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L'être en devenir, considérations aristotéliciennes sur le devenir

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par Martin MBENDE
Grand séminaire philosophat Paul VI Bafoussam, Cameroun - Graduat de philosophie 2008
  

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Conclusion

En dernière analyse, il était question pour nous dans ce chapitre d'examiner les incidences du mouvement sur le devenir. Ce faisant, il nous est apparu que l'Etre en devenir est aussi l'Etre en mouvement. Le mouvement introduit dans l'Etre une scission permettant de distinguer le sujet de l'attribut, la forme de la matière. Matière, forme et privation sont les principes universels qui s'appliquent au devenir de tout être. Mais cette triplicité des principes nous rappelle Pierre Aubenque,

« n'est pas une quelconque tripartition physique ou logique d'un tout qui serait dès lors physiquement ou logiquement «composé,» mais la triplicité, ou plutôt la double dualité, qui jaillit de l'être lui-même, dès lors qu'il comporte la possibilité du mouvement. Ce n'est pas nous qui comptons trois principes dans l'être, pour en tirer un schéma «général» d'explication, mais c'est l'être qui, à chaque fois, en chacun de ses instants, se dédouble et se redouble, «éclate» si l'on peut dire, selon une pluralité de sens, de direction, qui définit l'unité pourrait-on dire «extatique» de sa structure. »103(*)

On peut ajouter à ceci que la forme est comme l'avenir du mobile, la privation son passé et la matière ce qui demeure toujours présent. D'où le lien entre devenir et temps. En outre, le mouvement ne pouvant s'effectuer par lui-même est provoqué par une série de moteurs intermédiaires qui ont la source de leur mouvement dans le Premier Moteur. Par ailleurs, puisque l'Etre se dit de plusieurs manières, il se dit aussi comme substance et accident, acte et puissance.

CHAPITRE IV : SUBSTANCE ET ACCIDENT, ACTE ET PUISSANCE, ET LEURS IMPLICATIONS DANS LE DEVENIR

Introduction

Devenir se dit passage du non-Etre à l'Etre, « passage de la possibilité à la réalité. »104(*) Ce mouvement que les présocratiques à cause d'une mauvaise interprétation du principe de non-contradiction jugeaient absurde, trouve son fondement chez Aristote dans l'analyse des couples substance et accident, acte et puissance. Il sera donc question dans ce chapitre, de s'interroger sur les différents rapports que ces notions entretiennent entre elles pour ainsi dégager leurs différentes implications dans le devenir de l'Etre. Pour ce faire, il convient que nous commencions notre réflexion par préciser les différents sens que nous allouons à ces concepts.

I. Terminologie

1. Substance et accident : prédication essentielle et prédication accidentelle

En dehors de la forme et de la matière, une autre scission que le devenir introduit dans l'Etre est celle de la substance et de l'accident. Aristote écrit à cet effet : « L'Être se dit de l'être par accident ou de l'Être par essence. »105(*) Considérons la proposition suivante : « Socrate est musicien. » Celle-ci est dite attributive parce qu'elle attribut au sujet Socrate, le prédicat musicien. Le fait pour Socrate d'être musicien n'est pas une propriété permanente de son être : nous disons alors en terme aristotélicien que musicien est un accident de Socrate et la proposition « Socrate est musicien » est donc une proposition accidentelle. L'accident se rapporte au prédicat ou mieux encore à l'ensemble « des déterminations qui peuvent appartenir à une même chose, mais aussi ne pas lui appartenir, et sont donc en nombre indéterminé. »106(*)

Nous pouvons dès lors noter quelques traits de l'Être par accident : d'abord il est instable : « Accident se dit de ce qui appartient à un être et peut en être affirmé avec vérité, mais n'est pourtant ni nécessaire ni constant. »107(*) Ensuite, il n'a pas de cause déterminée mais seulement « une cause fortuite, autrement dite indéterminée. »108(*) Enfin, « l'accident se produit et existe non pas en tant que lui-même, mais en tant qu'une autre chose. »109(*) C'est dire que l'être musicien en soi n'existe pas : il n'a de sens qu'en rapport avec le sujet dont il est le prédicat. Le sujet est donc la condition de possibilité de l'attribut et partant la substance celle de l'accident. De même qu'il n'existe pas de prédication sans sujet, de même il n'existe pas d'accident qui ne soit en relation avec la substance. On pourrait peut-être objecter qu'un prédicat peut s'attribuer à un autre. Par exemple : « Le blanc est musicien. » Aristote riposte qu'« un accident n'est accident d'un autre, que si l'un et l'autre sont accidents d'un même sujet : je dis, par exemple, que le blanc est un musicien et que le musicien est blanc, seulement parce que tous les deux sont des accidents de l'homme. »110(*)

Qu'est-ce donc la substance ? C'est ce qui n'est pas prédicat d'un sujet mais dont les autres choses en sont prédicats.111(*) Aristote accorde au terme substance un triple sens : « La substance c'est en premier sens, la matière, c'est-à-dire ce qui par soi, n'est pas une chose déterminée ; en un second sens, c'est la figure et la forme suivant laquelle, dès lors, la matière est appelée un être déterminé, et, en troisième sens, c'est le composé de la matière et de la forme. »112(*)

On le voit, substance se dit aussi en un certain sens comme quiddité de l'Etre c'est-à-dire « ce qu'il est dit être par soi. »113(*) La substance est donc le support indispensable qui donne sens et corps à l'accident. Celui-ci à la limite serait un pur non-Etre s'il n'était lié à quelque chose de concret. C'est pourquoi Aristote définit l'accident comme « un quasi non-Être. »114(*)

Si nous considérons maintenant la proposition « Socrate est un homme », nous dirons que «homme» est une caractéristique essentielle de Socrate : la prédication est alors dite essentielle. Comme nous pouvons le constater, la distinction entre substance et accident assure la permanence du sujet dans le devenir. C'est le même Socrate en effet qui est assis, qui marche, qui dort, qui discoure etc. Et on pourrait ajouter que Socrate a la puissance de marcher, de parler etc. D'où l'intérêt des notions d'acte et de puissance dans l'analyse du devenir.

* 103 AUBENQUE P., op. cit., p. 432-433.

* 104 KIERKEGAARD K., op .cit., p. 125.

* 105 ARISTOTE, Métaphysique, Ä, 7, 1017 a, 6.

* 106 AUBENQUE P., op. cit., p. 135.

* 107 ARISTOTE, Métaphysique, Ä, 30, 1025 a, 14.

* 108 Ibid., Ä, 30, 1025 a, 24.

* 109 Ibid., Ä, 30, 1025 a, 28.

* 110 Ibid., , 4, 1007 b. 1.

* 111 Ibid., Ä, 8, 1017 b, 13.

* 112 ARISTOTE, De l'âme, II, 1.

* 113 ARISTOTE, Métaphysique, Z, 4, 1029 b, 12.

* 114 Ibid., E, 2, 1026 b, 21.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams