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Stratégies d'insertion des jeunes de la ville de Yaoundé

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par Patrick Félicien MAMBOU
Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée, Cameroun - Ingénieur d'application de la statistique 2006
  

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SECTION 3 : Le marché du travail des jeunes

Les enquêtes ECAMI et ECAMII ont révélé qu'au fil des années, la population active des jeunes ne cesse d'être en perpétuelle croissance26 malgré la stagnation de la demande de travail27. D'après le BIT, cette croissance serait le fait de la pression démographique et de l'arrivée sur le marché du travail des personnes précédemment découragées par la crise économique. Ces dernières seraient encouragées par les signes de la reprise de la croissance économique.

3.1 La situation d'activité des jeunes
3.1.1 La non-insertion des jeunes

Les jeunes non insérés constituent plus de la moitié (56,3%) de la population active jeune. La non insertion toucherait davantage les jeunes femmes (64,7%) que les jeunes hommes (48,5%).

26 Entre 1996 et 2001, près de 1 409 000 camerounais se sont ajoutés à la population active âgée de 15 ans et plus, faisait passer le taux d'activité de 68,3% à 71,3% (Source : OIT « Les statistiques sur l'emploi et le marché du travail au Cameroun » ; Edition décembre 2004 p.11).

27 BIT « Caractéristiques et déterminants de l'emploi des jeunes au Cameroun » ; Edition 2005 P. 28.

32

Tableau 3 : Taux de non insertion selon le sexe et les classes d'âges des jeunes (en %)

Classes
d'âge

Sexe de lindividu

Ensemble

Masculin

Féminin

15-19 ans

68,8

57,3

72,2

20-24 ans

26,8

28,5

61,3

24 - 29 ans

30,6

35,5

52,8

30 - 35 ans

41,4

47,0

42,0

Total

48,5

64,7

56,3

Source : EDIJ 2005, ISSEA

Par rapport à l'âge, l'examen du tableau 3 permet d'affirmer que le taux de non insertion serait une fonction décroissante de l'âge. Ainsi, plus l'on est jeune moins on a les chances de s'insérer. Ce qui est révélateur de la vulnérabilité sur le marché du travail qui affecte de plus en plus les jeunes. (cf. Graphique 6).

Graphique 6 : Vulnérabilité des jeunes face à l'emploi selon les classes d'âge

Pourcentage(en %)

81,5

80,5

79,5

78,5

77,5

82

81

80

79

78

77

15- 19 ans 20-24 ans 25-29 ans 30-35 ans

Classes d'âge

Source : EDIJ 2005, ISSEA

La vulnérabilité est un indicateur qui permet de mesurer le risque pour un jeune d'être non inséré. C'est le rapport du nombre de personnes non insérées depuis moins d'un an à la population active occupée28 , en d'autres termes, c'est le pourcentage des jeunes devenus non insérés parmi les actifs qui travaillaient un an plus tôt . Par ailleurs, cette vulnérabilité pourrait être le fait du manque d'expérience professionnelle dont seraient victimes les jeunes une fois insérés.

Ces jeunes seraient sortis du système scolaire, principalement par manque de moyens (Près de 60 %) (cf. tableau 20 en annexe 1).

28 Cette définition est celle des auteurs LONGATTE J., VANHOVE P. in Economie générale page 251.

33

Dans la ville de Yaoundé, la non insertion toucherait davantage les primo demandeurs29 d'emploi qui représenteraient 79,7% des jeunes non insérés contre 20,3% des personnes ayant perdu précédemment leur emploi (cf. tableau 15 en annexe 1). L'âge moyen des jeunes en première insertion (26 ans) est supérieur à 24 ans. Leur formation s'est faite en majorité dans les cycles d'enseignement général. La moitié de ces jeunes auraient le niveau du secondaire général, et 17 % le niveau de l'enseignement supérieur général (contre seulement 4 % des jeunes ayant reçu une formation supérieure technique) (cf. Graphique 7).

Graphique 7 : Répartition des primo demandeurs d'emploi selon le niveau d'instruction

4%

17%

14%

15%

50%

Primaire

Secondaire général Secondaire technique Supérieur général Supérieur technique

Source : EDIJ 2005, ISSEA

Ces individus qui sont sortis du système scolaire sont en majorité des jeunes de niveau secondaire et supérieur de l'enseignement général et par conséquent, ils ne seraient pas compétitifs sur le marché du travail du fait de leur manque de formation professionnelle. Ce qui semble être similaire à la situation des jeunes au Burkina Faso. L'étude menée par Lachaud30 révèle qu'une partie importante des jeunes demandeurs d'emplois du Burkina Faso en particulier et de l'Afrique sub-saharienne seraient de plus en plus des diplômés du secondaire et du supérieur général. Par contre, les diplômés ayant reçu des formations techniques et professionnelles du supérieur et du secondaire ont de plus en plus de chances de s'insérer sur le marché du travail et à une meilleure situation d'emploi [ECAM II- Rapport sur l'emploi].

Une fois sortis du système éducatif, les jeunes s'inscrivent dans une longue file d'attente. La durée moyenne d'attente31 pendant la période de référence serait de 32 mois, soit environ 3 ans (2 ans et 8 mois plus exactement)32. Elle est même supérieure à 5 ans pour plus de 23 % des

29 Les primo demandeurs d'emploi sont les jeunes non insérés qui ont effectué pour la première fois une recherche active de l'emploi.

30 Il s'agit de l'étude sur la pauvreté, la vulnérabilité et le marché du travail au Burkina Faso menées en 1996.

31 La durée d'attente est la durée entre la date de début de recherche d'un emploi et la date de l'enquête.

32 Calculée sur la base des données d'EDIJ présentées dans la première section

34

jeunes non insérés (cf. tableau 4). La durée d'attente relativement longue pousserait d'autres jeunes encore dans le système éducatif à prolonger la durée de leurs études, ceci dans le but d'obtenir des diplômes plus élevés, susceptibles de faciliter leur insertion socioprofessionnelle.

Tableau 4 : Répartition des jeunes non insérés selon la durée d'attente et l'accès à la formation professionnelle

Durée

d'attente

Avoir reçu une ou
plusieurs formations
professionnelles

Ensemble
(en %)

oui

non

Momns d'un an

20

29

11,9

1 à 2 ans

22

89

26,9

2 à 3 ans

20

65

20,6

3 à 4 ans

12

27

9,5

4 à 5 ans

10

21

7,5

5 à 6 ans

9

27

8,7

6 à 7 ans

3

10

3,2

7 à 8 ans

5

10

3,6

8 à 9 ans

6

8

3,4

9 à 10 ans

1

3

1,0

10 à 11 ans

3

4

1,7

11 ans et plus

4

4

1,9

Total

115

297

100

Lecture : la différence entre les durées moyennes des jeunes ayant suivi au moins une formation et ceux n'ayant suivi
aucune formation est significative (la significativité au seuil de 5% est de 0.000)

Source : EDIJ 2005, ISSEA

L'attente relativement longue des jeunes sans emploi pourrait être imputée au faible développement de l'investissement productif qui permettrait la création d'emplois décents [Njiké Njikam Gilles Bertrand, Lontchi Tchoffo Marc Roland et Mwaffo Fotzeu Violet, 2005 ; p.35].

Les jeunes occupant un emploi s'inscriraient dans de longues files d'attente avant de s'insérer. En général, ils resteraient entre 18 et 26 mois en attente avant de s'insérer. Les délais d'insertion semblent relativement plus courts pour les jeunes qui exercent dans le secteur public et parapublic (en moyenne 13 mois) (cf. tableau 22 en annexe 1). Ceci pourrait être dû aux conditions de recrutement très sélectives imposées par la fonction publique camerounaise. Ainsi, seuls les jeunes méritants auraient accès à ce segment d'emploi.

Une fois insérés, ces jeunes occupent divers statuts dans leurs emplois et sont sujets à diverses conditions d'activités.

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