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Impacts des politiques de financement et d'accompagnement a la création des entreprises dans l'espace UEMAO : cas du Bénin

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par Tchegoune KOBA
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise de sciences Eéconomiques 2008
  

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Conclusion partielle

En définitive, on constate qu'il y a une complexité du dispositif institutionnel liée à sa
transversalité, à la multiplicité de structures intervenant dans la PME avec des
relations timides voire inexistantes ce qui limite l'efficacité de la portée de leurs

actions. En effet l'inexistence de concertation, de cohérence complique la tache des PME, ce qui peut mener à l'inefficacité.

En outre, le secteur est caractérisé par l'absence de vision et d'une stratégie claire et partagée par l'ensemble des acteurs du secteur, ce qui complique davantage la coordination des appuis des différents intervenants. Face à ces multiples problèmes, il est urgent de rationaliser la dispositif institutionnel pour permettre une utilisation optimale des ressources financières et humaines afin de booster le secteur des PME. La lettre de politique sectorielle élaborée par la Direction des PME est une opportunité qui est venue à point nommé pour apporter une solution à la rationalisation du dispositif institutionnel.

CHAPITRE 2 : Accompagnement à la création des Entreprises

L'aide à la création d`entreprises s'est développée depuis les années 80. L'échec des politiques Africaines macroéconomiques de lutte contre le chômage, la redécouverte des vertus de la petite entreprise sur les dynamiques locales de l'emploi, ainsi que la nécessité croissante pour de nombreux chômeurs de créer leur propre emploi ont conduit les pouvoirs publics à développer des initiatives d'aide à la création d'entreprise. Cependant, il est intéressant de noter une particularité de la situation ouest africaine : le développement de systèmes d'appui aux créateurs n'a pas fait l'objet d'une politique sous régionale. Plusieurs études ont effectivement montré que ce sont les acteurs locaux ou régionaux, tant privés que publics, qui ont pris le relais et créé leurs systèmes d'appui, pour relever les enjeux en terme d'emplois, de renouvellement des tissus économiques locaux. Il en résulte aujourd'hui un très grand nombre d'acteurs et une large diversité des actions engagées, qui se structurent autour de trois axes : le développement de réseaux d'accompagnement, le soutien logistique et l'appui financier. Ces axes pourraient être croisés avec les publics ciblés (chômeurs, chercheurs, ...) pour aboutir à une segmentation plus pertinente des acteurs présents. Parmi ces derniers, l'économie sociale tient une place singulière, comme en témoigne le marché Béninois que nous étudions ici. Associations, ONGs, Coopératives (Coopérative d'Activité et d'Emploi)..., autant de structures de l'économie sociale implantées sur le territoire Béninois qui offrent aujourd'hui des services d'accompagnement et de financements à des entrepreneurs s'inscrivant majoritairement dans l'économie classique. Ces structures de l'économie sociale cherchent, au delà de la création d'entreprises, à valoriser le droit à l'initiative. Elles revendiquent ainsi une insertion possible par l'économique, remettant en cause une logique de l'assistanat induite par le traitement social du chômage. Pour ce faire, elles ont, depuis plusieurs années, introduit des innovations sociales dans le champ de la création d'activités pour des publics en difficultés en se plaçant aux confins de plusieurs problématiques : celle du développement économique, du développement local, de l'insertion économique et de l'insertion sociale. Cherchant à déployer leurs services en réseau, elles s'appuient sur la mobilisation d'acteurs pluriels (publics et privés), dont les logiques et rationalités peuvent entrer en conflit. L'analyse de ces structures présente un intérêt

majeur tant elle concentre de questionnements qui émaillent régulièrement les recherches à propos de l'économie sociale, ses rapports avec l'économie dite classique, sa professionnalisation, son inscription territoriale, ses tendances à l'isomorphisme organisationnel, ou la spécificité de son « utilité sociale ».

Section I : Politiques d'accompagnement à l'entreprenariat dans l'UEMOA

I.1. Dispositifs d'appui à la création

Les dispositifs d'appui à la création d'entreprises, notamment en direction de publics en difficulté, connaissent un essor particulier depuis une dizaine d'années. Ces structures associatives et publiques côtoient désormais dans le champ de la création d'entreprise les acteurs historiques et institutionnels que sont les chambres de commerce et d'industrie et les chambres des métiers, ainsi que des acteurs privés spécialisés (experts comptables, avocats).

I.1.1. Soutien et accompagnement des entrepreneurs

L'objectif de ces dispositifs locaux, nationaux mais aussi ouest africain, est d'inciter les chômeurs ou les sans emploi à créer leur entreprise pour favoriser leur retour à l'emploi. Ils sont en cela aidés par des associations, coopératives et structures publiques, dont les métiers s'articulent autour de l'accompagnement et/ou du financement de projet. OEuvrant pour l'insertion par l'économique, ces dispositifs présentent une double facette. Ils apparaissent comme une voie possible de lutte contre le chômage et l'exclusion, et constituent un maillon de la politique de l'emploi : ils s'inscrivent donc dans le champ de la politique sociale.

L'OCDE (2001) présente un tableau synthèse des dispositifs de promotion de l'entrepreneuriat chez les jeunes (voir le tableau 1). Les jeunes constituent en effet un public cible très soutenu par les différents programmes. Outre quelques nuances, la grande partie de ces dispositifs sont aussi utilisés auprès des autres publics. Bien qu'il faille admettre qu' « aucun pays ne le met en oeuvre dans son intégralité », le

tableau présente la totalité du processus, implanté de façon optimale, systématique et idéal.

Tableau 1 : Caractéristiques des dispositifs de promotion de l'entrepreneuriat

Formation hors du système d'enseignement ordinaire

Compétences en gestion des entreprises Qualités d'entrepreneur

Aide au démarrage

Aide au développement de l'entreprise

Financement :

Capitaux : prêts, subventions, prix Accès au crédit

Soutien logistique

Locaux

Équipements

Idées

Conseils et encadrement

Soutien opérationnel

Planification

Gestion opérationnelle

Gestion financière

Formation de réseaux

Associations nationales et internationales

Transferts entre génération

De connaissances à travers le conseil D'entreprises et activité lors du départ à la retraite

Tiré d'OCDE (2001)

Pour Howard (1990) trois types de soutien facilitent le démarrage : le soutien financier, le soutien stratégique et le soutien commercial. De son côté Barès (2004) identifie trois axes pour faciliter l'accès à la création d'entreprise : l'appui financier, le développement d'un réseau conseil et le soutien logistique. Dans le cas d'une création ex-nihilo, le soutien fait appel aux conseils stratégiques, financiers, juridiques et fiscaux et à la mise en place de toutes les politiques fonctionnelles (production, communication, vente, gestion ou ressources humaines) (Kokou Dokou, 2001). Pour Maggioni et al. (1999), les mesures peuvent chercher deux objectifs : d'une part former et encourager les gens à devenir entrepreneur, et d'autres part diminuer les coûts liés aux activités entrepreneuriales (réduction de taxes, incubateur, information, prêts garantis et des subventions). On peut ainsi dire que les mesures visent l'accès à trois types de capital : 1- le capital financier, 2- le capital humain et 3- le capital social. Le premier relève davantage de mesures

gouvernementales nationales, qui permettent aux entrepreneurs d'avoir accès à des fonds divers sous formes de subventions ou autres. Les deux autres, quant à eux, sont souvent l'affaire du milieu local. Ce sont donc les agents locaux qui ont la responsabilité de cette acquisition. Par le biais des programmes de formation et de suivi par des conseillers par exemple, les entrepreneurs peuvent acquérir de nouvelles compétences (capital humain) de même qu'être mis en relation avec divers réseaux (capital social). Sous l'influence croisée de ces agents, le territoire peut connaître de notables transformations pour s'assurer une dynamique économique favorisée par les pratiques d'accompagnement (Albert et al. 1994; Saporta, 1994). Cet accompagnement entrepreneurial, il s'inscrit dans la perspective de l'aide au conseil à la création et au management stratégique. Il s'agit d'une méthode fondée sur l'heuristique de décision et sur la systémique (Julien, 1997). Les démarches d'accompagnement à la création d'entreprise sont désormais courantes et font partie des préoccupations socio-économiques locales (Fourcade, 1991). Les actions collectives de sensibilisation à la création d'entreprise et d'accompagnement des créateurs émanent de cette nécessité de dynamiser le territoire local

(Johannison, 1988).

I.1.2. L'accompagnement : une pratique aux multiples visages

Bien que l'accompagnement ne soit pas une pratique nouvelle, elle a gagné dans les dernières années en popularité. L'accompagnement n'est pas limité au champ de l'entrepreneuriat, bien au contraire. On pratique l'accompagnement dans plusieurs milieux : en éducation, en formation professionnelle, dans le domaine sportif, juridique, social ou encore socio-économique, dans le contexte hospitalier, et bien d'autres. Cette pluralité des domaines d'application rend l'accompagnement parfois difficile à cerner, d'autant plus qu'il s'agit d'une pratique devant être adaptée selon les situations. Certains en parlent d'ailleurs comme d'une « nébuleuse » (Paul, 2002). La sémantique utilisée pour parler d'accompagnement illustre bien cette réalité. Dans la langue française, il est souvent synonyme d'aide, de conseil, de soutien, alors qu'en anglais, on en parle aussi avec des termes tels que counselling, coaching, tutoring, sponsoring ou encore mentoring. La figure 1 reprend la nébuleuse telle que schématisée par Paul (2002).

Malgré tout, ces différents visages de l'accompagnement présentent des caractéristiques commues et reposent sur une même logique. Sa véritable essence est une question de position relationnelle, de valeurs et d'éthique (Roberge, 2002, p.2) .Accompagner, dans son sens strict signifie « se joindre à quelqu'un pour aller où il va en même temps que lui » (Paul, 2002, p.54).

Au-delà d'une pratique, il s'agit à la fois un art et un métier. En effet, « le métier

I.2. Impacts et recommandations

La confiance générée et la légitimité acquise permettent aux organismes de l'économie sociale d'engager les entrepreneurs dans une dynamique d'apprentissage de leur métier de manager et contribuent à façonner leur capital social et humain. Le dispositif d'aide est aujourd'hui bien établi et permet de répondre à la diversité des besoins à chaque étape du processus de création de l'entreprise, depuis la sensibilisation à la question « pourquoi pas moi ? » aux

premières commandes des clients. Force est de constater que l'offre de conseils, de formations et de financements a considérablement évolué au cours des deux dernières décennies. Des premiers rendez-vous individuels donnés dans une boutique de gestion aux effectifs bénévoles et réduits, on est passé à des cycles de formation très structurés délivrés par des professionnels.

Mais au delà de cette capacité à former des managers, les associations et organismes régionaux doivent développent par leurs outils d'accompagnement de véritables capacités à gérer un trajectoire professionnelle. Ceci est particulièrement vrai lorsque l'activité créée n'est finalement qu'une activité de survie ou une activité qui permet tout juste de faire vivre la famille, sans avoir un véritable potentiel de développement (Richez-Battesti, 2003). La création d'entreprise est alors susceptible de limiter l'intégration économique. D'autant que le créateur est confronté à l'isolement du chef d'entreprise et la faiblesse de ses revenus ne permet pas toujours l'accès à la protection sociale. Il doit aussi affronter les risques de défaillance de son entreprise. Le créateur risque alors de continuer à s'inscrire dans cette précarité, déjà largement expérimentée dans sa trajectoire sociale et professionnelle antérieure (récurrence de petits boulots, instabilité professionnelle...). Ici, créer son entreprise c'est sortir de la précarité, mais c'est aussi rentrer dans un autre type d'incertitude. Les entrepreneurs de leur propre emploi, en réalisant leur projet, rentrent dans un « espace intermédiaire » (Roulleau-Berger, 1999). RichezBattesti (2003) préfère parler d'espace de transition en ce sens qu'il débouche sur plusieurs configurations : soit la pérennisation de l'activité entrepreneuriale avec une logique de professionnalisation, soit un accès à l'emploi salarié exprimant ainsi pour eux une reformulation des règles d'accès à ce travail salarié, soit le retour à la situation initiale, voire à une forme d'isolement social. On voit ici que le projet d'insertion est largement corrélé à la nature de l'accompagnement. Et que la diversité des situations et des projets personnels requiert une diversité des formes d'accompagnement. C'est probablement dans cette capacité à se représenter cette diversité et à y répondre que l'économie sociale fait preuve d'une grande capacité d'innovation. Au-delà de la création d'un réseau de confiance qui permette aux entrepreneurs de s'insérer dans l'économie, elle va développer des outils de management de projet qui concernent à la fois le projet entrepreneurial et le projet personnel. Ceci se traduit par un souci d'expertise, d'accompagnement global, de professionnalisation.

Section II : Caractéristiques et impacts du système d'accompagnement à la création des PME/PMI au Bénin.

En ce qui concerne la promotion des PME/PMI dans le cadre des économies locales décentralisées, il s'agit de recenser les potentialités de développement de nos localités, qui en raison des contraintes diverses (absence ou état défectueux des voies d'accès, faibles capacités des administrations locales, fiscalité locale inadaptée à la petite entreprise, absence d'une manière générale de structures d'appuis, et particulièrement de services financiers offrant des produits adaptés aux PME/PMI, etc.) ne sont valorisées et d'initier des actions appropriées pour promouvoir l'entreprenariat local. Les actions inscrites ici visent à accompagner le mouvement de la décentralisation au Bénin.

II.1. Différenciation des acteurs et des secteurs formel et informel

II.1.1. Repérage des acteurs et proposition de classification

Au-delà d'une simple énumération des principaux acteurs présents dans la phase d'accompagnement ante création et proposant différents appuis en matière de création d'entreprise, nous avons tenté - à partir des entretiens réalisés auprès des acteurs de la ville Cotonou au Bénin - de construire une classification ; elle a été réalisée, à partir de plusieurs critères, à savoir leur forme juridique (publique / privée et associative ou coopérative) et leur métier (spécialiste de l'accompagnement / généraliste) (Cf. tableau 2) et les types de publics accompagnés (Cf. tableau 3).

Vu qu'il existe peut de statistiques sur les organisations opérant dans le secteur de l'accompagnement au Bénin, une ébauche de structuration des aides s'impose.

Tableau n°2: Structures d'aide à la création d'entreprises par statut / métier

Organisations publiques
ou parapubliques

Organisations privées

 

Economie Sociale

 

Généralistes

Généralistes

Spécialisées

Chambre de Commerce et d'Industrie du Bénin

Chambre des Métiers

Information, formation, mise à disposition de conseillers Hébergement du centre de formalité des entreprises

ANPE Spécialisées

PADME

Formation, accompagnement Public défavorisé / chômeurs Compétences

Bénévoles, conseil en structuration, financement, démarches administratives

Entente des Générations pour l'Emploi

et l'Entreprise Bénévoles, Conseil et Parrainage

Coopérative d'Activité et d'Emploi

Portage salarial PAPME

Financement et accompagnement

PADME

Plate forme d'initiative locale, accueil,

accompagnement, prêt d'honneur

Fonds de Développement Solidaire

Publics en difficulté, accompagnement

Association pour le Droit à l'Initiative

Economique Financement Nouvelle Economie

Fraternelle

Financement Vital Finance Financement

Ordre des Experts

comptables

Ordre des Avocats

Cabinets conseils spécialisés dans l'accompagnement

Banques

IMFs

Acropole

Technopole, accueil des porteurs de projets

innovants, conseil,

formation, club

d'entrepreneurs

Tableau n°3 : Structures d'aide à la création d'entreprise par public / projet

Caractéristiques du public/projet

Structures concernées :

Tous publics, l'activité est commerciale ou

industrielle

La CCIB

La BRS

Compétences

Ordre des Experts Comptables

Tous publics, l'activité est artisanale

La Chambre de métiers

Ordre des Experts Comptables

Tous publics, l'activité est agricole

La Chambre d'agriculture Ordre des Experts Comptables

Le projet est porté par un demandeur d'emploi

L'ANPE propose une information et des services d'aide à l'élaboration du projet La BRS

Compétence

Important travail en relais avec autres services

d'aide à l'insertion par l'économie tels la Plate

Forme d'Initiative Locale

Le projet est porté par un demandeur d'emploi

cadre

L'APEC qui organise des réunions d'information et des services d'aide à l'élaboration de projets

La BRS

Compétence

Important travail en relais avec autres services

d'aide à l'insertion par l'économie tels la Plate

Forme d'Initiative Locale

Le projet est porté par une ou plusieurs personnes exclues du marché du travail et du

système bancaire classique

- L'ADIE, qui aide les personnes en difficulté à

créer leur propre emploi

- FODEFCA

II.1 .2.Réponses aux besoins des entrepreneurs par une dynamique de réseau

La problématique de l'accompagnement nous renvoie implicitement au débat autour des interactions Individu / Structures socio-économiques, à savoir est-ce l'entrepreneur qui tire le développement économique ou est-il porté par la dynamique des marchés (Boutillier et Uzunidis 1995) ? Quels que soient les pays et la nature de leur politique économique, force est de constater que les pays plus libéraux ont toujours favorisé des mesures d'appui à la création d'entreprise, car il existe de nombreuses interactions entre l'acteur et le système.

Aussi, pour le petit entrepreneur, devenu aux yeux des pouvoirs publics, créateur d'emplois (le plus souvent son seul emploi), si la création d'entreprise peut être assimilée à un réflexe de survie (créer son propre emploi), il ne peut faire fi du contexte concurrentiel dans lequel s'inscrit son projet de création. D'où l'intérêt de développer des démarches d'accompagnement d'ordre socio-économique, afin d'accompagner des porteurs vers une création qui leur permettra de sortir de la précarité et d`acquérir un statut ainsi qu'une reconnaissance sociale.

Du héros mythique de l'histoire économique schumpetérienne, les économistes français, depuis Cantillon18 et surtout Jean Baptiste Say, ont très vite montré combien il se différenciait du capitaliste. L'analyse du profit comme rémunération du risque et des « talents » de l'entrepreneur les conduisent à examiner de plus près ce « travail » singulier de l'entrepreneur. Une importante littérature lui a été depuis consacrée mais puisque nous traitons ici de l'économie sociale, laissons Charles Gide (1919, p.607-608) nous rappeler comment l'économiste conçoit les principales fonctions de l'entrepreneur :

« - l'invention, [...] le rôle de l'entrepreneur est justement d'avoir des idées - non pas nécessairement des idées de génie mais des idées commerciales- c'est-à-dire surtout de découvrir ce qui plaira au public. [...]

La direction, [...] le travail collectif est plus productif que le travail isolé - mais à condition d'être organisé, discipliné, commandé. Il faut donc quelqu'un qui distribue les tâches et assigne chacun à sa place : c'est le rôle de l'entrepreneur [...]

- la spéculation commerciale. Ce n'est rien de produire : l'important c'est de vendre, c'est de trouver des débouchés. Voilà encore un des traits caractéristiques du travail de l'entrepreneur, et de la plus haute importance sociale, puisque par là il tend,

quoiqu'inconsciemment, à rétablir sans cesse l'équilibre entre la production et la consommation. »

Encore faut-il, aurait ajouté J.B.Say (1803)19, qu'il puisse trouver des fonds pour financer son entreprise et que pour ce faire « il soit solvable, connu pour un homme intelligent et prudent ». Depuis la crise de 1975, ces repères théoriques et économiques relatifs à l'entrepreneur se sont brouillés, pour aboutir à une distinction entre deux catégories d'entrepreneur, à savoir, l'entrepreneur routinier et l'entrepreneur innovateur, dont les possibilités d'action changent en fonction de l'état de la technologie, de la concurrence, de la réglementation, du niveau de production industrielle, du degré de socialisation des rapports marchands (Boutillier et Uzunidis 1999). C'est précisément cette caractérisation préalable des difficultés et contraintes propres à chaque période qu'il importe de prendre en compte pour mieux cerner la nature des besoins des entrepreneurs.

II.1.3. Des idées nouvelles qui rencontrent un marché

- Vers une démarche socio-économique

Schumpeter a donné une lecture assez dramatique de l'innovation qui reste encore très prégnante dans la littérature et dans les esprits. Nous voudrions ici rompre avec cette lecture mythique tant la réalité de la création d'entreprise comme les analyses théoriques de l'innovation s'y opposent. Les dernières ont montré son caractère cumulatif, localisé, et tendent de plus en plus à valoriser les innovations incrémentales et leur rôle incomparable dans le développement technologique et le développement des marchés. Les créations d'entreprises concernent majoritairement des entreprises individuelles (création ex nihilo et auto-emploi) largement centrées sur la reproduction d'activités déjà existantes (entrepreneuriat routinier), ce que Sallais et Storper (1993) nomment le « monde de la petite production de proximité ». Il ressort, d'un dialogue entre la réalité et la théorie, la nécessité de relativiser le lien entre innovation et création d'entreprise pour ne considérer celle-ci que de façon très générale comme l'aboutissement d'un projet personnel, concernant une idée plus ou

II.2. Diagnostic et Impacts sur la nouvelle Economie sociale

II.2.1. Les innovations introduites par les structures de l'économie Sociale

A ce jour, ces structures de l'économie sociale constituent des acteurs clés du dispositif d'appui à la création d'entreprise et d'insertion par l'économie, dès lors que l'on contextualise les données sur la création d'entreprise (Cf. encadré 1, qui montre le poids de l'auto emploi dans les statistiques sur la création). Elles doivent leur succès à une stratégie de réponse adaptée aux besoins spécifiques des entrepreneurs qu'elles accompagnent, à savoir majoritairement des chômeurs et des déflatés. C'est en analysant les besoins des porteurs de projet, que nous montrerons quelle peut être la spécificité des besoins de ces entrepreneurs singuliers qui constituent le public des structures de l'économie sociale. Puis nous montrerons comment la capacité de l'économie sociale à gérer des logiques diverses et à s'insérer dans des réseaux lui permet de répondre de façon adéquate à ces besoins.

II.2.2. Les spécificités des services d'accompagnement de l'Economie Sociale

Si l'entrepreneuriat s'inscrit dans un dynamique de réseau, la question qui se pose à nous est celle de la spécificité de l'économie sociale au regard d'autres organismes publics ou para publics.

A la question « Pourquoi l'économie sociale ? », la littérature consacrée répond par une analyse des défaillances du marché et des contrats (Hansmann, 1980) ou par celle des carences des pouvoirs publics dans l'offre de biens publics (Weisbrod, 1988). Elle considère que les parties prenantes (Ben-Ner, Van Hoomissen, 1993) d'une association sont réunies pour s'offrir et fournir à d'autres des biens ou services qui ne sont pas fournis de façon adéquate par le marché ou le secteur public ; elle affirme en outre que la structure singulière des droits de propriété et des modalités de gouvernance permet de résoudre des difficultés de coordination (Enjolras, 2000).

Hite (2005) souligne que c'est la caractéristique des relations de réseau qui vont influencer la façon dont les opportunités et les ressources vont être identifiées, mobilisées et exploitées par les entrepreneurs. Il s'agit donc pour nous d'examiner dans quelle mesure les relations de réseau entretenues par les associations peuvent fournir de façon adéquate des moyens d'identifier, de mobiliser et d'exploiter des ressources et des opportunités et si la spécificité des organisation l'économie sociale et de leur gouvernance peut aider les entrepreneurs à résoudre certaines difficultés de coordination avec les réseaux adéquats.

Les dispositifs de soutien à la création et au développement des entreprises sont nombreux au point tel d'engendrer certains problèmes. Dans le cadre de cette étude, les intervenants ont soulevé le manque d'arrimage et de concertation entre les différentes entités. L'organisation générale de l'offre en matière de soutien à l'entrepreneuriat pourrait donc être améliorée. D'une part, il est proposé de renforcer la cohésion entre les divers organismes d'intervention. D'autre part, en raison de la multitude d'intervenants existants, il semble que les promoteurs ont une méconnaissance des organismes existants et ne savent souvent pas toujours vers qui se tourner.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon