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Le christ comme médiateur du salut, essai d'herméneutique africaine du message chrétien à  la lumière de la christologie de karl Rahner

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par Thomas RAINCHOU
Grand séminaire notre dame de l'espérance de Bertoua - Attestation de fin d'étude de théologie 2006
  

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1.1.2. Le besoin du salut dans les déterminations essentielles de l'homme

Selon Karl Rahner, les déterminations essentielles de l'hommes, c'est-à-dire les éléments qui constituent l'être même de l'homme, sont non seulement un présupposé pour la réceptivité du message chrétien, mais aussi le lieu même de l'expérience du besoin de salut14(*) . C'est à l'intérieur même de l'expérience humaine que se révèle la nécessité du salut, de la Rédemption. Toutes ces déterminations de l'homme peuvent être regroupées en trois à savoir : l'homme comme personne et sujet, l'homme comme créature et l'homme comme un être radicalement menacé par la faute.

a) L'homme comme personne et sujet

Etre personne pour Karl Rahner, c'est « se posséder soi même dans une relation consciente et libre avec le réel en tant que totalité et avec le principe infini de ce réel, Dieu »15(*). Cette détermination ne s'affirme que si l'on a « traité de la transcendance de l'homme, de sa responsabilité et de sa liberté, de sa référence à l'incompréhensible mystère, de son historicité et de sa mondanité, enfin de sa sociabilité »16(*). L'homme est ainsi découvert comme confronté à lui-même en tant que sa propre possession dont il devra rendre compte et distinct non seulement du réel extérieur à lui, mais aussi de l'Etre.

Sa « transcendantalité », qui se découvre dans sa structure de connaissance et dans son jugement d'existence échappe toujours à son pouvoir et ne se pose pas de façon souveraine. Elle « est d'une certaine façon toujours en deçà de l'homme, dans l'origine, dont il ne saurait disposer, de sa vie et de son connaître »17(*). En outre, « l'homme a toujours connaissance de sa finitude historique, de sa provenance historique, de la contingence de sa situation de départ »18(*). Et donc, bien qu'étant par sa transcendance au delà de cette finitude, il ne peut totalement s'en défaire, et demeure celui qui pâtit. L'expérience que l'homme a de lui-même n'offre finalement qu'une synthèse de finitude et d'infinité et finalement, l'homme est personne à caractère subjectif dans la mesure où « il se pose comme le produit de ce qui est radicalement étranger»19(*) Dans ce sens, « la question personnelle de l'existence à proprement parler est en vérité une question de salut »20(*). On voit là comment, en tant que personne, l'homme a radicalement besoin d'un salut qui n'est en réalité que sa véritable « auto-compréhension » et sa véritable « auto-accomplissement » en liberté devant Dieu, le fondement de son être.

b) L'homme comme créature

C'est à l'intérieur de cette même expérience que la condition de créature de l'homme se donne à comprendre. En effet, selon Karl Rahner, « est créature tout ce qui a un sens plus haut que lui-même, qui est fini, ouvert à Dieu et à ses dispositions »21(*). Or dans l'expérience de la transcendance, l'homme est radicalement emporté par le mystère absolu comme par son fondement. Il fait en même temps l'expérience de sa finitude et de son ouverture à l'infini comme à sa source.

Au delà de cette dépendance radicale de l'homme comme créature à l'égard de Dieu, Rahner fait découvrir l'autonomie substantielle de l'homme comme sa vocation permanente à l'éternité. Si donc en tant que créature, l'homme est fini, il a donc besoin, pour atteindre sa fin propre qui est Dieu, d'une certaine épuration qui, selon Rahner, consiste en une réalisation toute entière, « d'une manière purement intérieure, manifeste et active »22(*). Il s'agit là d'une oeuvre que l'homme ne peut accomplir par sa propre initiative, il ne peut l'attendre que de son créateur. Son besoin radical de salut devient manifeste et évident à ce niveau. 

c) L'homme, un être radicalement menacé par la faute

Selon la doctrine chrétienne, la référence au péché originel permet de comprendre l'homme comme un être dont la culpabilité, qu'il tient de sa propre liberté, est une menace permanente dont il ne peut se défaire par ses propres forces si Dieu n'intervient pour l'en délivrer23(*). Karl Rahner pense que la dimension éthique de l'homme dans laquelle on découvre sa liberté et sa responsabilité permet de comprendre cette doctrine24(*). Cette dimension exprime la dignité même de l'homme et par son rapport au tout de l'existence humaine, elle est dotée non seulement d'une nécessité interne en tant que « pouvoir unique du définitif, le pouvoir du sujet qui (...) doit être amené à son état définitif et irrévocable »25(*) mais aussi des "objectivations catégoriales" dont dépend son exercice concret.

Il y a donc dans la liberté de l'homme une possibilité permanente de contradiction absolue qui s'exprime objectivement et concrètement par la possibilité de péché. Cette possibilité, selon Rahner, est un existential permanent insurmontable pour l'homme au cours de la vie terrestre, et elle représente une menace pour son être en un double titre: du dedans, parce que l'homme en manquant Dieu « peut se manquer lui-même et sa dignité par une faute libre contre lui-même dans l'une quelconque des dimensions existentiales »26(*); et de l'extérieure parce que l'homme, « comme être corporel est, antérieurement à sa décision personnelle, accessible à l'action d'une cause d'ordre créé, indépendamment de sa décision »27(*). Cette menace pose ainsi le besoin radical du salut en l'homme, un salut qui est à la fois rédemption en ce sens qu'il surmonte définitivement l'état dans lequel l'homme se trouve inéluctablement et qu'il ressent comme une menace insurmontable; et un bonheur en ce sens qu'il le finalise et l'établit dans l'unité de grâce et de gloire en Dieu.

* 14 Cf. TFF, pp. 37-38.

* 15 PDTC, p. 358.

* 16 TFF, pp. 39-40.

* 17 Ibidem, p. 49.

* 18 Ibidem, p. 57.

* 19 Ibidem, p. 43.

* 20 Ibidem, p. 54.

* 21 PDTC, pp. 109 - 110.

* 22 CM, p. 38.

* 23 Cf. CEC 409.

* 24 Cf. TFF, pp. 110 - 111.

* 25 Ibidem, p. 115.

* 26 K. RAHNER, « Dignité et liberté de l'homme », dans ETV, p. 175.

* 27 Ibidem, p. 174.

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