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Lire la fin du monde dans le jour de la fin du monde,une femme me cache de Patrick Grainville.

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par Vincent de Paul BISSIEMOU
Université Omar Bongo de Libreville - Maà®trise de lettres 2009
  

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INTRODUCTION GENERALE

1

D'après le dictionnaire Petit Larousse1, le terme littérature renferme une double acception. Elle est d'abord l'ensemble des oeuvres écrites ou orales auxquelles on reconnaît une finalité esthétique. Elle désigne ensuite les oeuvres littéraires considérées du point de vue du pays, de l'époque, du milieu où elles s'inscrivent, du genre auquel elles appartiennent2.

La littérature évolue avec la société qui l'engendre. C'est dans ce sens que Mme de Staël s'écrit :

« La littérature est l'expression de la société, à chaque société correspond une littérature »3.

Ainsi, le XX ème siècle qui a été frappé par plusieurs tragédies a connu une crise profonde des valeurs morales, sociales et religieuses. Cette crise s'est répercutée sur les arts et la littérature.

En effet, les deux Guerres Mondiales et attentats ont infligé à l'homme une conscience douloureuse, des blessures morales et spirituelles suscitant un pessimisme.4

Ce pessimisme outrancier favorise dans les écrits une culture du négatif et une volonté de déviation. La majorité des écrivains de ce siècle s'insurgent contre les règles établies et sont animés d'une fureur

1 Le Petit Larousse illustré, Paris, Larousse, 1998, p. 606.

2 Op.cit.

3 Mme de Staël, De la littérature, Paris, Gallimard, 1900.

4Mme NGOU Honorine, Les révélations littéraires, du XX ème siècle, Séminaire de Licence, UOB, 2002- 2003, cité par.

3

barbare. C'est l'avènement du nihilisme qui désigne la négation de la tradition et de toute valeur. Cette rupture avec les Anciens marque en effet l'explosion et l'expansion de la modernité.

La majorité des écrivains du XX ème siècle tels que Breton, Genette, Butor et Céline sont caractérisés par un élan d'anticonformiste.

L'écriture de Patrick Grainville s'inscrit dans cette logique transgressive.

Patrick Grainville est particulièrement sensible à la violence, à l'atrocité de la guerre, aux divers attentats et aux catastrophes. C'est pourquoi son style est en marge des normes établies.

1- Résumé du corpus

En une ouverture magistrale, le livre nous plonge en plein enfer : explosions, calcinations, kérosène enflammé, débris éparpillés, rien ne manque à ce début de roman en forme de fin du monde.

« Un avion s'est écrasé dans une cité proche de Paris, faisant 260 victimes. Voleur de voitures peut-être traqué par la police. Jérôme profite de l'atmosphère de fin de monde qui règne sur le quartier pour s'emparer d'une des boites noires de l'avion et trouver refuge chez Romane. Celle-ci vit seule dans une cité voisine et accepte d'héberger l'étrange locataire. La ville plonge dans un mélange d'effroi et d'effervescence médiatique. Spectacle auquel participent témoins de l'accident et familles des victimes: Aiwala, un adolescent noir qui, comme Jérôme, est obsédé par les noms des disparus; et Lenny Croft, un affabulateur de haut vol, ou Pierre Damnaglia dont les lettres

érotiques à sa femme sont retrouvées dans les décombres. Ces mots de l'amour arrachés à la mort diffusent une magie paradoxale au coeur même du deuil. Romane et Jérôme vont se découvrir peu à peu, dans une intimité semée de silence, de détours de demi-vérités, jusqu'aux aveux échangés. Chacun cache en effet sa boîte noire, comme celle qu'à volée Jérôme : car l'avion et ses passagers sont la figure même du destin, de ses envoûtements, de ses révélations ténébreuses ou luxuriantes »5.

2- Formulation du sujet

Le traitement de la question de la fin du monde dans la littérature française ne date pas d'aujourd'hui. Bien au contraire, c'est une préoccupation qui a jailli depuis bientôt plusieurs siècles. L'expression fin du monde désigne le moment supposé d'une destruction de l'univers, de la Terre, ou de la seule humanité6. On retrouve ce thème dans de nombreuses religions, philosophies et mythologies. C'est également un thème très utilisé dans l'art et la fiction. Son étude est l'eschatologie.

Bien évidemment, notre préoccupation n'est pas celle de l'eschatologie bien qu'elle ne lui soit pas totalement étrangère, mais plutôt consiste à Lire la fin du monde dans Le jour de la fin du monde, une femme me cache7 de Patrick Grainville, suppose ici qu'il faut faire ressortir dans ce roman toutes les indices se rapportant à la fin du monde selon Grainville.

5 http://www.revueanalyses.org

6 Les Saintes Ecritures, Traduction du monde nouveau, Watchtower, Bible, 1995.

7 Patrick GRAINVILLE, le jour de la fin du monde, une femme me cache, édition du Seuil, 2001.

De plus, il nous semble judicieux de relever la portée du titre de notre corpus de base ; Le jour de la fin du monde, une femme me cache8. OEuvre dont le titre a une dimension expressive et agressive et crée un effet de choc au lecteur.

Lorsque nous nous referons au titre de l'oeuvre la portée antithétique apparait directement de par l'expression fin du monde traduit déjà la pensée de l'auteur. La fin du monde dans notre corpus a plusieurs pans. Elle se lit d'une part, à travers le crash de l'avion, puis les personnages et leurs parcours dans l'oeuvre, enfin à travers les écrits.

3- Délimitation du sujet

Cette étape de notre travail consiste à définir les limites de notre question. Toutefois, il convient de signaler que l'oeuvre de Grainville, à savoir Le jour de la fin du monde, une femme me cache, n'a jamais fait l'objet de travaux sur le thème au sein de notre Département.

C'est par souci d'originalité que nous avons choisi ce contemporain aussi prolixe.

On nous reprochera sûrement le fait de n'avoir choisi qu'une seule oeuvre romanesque pour ce travail de recherche.

Une étude portant sur plusieurs textes nous aurait contraints à une analyse sommaire, superficielle de chaque texte, ce qui ne nous aurait pas permis d'apprécier la richesse et la finesse de différentes oeuvres du corpus.

8 Op. cit.

5

Or, la recherche thématique pour exister doit plonger dans les profondeurs, doit traverser l'épaisseur du texte afin de reconstituer la complexité des structures de signification qui y sont mises en procès.

4- Problématique

A cette étape de notre travail il est question de signaler l'orientation de notre recherche. Jérôme est un ancien voleur de voiture repentit. Bouleversé par les affres de la vie, souhaite qu'il y ait une catastrophe afin de détruire la Terre et tous ses maux, puis subitement, un avion vient s'écraser non loin de lui et créant une atmosphère de fin du monde dans une banlieue Parisienne.

L'oeuvre de Grainville est ambigüe en ce sens qu'elle nous entraine à partir des ressentiments d'un personnage, Jérôme vers les alcanes d'une fin du monde décrite par Grainville. Pour lui, le remède du mal existentiel serait une éventuelle fin du monde, enfin qu'après elle, il y est une nouvelle génération saine. Grainville se situe donc en marge du monde contemporain, auquel il reproche son manque de pragmatisme.

5- Hypothèse de recherche

L'oeuvre de Grainville nous introduit dans un univers chaotique, catastrophique et de malheurs.

Ainsi de l'articulation problématique de la principale notion qui ponctue notre recherche à savoir, lire la fin du monde fait référence à la déchéance, à la désolation, aux différentes incohérences existentielles des personnages dans le texte ainsi que, les différentes formes

d'écritures relevées dans l'oeuvre. Trois étapes ponctueront cette recherche, dont voici les grandes lignes ;

D'abord, en faisant parler le texte, nous présenterons les indices thématiques de la fin du monde. Ensuite, nous examinerons la toile de fond à travers l'analyse du discours. Enfin, la poétisation de la fin du monde dans l'oeuvre.

Avant de commencer, qu'il nous soit permis de faire quelques remarques sur le choix du thème. Ainsi, si nous avons retenu la fin du monde, ce n'est nullement pour en faire l'apologie. Simplement, nous pensons qu'il n'y a pas de sujet tabou et surtout les maux existentiels nous l'ayant permis, nous le traitons avec les mêmes appréhensions que nous aurions eu en face d'un autre sujet. Si tout au long du bégaiement qui va suivre, certains de nos propos tendaient à identifier en nous un partisan de la fin du monde, il ne s'agira sûrement que d'une mauvaise maîtrise de notre outil de travail : le français.

Au vu de la multiplicité des métaphores obsédantes, ressort une récurrence chez Grainville le désir d'une écriture rivée vers les catastrophes. Ainsi, quelques interrogations pourront nous édifier davantage sur la question.

- Quelles sont les caractéristiques de la fin du monde ?

- Comment la fin du monde se donne t-elle à lire dans l'oeuvre ?

- Comment la fin du monde est-elle poétisée dans l'oeuvre ?

Telles seront les quelques interrogations auxquelles nous devons

répondre tout au long de notre travail.

7

6- cadre méthodologique

Le but de toute investigation thématique est la recherche de l'architecture du sens9sous-entendu un système structuré de signes ; aussi, notre travail devra-il laisser apparaître dans une large mesure les traits relatifs à la fin du monde dans l'univers romanesque. Mais le risque ne demeure t-il pas de tomber dans le "réductionnisme" de certains critiques qui, au nom sans doute d'un certain positivisme ou réalisme historique, n'hésitent pas à ramener le texte contemporain à sa seule référence ? Une oeuvre romanesque ou poétique ne saurait pourtant en rien restituer un précis d'histoire.

L'analyse thématique telle que nous projetons de la pratiquer ici cherche à rétablir une sorte d'équilibre entre ces différents pôles descriptifs. Si nous reconnaissons la nécessité d'investir le signe littéraire de sa valeur intrinsèque de "signe vide", c'est-à-dire ouvert à un sens pluriel, non fermé sur un sens unique et non indexé sur une réalité extérieure mais plutôt psychique, nos investigations pourront quelque fois être socioculturelles du signe littéraire, car une écriture véhicule aussi d'une certaine manière un référent culturel qui ne peut être qu'extérieur au signe.

Si l'oeuvre ne peut pas être le reflet direct de la réalité, elle est néanmoins la représentation fantasmée. Les rapports qui se tissent entre la réalité fictive d'un texte et la réalité objective sont nécessairement des rapports de correspondance.

De plus, le texte narratif ne saurait en aucune façon se ramener à sa seule littérarité. Il est investi d'un pouvoir second qui l`institue en objet

9 Groupes d'Entrevernes, op.cit., p. 8.

de communication. La communication doit être prise ici dans le sens de transmission d'un message d'un émetteur à un récepteur10. Car ce qui caractérise en propre le discours littéraire, c'est bien le fait qu'il postule toujours une intention de signifier11 .

La critique thématique s'est partiellement constituée en réponse au thématisme et à ses problèmes. Attachée au nom de Jean-Pierre Richard, elle a reçu sa meilleure définition dans l'introduction de L'Univers imaginaire de Mallarmé (1961). Il y a pour Richard une manière proprement critique d'envisager les thèmes de la littérature. La psychologie doit se subordonner à l'herméneutique des thèmes internes à une oeuvre. Ainsi considérés, ces thèmes permettent une interprétation dite « totalitaire », et qui fonctionne au niveau de la sensation, de l'appréhension intellectuelle et du système d'écriture.

La critique de Jean-Pierre Richard est bel et bien une poétique, prenant appui sur une analyse transversale de faits récurrents. Une semblable ambition générale commande le recours à une science de l'esprit. Or celle-ci se constitue essentiellement à partir de deux ensembles élaborés dans le premier demi-siècle, la clinique (dont la psychanalyse et la psychologie française avec Bachelard, et, par lui, Bergson) et la phénoménologie.

Nous retrouvons dans la critique thématique la question de la conscience créatrice. Il y est bien question des perceptions de l'auteur et de l'imaginaire de Mallarmé ou Proust. On se concentre sur un sujet qui doit beaucoup à la monade de Husserl. Son inconscient s'exprime aussi, et voilà l'apport de la psychanalyse. Est valable tout ce qui aide le lecteur

10 J. Courtès, Initiation à la sémiotique narrative et discursive, Paris, Hachette Université, 1076, p. 33.

11 Charles Boulon, La signification : Contribution à une linguistique de la parole, Paris, Klincksieck, 1979, p. 155.

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à reconstituer l'unité de l'esprit qui écrivait. Le thème répété « signale l'obsession » « ici comme ailleurs », affirme Richard. La perspective unitaire est donc soutenue par la scansion thématique. Non seulement il n'est « point de contradictions » dans les grandes oeuvres comme celle de Mallarmé, mais le thème est « un principe concret d'organisation » de cette conscience écrite; « autour [de lui] aurait tendance à se constituer et à se déployer un monde ».

En d'autres termes, et sans échapper à la tautologie, le thème est posé dans un univers textuel, il est l'axe d'un univers littéraire. Le foisonnement, les différences dans la répétition sont arasées au profit d'un élément organisateur. Du moins dans son projet, Richard rejoint en ce sens le structuralisme : « La critique peut s'assigner pour tâche de vaincre, pas à pas, l'apparent désordre de l'oeuvre. ».La thématique offre une vision globale, unifiée, ordonnée et rationalisée des textes, dont elle rend la stratification interne (perception, réflexion, poétisation).

La diversité des approches sera l'un de nos principaux soucis. Nous voulons aborder ce texte sans présupposés, car recherche ainsi que l'assure Greimas, n'a de sens que si elle permet de découvrir ce que l'on n'a pas cherché et prévu à l'avance, une quête dont seul le parcours peut être entrevu, mais dont l'objet de valeur est à constituer, une épreuve dont l'issue n'est pas certaine12.

Notre travail est précisément une quête vers les formes multiples de la présence du sens et les modes de son existence13.

12 Greimas, avant-propos à Les enjeux de la sémiotique, op. cit., p. 6.

13 Greimas, Du sens, Paris, seuil, 1970, p. 17.

PREMIERE PARTIE

10

LES INDICES THEMATIQUES DE LA FIN DU MONDE

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon