WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Exploitation et gestion des ressources naturelles dans l'ile à  Morphil. Etude de cas: l'arrondissement de Cas-Cas (département de Podor)

( Télécharger le fichier original )
par Aliou Wane
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II : LES STRATEGIES DE GESTIONS DES RESSOURCES

NATURELLES ET LEURS IMPACTS DANS L'ARRONDISSEMENT

L'analyse des systèmes de production a révélé que l'arrondissement de Cas-Cas subit de plein fouet les effets néfastes de l'action anthropique et des facteurs physiques sur les ressources naturelles. Ce constat a alerté les populations, les collectivités locales et les partenaires au développement pour l'application de mesures protectrices. Pour s'adapter à ces changements, ils ont individuellement ou collectivement adopté des modes de gestion pour sauvegarder l'écosystème.

Ces actions constituent dés lors, des réponses aux problèmes de dégradation de l'environnement et ont des impacts sur le milieu.

I. LES MODES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

La gestion est un mode d'intervention tendant à utiliser les ressources naturelles dans le but de les valoriser pour satisfaire des objectifs (de survie) sans compromettre leurs possibilités et capacités de renouvellement. Il s'agit des procédés qui permettent de répondre aux besoins des populations et de garantir la préservation de la base des ressources.

En fonction des acteurs, des moyens ou de la ressource, les modes de gestion sont traditionnels ou modernes.

I.1 Les méthodes traditionnelles de gestion des ressources naturelles

Elles sont initiées par les populations locales et s'appuient généralement sur des techniques et valeurs traditionnelles. En effet, les habitants de l'île à Morphil dépendent essentiellement de l'exploitation des ressources naturelles pour satisfaire leurs besoins vitaux. La dégradation de cet écosystème leur a obligé de s'adapter en mettant en place des stratégies pour mieux gérer l'espace de manière durable. C'est ainsi que différents modes de gestions naturels sont utilisés :

1.1.1 Action d'économie de l'eau

Dans cette logique de raréfaction des précipitations et de la réduction des activités agricoles surtout dans le système traditionnel, les paysans effectuent des actions d'économie de l'eau, qui permettent une gestion de l'eau en vue des cultures de Diéri. C'est ce qui explique l'émergence de techniques particulières pour répondre aux exigences de production. Nous avons noté à ce titre :

· Le « mballa », c'est une technique qui consiste à recueillir les eaux pluviales dans les champs du Diéri. L'exploitant crée ou cherche une dépression où l'eau stagne qu'il encercle avec une clôture naturelle (photo 7). Actuellement le Diéri se résume à ces « mballa ».

· Le « Houddou », c'est une pratique similaire au « mballa » mais celui-ci se particularise par la réalisation de petits barrages pour stagner l'eau pluviale. Il est surtout effectué pendant les périodes de déficit pluviométrique. Ainsi, la culture du mil est très répandue avec ce système.

· Le « Aboji », cette pratique est exercée dans les mares pour palier l'insuffisance en eau. Il se fait en fin d'hivernage notamment sur le Walo pour profiter au maximum de l'humidité du sol.

Ces procédés traditionnels permettent de maintenir une agriculture pluviale même avec des années de déficit pluviométrique. Ce technique de captage des eaux est gratuite et n'exige guère d'investissement autre que le travail. C'est un précieux recours pour des paysans pauvres.

Photo 10 : L'exemple d'un « mballa » qui se remplit progressivement en fonction des pluies

Dans cette lancée, des formes traditionnelles de gestions des eaux de surface sont réalisées par les populations du terroir. La pratique la plus répandue est le curage des cours d'eau et puits que les associations villageoises de développement (AVD) et les associations traditionnelles (Féddé wouro, légual...) organisent fréquemment. Par delà, des mesures protectrices sont adoptées pour éviter une pollution domestique : interdiction de faire la lessive dans les cours d'eau, interdiction d'y jeter des ordures ou d'y laver des ustensiles de cuisine.

I.1.1 Les actions de fertilisation des terres

La logique paysanne, fondée sur une tradition ancestrale et une expérience locale, développe des stratégies pour s'adapter aux impératifs du milieu physique :

· La fertilisation par le fumier organique

Il s'agit de l'usage du fumier animal pour enrichir les sols appauvris par les cultures et le déficit d'eau ou l'érosion éolienne. Cette fertilisation organique ne concerne que les systèmes de cultures traditionnelles notamment la culture sous pluie (Diéri) et les cultures de décrue. D'habitude, après les récoltes du Walo ou Diéri le bétail pâture régulièrement dans les champs (niayko) et de ce fait assure la production de fumier.

Ainsi, au moment du défrichage (saison des pluies) les déjections sont minutieusement remuées avec la terre. Du fait que, la quasi-totalité des populations entretiennent un élevage domestique, ce système est largement pratiqué pour pallier à l'épuisement des sols dans la mesure où l'engrais chimique n'est pas utilisé dans ce type de cultures.

·  Le paillage ou le maintien des résidus de récolte sur les champs

Cette technique de conservation des sols, consiste à abandonner les tiges de sorgho ou de mil sur pieds, les feuilles de patates ou fanes d'arachides sur place. Ce qui protège le sol de la forte insolation en saison sèche, des effets néfastes du ruissellement ou de l'action destructrice de l'érosion éolienne. Ces débris de végétaux laissés à la surface des champs, constituent un apport important en humus.

·  La subdivision culturale et l'alternance des cultures

L'association de plusieurs cultures sur le même champ (sorgho, niébé, pastèque...) assure la stabilité du champ et permet une bonne couverture du sol en réduisant l'érosion. En outre, l'alternance de cultures entre le sorgho et le maïs dans le Walo ou la tomate et la patate dans les Pallé, ou dans le Diéri : fêla, sounna et niédico, vise à éviter qu'un type de culture unique épuise à la longue la fertilité du sol.

I.1.2 Les actions de fertilisations par l'intégration de la végétation et de l'élevage aux cultures

· L'association des arbres aux cultures

Les paysans aménagent très souvent des arbres comme : Acacia albida, Zizyphus mauritania ou Verticillata borreria dans les champs de Diéri ou Walo. Ces arbres freinent la vitesse du vent, fournissent l'ombrage et leur litière protège le sol contre l'érosion. Dans les réserves protégées (Saré-Souki et Barangol qui sont en même temps des falos), nous observons une forte intégration de l'arbre aux cultures.

Par ailleurs, dans certains champs du Walo le recours à la jachère est largement effectué au profit de l'agriculture irriguée. Cette jachère permet la reconstruction naturelle des éléments nutritifs du sol.

· La dépendance de l'élevage à l'agriculture

L'élevage est un système qui s'intègre harmonieusement dans la production agricole. Le premier bénéficier des récoltes est le bétail. La quasi-totalité des paysans interrogés affirment pratiquer l'agriculture pour garantir une disponibilité de foins (fanes d'arachides, épis de mil, paille de riz...) aux animaux.

Ainsi, après les récoltes l'herbe est soigneusement stockée dans des abris alors qu'une partie est abandonnée dans les champs pour la vaine pâture. La transhumance constitue une alternative en cas de déficits d'herbes pour une gestion rationnelle du pâturage.

I.2 Les formes modernes de gestions des ressources naturelles

Elles sont généralement l'oeuvre des projets, ONG et autres partenaires au développement ou structures d'encadrement en matière de développement rural.

1.2.1 L'accès aux ressources en eau

Les ressources en eau, sont gérées principalement par le COGEFOR, cependant avec la raréfaction des ressources halieutiques dans l'arrondissement, une nouvelle initiative (la pisciculture) est développée dans le village de Aram sur le Doué.

· La diversification des méthodes d'accès à l'eau

La gestion des ressources en eau est une donnée incontournable dans le terroir. Les forages occupent une place notable dans la satisfaction des exigences hydriques.

C'est ainsi que, pour réglementer l'exploitation de l'eau, un comité de gestion du forage (COGEFOR) est mis en place dans tous les villages disposant cette infrastructure. Nous avons constaté une extension du réseau avec chaque maison qui dispose un compteur volumétrique. La distribution des eaux se fait par un pompage à l'aide des groupes électrogènes dans les villages de l'île à Morphil. Par un pompage électrique à Cas-Cas et les trois villages sièges de CR qui disposent des stations multifonctionnelles qui draine et recycle l'eau.

· La gestion des ressources halieutiques à Aram

Pour contrer la dégradation du milieu aquatique et faire face à la raréfaction des ressources halieutiques durement ressentie dans le village de Aram, la fédération lao en partenariat avec l'agence nationale de l'aquaculture basée à Richard-Toll, a initié la pisciculture dans ce village de pécheurs.

Ainsi, 10 cages flottantes de 10m3 chacun (carré de 2,5 m côté sur une profondeur de 1,65m) sont aménagés sur le Doué avec une densité de 1.000 alevins par cage, constitué par une seule espèce « Oréochromys niloticus » ou tilapia (thiddéré ranéré) très résistant aux conditions du milieu (température de l'eau et climat). En effet, le technicien de pêche recruté et appuyé par un comité de gestion, se charge de l'empoissonnement et de l'alimentation des alevins avec de la farine de poissons quatre fois par jour. (Photo 11)

Photo 11 : Le projet de pisciculture à Aram

Après 6 mois d'élevage (taille marchande 250g), la récolte de la phase test s'est réalisée en Décembre 2008 avec 668 kg de poisons obtenus et commercialisés en raison de 1.000 CFA / kg. Vu la réussite de cette première campagne, actuellement une seconde est amorcée.

En somme, le projet de pisciculture d'Aram est la plus grande activité de gestion des ressources naturelles dans l'arrondissement. D'ailleurs la fédération lao envisage l'extension de ce projet dans d'autres villages.

· L'assainissement

La canalisation des eaux de pluies est effectuée dans certains villages. Pendant l'hivernage, les villages sont caractérisés par l'insalubrité avec la stagnation des eaux pluviales au niveau des quartiers, ce qui peut être vecteur de maladies. Ainsi, à Thioubalel lao l'UDEST16(*) a réussi à effectuer un système de canalisation rudimentaire mais efficace qui draine les eaux pluviales vers le fleuve.

1.2.2 Les actions de gestion des terres

1.2.2.1 Actions pour augmenter le rendement des récoltes

Il s'agit des mesures appliquées dans la fertilisation des sols principalement dans les aménagements hydro-agricoles soumis régulièrement à la culture et l'utilisation de l'engrais chimique.

La culture irriguée est actuellement la principale préoccupation des agriculteurs de l'île à Morphil, deux à trois campagnes agricoles sont régulièrement pratiquées dans les PIV ou les jardins des femmes.

Dans ce cas, l'épuisement des sols est toujours solutionné par la fumure minérale (engrais blanc ou urée). Cette fertilisation chimique permet l'usage continu des périmètres irrigués.

· Les cultures intercalaires ou cultures mixtes

La culture intercalaire désigne deux ou plusieurs plantes cultivées en même temps dans le même champ. Elle est l'apanage des GPF tournés vers le maraîchage, cultivant en même temps : tomate, oseille, piment, gombo et aubergines pour la campagne « Daboundé », légumes et arachides pour la campagne « Ndougou ».

Cette culture mixte permet différentes combinaisons : une rangée de piment et une rangée de gombo, suivies d'une autre rangée de piment, sur les pourtours du périmètre une rangée de tomate s'élabore. Ainsi, ces différentes combinaisons diminuent le risque de perte des récoltes : si la production de l'arachide est affectée, les agricultrices peuvent compter sur les légumes pour assurer un palliatif.

· La pratique de culture à cycle végétatif adapté aux aléas climatiques.

Dans l'île à Morphil les agriculteurs adoptent des variétés de cultures adaptées au climat. Ainsi, pour la riziculture : une variété de riz de cycle court en saison chaude (Tiédou) comme le Sahel 108 est cultivé alors qu'en hivernage, une variété de cycle moyen (Jaya ou IRI 529) se pratique. Dans les cultures traditionnelles de plus en plus, les paysans adoptent des variétés peu exigeantes en eau notamment un choix de mil, de sorgho dont le cycle végétatif est relativement court et adapté aux manques de pluies.

1.2.2.2 La gestion dans l'occupation des sols

L'élaboration d'un plan d'occupation et d'affectation des sols (POAS) dans les trois CR est un instrument pour une sécurisation du foncier. Il permet également la réglementation et l'intégration des systèmes agricoles et pastoraux.

Ce plan définit deux types de zones de vocation des terres :

- la zone agro-pastorale à priorité agricole (ZAPA) qui concerne la zone île à Morphil où l'agriculture domine,

- la zone agro-pastorale à priorité élevage (ZAPE) qui concerne la zone Diéri où l'élevage est la forme de gestion qui régente l'espace.

Le territoire des CR se répartit en fonction de ces types de zone. Ainsi la réglementation suivante est adoptée :

- les points d'abreuvement du bétail : d'une part, les ouvertures suivantes sur le fleuve Sénégal (Toufndé Baydi à hauteur de Siouré, Tounfdé Tantaadji à hauteur de Cas-Cas...), d'autre part sur le Doué (Tounfdé Gokhiyel à hauteur de Aram, Tounfdé Diakel à l'Est de Madina Ndiathbé...), de même que les mares d'hivernage sont des lieux où l'accès du bétail est un droit reconnu et garanti en toute saison.

- Les pistes de bétail (voies de passages reconnues officiellement) comme celle qui arrive directement de Windou Boki, longe la route qui relie la Nationale 2 à Madina et allant à Tounfdé Diakel, ainsi que la piste qui arrive de Daka, passant par Wouro Diabi et va à Tounfdé Sibiri... doivent respecter une largeur d'au moins 100 mètre et la circulation du bétail y est officiellement reconnue.

Le POAS constitue un solide moyen pour l'arbitrage des conflits entre les différents usagers du sol.

1.2.3 Les actions de restaurations du milieu

1.2.3.1 Le reboisement

Il est pratiqué dans l'arrondissement en réaction contre la dégradation des sols et surtout des ressources végétales. Nous avons deux pépinières (Mboumba et Aéré lao) qui fournissent aux populations l'essentiel des essences plantées dont trois formes se singularisent :

- les haies vives : elles sont reboisées par les GPF et les GIE de riziculture. La création de haies vives permet un quadrillage de l'espace cultivé et délimite les chemins de circulation du bétail (la divagation) tout en brisant la vitesse du vent. Constituées d'essences à croissance rapide : Prosopis juliflora, Eucalyptus camaldulensis, elles représentent une source importante de bois communautaire. Ainsi, l'intégration de l'arbre dans le système de production hydro-agricole sous forme de brise-vent a un double objectif : de production ligneuse (production de perche pour le bois de service) et de protection des cultures.

- le reboisement des rues et des axes routiers : c'est une nouvelle forme initiée pendant les vacances 2009 grâce au partenariat avec le RIAD. Cette structure travaille étroitement avec les associations de développement villageois. Ainsi, une ligne qui suit l'axe routier de Cas-Cas à Souballo Mboumba a été reboisée.

- Le reboisement individuel : cette forme de plantation d'arbre se développe timidement au niveau des CR, seul le GPF de Cas-Cas pratique un système de parrainage d'arbres très efficace car assurant l'entretien et le suivi. En revanche, le reboisement des arbres fruitiers dans les maisons est très courant. Par ailleurs, les vergers individuels offrent une meilleure illustration de ce type de reboisement, d'autant plus que le code forestier revisité en 1993 fait des populations des propriétaires de plantations.

Ces pratiques de reboisement sont renforcées par les actions du programme en foresterie rurale. A ce titre, le projet gommier en 1984 a initié les populations dans la foresterie avant d'être relayé par le projet de restauration du milieu naturelle (PROMINA) en 1991 et le projet de gestion des ressources naturelles (PROGRENA) en 1998 financé par le FED. Tous les villages de l'arrondissement étaient cibles notamment les associations de développement.

1.2.3.2 Action de préservation des forêts

La protection des forêts contre l'emprise humaine s'est traduite par l'élaboration d'instruments juridiques qui ont divisé le domaine forestier de l'arrondissement en deux zones : le domaine protégé et le domaine classé.

Alors que, le domaine protégé existe dans tous les villages et englobe les formations forestières naturelles non comprises dans les terres de terroir aménagé à des fins agricoles. Les forêts classées ne sont qu'au nombre de deux et recouvrent des impératifs de constitutions des réserves de bois, de conservation des sols et de préservation de la végétation (code forestier)

Ces deux formations sont gérées par la brigade forestière établie à Cas-Cas qui veille rigoureusement à leur protection : tournée en moto, répression par amende, délivrance d'un permis de coupe. (Tableau 21)

Tableau 21 : Les mesures de protection des ressources naturelles

Ressources

Mesures préventives

Mesures curatives

Fonciers de types agricoles

- éviter de laisser les animaux en divagation,

- éviter de passer avec sa charrette ou ses animaux dans la zone de culture,

- concertation dans l'utilisation des types de cultures.

- mise en fourrière des animaux (errant ou ayant saccagé),

- paiement d'une amende de 20.000 CFA,

- application du POAS.

Ressources forestières

- Interdiction de couper les arbres sans autorisation de l'agent forestier,

- Délivrance d'un permis de coupe pour exploiter les branches mortes moyennant 2.000 CFA,

- Eviter le défrichage avec le feu.

- tournée quotidienne en moto,

- répression par une amende en fonction de la gravité de la pénalité : 20 000 à 500.000 CFA,

- reboisement avec introduction de nouvelles espèces.

Ressources hydriques

- éviter la pollution des cours d'eau : par le lavage des ustensiles de cuisine, la lessive,

- canalisation des eaux pluviales,

- création de digues de protection.

- implorer le pardon de Dieu par des séances de prière, donner des offrandes pour espérer une pluie,

- création de dépressions pour recueillir les eaux pluviales.

Source : enquête de terrain, 2009

II. LES IMPACTS DES FORMES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

Il s'agit des résultats ou des conséquences que ces différentes formes de gestion ont provoquées. En effet, elles sont fondées essentiellement sur la réduction des risques d'insécurité alimentaire et de vulnérabilité des populations, qui par la même centrent leurs efforts sur une meilleure connaissance de l'état des ressources naturelles. Cette faculté de réaction, que manifestent les habitants de l'île à Morphil, a des impacts se traduisant sur le milieu physique et socio-économique, de façon concrète ou abstraite.

2.1 Les impacts sur le milieu physique 

Les actions anthropiques en vue d'atténuer les effets des conditions écologiques défavorables, ont des impacts sur l'eau, le sol et la végétation.

2.1.1 Les impacts sur l'eau 

La gestion de l'eau dans l'île à Morphil s'apparente au phénomène de résilience17(*), en effet la réalisation de techniques efficaces permettant la rétention de l'eau pluviales (mballa, Aboji, Houddou), a autorisé malgré les aléas climatiques, vivement ressentis par les cultures de Diéri, d'avoir un alternatif au coût de production élevé des PIV.

En outre, le curage des cours d'eau ou puits et les mesures protectrices, constituent une réponse à la pollution des eaux, alors que la gestion des eaux des forages (COGEFOR) a aidé les populations de l'arrondissement à avoir accès à l'eau potable pendant toute l'année, et de constituer une solution aux maladies liées à l'eau.

Enfin, le projet de pisciculture d'Aram est une condition de régénération du peuplement aquatique car selon le technicien de pêche, il a permis d'attirer plusieurs espèces de poissons (à la recherche de proie) sur les abords des cages flottants.

2.1.2 Les impacts sur sol

La gestion de la fertilité par : le fumier organique, le paillage, la subdivision culturale, l'association de plusieurs espèces culturales ou le recours à la jachère, ainsi que l'utilisation de l'engrais chimique ont été susceptibles de valoriser les sols et d'y accroître les rendements. Ils permettent aux ménages d'utiliser leur terre de façon optimale.

2.1.3 Les impacts sur la végétation

Les différentes formes de reboisement ont eu des impacts positifs sur l'environnement : à l'instar de la disponibilité de réserve en bois, la conservation des sols et la préservation de la végétation.

La protection des forêts a également permis la régénération de certaines espèces végétales notamment dans les boisements privés, qui sont une illustration de l'appropriation par les populations de la démarche de la foresterie rurale.

La gestion des ressources forestières a apporté divers avantages aux populations de l'arrondissement en même temps, qu'elle contribue à l'équilibre écologique de la zone.

2.2 Les impacts sur le milieu socio - économique

Ces différentes actions ont modifié les comportements des populations envers les ressources naturelles dont elles sont plus sensibles dans la dégradation. Désormais, les populations sont conscientes que la racine du mal est d'abord l'homme. Par conséquent, toute action de gestion doit prendre en compte l'homme. Ainsi, les impacts les plus caractéristiques sont :

2.2.1 Une meilleure adéquation entre agriculture et élevage

Le POAS, en est le plus important, par son implication directe sur le système de tenure foncière, la délimitation des zones de pâturages, le tracé des pistes d'accès à ces pâturages, aux points d'eaux et l'équilibre entre agriculture et élevage.

Une véritable symbiose des efforts s'est réalisée dans l'élaboration de ce plan. Malgré que, les PIV aient cloisonné l'accès aux cours d'eau, les éleveurs disposent avec cette nouvelle législation, une ouverture sur les eaux reconnues officiellement.

2.2.2 La restructuration foncière

Les PIV qui sont devenus aujourd'hui un nouveau mode de gestion des terres du terroir, s'accompagnent d'un bouleversement du régime foncier. Alors que, dans les champs du Walo et du Diéri le patrimoine foncier appartient toujours aux familles lignagères des hommes libres (Rimbé), les aménagements hydro-agricoles créent une démocratisation de la terre. Actuellement, toutes les catégories sociales se retrouvent pour cultiver les périmètres irrigués, côté à côté sur un même pied d'égalité, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ce qui explique le dynamisme de cette activité regroupant la majorité de la population.

2.2.3 L'évolution de la situation économique

Les différentes actions sur la GRN ont un impact positif, du point de vue économique car la maîtrise de certains facteurs physiques permet d'appuyer les moyens de subsistances et de production agricole. Au-delà, les femmes de l'île à Morphil, à travers les GPF, sont les premières à bénéficier de ces impacts positifs dans la gestion rationnelle des ressources. Ces différents projets de maraîchages leur aident à diversifier la production et même d'innover de nouvelles activités génératrices de revenus.

Etant les grandes utilisatrices des ressources naturelles, leur influence à l'intérieur des foyré étant plus large que généralement admise, elles pourraient être le moteur visible, dans l'espace public, d'un changement culturel relatif à la relation entre l'homme et la terre dans l'île à Morphil.

*

* *

D'une manière générale, les ressources naturelles sont gérées selon les normes de conduite mises en place depuis la nuit des temps dans cette aire culturelle. Et les techniques traditionnelles relativement efficaces ne demandent qu'à être améliorées puisqu'elles sont inféodées au milieu.

Cependant, ces nouvelles actions de protection méritent d'être encouragées dans l'optique de favoriser de nouvelles dynamiques.

Au demeurant, ces multiples formes de GRN initiées et exécutées par de nombreux acteurs ont eu un impact généralement positif tant sur le plan physique que socio-économique de l'arrondissement.

* 16 _UDEST : Union pour le Développement Economique et Social de Thioubalel lao

* 17 _ Résilience : mot que les psychologues ont emprunté à la physique des matériaux pour décrire la capacité de certains individus à surmonter les épreuves auxquelles ils sont confrontés.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway