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Mécanismes de lutte contre la crise alimentaire et conséquences sur la forêt et le climat (étude menée en république démocratique du Congo, province orientale, de 2007 à  2009).

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par Joseph BOLONGO BEKONDI
Université de Kisangani, Congo - Licence en droit économique et social 2009
  

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CONCLUSION

En guise de conclusion de notre étude sur « les mécanismes de lutte contre la crise alimentaire et conséquences sur la forêt et le climat », il sied de retenir ce qui suit :

Nous sommes partis des observations sur les deux crises que traverse l'humanité, le réchauffement climatique et la crise alimentaire dont les solutions que proposent les experts sur l'une d'elles tendent à se répercuter sur l'autre, et vice versa.

Etant donné que la RDC détient une portion importante de forêt sur laquelle se fonde l'espoir de l'humanité pour le maintien de l'équilibre climatique, et quand on considère l'acharnement des acteurs tant publics que privés en RDC ces trois dernières années pour faire face à la crise alimentaire, on doit certes se poser les questions dont quelques unes ont fondé la problématique de cette étude, à savoir :

- quels sont les mécanismes adaptés pour lutter contre la crise alimentaire en RDC ?

- quels impacts auront-ils sur la forêt et le climat ?

- existe-t-il un cadre juridique adapté dans lequel cette lutte peut-être engagée ?

Pour répondre à ces questions, nous avons émis comme hypothèses, la promotion de l'agriculture et le développement rural seraient des mécanismes pour lutter contre la crise alimentaire en RDC. Etant donné qu'il n'existe pas un cadre juridique et une politique agricole adaptée, ils auront des conséquences néfastes sur la forêt et le climat.

Pour vérifier nos hypothèses, nous nous sommes servis de la méthode juridique et de l'analyse fonctionnelle, qui seront donc complétées par la technique documentaire et de l'interview.

A la fin de notre étude, nous avons abouti aux résultats ci-après : le secteur agricole en Province Orientale est encadré par une structure étatique qui est le Ministère Provincial de l'Agriculture et du Développement Rural appuyé par l'Inspection Provinciale qui encadre en son sein une panoplie de services nationaux. Cependant, ces services sont animés par un personnel vieilli t sous qualifié. Outre ces organismes publics, notons aussi la présence d'une cinquantaine des ONGD qui oeuvrent dans ce secteur.

Faute de moyens financiers, ces organismes tant publics que privés ne sont presque pas opérationnels. Les financements qui devraient provenir en grande partie du pouvoir public ne sont pas accordés. Le budget provincial ne réserve au secteur agricole qu'un crédit de moins de 1%, destiné juste au fonctionnement du ministère.

Malgré la présence de ces organismes, les cultivateurs se trouvent toujours abandonnés et affrontent seuls les difficultés inhérentes à leur activité. Sur les 120 personnes enquêtées, 14 seulement ont reçu une aide en semence du riz, soit 11% des paysans.

Quant à la recherche et la formation des acteurs agricoles, la Province Orientale a l'avantage d'abriter le siège de l'INERA Yangambi, qui cependant ne jouit pas de ce privilège suite à l'abandon de ce grand centre de recherche par différents gouvernements qui se sont succédés depuis l'indépendance. La ruine de l'INERA a aussi affecté l'IFA Yangambi qui était obligé de quitter ses locaux et son cadre de travail, avec comme conséquence, la formation des ingénieurs agronomes théoriciens.

A cela s'ajoute le nombre réduit des écoles techniques agricoles. Quand on considère, par exemple, la province éducationnelle orientale I (qui couvre le district de la Tshopo et la ville de Kisangani), on compte seulement 34 instituts techniques agricoles sur les 604 écoles secondaires que compte cette province éducationnelle, soit 5% seulement d'écoles agricoles avec une population scolaire très réduite par rapport à d'autres sections.

L'insuffisance de la recherche, l'absence de la vulgarisation des techniques agricoles et la carence des acteurs agricoles formés laissent les paysans pratiquer leurs techniques traditionnelles, entre autres, la culture itinérante sur brûlis avec comme conséquences, des vastes étendues cultivées pour un maigre rendement (pour le riz par exemple, une moyenne de 650 à 700 kg par ha alors que la production moyenne en Afrique tropicale est estimée à 2000 kg par ha).

Profitant de la faiblesse de la loi foncière qui ne limite pas clairement le droit de jouissance des communautés coutumières sur le sol, et du retard de processus de zonage prévu par le code forestier d'une part et d'autre part, motivé par l'augmentation des prix de produits agricoles provoqués par la rareté, les paysans continueront à défricher des vastes étendues des forêts.

Cette déforestation pouvait être évitée ou atténuée par la formation des acteurs agricoles et la vulgarisation des techniques culturales écologiques telles que l'agroforesterie et la technique de labour. Mais le taux élevé d'analphabètes dû au manque d'infrastructures scolaires ne peut pas favoriser cette atténuation.

La réhabilitation des routes incitera les paysans à produire plus pour répondre au besoin toujours croissant des centres urbains, et facilitera l'exode urbain qui emmènera à la campagne les désoeuvrés qui inondent des centres urbains. Cet exode urbain doit être accompagné d'une politique d'encadrement à l'instar du paysannat organisé à l'époque coloniale, l'aménagement et la construction des infrastructures socio-économiques de base telles que des centrales hydroélectriques, évitera aux paysans de dépendre totalement de la forêt en leur offrant des possibilités d'utiliser des réchauds pour la cuisson des aliments et des congélateurs pour la conservation de leurs provisions atténuant ainsi le recours aux bois de chauffe.

La situation actuelle du milieu rural en Province Orientale est donc loin de répondre à ces aspirations environnementales. Les problèmes de l'environnement ne peuvent donc pas se résoudre indépendamment des enjeux du développement. Sans un développement harmonieux du milieu rural, les quelques mesures qui seraient prises d'une manière isolée risqueraient d'aggraver la situation environnementale. Tel est le cas de la réhabilitation des routes pour résoudre les problèmes économiques sans un encadrement conséquent des paysans, aggraveraient les problèmes environnementaux.

Après analyse de ces deux mécanismes de lutte contre l a crise alimentaire que nous avons épinglé dans cette étude, nous disons donc que nos hypothèses de départ ont été confirmées. La promotion de l'agriculture et le développement rural dans le contexte actuel de la Province Orientale, provoqueront donc la déforestation et aggraveront le réchauffement climatique. Si avec des techniques traditionnelles la capacité de déforestation par paysan s'élève à 1,15ha par an dans les localités environnantes de la ville de Kisangani, l'intensification des activités agricoles dans toute la province pourrait nous donner une moyenne de 9.206.327ha de forêts déboisées chaque année ; alors la mécanisation agricole risquerait d'empirer la situation si l'on n'adoptait pas une bonne politique agricole : l'absence d'engrais pour fertiliser le sol occasionnerait une « culture itinérante mécanisée ».

Eu égard à ce qui précède, nous suggérons ce qui suit :

2. A l'Etat Congolais

- L'adoption d'une bonne politique agricole qui prend en compte les questions environnementales ;

- L'augmentation de financement publique dans le secteur agricole (10% de budget national tel que exigé par le NEPAD) ;

- Le recrutement d'un personnel qualifié pour animer le secteur agricole ;

- La révision de la loi foncière en vue de l'adapter aux conditions socio-économiques et environnementales actuelles ;

- La révision du Code Forestier (précisément ses articles 53 et 54) et son application stricte;

- Elaboration d'un code agricole et rural ;

- La création des écoles techniques agricoles et l'élaboration des programmes d'agriculture écologique ;

- L'organisation des campagnes de vulgarisation agricole et transfert des technologies en vue d'éradiquer les pratiques culturales traditionnelles ;

- L'encadrement des paysans à l'instar du paysannat de l'époque coloniale ;

- Accorder des crédits aux paysans ;

- Equiper les paysans en matériels aratoires et les approvisionner en intrants agricoles et phytosanitaires ;

- La création des marchés locaux ;

- La construction et la réhabilitation des infrastructures socio-économiques de base ;

3. Aux ONGD du secteur agricole

- d'aider le gouvernement par les campagnes de vulgarisation agricole, de transfert des technologies et d'encadrement des paysans ;

- d'élargir leurs activités dans les campagnes ;

- d'orienter les financements qu'elles obtiennent de leurs partenaires en faveur de vrais bénéficiaires qui sont les paysans.

Nous n'avons pas la prétention d'épuiser toute la matière relative à ce sujet. Certaines questions sont restées pendantes, entre autres, la mécanisation agricole et l'élevage qui peuvent faire l'objet d'autres études pour compléter la notre que nous estimons imparfaite.

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