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Maisons d'hôte, naissance et développement( Télécharger le fichier original )par Salma BELHAJ SOULAMI Ecole supérieure de technologie de Fès - Diplôme Universitaire Technologique 2008 |
3. Maisons d'hôte : réglementation de plus en plus rigoureuseLa transformation des Riads en maisons d'hôtes s'est effectuée de façon anarchique, en dehors d'un cadre juridique régissant cette profession. L'initiative a été prise par ces « nouveaux hôteliers » qui ont été obligés de fixer eux-mêmes des normes de classement propres à eux (palmiers, lanternes...), et ce, selon les prestations fournies, la dimension, la capacité, la qualité de la décoration, la proximité au centre-ville, l'accessibilité par voiture... L'ampleur qu'a pris ce phénomène a incité le ministère du tourisme à élaborer un projet de loi pour le classement de ce type d'hébergement. Ainsi, le projet de décret du 1er juillet 1999 modifiant et complétant le décret n° 2.81.471 du 16 février 1982 instituant un classement des établissements touristiques, consacre un chapitre important aux maisons d'hôtes.17(*) Des commissions locales ont procédé à l'inspection de ces entités touristiques pour les classer en catégories, à l'instar des étoiles pour les hôtels. Il serait question de 2 catégories, en plus d'une de luxe pour les maisons de charme. Cette nouvelle forme d'hébergement permet quelques limites : à part les Riads maisons d'hôtes gérés par les agences et donc contrôlés par elles, les autres unités échappent complètement à tout type de contrôle car il n'existe pas de lois qui donnent aux inspecteurs de la délégation de la culture ou du tourisme le droit d'accéder à ces demeures et les contrôler, ce qui engendre une situation d'ambiguïté concernant les activités de ces maisons d'hôtes. C'est pour cette raison que le Maroc, bien qu'il soit l'un des participants dans la charte internationale de l'éthique touristique, qui, à travers ses différentes clauses, insiste sur le respect absolu du milieu culturel et spirituel des habitants du pays d'accueil.
La lecture du projet de normes tel qu'il a été élaboré laisse apparaître que ce dernier est inadapté dans certains de ses aspects à ce nouveau mode d'hébergement, et ce pour les raisons suivantes :
A cet égard, nous notons qu'à l'exception de quelques rares unités, les autres établissements comptent moins de 7 chambres chacun. Imposer un minimum de 7 ou 5 chambres équivaudrait donc à exclure 61% de ces unités. De ce fait, il serait plus opportun de reconsidérer la limite inférieure des chambres en la fixant à 4 ou 5 chambres tout en dissociant qualité et capacité.
En conclusion à ce qui a été dit, il faut préciser que ce projet de loi, qui prévoit le classement des maisons d'hôtes, a été calqué sur les prestations hôtelières classiques. Le produit maison d'hôte est totalement indépendant et différent de l'hôtellerie classique. Les autorités, par ce projet, encouragent l' « hôtellisation» des Riads et des maisons d'hôtes et s'éloignent largement du concept maison d'hôte original.18(*) Afin de pallier aux lacunes du projet de loi cité précédemment, et en vue de donner aux maisons d'hôtes un caractère légal et formel, les professionnels ont ressenti le besoin de se constituer en association professionnelle et fédérer les maisons en activité, aider, accompagner et encadrer ceux qui souhaitent s'établir dans ce domaine. Le statut du Riad dépasse de loin une simple habitation pour revêtir celui d'une oeuvre d'art. L'origine des Riads remonte bien aux temps très lointains, le Riad serait un legs de la tradition gréco-romaine qui fut introduit ensuite sur les rives méditerranéennes. Le plus ancien Riad du Maroc était le palais de Ali Ben Youssef à Marrakech, dont la construction remonte à l'an 1126.
Depuis son introduction à Marrakech, le Riad n'a cessé de jouer un grand rôle dans l'enrichissement de l'héritage architectural et culturel que chaque dynastie laisse derrière elle comme témoin de son existence et sa puissance. Le Riad connut un destin tumultueux. De demeure de notables, bourgeois et puissantes personnalités politiques de la ville, il devint le centre d'attraction de la jet-set internationale pour enfin faire l'objet de convoitise de milliers d'étrangers. C'est ainsi que le phénomène des maisons d'hôtes a vu le jour donnant naissance à un produit nouveau, adapté aux exigences des touristes, dont les goûts sont en constante mutation. C'est un produit de luxe, qui permet de répondre aux besoins des touristes en matière de différence, de tradition, d'exotisme et d'authenticité. B. Section 2: Le produit touristique des maisons d'hôteQu'est ce qu'une maison d'hôtes ?Hôte en latin signifie invité de Dieu et, comme son nom l'indique, une maison d'hôtes est le lieu où on peut recevoir ses hôtes. Cette formule d'hébergement, ancrée dans l'histoire de l'humanité depuis les civilisations gréco-romaines, prend une signification assez particulière dans les pays Arabo-Musulmans où la bonté est une qualité que chaque individu doit avoir. On peut loger et nourrir un invité de Dieu (Def Allah) 3 jours successifs sans qu'il soit dans l'obligation de payer ces prestations. Cependant, et avec le temps, la maison d'hôtes a changé de statut. La maison d'hôte est une formule d'hébergement, moins commercial, où le propriétaire reçoit personnellement ses hôtes (touristes), dans un contexte familial et dans le respect des traditions locales. La loi 61-00 portant statut des établissements touristiques, publiée au bulletin officiel, définit la maison d'hôtes comme étant un établissement édifié sous forme d'une ancienne demeure, d'un Riad, d'un palais, d'une kasbah ou d'une villa et situé soit en médina, soit dans des itinéraires touristiques ou dans des sites de haute valeur touristique. La maison d'hôtes offre en location des chambres et/ou des suites équipées. Elle peut également offrir des prestations de restauration et des services d'animation ou de distraction. L'appellation de cette nouvelle formule peut différer d'une région à une autre : «Gîte du passant» au Québec (Canada), chambre d'Hôtes en France, Minshuku au Japon, au Maroc, ce sont plutôt les Riads, l'habitat original des anciennes médinas. Les caractéristiques du produit maison d'hôte diffèrent considérablement de celui des hôtels. 1. Les maisons d'hôtes : Une offre adaptée aux nouvelles tendancesDepuis une vingtaine d'années, compte tenu de la concurrence internationale en matière de tourisme, les différents acteurs n'ont de cesse de rivaliser d'ingénuité pour proposer des formules, des sites, des espaces, des modèles, des produits...dont la nouveauté, l'originalité, l'apport en qualité, l'adaptation aux besoins, le potentiel de compétitivité...offrent des atouts incontestables pour stimuler et, si possible, fidéliser les flux touristiques. Pour s'adapter à cette évolution de la demande touristique, à l'instar des professionnels dans le monde, les différents acteurs marocains ont commencé par promouvoir des formules de pratiques sportives, dans des paysages inédits, qui varient entre l'escalade et la randonnée en montagne, le trekking, la pratique du golf, en passant par le Paris Dakar, via la promenade à travers les paysages exceptionnels du Sahara...Les formules festival de musiques autochtones typiques présentent des atouts particulièrement incitatifs pour les amateurs d'art. Le succès international de l'écotourisme a plus singulièrement conduit les promoteurs à mieux faire valoir certains produits inhabituels ainsi que les spécificités locales, notamment du fait de la volonté d'ouvrir la montagne marocaine au tourisme. Ces espaces non défrichés- tout comme le désert- se prêtent, certes, à un type d'investigation à forte contingence attractive et émotionnelle. Le bivouac, le gîte, la formule d'hébergement chez l'habitant ...proposent des séjours plutôt modestes en matière de confort. Ils bénéficient de l'avantage de procurer une expérience singulière et donnent au moins l'impression de pénétrer le pays depuis son intériorité. Dans toutes ces situations, et bien d'autres, le mot d'ordre demeure l'originalité de l'investigation touristique, l'exigence d'un potentiel de dépaysement et la garantie d'un exotisme authentique incontestable. D'où une démarche qui, nécessairement, s'oriente vers un produit sur mesure. Certes, le touriste « standard » se prête à tous les programmes à grand public. Cependant, dans l'imaginaire du voyageur exigeant et averti, le désir-voire la quête- de la pertinence du produit certifié conforme, est à la fois un garant permettant de déjouer les structures classiques, rigides, et parfois enfermant ainsi que de procurer des sensations fortes par l'immersion dans la culture autochtone. Or, au niveau de la gamme des multiples types d'hébergement qu'on peut proposer à un touriste, en dehors des formules classiques de l'hôtel, le phénomène du Riad maison d'hôte, qui se développe dans une ville comme Marrakech, répond parfaitement à ce genre d'attente qui évolue à travers une spirales ascensionnelle et s'inscrit à la fois comme une réaction contre un tourisme de masse et la quête d'un voyage inédit et parfaitement personnalisé Les atouts fascinants de ce mode d'hébergement suscitent une demande exponentielle, et qui plus est, une invitation du touriste à vivre au rythme de la tradition locale la plus véridique, ou supposée telle. Qu'il s'agisse d'un mode d'habitat traditionnel et parfaitement exceptionnel en son genre ou de l'environnement authentique de la médina, ces garants d'un exotisme excitant mettent au pas les imaginaires les moins propices.
Incontestablement, dans une structure maison d'hôte, le touriste « baigne » dans une ambiance marocaine, parfaitement dépaysante, typique et taillée sur mesure,19(*) où de véhéments contrastes surexcitent à tout moment ses facultés de sentir, misère d'un mur aveugle de maison et luxe secret du décor intérieur, simplicité des âmes et leur raffinement de courtoisie et de sensualité. 2. Principales caractéristiquesLes Riads et maisons d'hôtes, c'est aussi un art du séjour royal dans un cadre pittoresque, qui réunit des ingrédients tels que la culture, l'architecture, l'histoire, sans oublier la gastronomie et les traditions locales. Ils offrent des prestations d `exception constituant à la fois un mélange de raffinement, de séduction, de traditions et d'authenticité. Considérés comme des moyens d'hébergement à la mode, ils constituent des produits de luxe si on considère le luxe comme étant tout ce qui est rare, exceptionnel et parfait. Le luxe étant aussi le fait de consommer un voyage insolite, individuel et sur mesure, un luxe nostalgie ancré dans l'histoire et son respect : « les vraies valeurs s'inscrivent dans le temps ». Ainsi, on peut dire que les Riads et maisons d'hôtes présentent : ò Le luxe de la différence. ò Le luxe de la tradition. ò Le luxe du privilège. ò Le luxe de la découverte authentique.
Les Riads et maisons d'hôtes sont des moyens d'hébergement totalement différents de l'hébergement classique offert par les hôtels, qui sont fréquentés par la majorité des touristes. o Le luxe de la traditionRespectant l'élément tradition dans chaque prestation offerte, les riads et maisons d'hôtes ont aussi le mérite d'insérer les clients dans le milieu autochtone et leur faire connaître les traditions locales. o Le luxe du privilègeLes clients des Riads et maisons d'hôtes se sentent privilégiés par rapport à ceux des hôtels, et ceci grâce à plusieurs éléments : Ø La disponibilité réduite des chambres dans un RiadCe qui donne au client le sentiment d'être unique, ou du moins de faire partie d'une minorité. De plus, la taille réduite (ou dite humaine) de ces chambres permet la prise en compte de chaque individualité, et offre une vraie personnalisation tout en facilitant la familiarisation rapide du lieu. Ø La personnalisation et la qualité des servicesLe nombre réduit de clients favorise la personnalisation des services offerts et satisfait ainsi l'ego de ces derniers. L'accueil personnel facilite leur mise en confiance et leur procure la qualité de confort recherchée. Le vrai luxe aujourd'hui est contenu dans une notion subtile très personnelle. Ø Le personnel en contactLa disponibilité du personnel et sa proximité favorise un contact permanent avec les clients et permet de satisfaire le moindre de leurs besoins en temps réel. Ø La tranquillité et la sécuritéUne fois passé la lourde porte du Riad, c'est avec émotion que l'on pénètre l'univers protégé et sécurisant à l'intérieur. Le Riad est une représentation temporelle du paradis d'Allah, il compte rarement plus de 10 chambres et est aménagé de manière à ce que chacun puisse trouver paix et tranquillité. o Le luxe de la découverte authentiqueHabitations chargée d'histoire, ayant appartenues aux puissantes familles du Maroc, fruits du travail des meilleurs artisans venus de toute la méditerranée pour les construire et les décorer, les Riads sont aujourd'hui restaurés par des occidentaux amoureux de ces maisons-jardins qui accueillent les touristes dans la plus pure tradition de l'hospitalité marocaine.
Grâce à une décoration de bon goût réalisée avec coeur, passion et générosité, chaque maison d'hôtes offre un cachet particulier qui charme ses clients. Dans ces conditions, l'authenticité du luxe est antinomique avec une créativité débridée. Finalement, l'accès à une notion de luxe imposant de se doter des outils modernes de communication, toutes les maisons d'hôtes ou presque possèdent un site Web, où les client éventuels peuvent s'informer et même réserver via le net. Ainsi, que ces Riads convertis en maisons d'hôtes soient démesurément ou simplement décorés, ils présentent le même produit, un produit de luxe, soit par son extravagance, soit par sa différence et son originalité. 3. Les prixò Chambres de 1700 à 6000 dhs et suites de 2500 à 5 000 dhs
Il s'agit des établissements « grand luxe » qui valent le voyage, dotés d'une architecture exceptionnelle, avec de grands patios fleuris et arborés, grande piscine et hammam et Jacuzzi pour la plupart. Décoration très soignée et très raffinée, objets rares et antiques, mobiliers de grande classe. Peignoirs, babouches, linge, couvre lits. Salons et salles à manger très spacieux, suites royales et chambres luxueuses. ò Chambres de 600 à 2 220 dhs et suites de 9 00 à 3 000 dhs Etablissements de « Grand Confort », dotés d'une architecture remarquable, des prestations et mobiliers très raffinés, d'objets rares et antiques, air conditionné, service de restauration de haut niveau.... ò Chambres de 400 à 1400 dhs et suites de 900 à 1800 dhs
Etablissements « charme et traditions » avec une décoration soignée et des prestations de qualité. Ligne de maisons et confort personnel digne des attentes des touristes. Possibilités de restauration sur place dans la majorité des cas. ò Chambres de 300 à 1100 dhs et suites de 650 à 1650 dhs Etablissements « ambiance élégante », « sympathique », prestations à prix modéré pour ces maisons traditionnelles ayant du cachet. Ambiance conviviale, accueil sympathique et service sur place par du personnel permanent. ò chambres de 120 à 500 dhs : Etablissements « bonnes adresses à petit prix », idéal pour les petits budgets à la recherche d'authenticité, maisons attrayantes dotées de chambres simples et confortables, accueil chaleureux, espace de vie agréable. 4. La commercialisationEn général, la gestion du produit Riad est confiée à des professionnels, soit des gérants ou des sociétés qui les aménagent et se chargent de leur administration et commercialisation à travers de nombreux supports : brochures, panneaux publicitaires, annonces dans la presse nationale et internationale, le bouche à oreilles, ou encore les sites Web. Grâce à ces derniers, les clients ont la possibilité de visualiser le plan du Riad, ainsi que sa situation dans la médina, sa capacité...Ils ont aussi la possibilité de prendre connaissance des différentes prestations offertes, leur prix, et même réserver directement. On compte 4 catégories distinctes d'intervenants dans le marché des Riads : les agences immobilières, les agences de voyage et tours opérateurs, les particuliers ainsi que la gérance libre. Chacun de ces intervenants essaie de développer une stratégie particulière et différente par rapport aux autres.
A l'origine du développement du produit Riad, elles sont nombreuses à proposer des Riads et rivalisent d'ingéniosité en proposant des produits aussi variés que différents.
L'agence de voyage constitue l'intermédiaire entre le client et le propriétaire du riad. Elle agit de manière directe en proposant l'offre par une politique publicitaire marquante. Les tours opérateurs jouent également un rôle primordial dans la commercialisation de cette structure d'hébergement. Ils proposent des dizaines de riads parmi leurs produits à des prix concurrentiels.
Ce sont des promoteurs qui investissent dans ces Riads et les gèrent eux même, étant libres de choisir le mode de commercialisation et de promotion qui convient à leur établissement.
Ce sont des personnes chargées par les propriétaires de gérer les Riads. Ce sont en général des personnes ayant de l'expérience en matière de gestion d'établissements touristiques. C. Section 3: L'évolution des maisons d'hôte : Lecture dans les tendances des dernières annéesSur le moteur de recherche google, dès qu'on lance le
mot Marrakech ou Fès, le premier résultat qui s'affiche sur
l'écran est «location de riads et maisons d'hôtes».
Comme si toute l'histoire de la ville ocre se limitait à un
séjour dans un Riad. D'ailleurs la majorité des riads et des
maisons d'hôte appartiennent à des étrangers et des
binationaux. Ce phénomène a brisé la mixité
sociale qui existait dans la médina. Avant on retrouvait un grand riad
à côté d'une douiriya et une maison simple. Toutes les
classes sociales cohabitaient. Un mécanisme de solidarité
fonctionnait aussi. On retrouvait l'artisan, le commerçant, le juge...
Actuellement, ce système social a été brisé.
ministère de l'Intérieur une
réglementation des maisons d'hôtes et riads. Des particuliers
vivant en France louent les riads de l'étranger, il n y a qu'un
employé de maison sur place qui va chercher le touriste à
l'aéroport, il n'y a aucun registre de séjour qui peut être
consulté par la police. Les particuliers qui pratiquent ce genre de
location ne payent aucune taxe, pire encore ils font de la concurrence
déloyale à ceux qui payent les impôts et taxes
touristiques.
Lancé en 2001, le plan ambitieux du tourisme, a pour objectif de quadrupler le nombre de touristes visitant le royaume pour le porter à dix millions et de pratiquement tripler le nombre de lits pour le porter à 230.000 en 2010, via dix milliards d'euros d'investissements. Le nombre de chambres a également augmenté au niveau des maisons d'hôte
On note que le nombre de maisons d'hôtes au Maroc a connu une nette évolution de plus de 200% en 5 ans (entre l'année 2004 et 2008), de plus d'autres villes ont connu l'apparition de ce nouveau mode de tourisme comme Mekhnès qui en 2007 a vu naître les premières maisons d'hôtes dans la ville.
A l'image du nombre de maisons d'hôtes, le nombre de chambres a connu le même scénario en inscrivant une nette évolution à son tour de plus de 200% en 5 ans (2004-2008).
Contrairement a toute attente et à cause de l'apparition des concurrents potentiels comme la Tunisie mais aussi à cause de l'asphyxie économique causé par les premiers effets de la crise financière en fin 2008, le taux d'occupation a inscrit une croissance négative de presque 20%, ce qui nous mène a poser la question suivante et sachant que la crise n'est qu'a ses débuts : qu'elle sera l'état du secteur vers la fin de la celle-ci ? Comparaison Capacité Maisons d'Hôte / Autres établissements
IV. Maisons d'hôte : Une arme à double tranchantD'abord phénomène anarchique, les maisons d'hôtes bénéficient maintenant d'un statut d'établissements touristiques, régis par une loi. Cependant, cette dernière n'échappe pas à certaines lacunes dont nous retenons essentiellement l'éloignement du concept original de maison d'hôtes ainsi que son « hôtellisation ». Mais loin du caractère légal du phénomène, nous allons nous intéresser plus loin à ses retombées, tant positives que négatives sur la ville en général et la médina en particulier. L'utilisation des Riads à des fins touristiques sous forme de maisons d'hôtes a certainement des retombées avantageuses sur l'économie locale puisqu'elle contribue à la restauration de vieilles demeures délabrées, négligées et par les autorités et par les habitants. Le phénomène est bénéfique aussi pour la population locale à plusieurs niveaux puisqu'il permet d'améliorer leur niveau de vie, leur procure des emplois, et développe l'industrie touristique de toute la ville. Nous allons essayer de développer tous ces points dans la première section. Cependant, le phénomène d'investissements étrangers en maisons d'hôtes ne constitue-t-il pas une forme de colonialisme moderne, une érosion culturelle et identitaire et une catastrophe patrimoniale ? Ce sont les questions que nous avons cru bon aborder dans la 2éme section. A. Section 1: Maisons d'hôtes : Quels apports socio-économiques à la ville :Les années 70 ont connu le départ de nombreuses familles (notamment les riches) vers la ville nouvelle, dont l'espace est plus adapté aux exigences de la vie moderne. La médina est léguée alors à une population démunie, qui ne dispose pas de moyens pour s'acheter une maison moderne. En plus de cette population originaire de la ville, s'ajoute une nouvelle issue de l'exode rurale. Depuis, les villes marocaines ont connu une très forte croissance démographique surtout au niveau des anciennes médinas de marakech et Fès, cette densité dans la ville de Marrakech par exemple de la population s'élève à 97 ménages par hectare au moment où la moyenne nationale se situe à 70 ménages par hectare.22(*) C'est ainsi que la pauvreté et la dégradation gagnent du terrain, la concentration massive des familles de très bas niveau de vie entraînera une dégradation et dévalorisation du cadre bâti, d'abord par le morcellement des grandes demeures et Riads, qui datent parfois de plusieurs siècles, pour permettre le logement de plusieurs ménages, et encore par manque de moyens pour restaurer et réhabiliter ces maisons séculaires, qui tombent aujourd'hui en ruine. Cette surdensification entraînera une ruine certaine de la médina. Plusieurs maisons traditionnelles anciennes, vétustes et donc fragiles ont été endommagées et d'autres qui se sont effondrées. En terme de chiffres, 37 unités de logement sont tombées en ruine depuis que la Régie Autonome de Distribution de l'eau et de l'électricité avait entamé ses travaux d'assainissement. Une situation qui laisse à désirer, le manque de moyens côté propriétaires- et l'absence d'une conscience active de protection patrimoniale -côté responsables et acteurs contribuent aux processus de dégradation de cet héritage que constituent les demeures de la médina. Il est certain que, faute de stratégies de conservation de ce patrimoine architectural qui draine tout un art de vivre, la transformation de certains Riads en maisons d'hôtes, du fait qu'elle est accompagnée de consolidation et de réaménagement des structures, de rénovation et parfois de réhabilitation, apporte une réponse, même si elle est partielle, à un besoin évident de préservation de ce patrimoine, fortement menacé et fragilisé. Le phénomène a également contribué à la restauration du tissu urbain environnant, ainsi qu'à l'amélioration de la situation dans les derbs de la médina. En effet, habiter un Riad est un rêve qui coûte cher. Après l'achat, un projet d'aménagement s'avère souvent indispensable. Même si le prix de la rénovation dépasse parfois largement le prix d'achat, les nouveaux acquisiteurs n'économisent pas sur les travaux de réhabilitation. Ils aménagent, rénovent et décorent merveilleusement leurs Riads. De plus, ces promoteurs, faisant prévaloir le souci d'une relative sauvegarde au détriment de la rentabilité , qui est leur leitmotiv le plus naturel, entreprennent des travaux, tels que l'assainissement de la médina, le règlement des problèmes d'égouts, de l'éclairage23(*), afin de rendre le derb plus présentable. Ainsi, certains prennent l'initiative de rénover une façade ou une arcade collective pour enjoliver l'entrée au regard des touristes. Parfois, soucieux de gagner la sympathie des habitants et de se rapprocher d'eux, ils entreprennent de véritables actions sociales, telles que l'organisation d'activités distractives pour les enfants du quartier, l'aide aux plus démunis, l'apport d'une assistance à l'occasion de fêtes ou rituels collectifs, ou même créer des emplois au bénéfice des jeunes du quartier.24(*) Pour les touristes, clients des Riads et maisons d'hôtes, naît le désir d'être des acteurs d'un tourisme durable. Le fait de séjourner dans un site classé patrimoine mondial par l'UNESCO les implique davantage pour contribuer à sa sauvegarde. Ils sont sensibilisés sur des aspects plus sociaux, en tant que prolongement de leur voyage et forme d'intégration du tourisme au tissu social.
1. Pour une relance économique
L'émergence des maisons d'hôtes contribue à l'augmentation des investissements, surtout les étrangers d'entre eux. Ces capitaux sont réinjectés directement dans l'économie locale. Ainsi, une centaine de maisons d'hôtes représente 220 millions de Dirhams d'investissements immobiliers.25(*)
Chose qui se traduit par les équipements et les consommations des ménages, l'achat et la construction immobilière, la création d'entreprises...
Les maisons d'hôtes créent du travail pour les architectes, les entrepreneurs lors de la restauration, qui représente aussi des milliers d'heures de travail pour les entreprises et artisans26(*).
L'intérêt des étrangers pour le style de décoration marocaine a développé les exportations dans le secteur de l'artisanat.
N'exigeant pas un niveau d'instruction élevé ou spécialisé dans l'hôtellerie, les maisons d'hôtes recrutent leur personnel parfois parmi les habitants du quartier, surtout les jeunes d'entre eux. Ainsi, plus de 1050 emplois directs sont crées pour un total de 230 maisons d'hôtes, ce qui représente 10% du total des ménages de la médina, et une moyenne de 5 employés par unité.27(*)
Il s'agit de la création d'emplois dans les établissements et les sociétés, liés à la consommation touristique et des entreprises de sous-traitance (nettoyage, entretien, gardiennage...).
Le développement de l'activité des Riads se répercute positivement sur les autres secteurs liés à la consommation touristique (restaurants, bazars, boutiques, transport...).
La clientèle des maisons d'hôtes achète elle-même, ou par l'intermédiaire d'une agence de voyages, ses billets d'avion au tarif individuel ou charter, mais qui rapporte de toute façon plus que les packages. Cela représente une part non négligeable d'augmentation de places payées en plein tarif sur les vols de la Royal Air Maroc
En somme, ce phénomène va permettre à la population locale de bénéficier de la croissance économique rapide qu'il engendre, à condition que cette dernière maîtrise une part importante des activités qui s'y développent. Sinon, seuls les postes de travail non qualifiés vont lui échoir. De plus, les habitants, longtemps renfermés sur eux-mêmes entre les remparts de la médina, vont pouvoir communiquer avec d'autres cultures, et ainsi se désenclaver. Ils auront la possibilité de s'ouvrir sur un autre monde qui leur était inconnu jusque là, et s'enrichir d'apports extérieurs. Le phénomène permettra également de freiner l'émigration traditionnelle, surtout au niveau de la population jeune, qui aura des opportunités d'emploi comme alternative opportunités qui sont crées grâce à l'initiative locale et l'apparition d'autres entreprises ou unités touristiques que favorisent les capitaux drainés par l'activité des maisons d'hôtes. Ainsi, le niveau de vie des autochtones se verra nettement amélioré, ce qui leur permettra d'exercer certaines activités, notamment le tourisme.28(*) 2. Développement de nouveaux axes touristiquesLe secteur des maisons d'hôtes est un secteur non institutionnel, qui fait face plus sereinement aux crises mondiales qui s'abattent sur le tourisme. Les conséquences de la dernière crise ont été moins sensibles pour les maisons d'hôtes que pour les hôtels, et ceci grâce au relationnel de chaque propriétaire de maison d'hôtes, qui permet de rassurer la clientèle et l'encourager à venir. Ainsi, le taux d'annulation a été quasiment nul, excepté pour les américains. N'étant pas soumises aux mécanismes du voyage individuel, les maisons d'hôtes ont continué de représenter un pôle d'attraction et un des vecteurs crédibles de relance du tourisme au Maroc. Ce contact direct avec la clientèle, appuyé du bouche à oreille, permet une amélioration sensible du taux de retour. « Les gens sont contents de ce style de vacances. Ils en parlent une fois chez eux et reviennent accompagnés de leur famille ou de leurs amis ». 29(*) Les Riads et les maisons d'hôtes répondent à une demande exprimée par des touristes qui n'aimeraient pas sombrer avec la masse dans des formules stéréotypées et impersonnelles.30(*) Le produit maison d'hôtes apparaît alors comme une alternative au produit classique et vient enrichir le produit culturel, et par là diversifier l'offre touristique. Ce nouveau concept fait apparaître la ville marocaine dotée d'une maison d'hôte comme nouvelle destination à la mode, passage obligé de la jet-set internationale. Il permet également de promouvoir la ville en se focalisant sur l'aspect authentique et exotique de ce mode d'hébergement. C'est d'ailleurs l'élément utilisé par des organismes tels que la Royale Air Maroc ou encore l'Office National Marocain du Tourisme dans leurs supports publicitaires. Grâce aux maisons d'hôtes, des villes tel que : Marrakech, Fès, Essaouira... connaissent un boom touristique. Les projets s'y multiplient31(*), le rythme de vie s'y accélère, les activités y prospèrent, le tourisme connaît également un développement qualitatif ; les touristes logeant dans des Riads dépensant plus que les autres. Ainsi, un client d'une maison d'hôtes dépense par jour et par moyenne 1000 Dirhams (tous budgets confondus).32(*) 3. Augmentation de la capacité d'hébergementLe Maroc est une destination qui a longtemps souffert du problème de surbooking et d'un déséquilibre flagrant entre l'offre et la demande en hébergement, surtout durant la haute saison. Les maisons d'hôtes viennent compléter l'offre en hébergement classique. B. Section 2: Maisons d'hôte : Le revers de la médaille :
1. L'autre face du phénomène sur le plan économique :
Le potentiel du tourisme, en tant qu'instrument de développement et de relance économique, est difficilement discutable. Les investissements étrangers qu'a connu le Maroc, sous forme de maisons d'hôtes, ont donné naissance à un produit nouveau, authentique et à la mode, qui est venu révolutionner l'offre touristique de la ville. On ne peut nier tous les bénéfices qu'ils drainent pour la ville en général, et pour la médina en particulier, tant sur le plan économique, social que culturel. Cependant, le tourisme en général, quand on n'y est pas préparé, peut être une arme à double tranchant, une médaille à double face, la plus visible étant la plus dorée. Ceci est le cas de la plupart des pays en voie de développement, qui s'ouvrent librement aux investisseurs étrangers qui leur font miroiter des devises alors que la réalité s'avère bien souvent différente. En fait, ces investissements peuvent être une forme de colonialisme moderne, certes masquée et décorée, mais qui a les mêmes retombées que la forme classique. Ils peuvent aussi bien devenir un cercle vicieux de l'endettement, de la paupérisation et de la dépendance aux grandes puissances économiques occidentales. Pour ne parler que des investissements étrangers en Riads et maisons d'hôtes, un certain nombre de problèmes peuvent être relevés sur le plan économique. « Razzia sur les riads !» Ce titre récemment à la une d'un hebdomadaire marocain montre bien l'ampleur du phénomène. Le magazine insiste sur le fait que 90 % des riads à Marrakech sont détenus par des étrangers qui se sont improvisés hôteliers et déplore qu'aucune réglementation n'existe pour ce type d'établissement. Il est vrai que de nombreux abus ont été relevés : personnel local non déclaré, absence d'assurances, restauration anarchique au détriment du voisinage, des prix exagérés pour les prestations fournies, fraude fiscale... Le succès actuel des riads auprès des touristes assure la rentabilité du « business ». Les prix variant entre 60 et 170 € la nuit, la maison d'hôtes peut assurer un confortable revenu à son propriétaire. Selon A. Elouarzazi, directeur de Tarmin-Médina de Marrakech, la branche restauration de l'agence de location de riads Marrakech-Médina, un riad en gestion locative peut rapporter en moyenne à son propriétaire 20 000 Dh (2000 €) par mois. Le double, si le propriétaire s'occupe lui-même de louer son riad. Un jackpot alléchant qui explique l'actuelle frénésie immobilière qui parcourt les ruelles étroites de la vieille ville :
Les statistiques concernant le nombre de clients dans les maisons d'hôtes, inexactes pour la plupart des cas, ne sont pas soumises aux services de la délégation régionale du tourisme. Ce qui rend impossible la tâche de comptabilisation des touristes. Le phénomène des résidences secondaires représente, à son tour, des contraintes statistiques de taille. En effet, il est difficile d'établir si un étranger est résident permanent ou de passage. Dans ce cas, l'augmentation du nombre de touristes ne veut pas dire qu'ils soient nouveaux. Avec l'importance que prend le tourisme résidentiel, la réalité est qu'un même touriste, venu à une ville pour profiter de sa résidence, est comptabilisé plusieurs fois par an.
Avec le phénomène des Riads et maisons d'hôtes, la spéculation immobilière s'est fortement accentuée. Cette spéculation, quoique importante, ne laisse aucun bénéfice à la ville. Au contraire, elle y fait monter le prix de l'immobilier, si bien qu'il devient inabordable pour les autochtones. A titre d'exemple, les prix des Riads ont été multipliés par dix en l'espace de 5 ans. Sur Internet, le nombre d'agences de location ou de vente de Riads ne se comptent plus, mais là encore, aucun contrôle n'est effectué. Et comme tout commerce anarchique, le phénomène n'a pas manqué d'attirer des arnaqueurs qui se sont improvisés en intermédiaires (semsaras), faux guide, faux agents immobiliers. Ainsi, c'est devenu monnaie courante de trouver qu'un Riad a plus d'un propriétaire, surtout que pour la majorité des maisons de la médina, il n'existe pas de titre de propriété.
L'adoption d'un texte de loi régissant les activités des maisons d'hôtes n'a pas empêché la prolifération, en parallèle, d'une activité informelle et illégale. En effet, certains propriétaires de maisons d'hôtes se gardent d'afficher leurs activités pour ne pas être détectés par le fisc (seulement un nombre des maisons d'hôtes sont déclarées à Marrakech et à Fès), D'autres ne déclarent pas leurs revenus, ajoutons à cela le caractère ambigu du statut des Riads et le manque de contrôle, pour faire des villes marocaines un beau paradis fiscal. Souvent aussi, les propriétaires de maisons d'hôtes offrent leurs produits via Internet, ou par le biais d'agents immobiliers, tout en restant dans leur propre pays. Le paiement se fait alors en devises avant même que les clients n'embarquent pour le Maroc. Les résidents secondaires, à leur tour, contribuent à rendre cette offre illégale. Pour rentabiliser leurs Riads, ils les louent, quand ils ne les occupent pas, à d'autres compatriotes. Ces nouveaux touristes rapportent très peu à l'économie locale, car les revenus sont encaissés à l'étranger, et qui plus est, échappent à l'impôt. Tout ceci nous amène à nous poser la question : quel est l'intérêt pour le Maroc d'abriter ce genre d'investissements étrangers ?
Avec ces possibilités de fraude, ou d'évasion fiscale, les maisons d'hôtes font une concurrence déloyale aux restaurants, ainsi qu'aux hôtels, dont les frais de fonctionnement et la fiscalité sont beaucoup plus pesants. Parfois, elles sont même accusées de voler les clients des hôtels. Certains établissements 5 étoiles font même visiter la médina à leurs clients sous bonne escorte, de crainte qu'elle ne soit contactée par un démarcheur pour les maisons d'hôtes. Sans équité fiscale entre ces différents établissements, on ne peut parler ni de transparence ni de concurrence. 2. Les impacts sociaux du phénomèneC'est dans le domaine sociologique que l'impact du tourisme est le plus aisé à démontrer car il suffit de voyager pour se rendre compte. Cependant, ce n'est pas toujours ce qui interpelle le plus les touristes car ceux-ci s'attachent davantage à leur propre confort, à la qualité de service, à leur santé en voyage, à leurs dépenses et font souvent peu cas de leurs hôtes. Dans leur quête d'exotisme et d'horizons différents, les touristes sont parfois à l'origine de dégradations irréversibles sur les populations d'accueil. En nous limitant au phénomène des Riads et maisons d'hôtes, nous pouvons relever plusieurs aspects sociaux dus à l'affluence des touristes dans la médina. La médina, milieu relativement préservé, s'est trouvée soudain confrontée à ce phénomène, qui s'est rapidement développé, et a conquis de l'espace en l'absence de toute directive et à l'insu d'une quelconque réglementation. Le phénomène s'est brutalement imposé, sans que la population locale y soit préparée, ce qui a donné lieu à des confrontations. Avec le phénomène des Riads et maisons d'hôtes, on n'est plus dans le modèle de la société locale face aux touristes dans un espace délimité. Désormais, ce sont les sociétés locales et les différents types de touristes qui se croisent partout dans la médina. Tout cela a provoqué une sensation d'étouffement de la population. En peu de temps, elle s'est retrouvée sans espace ni temps qui lui soit spécifique. Précédemment, les différents espaces étaient bien marqués : l'espace touristique et l'espace de vie de la population. Désormais, tout l'espace est devenu touristique et plus aucun espace n'est propre aux autochtones. Le phénomène des Riads et maisons d'hôtes a fait entrer le touriste dans la société : il ne se trouve plus dans l'hôtel, en face, il est le voisin d'à côté avec lequel on partage des problèmes directs. La même sensation d'oppression se produit dans le temps, le changement des goûts des touristes qui ne sont plus uniquement à la recherche du soleil et du beau temps, mais la découverte et la rencontre avec les traditions ont contribué à désaisonnaliser l'activité touristique, si bien que la présence de touristes est constante en toute saison. Sans espace et sans temps qui lui soient propres, la population locale doit faire face à une nouvelle situation : celle de son immersion totale dans un monde touristique. Et c'est là que commencent les questions identitaires. Le conflit entre le touriste et l'hôte est peut-être le plus évident, il est né en partie d'une divergence radicale d'objectifs : le premier se livre à une activité de loisir, le second travaille ou lutte pour vivre décemment. Le touriste arrive avec beaucoup d'attentes, de nombreux hôtes n'ont souvent aucune idée de ce à quoi ils doivent s'attendre. Néanmoins, l'émergence et la croissance de l'activité des maisons d'hôtes au sein de la médina a développé deux tendances opposées : la tradition et la modernité. Les habitants vivent ainsi un tiraillement entre l'ouverture au monde, à travers le tourisme, et le repli sur la sphère locale en préservant leurs traditions et leurs modes de vie ancestraux. L'adoption de la première tendance, c'est à dire l'ouverture constituera irréfutablement une menace pour la diversité culturelle actuelle. L'adoption de la seconde tendance, c'est à dire le repli engendrera une société rigide et fermée. Elle provoquera l'engourdissement de l'économie entravera le progrès et le développement. Certes, le tourisme favorise l'échange entre les peuples, mais il lui est reproché par contre de réduire les réalités culturelles à des stéréotypes, dont se sert l'industrie du tourisme pour faire la publicité. Il provoque, par ailleurs, la « chosification » ou la « marchandisation »de la culture à des fins touristiques. Si le tourisme, forme de culture éphémère, offre à l'individu d'intéressantes possibilités d'enrichissement interculturel, il est, pour les cultures locales traditionnelles, vivant au sein de la médina, un élément perturbateur. En effet, il provoque des phénomènes d'acculturation ou de mutation de l'identité au service du tourisme qui, d'un point de vue sociologique, dénature les comportements de la population locale (modes de consommation, folklorisation, par ex.)33(*) Si la fréquentation touristique a le mérite de valoriser l'image de la médina et de revitaliser sa vie commerciale, elle peut entraîner des risques non négligeables sur le patrimoine et la qualité de vie des résidents et des usagers. La puissance économique des touristes pèse sur l'atmosphère du lieu traditionnel qu'est la médina où vivent généralement des populations dont les revenus sont très bas. Cette provocation par des étalages et des démonstrations de grande aisance dans un milieu discret et modeste peut provoquer, outre un sentiment d'infériorité ou de frustration chez les habitants, une influence sur des jeunes fragiles, très vulnérables, souvent confrontés à des conflits de génération conjugués avec l'oisiveté et la fascination exercée par l'occident. Cela peut aussi mener cette même population à la mendicité ou à la prostitution, éléments destructeurs de l'équilibre et de la cohésion de la famille et du groupe. Parfois, en mendiant ou en proposant ses services de faux guide, un enfant de 10 ans gagne plus que son père qui travaille 10 à 12 heures par jour, Une femme qui se prostitue auprès des visiteurs étrangers gagne plus en une journée qu'au cours d'un mois entier d'un travail honnête.34(*) Le marchandage, pratique communément admise par les touristes comme faisant partie d'un jeu qui pimente les vacances, est également une arme à double tranchant. Les touristes marchandent sans discernement - avec une ardeur qui n'a d'égal que l'amusement qu'ils en tirent - auprès de petits artisans dont tout le fonds de commerce tient dans la main. Alors qu'ils paieront le prix fort auprès d'un bazariste qui exploite les petits artisans. Il y a également une corrélation entre flux touristique et inflation. C'est une conséquence qui peut s'avérer dramatique pour la population locale. Le volume des touristes provoque généralement un accroissement des prix qui engendre des frustrations importantes chez la population locale qui ne peut plus consommer ses propres produits mais voit des étrangers venir les consommer sous ses yeux.35(*) On notera aussi les interdictions et les restrictions qui sont faites à la population locale pour pénétrer dans les établissements touristiques, dans son propre pays, afin de préserver les touristes de tout désagrément.36(*) A cet effet, nous retenons les témoignages de certains habitants qui disent : « si cela continue, on aura bientôt besoin d'un visa pour rentrer dans la médina car elle ne sera plus la nôtre ». Les emplois que font miroiter ceux qui préconisent le développement par le tourisme, sont bien souvent un leurre. Car l'expérience démontre qu'il s'agit souvent d'emplois subalternes voire dégradants, la plupart du temps sous-payés, en décalage avec le niveau de vie moyen de l'ensemble de la population et saisonniers, ne permettant pas toujours de vivre décemment. Les postes de responsabilité étant généralement réservés pour les étrangers. La cohabitation entre une population pauvre et des étrangers aisés a crée un déséquilibre social, difficile à régulariser. Une telle situation a fait exploser, ou du moins a encouragé certains phénomènes sociaux comme la prostitution, la pédophilie, l'homosexualité et bien d'autres pratiques que le « nouveau venu » n'osait pas faire dans son propre pays. En construisant ces demeures avec le pur respect des traditions et des moeurs séculaires, nos ancêtres n'auraient pu imaginer que ces mêmes maisons seraient, des années plus tard, le théâtre de débauche et de permissivité de tout genre qu'une demande accrue encourage. En effet, plusieurs articles sont apparus dans les journaux dénonçant ces pratiques qui constituent une atteinte aux bonnes moeurs des habitants de la médina. Par ailleurs, une enquête effectuée par deux journalistes de l'Economiste a permis de démanteler un réseau de prostitution qui opère au nom d'une agence de location de Riads.36(*) Autre conséquence affligeante, c'est le fait que certains derbs de la médina sont en train de se vider de leur population traditionnelle. Il n'est pas rare de trouver près de six Riads qui appartiennent à des étrangers dans le même quartier. Cette modification résidentielle du quartier peut être une source de nuisance pour les habitants : la présence d'une maison d'hôtes attirera un restaurant à proximité, pourquoi pas un bazar ensuite. C'est alors que tout le quartier pourra être déstabilisé, surtout que les résidents sont souvent issus de milieux sociaux défavorisés et l'intrusion d'éléments nouveaux risque d'être source de conflits. En effet, les conflits de voisinage se multiplient, liés essentiellement à la restauration des Riads qui n'est pas réglementaire, à l'installation des piscines sur les terrasses, à la construction de cheminées. Les terrasses restent la première source de discorde. Si les marocains acceptent de se calmer moyennant réparation, les européens n'hésitent pas à porter leurs litiges devant les tribunaux. Les premiers européens qui ont acheté des Riads dans la médina étaient de vrais amoureux du Maroc, ils restaient discrets et respectaient tant les coutumes de notre société que sa richesse architecturale. Pour bon nombre d'entre eux, ils ne cherchent pas à comprendre la culture et l'esprit de la médina.37(*) Les étrangers qui viennent maintenant ont une mentalité de colons, ils ne cherchent à connaître ni les traditions ni les lois non écrites. Fiers d'avoir pu réaliser leur fantasme de posséder un palais, ils se ferment et s'isolent de la société locale. C'est cette conscience de faire partie d'une élite qui freine leur désir de s'intégrer et de connaître un peu mieux la société qui les accueille. 3. Un patrimoine en dangerRéhabilitation, restauration et revivification, autant de termes qui désignent les transformations faites au Riads maisons d'hôtes par les nouveaux acquéreurs. La réhabilitation signifie le rétablissement dans le premier état, quant à la restauration, elle désigne le fait de rétablir ou de réparer, tandis que la revivification, c'est faire revivre l'habitat traditionnel en délabrement.
Les villes de marocaines ont connu, tout au long de leur histoire, des périodes de destruction massive mais aussi de construction, bien que les travaux de restauration ne soient devenus très prisés qu'au début de ce siècle. Les Almohades ont détruit toutes les constructions almoravides et en ont construits d'autres, afin d'effacer toutes leurs traces. Tandis que les saâdiens, qui étaient étrangers au déclin des Almohades ont rendu hommage à leurs réalisations urbanistiques et ont veillé à leur sauvegarde. Les oeuvres saâdiens ont été, elles aussi sauvegardées et rénovées, exception faite du palais El Badii. Les habitants avaient aussi ce souci de sauvegarder et protéger l'héritage historique, tout en apportant quelques modifications qui répondent aux impératifs du développement et de la modernité. Les constructions anciennes, qui ne résistent pas au temps, sont refaites avec les techniques et matériaux contemporains. Le protectorat, en construisant les nouveaux quartiers, a voulu en fait préserver la médina dans sa richesse architecturale et sociale de toute dénaturation. Le départ de familles riches vers ce nouveau quartier a laissé ces vieilles demeures aux mains de population pauvre n'ayant pas les moyens de les restaurer. C'est ainsi que l'initiative de réhabilitation n'a concerné, pendant quelque temps, que des habitants étrangers. Ce rachat des Riads par des étrangers, ne traduit-il pas le désengagement des nationaux de la sauvegarde du patrimoine architectural de leur propre médina ? Et dans ce sens, ne serait-il pas souhaitable que les nationaux s'associent avec les étrangers pour offrir un produit associant l'authenticité à la modernité ? L'apport financier de ces étrangers est considérable, et plus le budget conçu pour la rénovation est important, plus le risque de la dénaturation est grand. Ainsi, certaines pratiques ont été remarquées concernant la restauration des Riads : v On a tendance à surélever excessivement l'habitation, même s'il existe une loi qui limite la hauteur des construction à 10.5 m. v Les parterres deviennent de taille plus réduite au profit des allées plus larges. v A l'étage, les nouvelles pièces sont toutes pourvues de salles de bain privées. v Certains propriétaires installent même des cheminées, ce qui constitue une note inesthétique dans l'architecture du Riad. v Quand à la décoration, on a essayé de respecter, plus ou moins, le vocabulaire de la médina, mais avec l'utilisation de quelques matériaux importés comme les faïences et les céramiques à carreaux. v Les nouveaux propriétaires exigent de plus en plus d'aménagements sophistiqués et ajoutent du béton au pisé. Or, terre, chaux, ciment et plâtre forment, selon un architecte, un mélange explosif qui entraîne des fissures. Il arrive même que des maisons s'effondrent. v Des piscines, que les étrangers, suffoqués par la chaleur, ont construits sur les terrasses sont, à cet égard, dangereuses : les bassins en béton, alourdis par l'eau, menacent de craquer à tout moment. Une étude menée par le ministère de l'aménagement du territoire, de l'habitat et de l'environnement, en vue d'édifier un véritable plan de sauvegarde de la médina de Marrakech38(*), a tiré la sonnette d'alarme sur quelques procédés aberrants de restauration qui dénaturent la structure typique du Riad. Parfois, on n'hésite pas à détruire sans autorisation. L'agence urbaine, qui a un simple rôle de conseiller, est incapable de garantir le succès d'une opération de restauration. La municipalité ne pense qu'à l'aspect lucratif du sujet. Quant aux ministères des affaires culturelles et de l'aménagement, ils sont dans l'incapacité d'oeuvrer ensemble, ne serait-ce que pour enregistrer en bonne et due forme des maisons ou des monuments comme sites historiques. Pourtant, la médina compte une dizaine de demeures arabes qui mériteraient d'être inscrites comme monuments historiques mais, en l'absence de stratégies, la rénovation devient difficilement réalisable selon les règles de l'art. Le plus inquiétant également reste la gestion hydraulique de la médina. En effet, lorsqu'on dit maison d'hôtes, on songe forcément au confort moderne et donc à des salles de bain agréables. Cependant, le réseau d'assainissement de la médina n'a subi aucune mise à niveau (...), or, toujours selon le même rapport, le volume d'eau s'est multiplié par 300 ou 400. L'antique réseau est obstrué. L'actuel est défaillant. La nappe phréatique éponge cette eau qui devient stagnante. Des risques d'abaissement de terrain ne sont pas à écarter. Les grands Riads sont les plus concernés par la restauration car plus ils sont grands, plus leur état de délabrement est critique. Ils nécessitent alors un capital très important pour leur entretien ou encore leur rénovation, et qui n'est pas souvent disponible chez son ou ses propriétaires. Les premiers européens qui ont acheté des maisons dans la médina ont entrepris des travaux de rénovation exemplaires. Mais pendant les cinq dernières années, la médina a vu débarquer des gens peu soucieux de l'héritage culturel que représentent ces vieux Riads. Ils ont démoli et dénaturé les logements pour en faire leurs Riads de fantasme. Ils obtiennent, de façon illégale, des autorisations de rénovation qui masquent en réalité une démolition ou un passe droit pour construire une piscine sur le toit (ce qui est strictement interdit), ou encore de surélever l'habitation alors que les maisons traditionnelles ne comportent qu'un étage. Des maisons ont été complètement démolies sans permis, de grands bétons sont coulés dans le sol friable de la médina où les habitations sont, depuis des siècles, faites en briques de terre cuite ou en pisé. En 2001, M.Fayçal Charradi, architecte, inspecteur des monuments historiques et des sites et délégué du ministère des affaires culturelles, qui a accès aux plans soumis à l'agence urbaine, affirme qu'ils sont pratiquement tous corrects, mais lorsqu'on voit la réalité, on constate plusieurs anomalies. « On donne 250 autorisations de restauration et de reconstruction par an. En comptant tout ce qui est clandestin, cela fait bien 750. Au bout de 15 ans combien restera de maisons authentiques ? » Ajoute-t-il.39(*) Section 3: Maisons d'hôte : nouvelle vision après la crise mondialeLE SECTEUR DU TOURISME EST MENANT VERS LE DEVELOPPEMENT. MAIS CETTE FOIS IL EST COMPLETEMENT MENÉE PAR LA CRISE L'origine de la crise financière des subprimes (2007-2008) viendrait de la déréglementation aux USA, mais aussi du déficit budgétaire américain aggravé depuis 2001 avec la guerre en Iraq et en Afghanistan. Maintenant, la crise financière de "l'économie virtuelle" s'est répercutée dans l'économie réelle, celle de notre pouvoir d'achat. La récession mondiale a affecté le pouvoir d'achat dans les pays développés, notamment les pays européens, principaux émetteurs de touristes pour le Maroc. Cette crise financière s'est abattue de plein fouets sur les majeurs puissances économiques, ne pas comprendre leurs conséquences est une erreur grave: Les ménages se sont endetté dans les dix dernières années à des taux d'intérêts très bas et à la détérioration de la gestion de risques des banques (les banques prêtaient a qui voulaient). La situation dans les derniers mois s'est inversée, les banques ne prêtent plus, les taux augmentent et l'économie mondiale ralentie brusquement. La conséquence sera un frein à la consommation qui aura un impact sur le tourisme, l'immobilier sans aucun doute. Selon une enquête réalisée dans presque 10 maisons d'hôtes, l'impact de la crise internationale sur ce type d'hébergement a causé : - une diminution du budget de voyages, alors une chute au niveau des pays récepteurs (surtout que les maisons d'hôtes visent à attirer la clientèle étrangère en premier lieu) - une diminution dans le nombre des voyageurs, alors une baisse des nuitées. - Une sous employabilité, les propriétaires des maisons d'hôtes sont obligés de se satisfaire d'un nombre limité de personnel. - Stagnation des investissements dans les maisons d'hôtes. - Certains touristes qui ont réservé aux derniers mois de 2008, ont annulé leurs réservations en disant que la cause principale était la crise. Dans la majorité des maisons d'hôte, à la différence des hôtels ; le fonctionnement se limite essentiellement (presque 80%) dans l'hébergement, la totalité de l'activité d'une maison d'hôte risque alors d'être touchée. Historiquement, nous ne sommes pas face à une quelconque nouveauté : lors de crises survenant dans l'économie capitaliste, la facture est habituellement adressée en premier lieu aux travailleurs. On peut parallèlement sentir la crise du haut en bas, si on prend comme exemple le cas d'un guide qui ne travaille plus, ce dernier peut ressentir plus que tous les dégâts de cette crise. Quand des Riads sont a louer à plus de 30000 ou plus euro la semaine, on a quand même l'impression d'être ou sur la cote d'azur ou en Californie...sauf que le coût de la semaine représente une somme considérable par rapport au salaire des locaux voir même des touristes étrangers. Il faudrait tous de même à un moment ou à un autre revenir a la réalité. Evidemment, quand le nombre de maisons d'hôtes (Riad/Dars) a été multiplié de façon spectaculaire, il est normal que les prix chutent, or ce n'est pas le cas...La concurrence devrait pousser les prix vers le bas, pourtant certains ont l'illusion que les prix pharaonique vont persister quitte à ne pas louer à personne pour moins cher (ici on ne parlerais pas de dumping40(*) mais plutôt de la force du marché, certains appellerait cela «la main invisible», symbole du capitalisme mais aussi une place spéciale dans la symbolique marocaine). Pour revenir sur la rentabilité d'un Riad, elle est en fonction des capitaux des ménages, qui ne fait que chuter. Le haut de gamme est réservé aux riches qui eux ont perdu des sommes considérable d'une part par des pertes lié aux chutes des bourses mondiales et d'autre part de la chute de l'immobilier dans certaine partie du monde (US, UK, Ireland, Spain, etc.). On est dans la perspective des années 1990, un taux de 18% est équivalent a 6% aujourd'hui vu l'ampleur des prix, de la dette et de la période des prêts. La stabilité des prix au Maroc ne peut que passer par une nette amélioration de l'économie marocaine, des salaires de ces citoyens, d'une meilleur perspective d'emploi sur le long terme, d'une diminution de la corruption et de d'un remaniement de l'administration... Chaque propriétaire de maisons d'hôtes se doit de gérer les risques futurs, une baisse soudaine du tourisme, une détérioration de l'économie marocaine/Européenne sur le moyen terme et d'une chute de la valeur de la monnaie Marocaine contre l'Euro, le Pound et le dollar ne pourrait qu'aggraver la situation inflationniste du pays (les prix bas du passé furent une des clés du tourisme). Afin de faire face à la crise, mesurer son impact direct et indirect, s'est élaboré un plan d'action intitulé CAP 2009. Il se traduit par une série d'actions comme le renforcement de la promotion, du rôle et des moyens des Centres régionaux du Tourisme (CRT), de la demande intérieure et de l'exploitation de nouvelles opportunités.
V. Quelques données empiriquesEtude 2009 : Résultat de l'enquête à l'aéroport de Marrakech Pour enrichir ce travail, nous avons essayé de chercher l'étude la plus récente, une enquête à l'aéroport de Marrakech qui a prouvé que les maisons d'hôtes sont de plus en plus visitées, au détriment d'autres hébergements comme les hôtels classés. Cette étude a montré aussi un coté des problèmes statistiques que l'état rencontre à cause de la non réglementation ou bien à cause de la non déclaration des maisons d'hôtes. 1. OBJECTIF : L'enquête de l'aéroport de Marrakech Ménara a été réalisée entre le 12/01/09 et le 20/01/09 auprès des touristes non-résidents (Un échantillon de plus de 1 000 touristes non-résidents). Son objectif principal était d'expliquer le contraste qui a été enregistré en 2008 entre la tendance des arrivées de touristes à l'aéroport Marrakech Mènera (+2%) et celle des arrivées dans les établissements d'hébergement touristique classés (-5%). 2. TYPE D'HEBERGEMENT : Tableau 1: Répartition des arrivées par nationalité et par type d'hébergement
EHTC: Hôtels classés + Villages de Vacances Touristiques (VVT) + Résidences Touristiques (RT) TES: Touristes étrangers de séjour L'enquête révèle que les types d'hébergement les plus fréquentés par les touristes étrangers sont les établissements d'hébergement touristique classés (55%), suivis des maisons d'hôtes (30%). En analysant par nationalité, on remarque que 61% des français optent pour les hôtels classés, avec une durée moyenne de séjour de 6 jours. Ceux qui possèdent une résidence secondaire à Marrakech séjournent plus longtemps, soit en moyenne 12 nuitées. Les anglais, par contre, vont en grande partie aux maisons d'hôtes (53%), et y séjournent en moyenne 5 nuitées. Concernant les allemands, plus des deux tiers des touristes préfèrent les maisons d'hôtes, le reste est réparti entre hôtels classés et résidence secondaire avec une durée moyenne de séjour égale à10 nuitées, et une faible part séjourne chez la famille. Les MRE vont bien entendu en majorité chez leurs familles ou dans leurs résidences secondaires (73%). 3. ORGANISATION DU SEJOUR : Tableau 2: Répartition des arrivées par nationalité et par mode d'organisation
TO/AV: Tour Opérateur/ Agence de Voyage Concernant le mode d'organisation du séjour des touristes qui séjournent à Marrakech, plus des deux tiers des touristes étrangers réservent leurs voyages à l'avance, que ça soit une réservation directe de l'hébergement (36%) ou bien une réservation via un tour opérateur ou une agence de voyage (33%). On remarque aussi qu'une part importante des français, passent par les TO pour organiser leurs voyages. Par contre, plus de la moitié des espagnols et des anglais se contentent de réserver uniquement l'hébergement. Quant aux allemands, presque la moitié des touristes arrivent à Marrakech sans réservation préalable. Graphique 1: Organisation du séjour dans les différentes catégories d'hébergement touristique
On relève que plus de la moitié des ventes dans les établissements d'hébergement touristiques classés sont effectuées par les TO/AV, notamment pour les catégories cinq étoiles, quatre étoiles et les villages de vacances touristiques. Toutefois, 90% des touristes qui préfèrent les maisons d'hôtes comme mode d'hébergement, font leurs réservations d'une façon individuelle directement ou en utilisant internet. 4. CONCLUSION : Par référence à l'objectif principal de cette enquête, il est à constater que la part des touristes hébergés dans les hôtels classés a connu une réelle diminution au profit des autres formes d'hébergement qui se sont développés au cours de ces dernières années. En effet, les Maisons d'Hôtes captent 30% des touristes arrivant à l'aéroport de Marrakech Mènera. Ce taux a été de l'ordre de 28% en 2008 soit un additionnel de 2%. Cette forme d'hébergement offre un standing comparable et même parfois mieux que celui des 4* et 5*, selon les témoignages des touristes ayant séjournés dans d'autres catégories auparavant. Par conséquent, les nuitées des hôtels classés sont sensiblement affectées par cette mutation dans la structure de fréquentation des hébergements touristiques et elles le seront davantage dans les années à venir, avec le développement de nouveaux ormes d'hébergement bénéficiant d'un environnement favorable grâce à la vision 2010. Pour mieux s'approcher du phénomène, nous essayons de présenter quelques données empiriques sur les maisons d'hôtes. Ces données émanant de recherches universitaires pourraient enrichir d'avantage notre travail. En effet, nous présentons une recherche effectuée dans le cadre du DESS « tourisme, développement et environnement culturel », Ecole Doctorale du Tourisme de Marrakech. Cette recherche a porté sur un travail de pronostics de durabilité du nouveau produit maison d'hôtes. L'échantillon est composé de trois catégories choisies qui sont les propriétaires de maisons d'hôtes, les touristes et les habitants de la médina. Le champ de cette enquête concerne la médina de Marrakech, lieu où prolifèrent les maisons d'hôtes ciblées. Les principaux résultats de cette recherche sont : · 70% des maisons d'hôtes interrogées emploient moins de 4 employés, ceci est dû au fait que ces établissements sont petits et comptent de 4 à 5 chambres. Les employés se limitent dans ce cas à une cuisinière, une femme de chambre (ou les deux à la fois) et un homme (généralement pour faire les courses, accompagner les clients ou faire office de guide..) · 100% des maisons d'hôtes déclarent utiliser des produits locaux, à cause essentiellement du caractère authentique de ces maisons qui se doivent d'être décorées traditionnellement et offrir des services à la marocaine. · Aucun des propriétaires des maisons d'hôtes interrogées n'ont effectué des programmes d'études sur l'impact du tourisme localement. En effet, peu de personne se soucie des effets que peut avoir le tourisme sur les autochtones du moment que le projet rapporte bien. · Aucune des maisons également ne fait de promotion auprès de la clientèle nationale. Les gérants de ces maisons d'hôtes ont même déclaré qu'ils n'acceptaient pas les marocains, à cause notamment de leur faible pouvoir d'achat. · La totalité des maisons d'hôtes interrogées déclarent être soumises à des instances de contrôle, être reconnues par l'état comme établissement touristique et payer des impôts à l'état. Cependant, Il ressort de la même recherche que 50% des maisons visitées n'affichent pas leur numéro de patente ni aucune enseigne indiquant leur caractère de maison d'hôtes, ce qui nous laisse croire qu'elles opèrent de façon informelle. Quant à l'impact sur la population locale la recherche a divulgué les données suivantes ; · Aucune des maisons d'hôtes interrogées n'a adopté un programme de communication auprès de la population locale avant l'implantation du projet, également, cette même population reste étrangère à la prise de décision ou à la gestion de l'établissement. · La totalité des employés de 90% des maisons d'hôtes enquêtées habite la médina, cependant, rares sont ceux qui ont un poste de responsabilité (gestion ou encadrement..). · Lors de l'exploitation de la maison d'hôtes, tous les propriétaires donnent priorité aux fournisseurs de biens et services locaux, avec lesquels ils entretiennent de bonnes relations puisqu'ils deviennent des clients fidèles et bénéficient ainsi de certaines faveurs. · Priorité aussi est donnée aux produits d'artisanat, certains propriétaires même (60%), envoient leurs clients chez un bazariste de leur connaissance. Par ailleurs, la totalité des propriétaires affirment que le derb et quartier où se trouve leur maison d'hôtes profitent de leurs apports, notamment pour l'assainissement, le dallage, ou la peinture des façades extérieures. · Aucune des maisons d'hôtes interrogées ne fait travailler les enfants. Par contre, 90% d'entre elles paient à leurs employés un salaire inférieur au SMIC marocain. Pour ce qui est de l'impact socio -culturel, il ressort de l'étude les éléments suivants, · 40% des maisons d'hôtes interrogées organisent des manifestations culturelles où elles font appel aux groupes « folkloriques » locaux. Des 60% restantes qui ne les organisent pas, 50% affirment que c'est essentiellement à cause de la situation de la maison d'hôtes à proximité d'un Saleh (saint) ou d'une mosquée, 10% d'entre elles avancent comme raisons la recherche de calme et de tranquillité de la part des touristes qui ne désirent pas ces manifestations.
· 80% des maisons d'hôtes interrogées fournissent à leur clientèle les informations avant leur séjour, à travers notamment des brochures (70%), ou Internet (30%), cependant, il ressort de l'enquête que si la majorité des maisons d'hôtes dispense des informations sur le site et ses caractéristiques (80%), peu d'entre elles informe les clients sur la culture, l'environnement socio-économique ou encore les règles de conduite et d'éthique (20%). |
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