WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Evaluation des performances zootechniques et économiques en période post reforme d'élevage de poulets de chair (souches cobb 500 et jupiter) dans la région de Dakar

( Télécharger le fichier original )
par Claude Laurel BETENE A DOOKO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Doctorat d'état en médecine vétérinaire 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre II: Facteurs limitants de la filière avicole sénégalaise

La filière avicole sénégalaise bien que structurée et organisée, reste cependant confrontée à des contraintes majeures communes à la plupart des pays Africains. Parmi ces contraintes, on note: l'incompétence des principaux acteurs, l'ouverture de son marché aux importations en provenance des pays industrialisés (du fait de la mondialisation), la complexité du marché (segmentation), la contrebande, la mauvaise qualité sanitaire des produits et les contraintes climatiques et pathologiques avec la menace de plus en plus grandissante de la Grippe aviaire.

11.1. L'incompetence technique des

acteurs.

L'un des problèmes majeurs de la filière avicole sénégalaise est le manque de professionnalisme (CNA, 2004), caractérisé par l'incompétence technique dans la gestion des élevages. Cette opinion est partagée par certains experts et par certains chercheurs qui affirment qu'une mauvaise conduite d'élevage empêche les oiseaux de couvrir l'ensemble de leurs besoins alimentaires (IEMVT, 1991).

L'impact des importations a révélé les faiblesses de certains producteurs qui n'étaient pas suffisamment qualifiés. Au Sénégal, on trouve des producteurs qui ne passent dans leurs élevages que le week-end et qui embauchent des personnes non compétentes. De nombreux investisseurs ont voulu s'engager dans la production avicole sans acquérir au préalable les compétences techniques nécessaires. Ces observations prouvent que la crise que connaît le secteur avicole a aussi été une aubaine pour certains producteurs professionnels, qui eux en ont profité pour augmenter leur part de marché. Il y a donc lieu de trouver le moyen de moderniser la filière.

Les aviculteurs qui doivent satisfaire la demande du marché national n'y parviennent logiquement pas. Car, ne respectant pas les règles minimales de conduite d'un élevage de volaille, et ne disposant pas d'infrastructures adaptées, ils ne peuvent qu'obtenir de mauvaises performances zootechniques et économiques.

Les producteurs dans leur ensemble, insistent sur la nécessité de construire un abattoir moderne. Ils sont convaincus qu'une meilleure présentation de leur produit pourrait leur permettre d'être plus compétitifs sur le marché. Certains grands producteurs s'y sont lancés à l'instar du Complexe Avicole de Mbao (CAM) qui a mis en place un mini abattoir à Dakar. Un constat s'impose donc: il faut créer des infrastructures modernes et changer les mentalités des éleveurs.

11.2. Les importations de viande

volailles

Comme dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, le Sénégal a été confronté au cours de cette dernière décennie au problème de l'envahissement de son marché avicole par la viande de volaille importée en provenance des pays occidentaux. A cet effet, une enquête récente de l'ISRA a permis d'évaluer objectivement les impacts des poussées soudaines d'importation de viande de volailles sur les prix, les entreprises, la consommation et les ressources publiques (Figure 8). Cette enquête révèle que la forte compétition a fait chuter les prix du poulet de chair de façon drastique: ces prix sont passés de 1400 F CFA le Kg à 1200 F CFA entre 1997 et 2003 (ISRA, 2005). Par contre, les prix du poulet fermier n'ont, semble t- il, pas été affectés par la concurrence des importations. La hausse des prix du poulet, présentée dans la figure 8, conduit à émettre l'hypothèse que les importations concurrencent fortement l'industrie avicole locale productrice de poulet de chair, tandis que la production du poulet «fermier» (« poulet du pays») semble peu affectée.

La viande de volaille importée est davantage appréciée pour son prix et sa facilité d'usage: les viandes importées sont beaucoup moins chère que les viandes de volaille locale et mieux présentées. En découpe, les cuisses sont très pratiques. Les femmes les apprécient très bien et c'est un produit prêt à l'emploi. La plupart des consommateurs préfèrent le poulet local pour le goût et la qualité de la viande. Cette segmentation du marché, s'explique donc par ces préférences des consommateurs. Ainsi, comme le dit DUTEURTRE (1998), la segmentation du marché constitue un facteur déterminant pour la compétitivité des élevages locaux en Afrique subsaharienne.

Fcfa/kg

1900

1800

1700

1600

1500

1400

1300

1200

1100

1000

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

Années

Poulet fermier en Fcfa/kg

Poulet de Chair Fcfa/kg

Figure 7: Prix au detail de la viande de poulet a Dakar (source DP5)

Ces données de la Direction de la Prévision et de la Statistique (DPS) renforcent l'hypothèse de segmentation du marché (Figure 7). Elles nous révèlent combien est complexe le marché de la viande de volaille et l'obstacle évident et sérieux, que constituent les importations pour l'élevage local.

Selon les organisations de producteurs et les structures d'appui, la sous filière poulet de chair a été sérieusement affectée par ces importations massives. La production annuelle de poussins «chair» qui tourne autour de 4 millions depuis 10 ans est en très forte baisse. Le CNA affirme que le premier semestre de 2003, a été une débâcle; le nombre de producteurs de poulet de chair ayant considérablement diminué (CNA, 2003). Toujours selon ce centre, les plus gros producteurs ont d'énormes difficultés pour survivre et poursuivre leurs activités.

La FAFA, affirme pour sa part que, 70% des exploitations ont été fermées à cause des importations massives. Rapportée par un article dans la presse internationale, un responsable du CNA déclare ceci: «d'ici à 6 mois, nous pensons que la filière du poulet de chair sera totalement anéantie» (PIGEAUD, 2003).

La crise a également affectée négativement les industries évoluant dans le secteur. La SEDIMA, a été contrainte d'étouffer 60.000 poussins «chair» qui ne pouvaient plus être écoulés en Octobre 2003. Les provendiers ont été gravement affectés eux aussi. Sur un total de 07 producteurs d'aliments pour volaille, 3 ont fait faillite ou sont fermés. La SENAV par exemple est fermée aujourd'hui suite à cette crise.

Le complexe Avicole de Mbao a choisi de se spécialiser sur les poussins «futures pondeuses» afin de faire face à la crise. (CNA, 2003). Selon Ndiongou Fall, responsable du réseau des organisations paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'Ouest (ROPPA), les paysans aussi sont affectés par ces importations ; ils estiment qu'elles déstabilisent les marchés internes de leurs pays (PIGEAUD, 2003).

11.3. La segmentation de la filière

Le secteur avicole sénégalais est subdivisé en deux sous filières: la production de poulet de chair et la production des oeufs de consommation. Contrairement à la sous filière «poulet de chair», celle des oeufs de consommation jouit d'une grande stabilité. Le Sénégal importait des oeufs jusqu'en 2002, mais depuis Octobre 2002, ces importations ont été suspendues. Car, des informations selon lesquelles des oeufs de qualité douteuse arrivaient sur le marché avaient créé des suspicions. Ainsi lors d'une réunion à laquelle prenaient part tous les acteurs de la filière, un consensus s'est dégagé pour reconnaître que les importations d'oeufs de consommation revêtaient des risques sanitaires et économiques énormes. Ce consensus assure depuis lors une protection du marché des oeufs de consommation, lui garantissant ainsi une stabilité et une plus grande rentabilité.

Suite à la crise liée aux importations de viande congelée, beaucoup de producteurs se sont reconvertis vers l'élevage des poules pondeuses. Ce fait a contribué à surmonter la crise. Les industries qui évoluent dans le secteur avicole ont réduit leur production de «poussins chair» pour se focaliser sur celle de poussins «futures pondeuses» et d'aliment pour volaille. Le nombre de poussins «futures pondeuses» achetés pour la production d'oeufs a presque doublé entre 1999 et 2002, passant de 740 mille à 1.37 millions (Tableau II). La mesure de protection imposée sur l'importation des oeufs a sensiblement réduit l'impact de la crise.

11-4. La contrebande

Les importations de volaille passent exclusivement par le port et l'aéroport de
Dakar, après autorisation du service de contrôle sanitaire de la Direction de
l'Elevage (DIREL). A cet égard, l'approvisionnement des autres marchés du

pays est tributaire des importateurs basés à Dakar. Les enquêtes menées auprès des grands distributeurs de volaille de Saint-Louis et de Kaolack montrent qu'ils dépendent étroitement de Dakar pour leur approvisionnement. Par contre, de petites quantités de viandes de volailles entreraient dans ces villes secondaires par les frontières avec la Gambie et avec la Mauritanie. De cette fraude découle une disparité des prix chez les grossistes (figure 8).

Prix en FCFA/
kg PAC (Prêt A
Cuire)

1200

1000

400

800

600

200

0

Com1 Dakar

Com2
Dakar

Com 3
Front Maur

Com 4
Front Gam

Com1 Dakar: Commerçant1 de Dakar, Com3 Front Maur: Commerçant3 à la

Com2 Dakar: Commerçant2 de Dakar, frontière avec la Mauritanie,

Comt4 Front Gam:Commerçant4 à la frontière avec le Gambie

Figure 8: Prix de vente en gros de la viande de volaille observes dans les differents marches (Source ISRA' 200 5).

Cette contrebande était plus importante les années précédentes. Les services des douanes opérant dans les régions de Saint-Louis et Kaolack sont en alerte depuis 2002. Cela a considérablement fait diminuer cette contrebande.

11.5. Qualite des produits et problemes

sanitaires

En Afrique, indubitablement, le transport des poulets vivants est plus aisé que celui des viandes congelées. La rupture de la chaîne de froid engendre beaucoup de problèmes sanitaires. Ainsi certains commerçants ne manquent pas de souligner que des clients viennent se plaindre de l'état de putréfaction dans lequel se trouvent souvent les cuisses importées. Cela pose de sérieux problèmes de santé humaine.

Le commerce transfrontalier de la viande congelée occasionne des problèmes de qualité des produits. En effet des cartons de viandes sont parfois transportés à la température ambiante. Certaines commerçantes les transportent dans des camions frigorifiques locaux qui font la navette entre le Sénégal et la Mauritanie dans le cadre du commerce des produits halieutiques. Mais d'autres les mettent directement sur les toits des véhicules de transport en commun. On est obligé de se rendre à l'évidence qu'une amélioration des conditions d'hygiène dans le transport s'impose dans la distribution de ces denrées.

11-6. La menace de la Grippe aviaire

Au regard de la menace que constitue l'influenza aviaire (grippe aviaire ou peste aviaire vraie), les deux types d'élevage (moderne et traditionnel) ne sont pas exposés de la même manière. Les systèmes intégrés intensifs et commerciaux correspondent à des exploitations plus ou moins connues, plus ou moins identifiées, où les services vétérinaires peuvent intervenir rapidement et donner des consignes de conduite dans un but de circonscription d'un éventuel foyer de maladie.

D'autre part, ces exploitations plus ou moins bien protégées, sont beaucoup plus à l'abri d'un contact probable avec des oiseaux sauvages (migrateurs ou autochtones). Ce n'est pas le cas de l'élevage villageois dont la particularité ou la caractéristique principale est son caractère extensif. Peu d'éleveurs en milieu rural disposent d'un abri de nuit pour les volailles, ainsi le contact avec les oiseaux vecteurs ou hôtes de maladie est très facile. Il y a un risque pour les enfants au niveau des villages. Ce risque réside sur le fait que ces enfants partagent les mêmes espaces de jeux avec les aires de recherches de nourriture des volailles. Ce dernier fait augmente le risque de contamination humaine de grippe aviaire.

II-6.1. Statut actuel du pays

Pour le moment, le Sénégal est indemne de peste aviaire vraie (grippe aviaire ou influenza aviaire).

Une cinquantaine de prélèvements ont été faits sur des volailles aussi bien d'élevage dits modernes, villageois, oiseaux sauvages, oiseaux migrateurs au niveau des points d'eau et zones humides : parcs nationaux et réserves avifaunes (Parc National des Oiseaux du Djoudj, Réserve de la Langue de Barbari, Mares temporaires de Doddji, Iles du Saloum etc.). Ces prélèvements effectués en

double, ont été analysés par les laboratoires nationaux (LNERV et Institut Pasteur de Dakar) et par le Laboratoire de référence situé en Italie. Les résultats jusque là obtenus sont négatifs.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle