesure de l'avancée de l'urbanisation, la plus-value progressivement acquise par les terrains suburbains, et plus encore intra urbains (même s'ils étaient réputés inconstructibles selon les normes de l'urbanisme), ne peut laisser longtemps persister une activité agricole dont la rentabilité relative va naturellement en diminuant. Tôt ou tard, les cultivateurs de produits maraîchers, avertis de la valeur réelle de leur fonds, cèdent à la tentation de vendre celui-ci à quelque promoteur ou de réaliser eux-mêmes une opération immobilière. A Brazzaville, en 1986, une parcelle de 400 m² valait 200 000 à 300 000 Fcfa dans le quartier de Madibou ; en 1988, la même parcelle valait entre 400 000 et 500 000 Fcfa (Moustier, 1995).

L'autre obstacle, plus récent, rencontré par cette agriculture spécialisée dans des productions relativement chères, est la crise et l'ajustement conséquent, dont l'effet immédiat fut la baisse du pouvoir d'achat de la majorité des ménages urbains. Aliments en passe de devenir partie de la consommation urbaine habituelle. Ces produits maraîchers se sont trouvés rangés au nombre des approvisionnements exceptionnels, même pour les citadins aisés, tandis que la clientèle des expatriés avait fondu entre temps.

Le développement d'une culture maraîchère suburbaine à forte valeur ajoutée susceptible de contribuer efficacement et durablement au ravitaillement des grandes villes africaines, ne semble donc pas généralisable à toutes les situations étant donnée la spécificité des problèmes de la ville africaine, ce qui tend à montrer l'impossibilité de transposer tels quels les modèles issus de l'expérience occidentale, tels les « jardins ouvriers ».

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