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Mécanismes de lutte contre la crise alimentaire et conséquences sur la forêt et le climat (étude menée en république démocratique du Congo, province orientale, de 2007 à  2009).

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par Joseph BOLONGO BEKONDI
Université de Kisangani, Congo - Licence en droit économique et social 2009
  

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CHAPITRE TROIS : LE DEVELOPPEMENT RURAL

Les campagnes et leurs difficultés sont passées depuis un certain temps à l'arrière-plan des préoccupations des politiques. Dans les pays même ou la priorité au développement rural était politiquement attachée avec le plus de force, les financements allaient et vont toujours en proportion écrasante aux villes et aux citadins.

Or voici que depuis peu l'on redécouvre une vérité fondamentale que la crise urbaine est d'abord celle des producteurs ruraux, placés dans des conditions telles que pour beaucoup, la stratégie adaptée consiste à devenir citadins.

Au bout du chemin et du cercle vicieux : la dépendance alimentaire, plus ou moins largement fonction de l'accumulation démographique en milieu urbain, et de l'incapacité des campagnes à nourrir les très grandes agglomérations. C'est donc la mouvance de l'intérêt porté ou système urbain que le monde rural redevient un objet scientifique digne d'attraction.

III.1. CADRE INSTITUTIONNEL ET JURIDIQUE

III.1.1. Organisation institutionnelle

Le développement rural est de la compétence du Ministère Provincial de l'Agriculture et du Développement Rural. Ce Ministère est doté d'une Inspection Provinciale du Développement Rural qui s'occupe de l'étude et de la planification du développement rural, de l'organisation et accompagnement des paysans, l'animation et vulgarisation des projets... ses services sont repartis dans six bureaux et treize cellule dont :

- Bureau de services généraux : avec deux cellules, celle du personnel et de comptabilité ;

- Bureau de génie rurale : cellule d'aménagement des infrastructures de base et celle des technologies approprié et artisanat ;

- Bureau de développement communautaire : cellule de coordination et associations paysannes et celle de l'incitation des initiatives locales de développement (ILD) et certification ;

- Bureau de l'économie rurale : cellule de marché, prix, statistiques et commercialisation et la cellule de crédit, épargne et caisses rurales ;

- Bureau de l'animation : cellule de l'animation rurale et celle de vulgarisation ;

- Bureau d'étude et planification : cellule de conception des programmes et projets, cellule d'accompagnement de partenaire ONGD et cellule de coopératives et ILD en association.

Tous ces bureaux fonctionnent dans un bâtiment en ruine qui n'inspire pas le développement. Notons aussi la sous qualification et le vieillissement du personnel.

III.1.2. La réglementation du secteur de développement rural

Les actes réglementaires pris en matière du développement rural sont :

- Arrêté ministériel n°012 du 11 Novembre 2002 portant coordination nationale des centres agricoles ;

- Arrêté ministériel n°028/BM/AARDC/91 du 18/O7/1991 portant projet de développement des cultures pérennes ;

- Arrêté départemental n°049/BCE/DDR/89 du 22 mars 1989 portant service national des coopératives et organisations paysannes ;

- Arrêté départemental n°008/BCE/AGRIDRAL/85 du 20 Août 1985 portant projet de recherche agronomique appliquée et de vulgarisation ;

- Arrêté départemental n°0011/BCE/AGRIDRAL/85 du 17 Décembre 1985 portant projet de développement de la production et de la commercialisation agricoles régionales ;

- Arrêté départemental n°024/BCE/DDR/87 du 15 Aout 1987 portant projet d'installation des petites et moyennes entreprises agricoles...

III.2 AMENAGEMENT DES INFRASTRUCTURES SOCIO-ECONOMIQUES DE BASE

Sans aucune intention de faire une comparaison illusoire aux campagnes des pays développés, les infrastructures socio-économiques de base prioritaires pour aménager nos campagnes sont les voies de communication, les écoles, les hôpitaux, l'eau et l'électricité. Ces infrastructures ont d'ailleurs fait l'objet du plan d'action du Chef de l'Etat qu'il a nommé «Cinq Chantiers».

III.2.1 Les voies de communication

a. volet routes

La Province Orientale dispose d'un réseau de transport et de communication interconnecté : routes, chemins de fer, voies navigables et aériennes. Toutes ces voies de communication ont comme rôle de concourir à l'évacuation des produits et à assurer les flux commerciaux intra et inter Provinciaux.

Cependant, les routes de la Province Orientale sont d'une manière générale en très mauvais état. En dehors de celles qu'on a réhabilitées (Kisangani - Bunia, Kisangani - Yangambi) et celles en voie de réhabilitation. Les grands axes d'intérêt national et provincial (Kisangani - Opala, Kisangani- Buta, Buta-Isiro) sont impraticables à cause de la présence de grands bourbiers, d'autres envahies par la forêt. Il en est de même de l'ensemble des routes de desserte agricole.

Tableau n°6 : Route d'intérêt Provincial

District du Bas-uélé

AXES

LONGUEUR

ETAT ACTUEL

1

Buta-Dulia-Aketi

205 Km

Mauvais

2

Buta-Dingila-Poko

345 Km

Mauvais

3

Buta-Bambesa-Poko

448 Km

Mauvais

4

Buta-Bondo-Ndu

429 Km

Mauvais

5

Buta-Aketi-Bunduki

125 Km

Mauvais

Sous total 1597 Km

District du Haut-Uélé

1

Isiro-Wamba-Nia Nia

232 Km

En réhabilitation

2

Isiro-Mungbere-Mambasa

326 Km

Mauvais

3

Isiro-Rungu-Dungu-Faraje-Aba-Ariwara

667 Km

Mauvais

4

Isiro-Watsa-Aba

645 Km

Mauvais

5

Isiro-Viadana-Poko

133 Km

Mauvais

6

Isiro-Watsa-Kitambala

538 Km

Mauvais

7

Isiro-Niangara-Doruma

300 Km

Mauvais

Sous-total 2841 Km

District de la Tshopo

AXES

LONGEUR

ETAT ACTUEL

1

Kisangani - Ubundu

129 Km

Bon

2

Kisangani - Isangi

135 Km

Bon en partie

3

Kisangani - Opala

260 Km

Début de réhabilitation

4

Kisangani - Bafwasende

260 Km

Bon

Sous total 784 Km

District de l'Ituri

1

Bunia - Kasenyi - Sabe

60 Km

Bon

2

Komanda - Bunia

75 Km

Bon

3

Bunia - Mahagi Port

245 Km

Mauvais

4

Kitambala - Aru - Ngote

244 Km

Mauvais

5

Nia Nia - Komanda

304 Km

Bon

6

Komanda - Eringeti

70 Km

Bon

7

Mambasa - Lebia

113 Km

Bon

Sous-total 1111 Km

TOTAL 6333 Km

Source : Draft du programme agricole d'urgence pour la Province Orientale, Inspection provinciale de l agriculture pêche et élevage

Comme le démontrent les tableaux ci hauts, le réseau routier de la P.O. possède 5.813km de routes d'intérêt provincial et plus de 5.000 km de routes de desserte agricole, qui nécessitent la réhabilitation.

La dégradation de ce réseau s'est de plus en plus empirée sur plusieurs axes à cause notamment de manque de volonté politique des dirigeants pour la mobilisation des ressources financières et des populations locales aux travaux d'entretien et de réhabilitation des routes d'une part, et d'autres part l'insuffisance des capacités techniques au niveaux des communautés de base.

Signalons qu'un effort est entré d'être fourni dans le cadre de Cinq Chantiers du gouvernement en place pour réhabiliter ces routes et instaurer un système de péage pour leur maintenance.

b. volet chemin de fer

Quant au réseau ferroviaire, la P.O dispose de 952km de chemin de fer répartis sur l'axe Kisangani-Ubundu ( 125km), Mungbere-Aketi (685km) Komba-Bondo (121km) et Andoma-Titule (31km). Ce réseau connaît des problèmes dont les plus importants se résument en la vétusté des locomotives, des rails, de matériels de traction et des installations ferroviaires.

c. volet bacs et ponts

L'entièreté du paysage de la Province Orientale appartient au bassin du Congo et est couverte par un réseau des cours d'eau qui alimentent le grand et majestueux fleuve Congo. Cette situation fait que les routes soient dans la plupart des cas entrecoupées par les eaux, d'où l'impérieuse nécessité de songer à la réhabilitation des bacs et des ponts pour une circulation optimale des biens et des personnels.

La Province Orientale compte 165 ponts dont la plupart sont en mauvais état et d'autres cassés.

Tableau N° 7 : Situation Synthétique des Bacs

DISTRICT

EN MARCHE

COULES

EN PANNE

TOTAL

Tshopo

2

12

0

16

Bas - uélé

1

11

1

13

Haut - uélé

0

4

0

4

Ituri

0

0

0

0

Total

3

29

1

33

Source : Draft du programme agricole d'urgence pour la Province Orientale, Inspection provinciale de l agriculture

Sur le 33 Bacs que possède la P.O, 3 seulement sont en marche et un en panne. Le 29 autres sont coulés, d'où la nécessité de les remplacer.

III.2.2 ECOLES ET HOPITAUX

Les infrastructures scolaires en P.O sont loin de répondre aux besoins de la population toujours grandissante. Les quelques écoles existantes ne sont pas en mesure de contenir la population scolaire : Il existe des écoles dans les campagnes où les effectifs des élèves dans une salle de classe atteignent 100 élèves, qui étudient à même le sol, certains sous les manguiers.

En plus de la carence et la vétusté des écoles s'ajoutent les conditions de travail des enseignants dont certains ne sont pas rémunérés par l'Etat et ceux qui le sont, reçoivent un salaire de misère.

Tableau n°8 : Situation synthétique des écoles publiques par district

DISTRICTS

ECOLES MATERNELLES

ECOLES PRIMAIRES

ECOLES SECONDAIRES

BAS-UELE

25

379

97

HAUT-UELE

11

438

101

ITURI

39

974

290

TSHOPO

08

666

245

KISANGANI

34

139

77

TOTAL

117

2596

810

Source : Division provinciale de l'EPSP, Service de Statistique.

Les infrastructures hospitalières aussi sont vétustes et non équipées en matériels et en médicaments. Les problèmes sanitaires de la Province peuvent se résumer en ceci :

- Faible couverture sanitaire en aires de santés fonctionnelles ;

- Insuffisance en personnel de santé qualifié ;

- Morbidité élevée due au paludisme, maladies diarrhéiques, rougeole, lèpre, tuberculose, infections sexuellement transmissibles, onchocercose ;

- Mortalité élevée due au paludisme, maladies diarrhéiques, rougeole, lèpre, tuberculose, infections sexuellement transmissibles, onchocercose, sida et complications obstétricales ;

- Rupture fréquentes de stocks en médicaments dans les centres de santé ;

- Prolifération du réseau informel des soignants et la vente ambulatoire des médicaments ;

- Emergence de certaines maladies : monkey pox (zone de santé Tshopo Lindi, Lomami, Dingila et Buta), cécité de rivières (zone de santé Isangi, Yabaondo, Ango et Doruma)28(*).

Cependant le problème de santé en milieu rural ne doit pas seulement concerner la médecine moderne. Un effort doit aussi être fait pour promouvoir la médecine traditionnelle. Le résultat atteint par les chinois dans ce domaine de médecine traditionnelle sur base des plantes dont les produits ont inondés nos marchés n'est plus à démontrer.

Un autre exemple est celui de « Forever Living Product » qui distribue des produits sur base d'aloès Vera et d'autres plantes qui se vendent extrêmement cher, alors que ces plantes ont toujours été utilisées par nos tradi-praticiens pour soigner, malgré les mauvaises conditions de conservation, les rites qui accompagnent les soins et les locaux qu'ils utilisent n'inspirent pas confiance. Ce qui nécessite un encadrement des tradi-praticiens et la modernisation de ce secteur en les dotant des laboratoires, des moyens de conditionnement et de conservation de leurs produits ainsi qu'un cadre juridique spécifique.

III.2.3 EAU ET ELECTRICITE

La Province Orientale, nous l'avons dit précédemment est riche en cours d'eau de sorte que, si l'on exploite ce potentiel, le problème d'eau et d'électricité ne peut pas se poser. Déjà riche en eau douce, il suffit d'améliorer les sources existantes pour les villages et les cités qui se trouvent à proximité des cours d'eaux et forer des puits d'eaux pour desservir ceux qui en sont éloignés, résoudraient le problème d'eau de boisson.

Tableau n°9 : Répartition (en %) de la population ayant un accès facile à l'eau potable de qualité en Province Orientale.

Accès à l'eau de boisson de qualité

Accès à l'eau de qualité à moins de 100 mètres.

Accès dans les 15 minutes.

40,7

13,5

16,4

Source : CEPOR, 2007.

Quant à l'électricité, ces mêmes cours d'eau qui sont dans la plupart des cas entrecoupés par des chutes peuvent servir pour la construction des barrages hydroélectriques, facteurs importants pour le développement industriel. La Province Orientale compte 3 centrales hydroélectriques dont la centrale de la Tshopo à Kisangani, les centrales de Budama et de Solenyama à Bunia. Toutes ces centrales se caractérisent par la sous production d'énergie électrique qui est à l'origine du phénomène délestage, consistant à desservir quelques quartiers en électricité au détriment des autres et cela à tour de rôle.

Les chefs lieu de districts de Bas uélé, Haut Uélé et de la Tshopo étaient desservis en électricité par des centrales thermiques qui sont toutes en arrêt suite aux problèmes techniques et le manque d'approvisionnement en carburant.

III.3. LA LUTTE CONTRE L'EXODE RURAL ET ORGANISATION PAYSANNE

III.3.1. La lutte contre l'exode rural

L'exode rural est un phénomène social qui consiste en déplacements massifs et incontrôlés des populations de campagnes vers les villes. Si ces déplacements ne sont pas la conséquence de l'industrialisation et de la modernisation économique ils provoquent ce que CAZES appelle « urbanisation de dépendance »

A. Urbanisation de dépendance selon G. CAZES

Selon cet auteur, à la base du processus récent d'urbanisation, on ne trouve pas le passage d'une économie agraire à une économie industrielle, mais une augmentation en flèche du secteur tertiaire avec une faible croissance du secteur secondaire29(*).

Le deuxième trait de l'urbanisation dépendante est donc la constitution des grandes concentrations des populations sans développement équivalent de la capacité productive à partir de l'exode rural, et sans assimilation des migrants dans le système économique des villes ; cette définition « d'urbanisation dépendante » correspond à la notion « d'urbanisation démographique » par opposition à celle « d'urbanisation technologique ». Dans ce dernier cas (celui des pays aujourd'hui développés) la croissance des villes a été un effet dérivé de l'industrialisation et de modernisation économique, alors que dans le premier cas (celui du tiers monde) l'urbanisation précède la rénovation et le développement des secteurs productifs, en ne créant des emplois que dans le secteur tertiaire, improductif.

Le secteur tertiaire, plus lié à la consommation qu'à la production, fournit l'essentiel des nouveaux emplois avec le bâtiment et les travaux publics, les relations économiques avec l'étranger constituent un des moteurs de la croissance des villes, dont elles aggravent la dépendance et la précarité. L'urbanisation dépendante est plus le résultat d'un processus démographique et social qu'économique.

B. L'urbanisation démographique des centres urbains dans la Province Orientale

La forme d'urbanisation qui s'observe dans les centres urbains de la Province Orientale est celle défini par CAZES.

A l'absence de données statistiques fiables faute de recensement officiel depuis des décennies, quelques phénomènes sociaux qui s'observent dans les centres urbains peuvent prouver cette urbanisation démographique. Il s'agit par exemple de l'agrandissement vertigineux des centres urbains et les constructions anarchiques, la rareté des maisons à louer et la majoration des loyers, le sureffectif et la promiscuité dans certains foyers, la rurbanisation qui provoque le surpeuplement des villages proches des villes par des personnes y travaillant ou exerçant des activités qui dépendent directement de la ville, le nombre élevé des chômeurs...

C. Causes de l'exode rural en Province Orientale

Un faisceau de causes diverses et cumulatives explique l'ampleur préoccupant de la migration du désespoir des campagnes vers les centres urbains en Province Orientale. Les facteurs répulsifs, agissant comme une pompe refoulante, semblent l'emporter sur les facteurs attractifs, bien que ceux-ci soient surestimés par les migrants.

a. Facteurs répulsifs :

Les facteurs répulsifs sont l'insécurité due aux guerres et les tracasseries policières d'une part et d'autre part l'absence des infrastructures routières, comme nous l'avons développé antérieurement quand nous avons parlé des causes de la crise alimentaire en P.O.

b. Facteurs attractifs :

Les populations des campagnes préfèrent habiter dans les centres où ils peuvent avoir un travail rémunérateur pouvant leur permettre de vivre décemment avec tout le confort qu'offre le progrès scientifique aux centres urbains : moyen de déplacement, électricité, Eau, télévision, téléphone, Internet...

III.3.2. Organisation paysanne

L'organisation des activités dans les campagnes doit dépasser le cadre familial pour s'élargir à des organisations professionnelles qui peuvent être constituées sous forme de coopératives, d'associations, d'unions, de fédération de confédération non gouvernementale ou d'organisation interprofessionnelles.

Ces organisations doivent participer à l'élaboration, a la mise en oeuvre et à l'évaluation des politiques et programmes d'intervention dans leurs domaines d'activités. A ce titre, elles doivent s'impliquer dans ces processus, notamment dans le cadre de concertation, des commissions ou groupes de travail aux niveaux local, Provincial et international, pour faire valoir les intérêts de leurs membres.

C'est en s'organisant ainsi qu'elles peuvent bénéficier d'appui, spécifiquement dans le cadre du renforcement des capacités, et être éligibles à des contrats de prestation de services.

a. Paysannat, une expérience coloniale en RDC

Le paysannat était une forme d'organisation de l'économie rurale dans laquelle, avec le concours des pouvoirs publics, des groupes de familles indigènes mettaient systématiquement en valeurs et exploitaient rationnellement pour leur compte des terres où elles s'établissent à demeure (plan décennal 1949).

Cette organisation consistait en l'installation des paysans dans des portions de terre qu'ils exploitaient. Elle avait 3 buts à savoir, agricole, social et économique :

- But agricole : Le système cultural pratiqué dans les paysannats permettait de conserver la fertilité des terres par l'adoption du système de cultures- jachères, adéquat en vue d'assurer la continuité dans la production ; ce qu'on peut appeler aujourd'hui le développement durable ;

- But social : Le paysannat permettait de stabiliser la population rurale et d'améliorer ses conditions de vie matérielles et morales ; ce qui avait pour conséquences le frein de l'exode rural vers les centres urbains et le regroupement définitif des villages sur une entendue bien déterminée, permettant une bonne administration de la population ;

- But économique : Le paysannat a augmenté et valorisé la production des vivres pour assurer le ravitaillement intérieur et la production destinée à l'exportation30(*).

Cette expérience coloniale avait réussi à maintenir une stabilité alimentaire et économique en RDC pendant les années 50 et 60. Mais les désintéressements au secteur agricole des autorités qui ont dirigé le pays après l'indépendance a ruiné cette initiative et a concouru à la crise que nous connaissons aujourd'hui.

III.4. EFFETS DE DEVELOPPEMENT RURAL SUR LA FORET ET LE CLIMAT

III.4.1. Effet sur la forêt

a. Effet négatif : la déforestation

Si l'on parvient à doter les milieux ruraux des infrastructures économiques de base comme nous l'avons énumérées précédemment, cela va provoquer l'exode urbain qui emmènera à la campagne les populations désoeuvrées qui envahissent les centres urbains. Cette situation provoquera la déforestation suite aux activités agricoles qui vont se développer.

Profitant de la faiblesse de la loi foncière qui ne précise pas les limites des domaines fonciers des communautés de jouissances sur ces fonds ; les populations dévasteront de grandes étendues des forêts pour avoir des espaces à cultiver. Surtout que le processus de « zonage » prévu par le code forestier qui devait limiter cette tendance expansive des étendues à cultiver tarde à se réaliser.

Ce qui nécessite un encadrement permanent des paysans à l'instar de paysannat pratiqué pendant la colonisation pour chercher à sédentariser les paysans qui sont en quête des terres fertiles. Tel est le cas dans le territoire d'OPALA où les populations quittent les villages pendant les saisons culturales pour aller s'installer très loin dans la forêt où elles peuvent trouver des terres fertiles.

Le développement rural doit donc être accompagné d'un cadre juridique approprié et des techniques culturales qui intègrent les notions environnementales, telles que l'introduction de systèmes agro forestiers intégrés qui associent les cultures, les pâturages et les arbres de façon écologiquement durable, afin d'atténuer les conséquences de développement rural sur la forêt.

b. Effet positif : l'atténuation de la déforestation

La construction des centrales hydroélectriques aidera la population à abandonner l'usage des bois de chauffe qui constitue une menace permanente contre la forêt. L'utilisation des réchauds pour la cuisson des aliments, des congélateurs et des chambres froides pour la conservation des poissons et gibiers atténuerait la déforestation.

III.4.2. Effets sur le climat

Si l'Etat parvient à encadrer les paysans et à leur doter des moyens pour moderniser l'agriculture en changeant les techniques culturales, la déforestation et la pollution seront atténuées, ce qui sera bénéfique pour le maintien de l'équilibre climatique.

Tandis que le développement incontrôlé du milieu rural aggravera la déforestation et par ricochet, le réchauffement climatique.

* 28 CEPOR, Op. Cit., P. 6

* 29 CAZES G. et DOMINGO J., Les critères du sous développement, Bréal, Paris, 1987, p.173.

* 30 KOLA GONZE R., Op.Cit., p.35.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille