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L'être en devenir, considérations aristotéliciennes sur le devenir

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par Martin MBENDE
Grand séminaire philosophat Paul VI Bafoussam, Cameroun - Graduat de philosophie 2008
  

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II. Critique de Parménide

1. Du non-être à l'être : possibilité du multiple

Si Aristote s'intéresse à l'ontologie parménidienne, c'est parce que derrière la polémique de l'Un, c'est en fait le mouvement qui est mis en question. Pour lui, l'erreur des éléates procède de la réduction de l'Etre à l'une de ses catégories : la substance. Or selon Aristote, la substance demeure stable mais offre à ses attributs la possibilité de changer. C'est pourquoi il affirme contre le monophysisme des éléates, la pluralité des expressions de l'Etre : l'Etre se dit de plusieurs manières, il se dit comme substance mais aussi comme accident. Dès lors, il n'est pas qu'Un comme le pensait Parménide et son école, mais aussi Multiple. En effet, il est Un en substance et Multiple dans ses accidents. Et Aristote de dire : « Être et l'Être signifient tantôt l'Être en puissance, tantôt l'Être en entéléchie. »55(*)

En abordant l'Etre sous l'angle de la pluralité, Aristote restaure à celui-ci sa capacité à devenir autre. Du non-Etre quelque chose peut donc surgir, à condition d'entendre par non-Etre l'Etre en puissance. Cette scission de l'Etre qui aboutit à la distinction de l'Etre en acte de l'Etre en puissance, c'est encore le mouvement lui-même qui l'opère. C'est ce qui justifie le fait que Aristote assigne au mouvement un caractère extatique c'est-à-dire « qu'il fait sortir l'Être de soi-même en l'empêchant de n'être qu'essence, en le contraignant à être aussi ses accidents. »56(*) Le mouvement de l'Etre est donc possible et les apories de Zénon d'Elée ainsi que la théorie de la grandeur infinie de Mélissos de Samos, se trouvent réfutées par la diversité des sens de l'Etre. L'Etre pouvant devenir autre que ce qu'il est, le devenir du Même s'avère également possible, chose pourtant absurde pour les mégariques.

2. Réfutation des mégariques

Disciples des éléates, les mégariques posent le problème du devenir dans le cadre de la prédication. Pour eux, le devenir est impossible car il est suppression de l'Etre. C'est ce que révèlent ces mots du sophiste de l'Euthydème à propos de l'ignorant Clinias: « Vous voulez qu'il devienne savant et non ignorant...Vous voulez donc qu'il devienne ce qu'il n'est pas et qu'il ne soit plus ce qu'il est à présent, c'est que vous désirez sa mort. »57(*) Pareille doctrine a une triple conséquence : premièrement, elle anéantit « mouvement et devenir. »58(*) Deuxièmement, elle identifie la puissance à l'acte.59(*) Troisièmement, elle distingue Socrate assis de Socrate debout, réduisant par là le monde à « une juxtaposition d'existences monadiques entre lesquelles tout passage et, par conséquent, toute unité son introuvables. »60(*) Aristote s'inscrit en faux contre la thèse mégarique en faisant observer que l'erreur de ceux-ci est une conséquence de leur ignorance « du rôle dissociateur du mouvement et sa force unifiante ; ils ne voient pas qu'il supplée lui-même par sa continuité, qui rend possible le progrès, à la scission qu'il introduit dans l'être. »61(*)

Ainsi, à la question des mégariques : comment le Même peut-il devenir autre sans cesser d'être lui-même, Aristote répond que c'est par ce qu'il devient qu'il n'est pas toujours ce qu'il est. Toutefois, c'est pour être ce qu'il est que l'Etre devient. C'est donc parce que les mégariques n'arrivaient pas à saisir l'unité et la continuité de l'Etre dans sa double dimension de puissance et d'acte qu'ils ont fini par le fragmenter et à soutenir que « l'être debout sera toujours debout et l'être assis toujours assis »,62(*) faisant ainsi à tort du devenir une succession de mort et de renaissance. Platon, mieux averti que les éléates et les mégariques, n'arrivera malheureusement pas à rendre compte du devenir avec clarté. D'où les reproches à lui adressés par Aristote.

* 55 ARISTOTE, Métaphysique, Ä, 7, 1017 b, 1.

* 56 PARRAIN B., op. cit., p. 658.

* 57 PLATON, Euthydème, 283 d.

* 58 ARISTOTE, Métaphysique, È, 3, 1047 a, 14.

* 59 Ibid., È, 3, 1046 b, 29.

* 60 AUBENQUE P., op. cit., p. 450.

* 61 Ibid., p. 452.

* 62 ARISTOTE, Métaphysique, È, 3, 1047 a, 14.

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